De retour de l'excursion entreprise de concert avec Mr. Mr.
Schmid et Hennet pour examiner le tracé de
Delémont')
à Bâle, je me proposai de retourner aux pourrevoir
en passant encore quelques points, pour plier bagage et pour attendre enfin à Delémont ') vos dernières décisions. Mais à peine rentré, je fus atteint d'abord d'un catarrhe très
fort
et ensuite de mes anciens rhumatismes, de façon que je suis obligé de garder la chambre et de combattre énergiquementces indispositions. S'il est encore possible,
j'irai,
aussitôt rétabli, dans le vallon de St-Imier, où Mr. Froté m'appelle-) à cause des glissements et avalanches qui infestent diverses localités du vallon. Sij'y
réussis encore, toutes mes recherches géologiques pour l'étude préliminaire du réseau jurassien se-raient terminées, sauf de les reviser occasionnellement. Le vallon de St-Imier même ne m'est nullement inconnu, vu que dans le temps jel'ai
étudié spécialement depuis les Convers jusqu'au-delà de Cormoret, tant pour la carte géologique du pays qu'en vue du chemin de fer qui devait relier") la Chaux-de-Fonds par ce vallon à Bienne. Je n'aurai donc qu'à revoir la majeurepartie du vallon etil
ne me resterait pour une étude') Delémont. — *) m'appele. — ") rallier.
plus circonstanciée que la partie basse entre Cormoret et Sonceboz.
Monsieur
l'ingénieur
en chef, j'espère que les quelques tournées par le Jura, lelong
des lignes du chemin de fer pro-jeté, quej'ai
eu l'honneur et le plaisir de faire en votre agréable compagnie, vous auront complètementinitié
dans la marche de mes investigations, et mes études ont dû vous rassurer en général sur la nature des terrains que nos lignes jurassiennes devront parcourir. Vous savez que sous ce rapport notreréseau est très favorisé, mieux peut-être qu'aucune autre ligne quidoit
traverser des montagnes aussi abruptes et âpres, des défilés aussi étroits et des vallées aussi resserrées. Sans doutequ'il
restait etqu'il
reste encore quelques passages sujets à caution ; mais j'espère que ces points déjà peu nombreux seréduiront encore à un chiffre bien moins considérable, comme je le sais par mes dernières expériences, soit dans les gorges d'Asuel, soit dans la cluse de Grellingen, dont les points les plus chanceux reposent sur des terrains assez solides, le plus souvent même sur le roc
vif.
Ainsi disparaissent devant un examen plus attentif et plus détaillé successivement toutes les grandes difficultés, et j'espère que l'étudedéfinitive
pourra bien encore corriger ce quipourrait
encore faire soupçonner*) des dangers pour les constructions futures ou du moins les gêner*).Je me mets actuellement au dépouillement de toutes mes notes et à la rédaction, d'abord d'un A/zerpa-') ge'/ze'ra/ de
f oaf
es nos /fgaes soas fe ra/z/zortgeo/ogfçae, basé sur les faits si nombreux recueillis pendant le courant de l'été passé et comparés aux données si précieuses qui depuis Thurmannn'ont
pas cessé de prendre date-*), grâce'') au zèle scientifique d'une pléiade de géologues distingués du Jura suisse et fran-çais et parmi lesquels notre Jura bernois [compte] lui-même bon nombre de ses citoyens les plus avancés. Cet aperçu^) préliminaire, espèce de feuille de route pour chacun qui s'inté-resse tant au chemin de fer projeté qu'à la connaissance du soi et de la structure géologique de notre Jura demande à être accompagné d'une carte fff/z^rafre cofort^e ge'o/ogfçae/raeaf qui sera facile à construire, soit d'après nos cadastres, soit') supçonner. — ") gener. — •') apperçu. — date. — '') grace.
d'après les minutes de la belle carte de Mr. Buchwalder, corri-gées d'après les nouveaux relevés exécutés') pendant l'été passé par nos ingénieurs. — £//; Zaô/eau s/raZZgra/z/zà/zze, peu compliqué du reste de nos terrains géologiques avec quelques profils de nos tunnels et des cluses les plus remarquables,
suffiront
eusuite amplement pour faire comprendre de chacun les résultats obtenus, et pour apprécier à leur juste valeur les chances etl'avenir
de nos tunnels et de toutes les construe-tions du réseau jurassien en général.Enfin un /rae>«ozVe plus étendu terminera et réunira en un seul faisceau tout l'ensemble de ces divers chapitres consécutifs sous un
point
de vue plus purement scientifique, avec des coupes et plans beaucoup plus détaillés. Vous savez bien,Mr
l'Ingénieur en chef, par votre propre expérience, que la rédaction d'un travail semblable, comme celui que je me propose ici, demande bien des réflexions, des comparaisons et études détaillés, et par conséquent beaucoup deloisir,
afin de mettre en harmonie toutes les observations et faits recueillis sur le terrain, pourpouvoir
en tirer tous les fruits désirables, et pour les rendre enfin utiles à la pratique. Il faudra dès lors consulter et utiliser en outre tant les collections qui existent dans le pays, ....que les ouvrages et données éparses des auteurs précédents et contemporains pour arriver à une der-nière perfection. Il faudra du temps pour cela, mais vous me direz pour posséder enfin des résultats préliminaires, assez exacts") cependant pourpouvoir
inaugurer sitôt possible nos travaux de chemin de fer Eh bien pour cet effet l'/4/?érp«g"<?/z<?'ra/ accompagné de la CarZe/Z/aera/re coZorZee gVoZogfgae-azeaZ, le 7aWeaa sZraZZgra/z/zà/zzc' rZes Ze/raZ/zs et quelques Coa/zes/znaczjaaZas de nos tunnels et cluses suffiront, je crois amplement. Mais pour arriver assez promptement à ce but ')
il
me faut avoir en main les Co/;Zes nécessaires de tous les relevés*), des /Vaas carfasZraax du parcours de nos lignes, et lesprofils
non caricaturés des régions les plus intéres-santés. Je ne possède encore que quelques feuilles éparses, sans liaison, souvent fautives ou incomplètes, etil
serait ce-pendant de la dernière importance pour accélérer mon travail, ') les nouvelles rélevées éxéeutées. — exactes. —^
apperçu. —* )bût. — ") de toutes les relevées.
-de posséder au moins le canevas de nos lignes.
Il
sera encore bon de m'envoyertout
cela à double, un exemplaire pour mon travail et l'autre pourl'expédition
finale. Monsieur l'Ingénieuren chef, si Vous êtes d'accord avec ma manière de
voir
et de procéder, je serai bien charmé de recevoir bientôt Votre con-sentement et les avis que Vous jugerez nécessaires.Lors de nos derniers entretiens '), je crois avoir mis presque complètement au net... toutes les questions importantes du ré-seau jurassien sous le
point
de vue géologique. De plus je vous ai exprimé le désir depouvoir
rester ici au milieu du Jura et au cœur de notre réseau de chemin de fer, au lieu d'émigrerà Berne, en Vous faisant entrevoir les avantages réels [qui]...
résulteraient de mon travail. Je pourrai profiter ici de chaque moment favorable pour revoir tel ou tel
point
encore obscur, ou pour mieux fixer les limites et allures des terrains, en même temps que je pourrai profiter amplement de toutes les collec-tions recueillies depuis nombre d'années, sur les terrains mê-mes qui m'entourent, par les géologues mes amisrésidant dans le Jura, de même que de leurs bibliothèques et de leurs pro-près observations, tandis qu'à Berne je serais réduit à peu prèsà mes propres ressources, en même temps que la distance trop forte entre Berne le Jura empêcherait presque complètement la revue immédiate du champs de mes recherches. Enfin M.
Hennet qui restera très-probablement ici, serait toujours à ma portée pour construire les profils géométriques etc. dont
j'au-rai besoin de temps en temps pendant que j'élabore mon ou-vrage. En outre je dois aussi prendre en considération les avantages matériels du côté financier qui résulteraient tant pour la caisse de Votre département que pour ma bourse parti-culière, si je ne suis pas obligé de réclamer une augmentation de ma solde proportionnelle aux surfrais que m'occasionnerait indubitablement le séjour de Berne, tandis qu'ici je pourrai très bien exister avecl'ordinaire
convenu.J'espère que Vous favoriserez aussi par les raisons énumé-rées mon désir de rester ici. Cela n'empêcherait pas de Vous visiter en temps et lieu dans la capitale du canton.
Monsieur l'ingénieur en chef, j'attends impatiemment de Votre part quelques lignes en réponse pour sortir des
hésita-') entrétiens.
-tions infructueuses et je Vous prie de me croire Votre très dé-voué serviteur et je Vous prie d'agréer l'expression sincère de ma haute considération,
A. GRESSLY, géologue
chez