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« Gaillardises politiques »

Ce qui ressort de façon manifeste de la position politique de Beuchot tient, ainsi que nous l’avons relevé, surtout à l’indépen-dance d’esprit dont il témoigne en toutes circonstances, ainsi qu’à sa confiance envers un progrès du monde qui serait inéluctable. Son parcours biographique a le mérite de nous rappeler que l’on ne peut résumer la Restauration au seul espace de lutte entre légitimistes et libéraux, sans tomber dans la caricature. Du fait des intérêts des uns et des autres, des alliances de circonstance, des vieilles amitiés ou des relations commerciales, les positions sont nécessairement plus nuan-cées. D’ailleurs, on ne peut certes pas oublier les liens que Beuchot conserve avec des milieux acquis au roi ou à l’empereur. On ne doit en outre certainement pas exclure de son parcours tout ce qui relève de la propagande libérale ou républicaine. Outre ses écrits pamphlétaires sur la liberté de la presse, c’est vers sa correspondance qu’il nous faut à nouveau nous tourner. Les lettres échangées avec Jean Clogenson présentent une activité éditoriale inédite. En effet, s’il entre en relation avec le juge et homme de lettres Jean Clogenson, c’est avant tout parce que celui-ci lui fait une demande d’une nature bien particulière :

Je me suis trouvé un loisir, ou plutôt une oisiveté et cette dernière, qui est, dit-on, la mère de tous les vices, vient d’être, avec moi, la

mère de plus de 300 vers de huit syllabes, formant en tout un poème fugitif dont vous saurez bientôt tous les titres plus au long. Il faut que je compte autant sur votre complaisance que je compte effectivement sur votre goût et votre bienveillance pour moi, pour vous prier d’être l’éditeur de mon opuscule. Jamais je n’ai songé à me faire imprimer ; je ne sais pourquoi cette idée me vient, en ce moment. C’est presque un désir de nonne. Toutefois ce désir n’est pas poussé au point de m’inciter à faire passer mon nom à la postérité. Mon poème fût-il bon, comme non, je ne serais pas encore tenté de mettre mon nom en évidence.

J’ai, outre ma modestie d’auteur, un autre motif de garder l’anonymat et de vous prier instamment de me garder le secret. Il y a dans mon poème, quelques gaillardises politiques, et je désire ne pas m’exposer à de petites persécutions, ou, du moins, à ne pas alimenter, pendant quelques jours les caquets de mon département183.

À cette époque, Beuchot est déjà occupé avec les Œuvres de Voltaire, publiées sous les presses de la Veuve Perronneau.

Clogenson est un « chétif petit juge de première instance184 » à Rouen, où il s’occupe également de poésie. Clogenson s’affirme comme un voltairien à la fois ami et concurrent tout au long de cette correspondance. Il s’adresse d’ailleurs immédiatement à Beuchot comme à son « confrère en Voltaire », pour légitimer sa tentative de rapprochement avec son aîné. Mais il est intéressant de remarquer que la première demande de Clogenson ne concerne pas Voltaire.

Ce sont les activités de Beuchot comme « éditeur », au sens anglais de publisher, qui sont ici recherchées par son correspondant. Il lui demande de trouver un imprimeur qui accepte de mettre ses propres vers sous presse. Nous pouvons, dans un premier temps, trouver là la confirmation de l’inté gration de Beuchot dans le monde de la librairie parisienne.

Mais ce sont surtout des indications sur le positionnement poli-tique de Beuchot que nous pouvons déduire de la demande de son correspondant. En effet, si d’une part nous avons déjà vu que Beuchot se montre critique envers le gouvernement royal des Bourbons sous la

183. Clogenson, l.a.s. à Beuchot, Argentan, 14 décembre 1822.

184. C’est ainsi que se présente Clogenson dans sa première lettre à Beuchot  : Clogenson, l.a.s. à Beuchot, Alençon, 11 août 1822, BnF, n.a.fr. 25134, f° 253.

Restauration, qu’il considère comme un retour en arrière ; si d’autre part nous lisons dans l’extrait ci-dessus que Clogenson présente quelques « gaillardises politiques » qu’il souhaite garder anonymes ; si enfin on apprend que tant Beuchot que Clogenson verront leurs responsabilités politiques s’accroître à partir de juillet  1830, alors nous pouvons considérer ces deux hommes comme des figures types du bourgeois libéral qui conduit à l’instauration de la monarchie de Juillet185. En 1822, les deux hommes se contentent, a priori, de s’affi cher en tant que voltairiens, et de s’associer pour publier un petit recueil de vers qui ridiculise les excès des ministres du régime de Louis XVIII et justifiés par l’assassinat du duc de Berry. Ce recueil s’intitule Mes souhaits pour l’année 1823.

Mon cher monsieur, je vous ai écrit d’Argentan, d’Alençon, et, pour aujourd’hui seulement, voilà le second billet. N’allez-vous pas me dire, comme Cicéron disait à Catilina : quousque tandem ? Mais ne parlons ni de vous, ni de Cicéron, ni même de Catilina à pro-pos de l’oie qui est en chemin, en ce moment, et que vous recevrez un jour avant ce brinborion [sic] de papier. Vous aurez sans doute exploré le cou de l’oie et vous y aurez trouvé mon poème. Le plus oiseau des deux n’est pas celui qu’on pense. Voici la troisième fois que je vous annonce mes vers dans le cou de l’oie, et je ne dis et redis la même chose que parce que je me défie de la poste et de son secret, comme du loup. Après tout il n’y a rien à redire dans ma poeshie [sic], mais j’ai pris mes précautions pour n’être pas connu, en cas de publications. J’y ai un peu tancé, surtout dans ma note, cette vieille Régnante de Gaulis qui jette sa batterie de cuisine à la tête de Voltaire, dans Les Dîners du baron d’Holbach. Vous connaissez les autres masques, sans que je les nomme ; il n’est pas jusqu’au Comte de Sesmaisons qui n’ait son paquet, à la faveur d’une pointe que vous me pardonnerez186.

185. Par exemple, l’ouvrage d’André Jardin et André-Jean Tudesq (La France des notables, op. cit., p. 125) présente le nouveau roi sous des traits qui correspondent en tout point à cette idée : « […] sa réputation de voltairien et de libéral faisait de Louis-Philippe le modèle du “roi-citoyen” tel que le concevait la bourgeoisie parisienne. »

186. Clogenson, l.a.s. à Beuchot, Alençon, 20 décembre 1822, BnF, n.a.fr. 25134, f° 264.

Le stratagème est connu, mais n’en reste pas moins cocasse. Le manuscrit de Jean Clogenson voyage à l’intérieur d’une oie, dont le cou se trouve farci des vers de l’auteur. Ce procédé évoque un stratagème utilisé jadis par Voltaire lui-même187. L’ensemble de cette lettre est d’ailleurs traversé de références voltairiennes. « Brimborion » n’est-il pas un mot que l’on retrouve déjà dans les Œuvres de Voltaire ? Clogenson le sait, lui qui, dans une note à la lettre de Voltaire à Frédéric II du 27 mars 1759, glisse un mot à ce sujet : « cette lettre, dans laquelle Frédéric parlait à Voltaire de Brimborions, c’est-à-dire de rubans et de décorations, est perdue. Il n’est pas question de ces magnifiques bagatelles dans la lettre du 2 mars188 ». Quant à l’ortho-graphe altérée de « poéshie », elle n’est autre qu’une déformation de la plume de Voltaire lui-même, également en rapport avec Frédéric II, destinée à railler l’art poétique du roi de Prusse et de sa cour, et qui s’impose peu après l’épisode de Francfort189. Les références utilisées par Clogenson sont autant de jeux littéraires avec l’œuvre de Voltaire. Ils indiquent un détachement empreint de fausse modestie par rapport à son propre ouvrage.

Manifestement, la technique de l’oie fonctionne toujours ! Dans tous les cas, la poste ne se demande pas pourquoi toutes ces volailles sont expédiées à Beuchot, puisque Clogenson avoue avoir utilisé ce canal pour la troisième fois. Une note de l’éditeur, que l’on sait être de la main de Clogenson lui-même, indique en outre que la facétie en vers est l’œuvre d’un étudiant en médecine désorienté. En réalité, le poème de Clogenson est une farce plutôt amusante dans laquelle l’auteur se moque gentiment de l’aristocratie et des notables bien ins-tallés sous le règne de Louis XVIII. On peine même à voir ce qu’elle

187. Doit-on comprendre dans ce sens la lettre de D’Alembert du 15 janvier 1764 ?

« Je vous remercie aussi d’avance de tous les contes de ma mère l’oye que je compte à présent recevoir de la première main ; car je n’imagine pas que l’intolérance s’étende jusqu’à empêcher les oyes de conter, à moins que la philosophie dont ils ont tant de peur ne s’avise de se comparer aux oyes du Capitole, à qui les Gaulois se repentirent bien de n’avoir pas coupé le cou » (D11644).

188. Œuvres complètes de Voltaire, Paris, Dalibon, Delangle, t.  LXXVIII, p.  77, note 2. Dans son édition, Beuchot note simplement que le passage sur les brimbo-rions dans la lettre du 2 mars est perdu. Œuvres de Voltaire, éd. cit., t. 58, p. 62, note 3.

189. André Magnan, « Œuvre de poéshie », Inventaire Voltaire, Paris, Gallimard, 1995, p. 981-982.

pourrait contenir de séditieux, tant les traits décochés – qui sont plu-tôt des épingles si l’on en croit leur auteur190 – égratignent certes des personnalités vivantes et influentes, mais dans une dimension humoris-tique évidente, si l’on en croit ce qu’il écrit à Beuchot. Cette volonté farouche de garder le secret sur l’identité de l’auteur illustre sans doute la sévérité de la censure et la dureté d’un régime politique à l’égard de ce qui est publié. Elle trahit peut-être dans le même temps un soupçon d’ambition tant chez Clogenson que chez Beuchot. Déjà, l’anonymat, au moins formel, leur permet de ne pas mettre en danger leur position respective, ni d’hypothéquer leur ascension politique. Ensuite, dans une époque où se multiplient les écrits pamphlétaires, satiriques ou polémiques à l’encontre du pouvoir, participer au débat public relève de la nécessité citoyenne pour un intellectuel. Mais il y a quelque chose de plus, quelque chose de très voltairien au fond : c’est un véritable jeu que de jouer avec la censure avec le plus de finesse possible :

Éclaircissez quelques phrases de l’avertissement, retranchez ce que vous voudrez dans l’épître dédicatoire, ou bien ajoutez-y : revoyez un peu les notes. Il vous est facile de leur donner ce qu’on appelle, en termes vulgaires, un fion.

Quant aux procureurs du Roi, je connais moins que vous la mesure de leur susceptibilité. Personne n’écrit dans ma province, et si Messieurs du parquet exercent le système des interprétations, dans le département de l’Orne, ce ne peut être que sur notre silence.

Je ne vois de sortie un peu scabreuse, dans mes vers, que contre le grand turc ; j’ai l’air de l’appeler vil tyran ; mais je peux facilement dire que ce n’est pas lui qui règne, et que c’est son amiral ou tout autre que j’ai prétendu désigner. La loi renferme de terribles articles contre ceux qui parlent avec trop d’irrévérence, même d’un prince étranger, mais l’article 18 de la loi du 17 mai 1819 ne peut m’être applicable, n’ayant pu prétendre faire égorger le grand seigneur par ses janissaires.

190. « Avez-vous reçu certain étui ? Les épingles qui étaient dedans ne sont pas assez piquantes. Ne vous étonnez pas si ledit étui est brisé en dix pièces et si les épingles ont été trouvées par vous en désordre ; c’est moi qui ai causé tout le dommage et qui étais trop pressé pour vous adresser un étui plus digne de vous. Je vous annonçais une dernière addition de 24 épingles ; ce matin même je vous en ai adressé encore quelques-unes ». (Clogenson, l.a.s. à Beuchot, 27 décembre 1822, n.a.fr. 25134, f° 270).

Me ferait-on un crime ou un délit d’avoir trop vivement parlé d’un « Roi quand même » ? Je répondrais à l’article 9 de la même loi, par le 4e alinéa de l’art. 5.

Je ne nomme pas le journal « Sanguinolant », c’est une grande retenue de ma part : j’aurais pu le désigner tout à fait et sans danger.

Ce n’est pas non plus manquer de respect à l’Académie que de la dire dégénérée en sacristie ; c’est un éloge surtout depuis qu’elle a eu le bon esprit de préférer l’évêque d’Hermopolis à Casimir Delavigne qui, cependant, sait aussi bien ses vêpres que le prélat in partibus.

Je ne donne que la 1re lettre de Madame de Genlis ; je ne nomme pas Talleyrand-clopin-clopant ; et M. Decazes, par qui je fus en grande partie destitué, en 1817, est l’objet d’une allusion fort innocente.

Le Comte quand même de Sesmaisons est nommé ; mais je n’ai parlé et voulu parler que des maisons ou Logis que je souhaite à notre manuel. Si je parle des trappistes, des évêques, ce sont les prêtres cas-tillans, et non gallicans que je ridiculise ; vous connaissez le respect que j’ai pour les nôtres. Point d’application de l’article 8 contre moi.

L’article 11 ne m’est pas plus applicable ; je ne manque pas de respect aux chambres, en leur souhaitant des grêles de petits pâtés et en parlant des serviles mangeurs ; on ne peut pas m’en vouloir non plus de sou-haiter à M. Benjamin Constant ce dont, au surplus, il est bien pourvu.

Il n’est pas jusqu’au cuisinier du pacifique M. de Villèle qui n’ait des actions de grâces à me rendre.

Au demeurant, si le poème supporte l’impression, faites-le tirer à 300 exemplaires, au moins, et je me moque des suites comme de cet an quarante auquel je renvoie l’univers et mes juges. Cela ferait une cause célèbre. Je ne pourrais être jugé qu’à la cour royale, à Caen, et je n’y suis pas haï. Cela me ferait passer à une postérité de plus de vingt-cinq ans.

Au demeurant, du secret, toujours du secret. Je n’ambitionne pas le renom d’auteur, surtout dans ma petite ville191.

La prudence affichée par Clogenson paraît légitime au vu des per-sonnalités caricaturées, même derrière le caractère plutôt bon enfant d’une poésie dont le tirage prévu reste modeste. Les imprimeurs Fain

191. Clogenson, l.a.s. à Beuchot, Alençon, 22 décembre 1822, BnF, n.a.fr. 25134, f° 265v-266r.

et Desoër, lesquels se trouvent du côté des libéraux – Desoër est le pre-mier éditeur de Voltaire sous la Restauration, en 1817 –, n’y trouvent rien à redire. Et même si Beuchot, transformé en éditeur de ces « gail-lardises politiques », prévoit un tirage à 500 au lieu des 300 exem-plaires demandés par son ami, les destinataires semblent plutôt se trouver dans les cercles privés des deux hommes. Le Journal général de la librairie et de l’imprimerie n’annonce en effet que 75 volumes en vente192. Ce sont, en vérité, surtout les aspects matériels de l’édition de ce texte qui trahissent le plus certainement les véritables aspirations politiques de Beuchot. En effet, l’ouvrage de Clogenson est édité en trois couleurs : une partie des volumes est imprimée sur du papier bleu, une autre sur du papier blanc, et une troisième sur du papier rouge. Les couleurs commandées par l’auteur sont celles de la cocarde tricolore. C’est une provocation évidente en direction du pouvoir royal qui a débuté son règne par un retour au drapeau blanc. C’est d’ailleurs bien dans sa correspondance avec Clogenson que Beuchot se permet même d’aller plus loin dans sa dénonciation du régime de Louis XVIII :

Ainsi le chose de Prusse n’en avait pas plus de privilège qu’un autre, tout chose qu’il était. J’ai beaucoup de philanthropie, j’aime tous les hommes, je ne hais personne, excepté les choses, je suis affligé du malheur du moindre goujat. Je me console des miens en passant à ceux des choses. Je me suis même surpris quelquefois en puissant.

Mais comme les choses ne sont pas des hommes, je ne me reproche rien à cet égard. Faites comme moi, vous vous en trouverez bien. Puis venez à Paris, nous rirons de choses et d’autres193.

C’est « chose » amusante que cette évocation irrévérencieuse.

L’épisode rappelle en outre une lettre de Musset-Pathay, qui écrit au sujet du roi de Belgique : « Buvez à la santé de votre ci-devant Roi. Il y en a un ici qu’on vante beaucoup, qui a du bon, mais qui a encore beaucoup trop de ce qu’ont les autres194. » Mais on

192. Bibliographie de la France ou Journal général de l’imprimerie et de la librairie, Paris, chez Pillet aîné, 12e année, n° 1, 4 janvier 1823, notice n° 64, p. 7.

193. Beuchot, l.a.s. à Clogenson, Paris, 26 juin 1823, Oxford, Voltaire Foundation, MS 80.

194. Musset-Pathay, l.a.s. à Beuchot, 3 janvier 1827, BnF, n.a.fr. 5203, f °257.

a vu à quel point il faut se méfier du caractère très affirmatif des positionnements politiques de cette époque. Et si ce n’était pas tant le roi que le gouvernement d’Ancien Régime qu’il représente que Beuchot critiquait ici ? D’une part, cet extrait paraît faire écho aux références sur le peuple et la nation que l’on a déjà trouvées évoquées chez Beuchot. Ce rapprochement nous permet bien de comprendre Beuchot comme un bourgeois parisien, voltairien, héritier de l’esprit de 1789. Il se montre hostile au règne de Napoléon, comme aux excès de la Terreur, et n’est pas foncièrement anticlérical, comme le montrent ses écrits contre la confiscation des biens du clergé, ni antiroyaliste, ni républicain, comme le montre le reste de ses écrits ou de sa correspondance. Loin de ce que l’on catalogue péjorative-ment aujourd’hui comme nationalisme, son évocation d’une nation encore en chantier, son attachement au drapeau tricolore ainsi que son éloge de l’armée française font de Beuchot un homme soucieux du devenir politique de son pays.

D’autre part, plus qu’un régime qu’il soutiendrait au détri-ment d’un autre, c’est surtout la monarchie de Juillet qu’il semble devancer. Une telle annonce comporte bien sûr un caractère hasar-deux. Pourtant ce n’est pas tomber complètement dans l’illusion rétrospective que de l’affirmer. En effet, son amitié avec Clogenson amène aussi à formuler cette conclusion195, tout comme l’élévation sociale de Beuchot sous la monarchie de Louis-Philippe d’Orléans, ou ses prises de positions sous la Restauration. Que l’on pense notamment à sa conclusion du Dictionnaire des immobiles, emblé-matique de la position de notre homme : « La nation française veut vivre sous un monarque, elle veut aussi que ce monarque règne sous l’empire des lois. […] Tous les regards, en France, sont fixés sur la constitution de l’Angleterre ; nous ne prétendons pas être plus libres qu’elle  : nous ne consentirons pas à l’être moins196 », affirme-t-il d’abord. Mais cette lettre aux accents voltairiens est immédiatement complétée par une autre citation  : « Le peuple français n’attache pas aujourd’hui moins d’importance à sa liberté

195. Homme fort de la monarchie de Juillet, il est député de l’Orne, siégeant dans la majorité ministérielle.

196. Beuchot, Dictionnaire des immobiles, op. cit., p.  38. Il cite une lettre du président du gouvernement à S. S. Lord Wellington, insérée dans L’Indépendant du 29 juin 1815.

qu’à sa vie : il ne se croira jamais libre s’il n’a pas des droits égale-ment inviolables pour tous, et communs à tous197. » En définitive, Beuchot défend une forme d’incarnation idéale du libéralisme dans un régime de monarchie constitutionnelle inspirée de l’exemple anglais. Ce serait faire de Beuchot « un éditeur de la monarchie de Juillet198 ». Lorsqu’il commence à éditer Voltaire, Beuchot s’appuie, semble-t-il, surtout sur une pensée ambivalente  : il a conscience

qu’à sa vie : il ne se croira jamais libre s’il n’a pas des droits égale-ment inviolables pour tous, et communs à tous197. » En définitive, Beuchot défend une forme d’incarnation idéale du libéralisme dans un régime de monarchie constitutionnelle inspirée de l’exemple anglais. Ce serait faire de Beuchot « un éditeur de la monarchie de Juillet198 ». Lorsqu’il commence à éditer Voltaire, Beuchot s’appuie, semble-t-il, surtout sur une pensée ambivalente  : il a conscience