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Des notions en question : perspective générale

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RECHERCHES ANTÉRIEURES :  UN ÉTAT DES LIEUX

1.1 Les recherches sur les mobilités académiques internationales en Europeinternationales en Europe

1.1.1 Des notions en question : perspective générale

Pourtant de plus en plus de recherches contemporaines sur la mobilité académique internationale ne se réduisent plus à une actualisation de données statistiques ou à un élargissement de l’assise géographique d’étude.

Le phénomène de la mobilité en tant qu’objet de recherches a gagné en

« épaisseur ».

Historiquement parlant, et tout spécialement dans le cas de l’Europe et d’autres pays « occidentaux » tels les États-Unis ou le Japon, la période d’après-guerre a permis un enrichissement des classes moyennes, une élévation du niveau de vie et l’essor du secteur du tourisme de masse entre autres (Amirou, 2000, 2012 ; Amirou et Bachimon, 2000 ; Urbain, [1991]

2002 ; Équipe MIT, 2008 ; Viard, [2006] 2008). Ces transformations ont été accompagnées, pour l’Europe, d’une volonté politique de coopération entre « nations ». Dans cette optique, « la jeunesse » est apparue comme une catégorie d’âge pour laquelle des investissements spécifiques devaient être effectués (dans l’espoir de construire une nouvelle conscience géopolitique via des temps de socialisation particuliers (Papatsiba, 2003, p. 18 sqq ; Anquetil, 2006, p. 15 sqq ; Ballatore et Blöss, 2008 ; Close, 2011)). Entre la France et l’Allemagne a ainsi été fondé l’Office franco-allemand de la jeunesse, dont les objectifs ont toujours été « d’encourager les relations entre les jeunes des deux pays, de renforcer leur compréhension et, par là, de faire évoluer les représentations du pays voisin  » à travers «  des échanges et des projets de jeunes Français et Allemands sous diverses formes : échanges scolaires et universitaires, cours de langue, jumelages de

villes et de régions, rencontres sportives et culturelles, stages et échanges professionnels, bourses de voyage, travaux de recherche » (OFAJ)1.

Ce phénomène d’accroissement des pratiques de déplacements d’individus dans le cadre des loisirs, dans celui des « échanges » scolaires ou universitaires (Pugibet, 2004 ; Wallenhorst, 2008 ; Colin, 2014), etc., fait que « voyage », voire « tourisme », « formation » ou bien « expérience » sont des notions de plus en plus mises en relation (Brougère, 2012  ; Brougère et Fabbiano, 2014 ; Decroly, 2015 ; Brémaud, Breton, Eneau et Pesce, 2017 ; Guyon et Goï, 2017).

Par ailleurs, cela a entraîné un renouveau du questionnement sur la culture (Cuche, 1997, [1996] 2004  ; Jullien, 2016)2, sur l’identité (Kaufmann, 2004, 2007, 20083 ; Jullien, 2016) (qui se métamorphose en « identifications » (Maffesoli, 1998 ; Di Méo, 2009 ; etc.), à moins qu’elle ne devienne « liquide » (Bauman, 2010 ; Bauman, [2005] 2013 ; Dervin, 2011a)4, et sur l’altérité (Crépon, 2006 ; Kilani, 1992, 1994 ; Sayad, 2006 ; Jullien, 2012 ; etc.) ou le cosmopolitisme (Coulmas, 1995 [1990] ; Beck, 2004 [2006] ; Cicchelli, 2012, 2016). Cette dynamique a conduit à une réflexion sur l’interculturel et à sa critique (Abdallah-Pretceille et Porcher, 1999  ; Camilleri et Cohen-Emerique, 2000  ; Dasen, 2002  ; Perregaux, 2002  ; Dervin, 2004, 2011b, 2013, 2017  ; Villanova, Hily et Varro, 2001 ; Bertrand, 2005 ; Gohard-Radenkovic, 2005a, 2006 ; Varro, 2007 ; Barthélémy et Goux, 2016 ; etc.) puis à celle d’interculturalité et à sa critique (Blanchet, 2007  ; Blanchet et Coste, 2010a ; etc.) et finalement à une notion de « l’humanisme du divers » ou

« diversité » (Abdallah-Pretceille, 2005 ; Dervin, 2009b)5. Ajoutons à cette liste non exhaustive la réflexion anthropologique de Christian Giordano (2003) sur le terme culture et sur trois notions dérivées construites à partir de l’adjonction d’un préfixe « multi, inter et trans » (p. XIV) : il estime qu’elles ont été créées pour « échapper aux reproches partiellement justifiés de culturalisme, d’essentialisme, de réification et d’autres encore » (p. XIV). Ce sur quoi insiste ce chercheur, et sur ce point il est repris

1 http://www.ofaj.org/.

2 Mais, il est aussi possible d’aborder ce domaine par la bande (cf. Bourdieu, 1965).

3 Kaufmann, J.-C. (2007). « Qu’est-ce que l’identité ? », Canal Académie, emission du 12  avril 2007  :  <http://www.canalacademie.com/emissions/foc207.mp3>  ;<http://

www.canalacademie.com/ida1416-L-identite.html>.

4 Et qui dit « liquide » imagine aussi le « solide » (Dervin, 2008b).

5 F. Dervin a aussi proposé le terme de « protéophilie » (2008d).

par A. Gohard-Radenkovic (en particulier 2010), est « la nécessité d’un changement de paradigme, à savoir de considérer les incompréhensions, les controverses, les rivalités et enfin les conflits aussi bien comme des phénomènes anthropologiquement et sociologiquement irréductibles que comme des pratiques sociales inhérentes à l’interculturalité […] » (Giordano, 2008, p. 170).

Tous ces termes entretiennent donc des rapports de continuité entre eux (glissements sémantiques ou oppositions) en un dynamique foisonnement. Cinq notions clés, un «  couple  » et un «  trouple  » (Rispail, 2011, p. 170) « identité(s)/altérité6 », « culture(s)/interculturel/

interculturalité » alimentent le débat. L’une de ces notions en particulier – l’identité/les identités – sera rediscutée ultérieurement dans ce travail.

Dans l’immédiat, nous nous bornons dans les lignes qui suivent à proposer des acceptions rencontrées dans le champ de la DLC qui focalisent sur le principe d’un processus et à partir desquelles les débats entre chercheurs s’organisent, car il semble bien que ce soit aussi le changement de champ scientifique qui participe de la multiplication des réflexions (et des définitions). En effet, passant dans le champ de la DLC, les cinq notions précédentes ne sont plus seulement des objets d’étude mis à distance ou désincarnés mais deviennent des objets à enseigner, à transmettre, à faire connaître, à découvrir, à manipuler, à saisir, à développer, à faire sien, à faire émerger7. Ce changement du rapport à l’objet (Gohard-Radenkovic, 2005a, pp.  23–24) n’est pas sans effet dans l’approche notionnelle qui en est faite.

6 Les identités seraient plurielles mais l’altérité une. La notion d’altérité ne semble pas être abordée comme pouvant se démultiplier.

7 Cependant, si nous suivons Hideo Hosokawa, nous devrions préciser dans cette suite qui en sont les initiateurs ou les bénéficiaires  : enseigner, transmettre, faire connaître à d’autres, découvrir par même, manipuler, saisir, développer par soi-même et pour soi-soi-même, faire émerger en soi-soi-même. En effet, ce praticien-chercheur estime que : « L’individualisation de la culture commence lorsque l’on met en doute le principe d’une culture existant en soi comme code soutenant la société. C’est la troisième position qui considère le code culturel […] comme changeant, dynamique.

De fait, il ne peut être un objet d’études. Sur ce point, il y a une grande différence avec les autres courants jusque-là abordés. Autrement dit, le code jusqu’ici enseigné était figé mais, avec ce changement de point de vue, il est désormais fluctuant et son enseignement est devenu impossible par la même occasion » (Hosokawa, 2010, p. 122). Nous le remercions de nous avoir transmis une version de ce texte.

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