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Encadré 1.3. A la recherche de solutions pour Oecussi-Ambeno

1.5. La théorie des enclaves et Kaliningrad

Au commencement des recherches sur les enclaves et les exclaves, nous avons formulé des questions essentielles au sujet de la région de Kaliningrad. Pour rappel :

• Quelle est la relation entre les coûts d’une enclave et la proximité du marché européen ?

• A quelles conditions les atouts positifs d’une enclave peuvent-ils dépasser ses coûts (atouts négatifs) ? Que peut utiliser Kaliningrad à son profit ?

• Est-ce possible dans le contexte des relations des relations entre l’UE et la Russie ? L'Etat réel de relations rend-il ceci possible ? Ou faut-il attendre davantage de développement entre les relations / l’intégration UE-Russie ?

Commençons par noter que Kaliningrad compte, à divers degrés, la plupart des dispositifs économiques caractéristiques aux enclaves. D'abord, elle est petite. Bien que Kaliningrad ne soit pas une micro-enclave, sa taille ne constitue pas un avantage en

termes de marché intérieur, à même de fournir une base suffisante de consommation domestique et de production. En même temps, sa taille permet à l'industrie de s’y développer. Ensuite, l'exclave est extrêmement vulnérable aux chocs extérieurs, dus aux phénomènes d’enclavité et d'exclavité (Vinokurov 2005a). Enfin, Kaliningrad est exposée au danger de la double périphéricité, au regard de la Russie et de l'Union européenne.

Quelle est la relation entre les coûts de l'enclave et sa proximité du marché européen

? D'une façon générale, l’enclavité / l’exclavité constitue un inconvénient plutôt qu’un avantage pour le développement économique. Comme nous l’avons montré ci-dessus, la majeure partie des enclaves ne suit pas son continent en termes de revenus par tête.

Seules quatre enclaves sur vingt-sept de l'échantillon atteignent ou ont atteint des revenus par tête supérieurs à la moyenne continentale.

Nous conclurons que, de façon générale, l’enclavité / l’exclavité sont un facteur négatif de développement économique. Des conditions spéciales et des mesures spécifiques sont nécessaires pour permettre aux avantages potentiels de proximité de prévaloir.

A quelles conditions les aspects positifs peuvent-ils compenser le poids excessif des coûts résultant de l’enclavité ? Quelles mesures Kaliningrad peut-elle appliquer ? La libéralisation économique et politique d'une enclave vis-à-vis du continent et de l'Etat environnant sont la condition préalable à l'accomplissement de la stabilité politique et de la prospérité économique. La libéralisation est un cas normal dans les relations avec le continent, car l'enclave représente une partie complète de l'Etat. Ainsi, lorsque nous parlons de l’ouverture du vecteur E-M, nous essayons de mesurer la plupart du temps l’étendue de la libre circulation des personnes, des marchandises, des services, du capital et des mains d’œuvres. Les questions du transit sont ramenées au premier plan.

En dépit de la proximité géographique, il est beaucoup plus difficile d’obtenir cette libéralisation dans les relations avec l'Etat-entourant. Ici, ce sont les questions de régime sans visa, d’échanges facilités de marchandises et de services ainsi que de régimes douaniers dont il est question au premier plan.

Les enclaves réussissant leur développement sont celles dont la démarche consiste à développer plusieurs orientations stratégiques, évitant ainsi la concentration commerciale et la seule dépendance économique avec le continent. Le dynamisme des économies ainsi que leur croissance semblent être conditionnés par le libéralisme et l’ouverture des régimes économiques. Les orientations d'économies diversifiées avec l’Etat-entourant et le reste du monde apparaissent comme des conséquences naturelles de l’ouverture économique.

L’ouverture et la libéralisation de Kaliningrad peuvent être atteintes de plusieurs façons qualitativement différentes. La différence réside soit, premièrement, en l’intégration économique de Kaliningrad dans l’EU ou, en second lieu, de l’avancement du cadre d’intégration économique UE-Russie, soit troisièmement, par l’adoption d’un régime économique spécial spécifique à la législation nationale russe. Théoriquement, une enclave peut être économiquement intégrée à l’Etat-entourant par l’exclusion de son territoire douanier du continent et, bien que pas toujours, par son intégration dans le territoire douanier de l'Etat-entourant. Le « modèle de Büsingen » est le meilleur exemple de cette approche. Cependant, nous avons souligné que cette approche n'était pas applicable à de plus grandes enclaves du fait de la variété des scénarii politiques et économiques. Bien qu’elles puissent représenter une solution simple pour les micros et, parfois, petites enclaves, Kaliningrad est tout simplement trop grande et trop important pour que la Russie et l'EU adoptent cette voie.

Il est logique de penser que, tout comme les facteurs spécifiques aux enclaves contribuent à plus de risques politiques et de vulnérabilité économique, l’« effacement » de l'enclavité pourrait la rendre moins vulnérable aux chocs exogènes. Elle peut être atteinte en atteignant un niveau d'intégration entre la métropole et l’Etat-entourant suffisant pour fournir un passage aisé des personnes et des marchandises entre le continent et l'exclave. En d'autres termes, une intégration profonde et complète entre le continent et l'Etat environnant peut enlever le problème du passage depuis l’exclave vers le continent.

L'Etat actuel des relations entre l’UE et la Russie permet-il d’atteindre un niveau d’intégration suffisant pour que l'enclavité de Kaliningrad ne se referme pas sur elle, et que les avantages de sa proximité avec l’UE soient valorisés ? Bien que la Russie et

l’UE aient formulé l'idée de l'Espace Economique Commun (EEC) en 2001 ainsi qu’une feuille de route à ce sujet jusqu’en 2005, le mouvement vers un niveau d’intégration économique suffisant dépend toutefois du long terme, et doit être mesuré plus en décennies qu’en années. Au stade actuel, l'Etat des relations UE-Russie pèse fortement sur la performance économique de Kaliningrad, les aspects négatifs de l'enclavité étant renforcés par des facteurs politiques (par exemple, introduction des régimes de visa par la Pologne et la Lituanie en 2003 ; question du transit par la Lituanie) ou économiques (par exemple, barrières non-tarifaires sur les marchés vers l’UE). Cependant, le développement futur des relations UE-Russie, dans ses lignes actuelles, porte en soi un potentiel substantiellement positif pour l’enclave de Kaliningrad à long terme.

Vu que l’intégration économique au sein de l’UE n’est pas à l’ordre du jour, et que la construction du EEC UE-Russie n’est envisageable qu’à long terme, la solution d'un régime économique spécial, conçu par la Russie, et présent dans sa législation nationale semble centrale. L'argumentation en faveur d’une Zone Economique Spéciale à Kaliningrad, créée dans les années 90, fut une réponse à la première option stratégique.

L'idée était alors de compenser son détachement régional, les transits plus longs et plus coûteux, ainsi que la démilitarisation totale des années 90 au cours desquelles le nombre de personnels militaires postés dans la région fut réduit de 100 000 à 25-30 000 en quelques années. La crise économique russe des années 90 a eu des conséquences graves pour Kaliningrad. Vers la fin de 1999, la production industrielle a chuté de 2/3 au regard de 1990, et les anciens modes de production et de commerce ont montré leurs limites. Au cours de la période 1999-2005, l'économie s’est cependant développée à une vitesse impressionnante. Les nouvelles spécialisations commerciales et productives ont évolué avec le temps. Une grande partie du développement économique de la région put être attribué à l'existence de sa Zone Economique Spéciale, formant l'épine dorsale de l'économie régionale. Le régime de la ZES a encouragé les industries de transformation des importations visant le marché intérieur russe. Plusieurs nouvelles industries ont émergé, comme par exemple la transformation agroalimentaire, les chaînes de montage d’appareils électroménagers ou l'électronique grand public et les meubles. Tous visent le marché russe. La structure du marché de l'industrie de meubles est typique: seuls 7%

de la production sont vendus dans la région et 10 % sont exportés alors que 83%

transitent vers le continent. Le régime ZES, fonctionnant grâce aux dépenses du budget fédéral et aux concurrents d'autres régions russes, est devenu essentiel pour l'économie

régionale. Kaliningrad a suivi la tendance économique de toute la Russie à partir de 1990. Quand l'économie russe régressait, il en était de même de l'économie régionale.

Lorsque la croissance démarrait en 1999, Kaliningrad a suivi. Il y a pourtant une remarque importante : l'économie de Kaliningrad réagit bien plus aux chocs extérieurs que ne le fait la Russie dans son ensemble. Le développement économique de Kaliningrad dépend directement des facteurs externes et du régime de ZES sur lequel sa croissance fut basée. La politique compensatoire de la ZES a permis une certaine renaissance de l'économie régionale mal en point mais la croissance repose sur les avantages de la base précaire des avantages de la ZES, qui ne sauraient être soutenus à long terme.

L'approche compensatoire est inférieure à l'approche de libéralisation. Les enclaves, tout comme les petits Etats, ne peuvent atteindre des niveaux élevés de développement économique et d’économies d’échelle sans accepter leur intégration dans la division internationale du travail. La localisation géographique d’une enclave, son détachement du continent et sa proximité des marchés étrangers, en particulier des marchés de l’Etat-entourant, imposent une orientation économique vers l’extérieur. Dans l'ensemble, une comparaison avec d’autres grandes enclaves et exclaves suggère que la politique économique de la Russie pour Kaliningrad doive suivre les lignes d’une libéralisation basée sur trois points :

- Libéralisation économique sur l’économie mondiale en général, et sur l’UE essentiellement.

- Diversification des orientations tant vers le continent russe que vers l’UE.

- Spécialisation relativement étroite. Une petite taille dicte la nécessité d'une spécialisation étroite. Les enclaves réussissant du point de vue économique en font la démonstration. En même temps, le danger existe d'une spécialisation excessivement étroite rendant l’enclave vulnérable aux chocs exogènes. Des enclaves telles que Hong Kong, Macao et Gibraltar indiquent toutes que la recette optimale est celle de deux ou trois secteurs porteurs de l’économie.

Chapitre 2. Les caractéristiques structurelles de la transition

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