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2.2. Une part importante d’économie souterraine

Le but officiel de la politique de l’Etat fédéral sur Kaliningrad, visible à la fois dans le programme fédéral d’action (Federal Task Program ou PTF) 2002-2010 et dans de nombreuses déclarations officielles des autorités fédérales et régionales, est de rattraper les voisins immédiats de l’Oblast, la Pologne et la Lituanie. L’importance de ce but est soulignée non seulement dans la position avantageuse du développement économique mais plutôt comme une condition du développement de Kaliningrad en tant que partie intégrante de la Fédération de Russie. Les autorités russes luttent pour ne pas permettre de déséquilibre dans la qualité de vie, ce qui pourrait déclencher un mécontentement massif ainsi que des poussées séparatistes.

A la vue de cet objectif, il est important de trouver à quel niveau précis se situe le niveau de vie à Kaliningrad par rapport à ses voisins. Les statistiques officielles devraient être complétées par l’évaluation de l’économie informelle aussi bien que par le calcul de la parité de pouvoir d’achat (« purchasing power parity » - PPP).

Le volume, les dynamiques et la structure du PIB/PRB sont de loin les indicateurs les plus importants de l’économie d’un pays ou d’une région. Ils permettent d’évaluer non seulement l’Etat général de l’économie, mais aussi les disparités structurelles du développement sectoriel et des niveaux de vie. De plus, c’est l’un des principaux facteurs considéré lors des décisions d’investissement. Ainsi, l’analyse PRB est l’un des éléments fondamental de l’analyse sociale et économique de la région. Toutefois, il existe plusieurs difficultés quant à cette analyse, notamment la fiabilité de l’indicateur et la possibilité de l’utiliser pour des comparaisons. Le problème de la fiabilité des chiffres PRB publiés par l’Office des statistiques est aigu. A son tour, il repose sur deux autres problèmes, la méthodologie utilisée par le Comité d’Etat pour les statistiques et la distorsion de la source des données. Alors que discuter la méthodologie de l’Office des Statistiques dépasse le périmètre du présent document, les résultats des recherches scientifiques disponibles nous permet de traiter les distorsions de l’information d’origine. Pour ce faire, nous devons prendre en compte l’économie informelle régionale, dont l’ampleur et les limites peuvent être évaluées par de nombreuses méthodes.

L’économie informelle (non recensée) consiste en trois types d’activité économique :

• Les activités informelles : la plus grande part de ces activités sont les biens et services qui sont permis pour la production et la diffusion. Les activités peuvent être reconnues comme informelles lorsque l’une des conditions est remplie :

1. l’absence d’enregistrement au respect des normes et des lois en vigueur dans la législation nationale, telles que les lois sur les entreprises et le commerce, les taxes, la sécurité sociale, et ainsi de suite ;

2. l’absence d’enregistrement des travailleurs (s’ils sont présents), par exemple l’absence de contrat de travail, qui fait que l’employeur paie les taxes et la couverture sociale pour les employés ;

• Les activités cachées (souterraines) sont celles qui sont autorisées par la loi, et qui sont toutefois intentionnellement cachées aux yeux de l’Etat pour éviter les paiements (taxes, taxes douanières, etc.) ou pour obéir à des procédures nécessaires (reporting, réalisation des mesures de sécurité, etc.)

• Les activités illégales sont les activités interdites par la loi (par exemple, la production et la distribution de drogues), ou bien des activités qui sont reconnues

illégales lorsqu’elles sont réalisées sans les autorisations ou enregistrements réglementaires (OECD 2000).

Le problème de l’économie informelle est vital pour accéder correctement à l’économie régionale de Kaliningrad. Une dimension supplémentaire est ajoutée par l’image de Kaliningrad comme une région avec une économie informelle particulièrement importante. La première évaluation de l’économie informelle a été réalisée à l'initiative d'I. Samson de l’UPMF (Grenoble) en relation avec la Pr I.

Eliseeva de l’Université d’Etat d’Economie et de Finances de Saint-Pétersbourg (FINEC) au sein du programme Tacis. La méthodologie adoptée pour l’investigation sur l’économie informelle est la méthode Delphi, qui consiste en un nombre défini de questionnaires répétés qui résultent dans les faits dans l’émergence d’une opinion de groupe sur un sujet d’intérêt donné. Les principales particularités de la méthode sont a) que les réponses sont données de manière anonyme, b) qu’il y a un retour d’information contrôlé (les experts sont informés des résultats du tour précédent d’investigation), et c) que se constitue une opinion du groupe d’experts sur le sujet investigué.

Les grandes lignes de l’étude Delphi peuvent être résumées comme suit :

ƒ Les revenus de l’économie informelle des citoyens de Kaliningrad constituent 43% de la moyenne de leurs revenus par personne.

ƒ La part des exportations illégales est de 13%, celle des importations illégales de 15%.

ƒ La part moyenne des activités illégales dans le volume total de l’économie informelle est évaluée à 28%. Les types les plus communs d’activités illégales sont la production de drogue et sa distribution, la contrebande, la production et la distribution illégale d’armes et la prostitution.

D’autres méthodes ont été appliquées pour estimer le niveau de l’économie de l’ombre dans la région. En relation avec l'équipe UPMF, Tatarinov (2002) a construit et a analysé la matrice input output et a conclu que l’économie informelle doit représenter 55% de l’ensemble de l’économie en 2000 (c.-à-d. en plus de l’économie officielle).

Bien qu’étant basés sur des méthodes mathématiques avancées, les résultats de l’analyse de la matrice input output ont substantiellement diminué par l’utilisation de données officielles sur les flux commerciaux avec les régions russes. L’évaluation des revenus

des ménages est basée sur l’échantillon représentatif élaboré sous la direction du Professeur Fedorov en 2001, qui a révélé un excès de 47% (Samson et al. 2002). Plus tard, Gareev, Zhdanov et Fedorov (2005) ont estimé le PRB réel à 40% au-dessus du niveau officiel de celui communiqué en 2003.

Un large consensus a été atteint autour de 40-50%. En d’autres termes, l’économie informelle constitue un tiers du PRB total de Kaliningrad. On peut supposer raisonnablement (des calculs sont disponibles) que la part de l’économie informelle diminue lentement et progressivement en raison des renforcements du contrôle de l’Etat et de taxations plus basses, en particulier sur l’impôt social, en baisse, et les 13%

d’impôts sur le revenu des particuliers. Il semble ainsi raisonnable d’estimer le PRB réel en 2004-2005 à 40% au-dessus du niveau officiel.

Le deuxième obstacle est la méthode de comparaison des PRB de divers Etats. Cette comparaison ne peut être réalisée qu’en se basant sur la parité de pouvoir d’achat (PPP).

Le PPP reflète la corrélation du monde et les prix internes de tous les articles produits par une économie. Cette approche de la comparaison internationale est tout particulièrement importante pour la Russie qui présente justement un écart significatif entre le taux de change et le PPP. En 2001, cet écart était de 3,5 (le cours – 29,3 RUR/USD, PPP – 8,3 RUR/USD). Le produit régional brut de la région de Kaliningrad, calculé sur la parité de pouvoir d’achat en 2001 était de 6900 USD par tête, ce qui est 6,2 fois plus que le PRB a calculé au cours officiel.

Ainsi, la population de Kaliningrad se porte bien mieux qu’il ne le semblerait dans les statistiques officielles. Les dernières ne reflètent pas exactement la véritable situation. Ceci est signalé à maintes reprises par les étrangers, y compris les étrangers de Russie. Selon les données du Goskomstat, Kaliningrad est chroniquement en retard sur la moyenne russe. Cependant un citoyen russe ou un étranger qui s’est rendu en Russie, à l’extérieur de Moscou, confirmerait qu’il est totalement paradoxal d’affecter aux habitants de Kaliningrad un niveau de vie soi-disant 1,5 fois pire que celui des russes en moyenne. Deux facteurs sont cruciaux pour obtenir une représentation plus réaliste de la réalité économique. Premièrement, l’économie informelle doit être comptabilisée, de la manière réalisée déjà ci-dessus. Ensuite, les calculs du pouvoir d’achat et les traces indirectes de la consommation des ménages doivent être détaillés et expliqués. Plusieurs

approches sont possibles pour les calculs de la PPP. Une des possibilités sera de prendre des données russes issues de comparaisons internationales, et auxquelles la Russie participe depuis 1993, pour ensuite expliquer la différence entre le PIB russe par tête et le PRB de Kaliningrad par tête.

apita

Le chiffre USD 4 400 a été obtenu pour 2000 en utilisant cette formule (par exemple, Smorodinskaya 2001, 2003), de même pour le chiffre US 5 337, en 2002.

1 . 66111 5337

43631

8087∗ =

(Les données pour une comparaison internationale sont disponibles sur www.gks.ru)

Cependant, ces chiffres ne prennent pas en compte un régime économique spécifique, à savoir le détachement, ainsi que la localisation géographique de Kaliningrad et, par conséquent, les différences de prix substantielles sur de nombreux produits.

Une approche plus subtile serait de réaliser des comparaisons directes de PIB direct/PRB (PPP) par tête comme cela fut fait dans le projet de comparaison du pouvoir d’achat entre Kaliningrad et la Lituanie par le groupe de recherche sous la direction de I. Samson en 2002, avec l'aide de I. Eliseeva et de FINEC. Cette approche, bien que plus laborieuse, révèle une PPP plus exacte et plus fiable puisqu’elle compare le pouvoir d’achat directement dans les régions qui ont des structures de consommation comparables. Cette recherche révéla que le ratio de pouvoir d’achat rouble/lit à Kaliningrad et en Lituanie, pour la première moitié de 2001, équivalait à 0,95. Comme les calculs étaient basés sur la consommation de ménage seulement et ne prenaient pas en compte les dépenses du gouvernement, le chiffre final devrait s’approcher de 85%

(Samson et al. 2002). Sur la base des données de cette recherche, le PRB (PPP) par tête à Kaliningrad en 2000 devrait être estimé à 6025 USD, ou 37 % de plus que le chiffre obtenu par une déduction directe de la moyenne russe calculée selon les données du Goskomstat.

Les calculs de PPP montrent que Kaliningrad se situe approximativement dans la moyenne russe. Elle est en retard sur la Lituanie, bien que d’une manière moins significative qu’il n’y parait. En même temps, elle est proche du niveau de la Voïvodie de Warmie-Mazurie en Pologne, voisin direct de Kaliningrad avec de nombreux problèmes structurels sérieux et le plus haut taux de chômage de Pologne. Ces découvertes sont également cohérentes avec les données sur la consommation régionale des ménages. Par exemple, Kaliningrad se trouve parmi les régions russes avec la plus forte consommation par tête pour les automobiles (2ème) et pour la viande.

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