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L’approche spécifique des mobilités dans le champ de la DLC

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DES MOBILITÉS MULTIPLES :  UN NOUVEAU PARADIGME ?

2.2 La mobilité repensée par la DLC ou l’expression d’une pluralitéd’une pluralité

2.2.2 L’approche spécifique des mobilités dans le champ de la DLC

Les fils qui forment la trame conceptuelle de la mobilité académique internationale sont donc nombreux. De nombreux points de convergence se manifestent entre les différentes disciplines, comme le montrent des travaux récents (Garneau, 2006 ; Ballatore, 2005, 2007 ; Thamin, 2007 ; Terrier, 2009) :

Nous assistons aujourd’hui à côté de la mobilité « traditionnelle », pour le travail, fuite d’un cataclysme naturel ou persécution, à une mobilité « intermittente », les retraités qui s’installent au soleil et les étudiants qui partent pour une année à l’étranger. Afin de cerner leur mobilité, nous retiendrons le classement de Gérard-François Dumont (Les migrations internationales. Les nouvelles logiques migratoires, 1995) c’est-à-dire trois types de mobilités :

– selon l’espace  :  allers, retours, allers-retours, réémigration, nomadisme/

vagabondage

Ces mobilités se déclinent en fonction des frontières  :  régionale, transfrontalière, internationale, intercontinentale

– selon les critères sociaux et culturels : sexe, statut matrimonial, qualification, appartenance ethnique, religieuse

– selon les logiques économique, démographique, politique. (Billaud, 2007, p. 22)

Ainsi la DLC s’inspirerait-elle de la double approche conceptuelle de la mobilité et de la migration, construite dans les champs de la sociologie et de la géographie, à travers les formes du déplacement, du mouvement dont un condensé peut être trouvé dans l’apparente mise en ordre précédente mais qui en réalité continue à favoriser la confusion, mêlant (et confondant par moments) données spatiales, temporelles, identitaires individuelles, collectives et niveau d’analyse.

Mais, à la différence d’autres sciences sociales et humaines qui travaillent et sur la base du collectif et sur celle de l’individuel, la DLC, dans ses extensions et réflexions les plus récentes, a clairement choisi de privilégier le second. Il apparaît dans les discours sous la forme d’un emprunt à la sociologie en tant qu’« acteur social », un « apprenant » à qui la capacité d’agir par soi-même dans un contexte social hors les murs de la classe est fondamentalement reconnue (Zarate, 2006, 2008).

2.2.2.1 De la mobilité aux mobilités

Ensuite, cette discipline traduit les différentes formes de description de la mobilité en signe d’une grande diversité des approches possibles. Si de nombreux cas étudiés concernent les mobilités dans le supérieur (Anquetil, 2006  ; Kohler-Bally, 2001  ; Murphy-Lejeune, 2003  ; Papatsiba, 2003  ; Dervin, 2008a ; etc.), des incursions ou des rapprochements sont faits avec les situations de mobilité professionnelle pour ses avancées particulières concernant la question de l’interculturel (Zarate, 1999 ; Yanaprasart, 2006 ; Pierre, 2003 ; etc.). À noter aussi que les mobilités d’agrément ne sont jamais très loin (Urbain, [1991] 2002 ; Michel, 2004 ; etc.)21.

Bien qu’elle ne nous paraisse pas totalement satisfaisante pour les raisons que nous avons évoquées, nous adoptons désormais l’expression

«  mobilité académique internationale  » pour parler de cette mobilité encadrée qui concerne non seulement tous les étudiants en situation d’études à l’étranger, et ce quelle que soit leur situation antérieure au départ, quels que soient les cursus dans lesquels ils sont inscrits (durée, nature du diplôme à la clé, le cas échéant) et le statut (appellation certifiée) qui leur est attribué, soit « tous ceux qui se déplacent effectivement »,

«  mais aussi ceux qui sont sollicités par les individus et groupes en situation de mobilité  », c’est-à-dire «  les co-acteurs  » des mobilités (Gohard-Radenkovic, 2006, repris dans Gohard-Radenkovic et Murphy-Lejeune, 2008, p. 129).

En effet, les deux éléments précédents font que la DLC approche l’acteur de la mobilité à travers la pluralité des contextes d’expériences et de pratiques possibles et partant, qu’elle penche pour une pluralité des entrées proposant de ne « parler de “mobilités” [qu’]au pluriel, si l’on veut rendre compte de la différenciation des mouvements à l’échelle locale et globale » (Gohard-Radenkovic et Murphy-Lejeune, 2008, p. 128)22. Cela l’amène à segmenter les mobilités en différentes catégories de pratiques, et à ne reconnaître in fine que des situations de mobilité23.

21 Cf. aussi les analyses de V.  Papatsiba (2003) par exemple. Pour d’autres références bibliographiques ayant trait au voyage d’agrément, cf. chapitre 3, « La situation d’expérience de mobilité dans ses différentes réalisations » et chapitre 4, « Restituer une expérience de mobilité académique internationale : formats d’écriture et matériau narratif ».

22 Alors que les géographes effectuent le parcours inverse (Séchet et Garat, 2008).

23 Ces situations de mobilité sont à rapprocher des motifs évoqués par E. Terrier dans un tableau récapitulatif des « dénominations usitées de la mobilité spatiale » (Terrier, 2009, p. 21).

De fait, à examiner la question, il apparaît clairement qu’il devient de plus en plus difficile de parler de « la » mobilité académique internationale :

Ce qui est nouveau dans les mouvements entre les diverses institutions d’éducation supérieure, c’est, d’une part, leur diversité (ces mobilités sont internes, externes, horizontales, verticales, à court terme, à long terme, virtuelles, physiques…), et d’autre part, leur rapidité et intensité. En outre, comparé aux autres époques, le nombre d’acteurs touchés par ces mobilités (étudiants, enseignants, chercheurs, stagiaires, administrateurs…) s’accroît d’année en année en termes absolus, mais surtout en pourcentage. C’est pour ces raisons que cet ouvrage parle de mobilités académiques au pluriel.

(Dervin et Byram, 2008, pp. 9–10)

À la suite de ces chercheurs, nous adopterons donc désormais la forme au pluriel.

2.2.2.2 Caractéristiques des mobilités dans le champ de la DLC Tous ces éléments permettent de dire cependant qu’actuellement les mobilités dans le champ de la DLC sont tributaires de deux courants : l’un qui se focalise sur l’individu agissant en société et l’autre sur ses réalisations communicationnelles en adéquation avec son environnement, mais toujours sur le mode d’une variation à plusieurs niveaux entre un état antérieur et un état postérieur, c’est-à-dire en tant que processus. Pour les mobilités en DLC, les situations de mobilités équivalent à un changement qui s’incarne. Les dimensions de réflexion du premier axe s’appuient sur les points suivants, qui forment comme une architecture globale, souple et malléable :

– déplacement (physique et intérieur) – motivation (à partir)

– capacité (à partir)

– trajectoire (biographique)24 ou parcours25

24 À noter dès à présent : « trajectoire : Lang. cour. Ligne que décrit un engin mobile, un véhicule se déplaçant à grande vitesse ; ligne courbe, ligne sinueuse que décrit un objet que l’on agite, une personne en mouvement, etc. » Entrée « trajectoire » : <http://www.

cnrtl.fr/definition/trajectoire> ; « ligne : Trait simple joignant une série de points sur une certaine longueur ». Entrée « ligne » : <http://www.cnrtl.fr/definition/academie9/

ligne>. Nous privilégions dans la présente recherche le découpage en unités de base insécables qui, mises bout à bout, forment la trajectoire biographique d’un individu.

25 Pour une appréhension différente du sens des termes « trajectoire » et « parcours », voir Robin (2014a, pp. 168–169).

– stratégies d’adaptation

– « intégration » ou non dans la société d’accueil.

Les interstices de ces topoï sont tapissés de savoirs, faire, savoir-être et savoir-apprendre qui ont vocation à savoir-être étendus, renouvelés, enrichis.

Pour le second axe qui concerne les compétences à communiquer dans un environnement culturellement différent et en langue étrangère, il s’agit de « manier » habilement dans le cadre de la construction précédente les dispositions suivantes :

– réflexivité et décentration

– prise de conscience interculturelle – tolérance et ouverture à l’autre.

Pour la DLC, les mobilités sont intrinsèquement mouvements de tout l’individu. L’articulation entre ces deux dimensions, espace-temps qui se construit et espace-temps qui se parcourt, se décline alors en expérience(s).

2.3 Une ouverture notionnelle de la mobilité dans le

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