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Chapitre 2. Les caractéristiques structurelles de la transition économique économique

2.1. Les caractéristiques de la transformation

2.1.1. Les leviers structurels dans la distribution du PRB

Quels étaient les caractéristiques structurelles de la transition économique de la région de Kaliningrad ? La réponse à cette question est essentielle pour comprendre l’essence et la dynamique de la spécialisation régionale actuelle. Le produit régional brut et sa structure, la structure de l’emploi, la dynamique de la production industrielle et le commerce extérieur et interrégional sont des questions clés pour l’investigation de la spécialisation économique régionale. Nous montrerons que Kaliningrad a subi un changement majeur, à savoir une spécialisation dans le secteur tertiaire et une nouvelle spécialisation industrielle basée sur un rôle d’intermédiaire dans les échanges UE-Russie.

L’éclatement du bloc soviétique a eu des conséquences économiques graves pour toute l’économie russe. Lorsque les pays voisins proches de Kaliningrad (Lituanie, Biélorussie, Lettonie) sont devenus des Etats étrangers à part entière, l’exclave en fut touchée le plus fortement en raison de son détachement territorial. Les régimes commerciaux et productifs établis avec les pays Baltes ont été en particulier réorientés vers l’Ouest. A la fin des années 1980, Kaliningrad était entièrement intégrée à l’économie soviétique. Après l’éclatement, les liens ainsi établis furent immédiatement rompus. L’économie régionale a plongé dans une crise profonde, avec des volumes de production industrielle chutant de plus de 70% dans les années 1990.

La crise de 1998 a réveillé le développement économique régional. Le volume régional brut, aux prix actuels du marché, a crû rapidement dans les années qui ont suivi. La croissance du PIB était de 6,8 % en 1999, 14,4 % en 2000, 6 % en 2001, 9,5 % en 2002, 11,5% en 2003 et 12,3% en 2004. Ainsi, la croissance annuelle moyenne a été de 10,1% entre 1999 et 2004. Le graphique ci-dessous donne une idée de la dynamique de croissance du PIB sur la période de transition. Des données sont aussi fournies pour

la Russie. Dans l’ensemble, l’économie de Kaliningrad suit les tendances économiques russes. Lorsque l’économie russe décline, il en est de même pour Kaliningrad. Si l’économie russe croît, l’économie de Kaliningrad suit. La seule exception dans la dernière décennie est l’année 1997, où la Russie équilibrait sa croissance pour la première fois depuis 1990, tandis que Kaliningrad était sur le déclin. La comparaison des dynamiques de la Russie et de Kaliningrad montre l’existence d’une corrélation importante. Bien que suivant la tendance économique de toute la Russie, les variations de PIB de Kaliningrad sont plus intenses. Elles reflètent la tendance russe, mais avec une plus grande amplitude. Par exemple, au cours des années 1995-1996, l’économie russe a décliné de 3-4% par année, Kaliningrad était en plein effondrement, avec une économie régionale régressant annuellement de 15% en moyenne. En fait, la production industrielle de Kaliningrad a chuté en 1999 à 29% du niveau existant en 1990 ; la production industrielle du pays est tombée à 51% du niveau de 1990 la même année.

Par contre, lorsque l’économie russe a redémarré à la suite de la crise de 1998, l’enclave balte a repris sa croissance plus rapidement que le continent (10,1% contre 6,8% sur 1999-2004). La corrélation entre le PRB de Kaliningrad et le PIB russe est frappante.

Même le désaccord de 1997 peut être plausiblement expliqué par un décalage, où Kaliningrad suit la tendance de toute la Russie.

Graphique 2. 1. PIB de la Russie et PRB de la Région de Kaliningrad entre 1995 et 20046, variations annuelles en %

-4.1 -3.4

1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006

%

Russie Kaliningrad

Source : KRCS, diverses années.

La crise économique des années 1990 fut caractérisée, d’une part, par le déclin net de la production de denrées (fabrique et extrait, agriculture, construction, exploitation des forêts). D’un autre côté, la part relative des services dans la structure du produit régional brut (PRB) a continuellement augmenté. Par conséquent, la structure du PRB de Kaliningrad a subit des transformations au cours de la décennie et a fini par ressembler aux structures typiques des PRB des Etats plus développés. La ressemblance apparente ne doit pas nous tromper car elle fut atteinte par un déclin plus rapide de la composante industrielle, combinée au déclin plus lent de la composante des services plutôt que par une croissance naturelle des services post-industrielle. Sur le plan des sciences économiques de la transition, la transformation de Kaliningrad dans les années 1990 s’apparente davantage à une désindustrialisation qu’à une servicisation. Smorodinskaya et Zhukov dressent un tableau réaliste et critique sur le changement structurel des années 1990 :

« [...] Dans la deuxième moitié des années 1990, l’économie de Kaliningrad a atteint une dimension industrielle plus proche des économies avancées où le secteur tertiaire prévaut. Cependant, un examen plus détaillé révèle que cette évolution est simplement formelle et que, dans Kaliningrad, le changement vers une économie basée sur les services n’avait rien en commun avec les changements post-industriels progressifs des économies développées. Premièrement, cette expansion relative de services était accompagnée d’un recul de la production électrique, de l’extraction et de la fabrication, de la construction ; en d’autres termes, il s’agissait d’une désindustrialisation de l’économie locale dans sa version post-soviétique. Deuxièmement, la servicisation s’est déroulée en plein déclin du PRB et de la production de chaque secteur de l’économie.

Ceci signifie qu’elle n’est pas basée sur la croissance accélérée des services, mais plutôt sur un déclin plus lent dans le secteur tertiaire que dans les secteurs primaire et secondaire. Troisièmement, une réorientation s’est opérée vers le commerce et les autres services dans le secteur tertiaire, tandis que le poids des transports et de la communication dans le PRB changeait dans des proportions et tendances statistiques discutables. En résumé, le changement vers le secteur tertiaire a été lié à un déclin industriel général et à la surcroissance des services d’intermédiation aux importations au cours de la période de déclin » (2003 : 24-25).

Généralement parlant, la transition économique de l’économie locale peut être divisée en deux périodes clairement identifiables : 1991-1998, puis, à compter de 1999.

Selon l’étude de Smorodinskaya et Zhukov, basée sur des données de 1999 à 2001, la première période de désindustrialisation et de servicisation a été remplacée par une tendance à la ré industrialisation partielle en 1999 (2003 : 23-25). Bien qu’exacte pour les premières années de la deuxième période, cette observation ne tient pas pour les six années consécutives à 1998. Le taux de croissance industriel annuel au cours des cinq années suivant 1998 a atteint en moyenne 14,8%. La croissance industrielle, locomotive du développement économique régional, était accompagnée de 12,4% de croissance annuelle moyenne dans le secteur de la construction et de 9 % dans les transports.

Malgré une croissance industrielle rapide, ceci n’a pas eu pour résultat une ré industrialisation relative. On pourrait même dire que le PRB de Kaliningrad est resté, sur l’ensemble, dans les proportions atteintes à la fin des années 1990. La croissance industrielle a déclenché la croissance des transports, qui a préservé sa part habituelle de 9 % du PRB. Le commerce, bénéficiant de la vague de croissance générale et de la demande domestique croissante, retrouve une place partiellement perdue entre 1999 et 2001. De plus, le pouvoir combiné de la demande industrielle et de la croissance domestique conduit à un vrai boom de la construction. Les projets de constructions sont passés de 4,9 % en 1999 à 9 % en 2003 et ne sont pas prêts de baisser dans les années à venir.

Le poids des marchandises dans la structure du PRB en 2003 est de 42 %, tandis que celui des services est de 58 %. L’industrie y a le plus grand poids relatif (26,1 %, base 2003). L’industrie est aussi le secteur économique le plus productif (26,1% de la production et 18,9 % des emplois). La construction (9 % et 7,8 %, respectivement) et le transport (9,2 % et 8%, respectivement) situent la productivité à un niveau moyen.

D’autre part, l’agriculture n’est pas seulement frappée par une récession absolue mais aussi par une productivité très basse (6 % du PRB et 10,2 % de la main-d’œuvre en 2004). La productivité dans le commerce de la restauration, le plus grand secteur tertiaire, est légèrement au dessus de la moyenne (18,8 % et 17,3 %, respectivement)19.

19 Cf . tableaux 1 et 2 dans l’Appendice.

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