• Keine Ergebnisse gefunden

La notion de mobilité dans l’enseignement

Im Dokument De fragments en traces (Seite 95-99)

DES MOBILITÉS MULTIPLES :  UN NOUVEAU PARADIGME ?

2.2 La mobilité repensée par la DLC ou l’expression d’une pluralitéd’une pluralité

2.2.1 La notion de mobilité dans l’enseignement

supérieur : une version de sens commun pour la DLC

2.2.1.1 La mobilité dans l’enseignement supérieur

La mobilité dans l’enseignement supérieur ou mobilité étudiante ne correspond qu’à une forme possible de toutes les mobilités humaines.

Elle reste hésitante sur l’appellation qui catégoriserait et concentrerait le mieux ses acteurs, ses contenus, etc., écartelée entre une approche quantitative et des approches qualitatives.

Une première interrogation peut porter sur cette expression même : que désigne-t-elle ? Sur quoi porte-t-elle ? Sur des individus ? La mobilité étudiante (Ballatore, 2010) serait donc une mobilité d’étudiants ? Dans ce cas, où intégrer et comment désigner les co-acteurs (Gohard-Radenkovic, 2006, 2007) de cette mobilité ? Si l’expression « mobilité académique » peut débloquer cette situation, reste à savoir si, sous sa forme étudiante, la mobilité intègre aussi les buts visés par une expérience du même nom. C’est

17 Cette désignation est actuellement remise en cause par plusieurs chercheurs car ne correspondant pas toujours à la réalité linguistique des apprenants  :  « À noter : l’appellation FLS, français langue seconde (pour l’école en France ou la vie socio-administrative hors de France), se voit mal placée au niveau international car pour certains pays et dans certaines langues, la langue seconde, c’est la langue étrangère… » sur : <http://fle.asso.free.fr/asdifle/200706CR.htm>.

18 <http://www.ofaj.org/>.

par exemple l’option choisie par F. Dervin – avec la dimension temporelle en sus – qui considère les « mobilités estudiantines […] comme mobilité physique à court terme à des fins éducatives » (Dervin, 2008a, p. 13). Or cette définition pose un certain nombre de problèmes au vu des résultats de certaines recherches empiriques (Murphy-Lejeune, 2003 ; Papatsiba, 2003 ; etc.) où « les fins éducatives » n’apparaissent pas toujours comme primordiales (Papatsiba, 2003, p. 83 ; Pleyers et Guillaume, 2008, p. 71).

La mobilité étudiante ne serait-elle pas plutôt une mobilité qui s’inscrit dans un cadre institutionnel précis, celui de l’enseignement supérieur ? À ce titre, la définition proposée par l’Université du Littoral Côte d’Opale (Boulogne-sur-Mer, Calais, Dunkerque, Saint-Omer) dans sa brochure à destination des étudiants (« Passeport pour l’étranger ») apparaît tout à fait éclairante : « – Qu’est-ce que la mobilité étudiante ? La mobilité des étudiants se caractérise par une coopération entre des Universités de divers pays. Ces Universités créent des conditions d’accueil idéales pour les étudiants qui désirent y suivre des cours19. » Cette mobilité-là, aussi appelée mobilité encadrée, ne serait-elle alors pas la seule possible dans le cadre de la mobilité pour études20 ?

Il y aurait donc deux éléments de base pour cerner le phénomène de la mobilité dans le supérieur, « le pays » et ses variations « la nation »,

« la nationalité », et les « universités » ou « les institutions », chacune d’entre elles finissant par tenter de s’exprimer à travers une «  unité  » commune : l’étudiant ou l’individu, au risque de n’en faire qu’une question de chiffres, loin de la « complexité conceptuelle à laquelle se heurtent les études sur la mobilité étudiante » perçue par L. Endrizzi (2010, p. 3).

Cette lecture du phénomène permettrait cependant de comprendre la qualification d’« encadrée » accolée à l’expression « mobilité étudiante ».

Il nous semble au contraire que ce représentant singulier n’incite pas toujours à sortir de la seule approche quantitative, et idéologiquement

19 Souligné par nous  ; <http://www.univ-littoral.fr/international/doc/passeport_

etranger.pdf>.

20 Les cas limites sont ceux des « candidats libres » au départ qui voudraient étudier le FLE en France, par exemple, et qui choisiraient de s’inscrire dans une école ou un centre de langues privés mais in fine reconnus d’utilité publique par l’obtention du label « national » « qualité français langue étrangère » et dispensant des cours alignés sur les niveaux de compétence à communiquer langagièrement issus du CECR, document produit par le Conseil de l’Europe.

chargée (Gohard-Radenkovic, 2007a, 2008), qui sous-tend le plus souvent les considérations sur la mobilité dans l’enseignement supérieur.

2.2.1.2 Les formes de la mobilité dans le supérieur

L. Endrizzi estime que différents critères doivent être pris en compte pour cerner la variété des mobilités étudiantes. À partir de là, elle établit la taxinomie suivante qu’elle désigne par le terme de « format » :

Si un programme d’échanges tel qu’Erasmus contribue à dynamiser la mobilité étudiante en Europe, il ne saurait être représentatif des mouvements migratoires estudiantins, ni en termes d’effectifs ni en termes de format.

Différents critères peuvent intervenir dans leur qualification :

– selon le profil des étudiants  :  critère de nationalité versus critère de résidence (temporaire ou non) ou d’études antérieures (ailleurs ou non) ; – selon l’objectif poursuivi : mobilité de diplôme, mobilité d’étude, mobilité

de stage, mobilité d’apprentissage par les pairs ;

– selon qu’il s’agit d’une mobilité encadrée ou institutionnalisée (dans le cadre d’un programme d’échanges ou d’accords bilatéraux) ou d’une mobilité spontanée à la seule initiative de l’étudiant ;

– selon qu’il s’agit d’une mobilité libre (encadrée ou spontanée), d’une mobilité imposée dans le cadre d’un diplôme donné ou d’une mobilité de contournement pour échapper aux restrictions d’accès en vigueur dans le pays de résidence ;

– selon le moment auquel elle intervient dans le parcours des étudiants : mobilité horizontale (à l’intérieur d’un même cycle d’études) ou mobilité verticale inter-cycles ;

– selon la durée du séjour : une année ou un semestre universitaires, quelques semaines ou quelques jours. (Endrizzi, 2010, p. 3)

Malgré les apparences, cette proposition de catégorisation s’organise autour des deux éléments relevés précédemment, la nationalité et l’institution, et d’un troisième, la durée, qui implique et a des conséquences sur les certifications escomptées ou non à l’issue du séjour.

Finalement, le chercheur en DLC ne se retrouverait-il pas dans le même cas de figure que… le géographe, le sociologue et l’anthropologue, devant une mobilité polymorphe et insaisissable ? « Que l’on examine les lieux officiels témoignant d’une ouverture à la mobilité, les acteurs de la mobilité, les objets d’étude ou les méthodes pédagogiques, le champ apparaît éclaté, en quête de cohérence » (Gohard-Radenkovic et Murphy-Lejeune, 2008, p. 127).

2.2.1.3 À la recherche du représentant de la mobilité dans l’enseignement supérieur

Il est intéressant de noter que dans l’expression «  étudiant international » qui semble être l’expression consacrée pour désigner celui qui participe à un séjour de mobilité dans l’enseignement supérieur, il existe une focalisation sur la deuxième partie du terme, sur la position

«  inter-nationale  », c’est-à-dire «  non nationale  » de l’individu en question. A contrario, si c’est la nationalité qui sert de catégorisation et sépare les étudiants, nous pouvons dire alors que le fait d’étudier ne les distingue pas entre eux. Seraient-ils semblables ? Les modes d’étudier ne différeraient-ils pas ? Auquel cas, les recherches sur la mobilité « étudiante internationale » paraissent vaines… La mobilité étudiante ne peut alors pas s’appuyer sur «  l’étudiant  » comme unité significative pour être mieux définie. Cependant, comme le phénomène de la mobilité, sous toutes ses formes, mais plus particulièrement celles liées à la société de la connaissance, est devenu un enjeu majeur pour les gouvernements des grandes puissances du monde contemporain, car appréhendé comme un ensemble de flux à contrôler, à maîtriser, à orienter, le flou entourant la définition de l’ancien étudiant étranger ne durera peut-être pas toujours.

Ainsi, il semblerait qu’une redéfinition de l’étudiant international en mobilité soit à l’étude :

À l’heure actuelle, pour l’ISU, un étudiant mobile est une personne qui étudie dans un pays étranger dont elle n’est pas résidente permanente. Cela marque une rupture avec la conception classique d’«  étudiant étranger  », qui est généralement fondée sur le critère de la nationalité. Pour avoir une compréhension plus globale de la mobilité étudiante, l’ISU – en collaboration avec l’OCDE et l’UE – teste également l’introduction du critère des « études antérieures » (les étudiants ne peuvent être considérés comme mobiles que s’ils ont obtenu les qualifications requises équivalant à leur niveau d’étude actuel dans un autre pays). Ce critère s’ajoute à ceux de la résidence permanente et de la nationalité. (Unesco, 2009)

Se profile dans cette proposition la possibilité pour les étudiants internationaux en mobilité de redevenir des étudiants avant d’être des nationaux en situation de déplacement inter-nations.

2.2.2 L’approche spécifique des mobilités dans le champ

Im Dokument De fragments en traces (Seite 95-99)

ÄHNLICHE DOKUMENTE