L'allure de l'accroissement dans la forêt jardinée
Par Eric Badoux
Introduction
La littérature forestière relative au jardin age cul tu ra 1 s'est considérablement enrichie depuis une vingtaine d'années. Aux ouvrages dassiques de Ba 1 si g e r ( 13) 1 et de Biolley (surtout 14 et 16) sont venues s'ajouter les publications, souvent remarquables, de d' A 1 ver n y, Ammon, Bore 1, Danne c k e r, Favre, Fr an·
çois, Gazin, Gut, Knuchel, de Luze, H.A.Meyer, Nagel, Prodan, Schaeffer, Tregubov, Wohlfahrt, Ziegler, Zimmerle, etc.
Notre institut, où l'étude méthodique de la forêt jardinée se poursuit depuis plus de.
40 ans, a pris une part non négligeable à cette enquête, et nos Annales ont rendu compte des résultats acquis à différentes reprises. Ph. F 1 u r y a su discerner et mettre en évidence les caractéristiques de la futaie composée, les différences biologiques fonda- mentales .qu'il y a entre sa constitution et celle de la futaie simple (1929, 37), puis a défini ses conditions de croissance (1933, 39)~ H.Badoux a pré- senté un exemple du développement progressif d'une forêt jardinée de sapin et d'épicéa (1930, 10), E.Favre, celui d'un aménagement par la méthode du con- trôle (avec de très pertinentes remarques sur le jardinage; 1931, 34). En 1942, H. Burger examinait les relations qui existent entre la structure des cimes, la masse foliaire, l'accroissement et les qualités du bois dans une forêt jardinée de qualité moyenne (le Toppwald, dans !'Emmental bernois) et arrivait, entre autres, à une conclusion extrêmement intéressante, à savoir. que 1 a production n'est pas sensiblement modifiée par la structure spé- ci a 1 e de ·la futaie composée (27). Enfin - ensuite d'une heureuse collabora- tion entre l'Ecole forestière et notre institut -, H. Lei bu n dg ut démontrait dans nos Annales, en 1945, que 1 a dis t
rl
but ion ré g u 1 i ère des hauteurs d'arbres e s t v r a i s e m b 1 a b 1 e m e n t 1 ' e x c e p ti,o n d a n s 1 a f o r ê t j a r d i n é e , e t q u e 1 a f o r ê t o ù 1 e m é 1 a n g e d e s e s s e n c. e s e t d e s â g e s e s t .r é a 1 i s é p a r p i e d s d'arbres n'est pas du tout la meilleure possible quant à la produc- tion de boiscl
e qua 1 i té (50). Je passe sur un certain nombre de notices parues dans les organes de la Société forestière suisse (8, 9, 11, 12, 24, 25, 28, 38).1 Les chiffres entre parenthèses renvoient à l'index bibliographique.
Malgré une similitude de titre, je ne me propose pas de donner une version aug- mentée du dernier travail de FI ury (39): rien d'essentiel n'y serait changé. Je pré- senterai donc sous une forme très succincte les accroissements globaux enregistrés à ce jour et leurs fluctuations. Je m'attarderai, par contre, à examiner, dans des forêts jardinées de composition et de fertilité diverses, comment, du plus petit au plus gros arbre de chaque essence principale, l'accroissement prend nais- sance, se hausse, c u 1 mine, p u i s retombe . Ensuite, j'essaierai de définir la relation qui existe, le long de l'échelle des grosseurs, entre la crois- sance moyenne, d'une part, et, de l'autre, le corps ligneux qui en bénéficie (taux), la place prise par la cime (horizontalement et en volume) et la masse des organes assimilateurs.
A. Données générales sur les peuplements . ,
exammes
1. Caractéristiques de station - Classement
La forme idéale de la forêt jardinée est liée à l'aire de distribution de la sapinière mélangée des contreforts alpins et du Jura, c'est-à-dire, en langage phytosociolo- gique, à la partie supérieure du F agetum (cf. Sc ha de 1 in, 62) . Dans la pessière naturelle, le jardinage, encore applicable, est avant tout un jardinage par trouées:
le peuplement, d'autant plus clair que l'altitude augmente, est beaucoup moins riche et productif que dans la sapinière.
J'ai choisi, pour mon étude, 6 exem p 1 es de sapinière m é 1 an gée et 2 p es- s ières, soit 4 peuplements de !'Emmental bernois et du Plateau adjacent, 2 boisés des Préalpes et 2 forêts jurassiennes. Ce sont:
I. La partie jardinée ( I +II) de la réserve de
D
ü r sr ü t i, Rés. jard. 30, 3,0 ha.Forêt domaniale près de Langnau, Berne. Sur un versant nord faiblement incliné et coupé de terrasses, à env. 900 m. Poudingue de. la molasse d'eau douce inférieure. Lehm frais et très profond.Fagetum abietetosum sur terre brune (à la lisière de celle-ci) . 0 pt i mu m de 1 a sa p in i ère m é 1 an g é e ( voir 11, 12, 28).
II. S ch a 11 en ber g-Rau ch gr a t, Rés. feuillus 47 jard., 2,5 ha. Forêt domaniale de !'Emmental, Berne, près de Rothenbach. Sur un versant incliné d'~nv. 300 vers le SSW, à env. 1060 m. Poudingue polygénique éboulé, entrecoupé de couches de grès, de la molasse d'eau douce inférieure. Lehm frais, consistant et profond. F agetum abietetosum où on a su maintenir le hêtre ( voir 46).
III.Ha s 1 i w a 1 d, Rés. 19 jard., 2,0 ha. A la corporation d'Oppligen, Berne. Dans la vallée de l'Aar, à seulement 570 m d'alt., sur le cône de déjection très faible- ment incliné du Rothachen. Sol graveleux-sablonneux, profond et suffisamment frais. En marge du Fagetum: la végétation des lisières trahit la proximité de la chênaie. L'essouchage a provoqué, ici et là, l'acidification du sol et l'instal- lation de sphaignes ( voir 9, 24, 38, 44).
IV. Bois du Pays, Rés. feuillus 35 jard. , 2,0 ha. Aux Six Communes du Val de Travers, Neuchâtel. Sur le versant nord de la première chaîne du Jura. Incli- naison d'env. 28° vers le NNW, à quelque 980 m. Eboulis calcaires entremêlés de terre limoneuse et d'un fin gravier. Sol humeux. et meuble, généralement profond. F agetum abietetosum .
•
V. Guffre, Rés. 42 jard. , 2,0 ha. Forêt domaniale, près de Rougemont, Vaud.
Sur un versant nord coupé de terrasses , à 1220 m. Flysch recouvert par des éboulis calcaires du jurassique. Terre profonde , fraîche et fertile. A cheval sur la limite entre le Fagetum abietetosum et le F. rumicetosum. En voie de con- version seulement ( voir R. Ni g g 1 i, Journal forestier suisse 1927).
VI.Big 1 en w a 1 d, Rés. 31 jard., 1,31 ha. Forêt domaniale , près de Biglen (Emmen- tal bernois). Versant tourné vers l'ouest, env. 23° d'inclinaison. Altitude: 930 m.
Molasse marine, très fine de grain, pauvre en calcaire. Lehm sablonneux, sous- sol perméable. Des surfaces à réaction neutre, où l'eau suinte quelque peu, alternent avec d'autres qui accusent un début d'acidification. Mais la formation d'humus brut n'est nulle part très avancée, alors que le Geissrücken - le dos où aboutit cette pente - en est abondamment revêtu. La flore basse semble indiquer l'appartenance à une des sous-associations du bas du Fagetum. Le hêtre a été quasi éliminé. En voie de conversion ( voir 25).
VII. Habrichtswald , Epicéa 293 jard., I+II , 2,0 ha. A la commune de Sigris- wil, dans !'Oberland bernois. Sur un versant incliné vers l'ouest (25°), à 1390 m. Flysch recouvert par des blocs de calcaire crétacé. Humus acide, revête- ment de myrtille et de mousses. Pessière des accumulations de gros blocs.
VIII. La Rolaz, Epicéa 294 jard., 2,0 ha. A la commune du Chenit, Vaud. Plateau plus ou moins mamelonné , ici exposé vers le WSW (12°). Altitude: 1350 m.
Sol très irrégulier: des amas de blocs, le sol graveleux propre à la formation calcaire (Kimeridgien supérieu·r), alternent avec des dalles faiblement incli- nées, crevassées et recouvertes d'une simple pelure d'aiguilles mal décompo- sées. Revêtement de myrtille et de mousses. Ce sol lapiaizé ne convient pas au hêtre: l'épicéa s'y installe , accompagné par des sapins courts et branchus
(voir 8).
Courbes de la hauteur totale et du point d'attache de la cime. Sapin blanc Groph. 1
cm 0 10 20 30 4.0 50 60 70 80 90 100 110 ]20 130 140 150 160 cm de (/) à 1,3 m
J-1 ~ m 60 60 m
de hauteur de hauteur
55 55
1
50 50
45 -
2
45--- ---
----
40
.,,,,,,,-
... . - 4 5 ,
4035
___
:.--6
3530 30
25 25
20 20
.. 8
1
15 ~- ... 1
-
_____.-:-]...
- _I. -... ·4 "t· 3
-j 15-- - - -- 2
10 10
5 5
0 0
cm 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 llO 120 ]30 140 150 160 cm de (/) à 1,3 m
Traits épais: hauteur totale, traits minces: point d'attache de la cime.
Courbes de la hauteur totale et du point d'attache de la cime. Epicéa cm de diamètre à 1,3 m
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
ID de 50 ,--,,-.-~~~~~~~--.-~~-~~~~~~~~--~--- hauteur
45
35
25
15
5
0
- . - .7
- ...
10 20 30 40 50 60 70 80 90
cm de diamètre à 1,3 m
Traits épais: hauteur totale,
Traits minces: point d'attache de la cime.
1: Dürsrüti, 2: Schallenberg-Rauchgrat, 3: Hasliwald, 4: Bois du Pays, 5: Guffre, 6: Biglenwald, 7: Habrichtswald, 8: La Rolaz.
100 Graph. 2
50 m de hauteur
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
Ces huit forêts sont rangées dans l'ordre de 1 eu r pro duc t i vit é, dont l'expression la plus sûre - quoique variable dans certaines limites - est 1 a 1 on- g ue u r que peuvent atteindre les essences principales. L'attribution de nos placettes jardinées à 5 classes de fertilité, selon le modèle des tables de pro- duction, a donné à Flury (37, 39) pas mal de tablature. Le classement ne peut pas s'appuyer sur la hauteur moyenne totale, dont la signification -est quasi nulle, mais uniquement sur les moyennes enregistrées dans les diverses classes de grosseur. Or, dans la sapinière mélangée du Fagetum (nos peuplements 1-VI, p. ex.), les diffé- rences de longueur sont insignifiantes pour les arbres de moins de 40 cm d'épaisseur , aussi bien pour l'épicéa et le hêtre que pour le sapin. C'est ce que montrent assez
bien les graphiques 1 et 21 et le tableau no. 3, établis à l'aide de tous les mesurages faits à ce jour. Passé ce seuil, les différences s'accusent, surtout chez le sapin, qui peut atteindre 50 m et pl us à Dürsrüti (1ère classe ou hors-concours), qui accuse couramment 40 m et plus à Schallenberg-Rauchgrat et au Hasliwald (2nde classe), qui reste généralement en dessous de 40 m au Bois du Pays et à Guffre, voire même de 35 m au •Biglenwald (qu'on peut grouper ensemble dans une 3ème classe). Les 4ème et Sème classes - que représentent Habrichtswald et la Rolaz - ressortissent à la pessière. L'épicéa, toujours plus élancé à diamètre égal (si ce n'est en bas et tout en haut de l'échelle des diamètres), en tant qu' essence de tempérament intermé- diaire mélangé avec des espèces supportant l'ombre, et le hêtre se rangent dans le même ordre.
2. Matériel sur pied, coupes et accroissement global
Les possibilités d'allongement suffisamment définies, passons au matériel sur pied, aux prélèvements qu'il a subis et à l'accroissement global. Le tableau no. 1 indique, grosso modo, l'essentiel à ce sujet. Les chiffres d'accroissement montrent que le clas- sement des forêts jardinées selon la longueur des plus grands arbres coïncide assez bien avec celui qu'on pourrait fonder sur la production courante, et qu'il y a un véri- table hiatus entre la croissance des sapinières mélangées du Fagetum (accroissement global en vol urne total, dans l'ordre: 16,4, 16, 1, 15,4, 15,5, 13,3 et 12,5 m3 par ha et par an) et celle des pessières naturelles presque pures ( 6,3 et 4,8 m3 ). Au demeurant, je ne veux pas séparer les remarques que suggère cette récapitulation de celles qu'ins- pirent les données du 2nd tableau, qui confronte, pour la dernière période d'ob- servation, la répartition du matériel sur pied (bois fort) entre les classes de gros- seur et celle de l'accroissement courant ( également bois fort) entre ces mêmes caté- gories.
Les tableaux nos. 1/2 et les graphiques 3/4 permettent d'ajouter aux caractéristi- ques de la station le complément suivant:
I.
D ü r sr ü t i : Matériel énorme, et qui a encore considérablement augmenté de- puis la mise en réserve. Nombre des tiges actuel: 7/io
de sapins, 3/10 d'épi- céas. Volume actuel: 9/io
de sapins, 1/10 d'épicéas. Le hêtre a été quasi sup- primé. 2/3 de très gros bois, qui ne produisent guère plus de la moitié de l'accroissement. Peu de recrû très éparpillé, peu de bois de moins de 50 cm d'épaisseur ( 14%! ) .
L'accroissement absolu est élevé, l'accroissement relatif, faible. L'intérêt que présente le maintien des plus beaux arbres de la sapinière suisse légitime un traitement conservateur. Cependant, des coupes un peu plus fortes permettraient de préparer mieux l'avenir du peuplement, dans le sens de la sélection.1 Le graphique du hêtre, moins important, a été omis. Le tableau no. 3 en indique les éléments.
Données générales, à l'ha, concernant le matériel sur pied, les coupes et l'accroissement moyen durant toute la période d'observation Tabl. 1
1 Surf ace terrière Bois fort Volzime total
Nombre de Peuple-ment Coupes de la crois-Ac- Peuple-ment Coup,s de la
I
crois-Ac- Peuple-ment Coupes de la crois-Ac- Année Essence tiges restant période sement restant période sement restant période sementaprès (après entière annuel (après entière annuel (après entière annuel
la la 1) moyen la 1) moyen la 1) moyen
coupe coupe) coupe) coupe)
à fin m2 m2 m2 ms m3 m3 ms m3 m3
I. Dürsrüti, Rés. 30, I
+
II, 3,0 ha, 1914-19471914 sapin 353 43,5
1
623 748
épicéa 74 3,7 45 54
total 427 47,2 668 802
1947 sapin ··- 365 48,9 20,4 0,8 742 299 12,6 882 357 14,9
épicéa 104 5,9 0,9 0,1 76 11 1,3 91 13 1,5
total 469 54,8 21,3 0,9 818 310 13,9 973 370 16,4
Il. Schallenberg-Rauchgrat , Rés. feuillus 47, 2,5 ha, 1931-1946
1931 sapin 443 24,7 336
épicéa 42
' 2,3 29
hêtre 96 7,1 99
total 581 34,1 464
1946 sapin 492 25,8 9,9 0,7 343 146 10,1
épicéa 44 3,0 0,2 0,1 39 3 0,9
hêtre 84 6,6 2,7 0,1 94 37 2,2
total 620 35,4 12,8 0,9 476 186 13,2
Ill. Hasliwald, Rés. 19, 2,0 ha, 1908~1947
1908 sapin 379 24,4 337
épicéa 102 8,7 108 '
total 481 33,1 445
1947 sapin 432 26,5 ~4,8 0,7 356 353 9,5
épicéa 67 6,9 9,2 0,2 88 122 2,6
total 4992 33,4 34,0 0,9 444 475 12,1
IV. Bois du Pays, Rés. feuillus 35, 2,0 ha, 1913-1947
1913 sapin 307 16,0 172
épicéa 200 7,9 83
hêtre 101 • 4,1 41
total 608 28,0 296
1947 sapin 224 19,6 14,4 0,5 259
épicéa 137 12,8 4,2 0,3 175
hêtre 52 4,0 3,6 0,1 49
total 413 36,4 22,2 0,9 483
1) La première coupe (d'installation) n'est pas comprise dans cette somme.
2) Revision de tarif au cours de la période.
171 6,82) 54 4,62 ) 43 1,52) 268 12,92)
416 35 114 565
425 179 12,5
47 3 1,0
109 43 2,6
581 225 16,1
431 131 562
458 447 12,2 107 150 3,2 565 597 15,4
227 104 52 383
314 217 8,52 )
207 65 5,2 2 )
59 51 1,82)
580 333 15,5 2)
Tableazi no. 1 (suite)
1 Surf ace terrière Bois fort . Volume total
Nombre de Peuple- Coupe,
1
A,- Peuple- Coupes Ac- Peuple- Coupes Ac-tiges ment de la crois- ment de la crois- ment de la crois- Année Essence restant période sement restant période sement restant période sement aprês (après entière annuel (après entière annuel (après entière annuel
la la 1) moyen la 1) moyen la 1) moyen
coupe coupe) coupe) coupe)
à fin m2 m2 m2 ms m3 ms m3 ms ms
V. Guffre, Rés. 42, 2,0 ha, 1928-194 7
1928 sapin 205 9,8 133 162
épicéa 284 23,4 353 421
total 489 33,2 486 583
1947 sapin 292 11,0 5,3 0,3 144 76 4,5 175 91 5,5
épicéa 200 21,1 9,7 0,4 330 150 6,7 391 178 7,8
total 492 32,1 15,0 0,7 474 226 11,2 566 269 13,3
VI. Biglenwald, Rés. 31, 1,31 ha, 1918- 1945
1918 sapin 363 17,2 220 277
épicéa 189 20,5 268 331
total 552 37,7 488 608
1945 sapin 466 13,1 15,0 0,4 148 196 4,6 193 250 6,2
épicéa 124 20,0 10,4 0,4 267 137 5,1 332 171 6,3
total 590 33,1 25,4 0,8 415 333 9,7 525 421 12,5
VII. Habrichtswald, Epicéa 293, 2,0 ha, 1925-1943
1925 épicéa
5301 32,81
8,21 1 359
11
441
1943 épicéa 432 31,5 0,4 356 94 5,1 438 116 6,3
Vil/. La Rolaz, Epicéa 294, 2,0 ha, 1925- 1944
1925 épicéa 645 22,4 197 252
(+sapin )
1944 épicéa 645 26,3 3,3 0,4 240 29 3,8 305 38 4,8
(+sap in)
1) La première coupe (d'ins tallation) n'est pas compris!' dans cette somme,
II. Schallenberg-Rauchgrat: Matériel normal, suivant la règle - à mon avis très raisonnable - proposée par les auteurs de «Sapinières» ( 63) : hauteur des plus grands arbres multipliée par 10. Nombre des tiges actuel: 8
/io
de sapins, 2/io
d'épicéas et de hêtres. Volume actuel: 7/io
de sapins, 1/10 d'épi- céas, 2/10 de hêtres. Mélange, étagement et formes satisfont également. La distribution du nombre des tiges est bonne chez les résineux; chez les feuillus , les petits bois sont trop faiblement représentés. Quant au volume, 29% de très gros arbres ne fabriquent que 15% de la production.Distribution du matériel sur pied (bois fort) et de son accroissement entre les classes de grosseur, en 0/o, pour la dernière période d'observation Tabl. 2
Classes Matériel sur pied, bois fort, Accroissement du bois fort d~ant
de avant la dernière coupe la dernière période
grosseur
1
Ensemble Sapin Epicéa Hêtre Ensemble
Sapin Epicéa Hêtre
cm 0/o 0/o 0/o °io 0/o 0/o 0/o 0/o
1 1
!. Dürsrüti, Rés. 30, I
+
II, 3,0 ha, 1940-19478-14 1 3 1
1
1 4 2
16-24 2 5 2 3 5 3
26-36 3 10 4 5 15 6
38-50 6 12 7 9 16 10
52-70 19 29 20 26 31 26
plus 69 41 66 56 29 53
Il. Schallenberg-Rauchgrat , Rés. feuillus 47, 2,5 ha, 1941-1946
8-14 4 3 2 4 10 8 7 10
16-24 11 10 4 ·9 20 17 7 18
26- 36 11 10 22 13 16 14 27 17
38-50 12 32 47 20 14 33 43 20
52-70 24 37 22 25 21 26 15 20
plus 38 8 3 29 19 2 1 15
III. Hasliwald, Rés. 19, 2,0 ha, 1942-1947
8-14 4 2 3 8 7 7
16-24 8 5 7 15 8 14
26-36 11 9 11 18 13 18
38-50 14 24 16 18 28 20
52-70 22 38 25 20 32 22
plus 41 22 38 21 12 19
IV. Bois du Pays, Rés. feuillus 35, 2,0 ha, 1941-1947 .
8-1 4 2 1 1 1 3 1 1 2
16- 24 6 6 9 6 9 8 11 9
26-36
.
14 22 55 22 18 26 58 2538-50 32 47 35 37 34 48 30 38
52--70 40 22 - 30 33 16 - 24
plus 6 2 - 4 3 1 - 2
V. Guffre, Rés. 42, 2,0 ha, 1942-1917
8-1 4 5 1 2 14 2 7
16-24 11 2 5 19 4 11
26-36 18 15 16 20 18 19
38-50 36 51 46 29 51 41
52-70 28 29 29 17 24 21
plus 2 2 2 1 1 1
Tableaii no. 2 (suite)
Classes Matériel sur pied, bois fort, Accroissement du bois fort durant
de avant la dernière coupe le dernière période
grosseur
Sapin Epicéa Hêtre Ensemble Sapin
1
Epicéa Hêtre Ensemble
cm °lo °lo °lo 0/o °lo °lo °lo °lo
1 1 1
VI. Biglenwald, Rés. 31, 1,31 ha, 1940-1945
8-14 10 - 4 21 1 11
16-24 13 l 5 20 2 11
26-36 12 7 9 15 8 11
38-50 18 38 30 16 41 29
52-70 37 40 39 23 38 31
plus 10 14 13 5 10 7
VII. Habrichtswald, Epicéa 293, 2,0 ha, 1935-1943 8-14
1
1 1 2 2
16-24
.
7 7 8 826-36 32· 32 36 36
38-50 47 47 44 44
52- 70 13 13 10 10
VIII. La Rolaz, Epicéa 294, 2,0 ha, 1935-19 44
8- 14 10 5 6
1
23 10 12
16-24 30 17 18 37 21 23
26-3 6 34 34 34 29 35 34
38-50 26 39 37 11 31 28
52-70 5
1
5 3 3
III. Ha s 1 i w a 1 d : Bien que la corporation propriétaire pousse au ·conservatisme, le matériel ne me paraît ·pas être excessif. Nombre des tiges actuel: 6
h
de sapins, 1h
d'épicéas. Volume actuel: 8/io
de sapins, 2/10 d'épicéas. 38% de très gros bois ne produisent que 19%
de l'accroissement. La part des moyens est normale, celle des petits bois, insuffisante. Pour enrichi_r le recrû assez rare et introduire les feuillus autrefois éliminés et nécessaires à l'amen~ement du sol, on a sousplanté des groupes de hêtre.IV. Bois du Pays: Matériel faible au début de l'essai, qu'on a laissé s'enrichir progressivement et qui, actuellement, apparaît trop élevé. Nombre des tiges actuel: 6/10 de sapins, 3/.10 d'épicéas, 1
/io
de hêtres. Volume actuel: 5/10 de sapins, 4/10 d'épicéas, 1/io
de hêtres. Bon mélange, où la qualité des fûts s'est singulièrement améliorée en 34 ans. Par contre, comme dans beaucoup d'autresfutaies en transition vers le jardinage, la répartition du nombre de tiges et du volume entre les classes de grosseur laisse encore fortement à désirer: trop peu de petits arbres, trop de moyens.
V. Guff re: Matérial élevé, en légère diminution. Le sapin gagne du terrain.
Nombre des tiges actuel: 6/10 de sapins, 4
/io
d',épicéas. Volume actuel: 3/io
de sapins, 7 /10 d'épicéas. Peu de feuillus en sous-étage ( érable sycomore, hêtre, sorbier des oiseleurs, etc). Là aussi, les arbres moyens sont en surnombre.VI. Big 1 en w a 1 d : Matériel en réduction constante. Nombre de tiges actuel:
Sfio de. sapins, 2/10 d'épicéas (qui manquent presque totalement chez les petits bois). Volume: 4/10 de sapins, 6/10 d'épicéas. Très peu de sous-bois feuillu.
13% de très gros bois, qui ne produisent que 7% de l'accroissement.
VII. Hab ri ch t s w a 1 d : Encore trop dense pour que le recrutement puisse s'y faire normalement. Quelques rares sapins et feuillus sont mêlés aux épicéas. La distribution entre les classes de grosseur s'améliore lentement, mais la pénurie d'éléments jeunes est encore frappante.
VIII. La R o 1 a z : Matériel très faible au début, devenu à peu près normal, vu les ressources du lieu. Les sapins en mélange sont courts et branchus. Le sous-bois feuillu se développe bien.
Les graphiques 3 et 4 renseignent sur les fluctuations du matériel sur pied (bois fort) et de l'accroissement (également bois fort) au cours des périodes d'obser- vation. Les variations de la croissance ne suivent pas celles du volume engagé dans la production: elles semblent plutôt être dues à l'influence de facteurs météorologi- ques. C'est ainsi que les années sèches d'après 1940 ont exercé une action déprimante sur l'accroissement à Dürsrüti (la surabondance du matériel y a peut-être aidé), à Schallenberg-Rauchgrat, au Bois du Pays et à Guffre. L'explication complète de ces oscillations de la croissance est difficile à trouver, et cela surtout parce que nos pério- des sont composites, et que beaucoup de faits déterminants nous échappent. Je n'aborderai pas ici ce sujet difficile, qui sort du cadre de cette communication ( voir 35, 36, 47).
Variation du matériel sur pied (moyenne périodique), bois fort, à l'ha
Graph. 3
m3 1910 1920 1930 1940 Moyenne
de bois 1000 ,--,r-,---,--,-c-r--,--.-r-r--,--,--r-r-,-.-r-r-,--r-r-r-,--.--..---.--r--,--...--r~~.,...--,---- fort
à !'ha
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400 f---+-.,,.---=---.---.---._+- ______ -+ _______ ~
4.,,.-. '1 - . . - . - . - . - .
Guffre, 5 Rauchgrat, 2 Biglenwald, 6 Hasliwald, 3 Bois du Pays, 4 Habrichtswald , 7
_ • • • - • • • - • La Rolaz, 8
200 t---+---43..==----+---+---~
1910 1920 1930 1940 Moyenne
B. L'allure de l'accroissement chez les arbres du peuplement jardiné
La posit10n sociale des arbres est plus difficile à définir dans la forêt jardinée que dans la futaie régulière équienne. La nature du traitement lui enlève, d'autre part, toute constance. Burger (27) et Leibundgut (50) ont cependant démontré que l'examen séparé des différentes strates peu~ donner d'intéressants résultats. Si je renonce ici à suivre leur exemple, c'est surtout pour conserver à mon exposé une forme succincte, mais aussi, je le répète, parce que ces classes ne se laissent pas net- tement discerner.
Variation de l'accroissement périodique moyen du bois fort, à l'ha Graph, 4
m8 1910 1920 1930 1940 Moyenne
par ha 20 et par an
15
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5 ~---+---4-,--=-+-"---+---"-"'=--,
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...
0
1910 1920 1930 1940 Moyenne
1. La marche de l'accroissement en hauteur
Dürsrüti, 1 Rauchgrat, 2 Bois du Paye, 4 Hasliwald, 3 Guffre, 5
Biglenwald, 6
Habrichtewald, 7 La Rolaz, 8
Le fait qu'on ne tient pas compte de l'âge des sujets de la forêt jardinée crée, au sujet de 1 :,accroissement en hauteur, une certaine ambiguïté. On le juge géné- ralement en fonction de l'accroissement en épaisseur, c'est à dire comme si la crois- sance du diamètre de la tige était constante. Qu'on jette un regard sur les graphiques .l et 2: les courbes de hauteur escaladent la grille des coordonnées avec une rapidité dé.croissante; entre O et 20 cm de diamètre, l'allongement ·est - grosso modo et pour les sapinières - de quelque 20 m, soit d'env. 1 m par cm, de quelque 10 m entre 20_ et 40 cm d'épaisseur, ce qui fait 50 cm par cm, etc. Cela ne signifie pas que les pous- ses annuel les soient plus longues dans le premier que dans le second cas, mais simple- ment que l'accroissement en hauteur l'emporte plus complétement
"
Tabl. 3 La longueur moyenne des arbres dans les forêts examinées, en m
I. II. III. IV. V. VI. VII. VIII.
Dia· Schallenberg· Biglen- Habr.-
mètre Dürsrüti Rauchgrat Hasliwald Bois du Pays Guffre wald wald La Rolaz
à 1,3 m
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6 5,8 5,5 5,0 4,5 8,0 5,8 5,6 4,7 4,6 8,8 4,7 4,6 5,5 5,6 4,5 3,4 3,9 10 9,5 9,8 8,7 7,9 12,0 10,2 9,8 8,2 9,1 12,8 8,2 8,4 9,0 9,8 7,9 5,0 6,7 14 13,4 14,2 12,8 12,1 15,5 14,4 14,0 12,2 13,5 16,4 12,2 12,3 12,4 14,1 11,5 7,3 9,9 18 16,9 18,6 16,5 16,2 18,5 18,0 18,2 16,0 17,8 19,6 16,0 16,7 15,7 17,9 14,7 9,6 12,9 22 20,2 22,1 19,3 19,9 21,0 21,0 21,9 19,3 21,2 22,4 19,3 21,4 18,6 21,3 17,7 11,7 15,5 26 23,1 24,8 21,6 22,9 23,2 23,3 25,0 22,4 23,8 24,6 22,4 25,6 21,3 23,9 20,2 13,4 17,4 30 25,6 27,2 23,6 25,5 25,2 25,4 27,6 24,9 25,9 26,4 24,9 28,6 23,8 26,0 22,3 14,7 19,0 34 27,8 29,3 25,4 27,7 27,0 27,2 29,7 27,0 27,6 27,8 27,0 30,5 25,9 27,6 23,9 15,7 20,4 38 29,8 31,2 27,2 29,6 28,5 28,9 31,5 28,8 29,2 28,6 28,8 31,9 27,4 29,0 25,3 16,7 21,6 42 31,6 33,0 28,8 31,4 29,6 30,4 33,0 30,1 30,6 29,3 30,1 33,0 28,6 30,2 26,5 17,5 22,6 46 33,1 34,6 30,2 33,0 30,6 31,8 34,4 31,3 32,0 29,8 31,3 34,0 29,5 31,3 27,6 18,2 23,4 50 34,6 36,2 31,6 l 34,6 31,6 33,0 35,6 32,3 33,2 30,0 32,3 34,8 30,3 32,3 28,6 18,8 24,1 54 36,0 37,6 32,9 36,0 32,5 34,1 36,6 33,3 34,4 33,3 35,5 30,9 33,2 29,4 24,7 58 37,2 38,9 34,1 37,3 33,4 35,1 37,5 34,1 35,4 34,1 36,1 31,5 34,0 30,1 25,2 62 38,4 40,1 35,2 38,5 34,1 36,1 38,4 34,9 36,4 34,9 36,7 32,1 34,8 30,7 25,6 66 39,5 41,2 36,2 39,6 34,7 36,9 39,1 35,6 37,4 35,6 37,1 32,6 35,4 31,1
70 40,4 42,2 37,2 40,6 35,2 37,6139,7 36,2138,3 36,2137,5 33,0 l 36,0 1 74 41,3 43,0 38,0 41,4 35,6 38,2 40,3 36,8 33,4 36,7
78 42,1 43,8 38,8 42,1 38,7 40,9 37,4 33,8 37,3
82 42,9 44,4 39,6 42,7 39,1 41,5 38,0 34,2 37,9
86 43,7 44,9 40,3 39,5 42,1 38,4 90 44,5 45,3 40,9 39,9 42,5 38,8 94 45,2 45,6 41,5 40,1 42,9 98 45,9 45,8 42,1 40,3 43,3 102 46,5 46,0 42,7 40,5 43,7
110 47.7 43,9
120 49,1 45,4 130 50,1
140 51.0
sur celui en épaisseur entre O et 20 cm de diamètre de tige qu'entre 2 0 et 4 0 cm . V eut-on évaluer 1 ' a cc r o i s se ment an nue 1 m o y en d e 1 a 1 on - g u eu r, pour une catégorie de grosseur donnée ou tout le long de l'échelle des diamètres, il faut alors déterminer, sur la courbe des hauteurs, la hausse qui cor- respond à l'accroissement annuel moyen en épaisseur du moment. Cette méthode donne les résultats suivants dans les huit cas étudiés (pour les catégories de diamètre multiples de 10 seulement, afin que l'essentiel seul ressorte): cf. tabl. 4.
Ce sont les arbres de 20 à 30 cm d'épaisseur qui, presque généralement, ·présen- tent le plus fort accroissement en hauteur. Le maximum peut aussi intervenir plus
Donnêes sur l'accroissement annuel moyen en hauteur, en cm Tabl.4
I. II. III. IV. . v. VI. VII. VIII .
Dia· Dürsrüti Schallenberg- Hasliwald Bois du Pays Guffre Biglen- Habr.- La Rolaz
mètre Rauchgrat wald wald
à
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-~ .frcm cm par an cm par an cm par an cm par an cm par an cm par an cm p. an cm-par·an
10 5 7 22 14 21 18 18 14 9 12 24 10 17 15 6 14 8 20 13 17 26 28 18 30 30 26 20 17 30 23 21 19 9 13 12 30 19 17 24 25 15 27 25 27 18 13 25 17 21 14 8 7 8 40 19 16 24 22
1
10 24 18 19 16 7 16 9 12 11 7 3 5
50 18 15 23 19 8 19 15 17 15 12 7 8 10 6 0 3
60 16 13 19 15 6 17 12 13 13 10 6 7 9 4 2
70 13 10 15 10 4 11 8 9 11 7 4 4 8
80 11 7 13 5 6 7 8 4 7
90 10 4 9 3 4 4
100 8 2 8 2 2
110 7 7
120 4 5
130 2 140 1
..
tôt, même e~ dessous de 10 cm pour le hêtre. Par delà 30 cm de diamètre, l'allonge- ment . diminue d'autant plus lentement que les ressources du peuplement sont meil- leures. On pourrait classer les placettes, p. ex., et dans l'ordre déjà établi, d'après le seuil où l'accroissement en hauteur annuel moyen des sapins tombe en dessous de 10 cm: entre 90 et 100 cm (/) à Dürsrüti ( I), entre 80 et 90 cm (/) à Schallenberg (Il), entre 70 et 80 cm (/) au Hasliwald (III), entre 60 et 70 cm (/) au Bois du _Pays et à Guffre (IV et V), entre 40 et 50 cm (/) au Biglenwald (VI), entre 20 et 30 cm 0 à la Rolaz (VIII). Chez l'épicéa, l'allongement annuel moyen est parfois égal, par- fois plus fai?le que chez le sapin, dans la zone des petits et moyens bois, et décline plus rapidement dans les gros diamètres (exception: Biglenwald). Si, à diamètre égal, l'épicéa est dans la règle plus élancé que le sapin - conséquence d'un besoin de lumière supérieur à celui des autres essences en mélange -, ce n'est pas que l'allure de sa croissance en longueur soit plus rapide, mais bien que l'arbre est plus âgé. Chez le hêtre, l'allongement est beaucoup plus fort dans les tout petits diamètres (8 à 9
m
de hauteur à 6 cm(/)!), mais l'avance est déjà perdue à 40 cm d'épaisseur.
Il faut avoir présent à l'esprit que ces moyennes peuvent être très largement dépassées chez les arbres favorisés par des contingences ou par le traitement.
Les chiffres concernant Dürsrüti, p. ex. le retard que la croissance en hauteur y met à culminer, sont typiques pour une forêt splendide, certes, mais littéralement encombrée de plantes inaptes à la production intensive. Si l'on réduisait le matériel
sur pied à 2
/a
de ce qu'il est, par voie de sélection,il
est clair que les moyennes ci- dessus consignées prendraient une valeur analogue ou supérieure à celle des données qui ont trait à Schallenberg-Rauchgrat. Il y a à Dürsrüti, jusque très haut dans l'échelle des grosseurs, des arbres dont la croissance est pour ainsi dire bloquée.Burger (27) a souligné et expliqué l'irrégularité frappante des courbes de hau- teur dans la forêt jardinée (voir aussi Leibundgut, 50, Tregubov, 66, Zim- m e r le, 70). Elle est, du moins en partie, la conséquence de la nature quasi para- bolique de la progression de l'accroissement du diamètre dans la futaie composée
( voir au chapitre suivant), qui contraste avec celle de la futaie régulière, presque rectiligne.
Les graphiques 1 et 2 ( et le tableau no. 3) montrent le caractère de ces courbes qui, chez les sapinières, montent rapidement, en faisceau compact, entre O et 20 cm d'épaisseur de tige, ne s'écartent guère les unes des autres entre 20 et 40 cm de dia- mètre, mais ralentissent leur hausse, puis, par delà, se séparent en éventail, en mar- quant souvent un coude prononcé, et ceci d'autant plus que la fertilité est plus médiocre (voir l'exemple de Guffre et de Biglenwald). Ainsi se marquent l'influence d'une concurrence atténuée, puis supprimée, celle des ressources diverses des stations, enfin l'effet de l'âge. Les phénomènes de l'état suranné se manifestent d'autant plus bas dans l'échelle des grosseurs que les ressources de la station sont moindres, c'est à dire que, à diamètre égal, les arbres sont plus vieux.
2. La marche de l'accroissement en épaisseur
Biolley voulait qu'on parlât, quant à la futaie composée, des a 11 ures et non de l'a 11 ure de l'accroissement , «qui eût fait penser aussitôt à une régularité, à une loi» ( 17). Evidemment, la prédisposition individuelle des arbres, la chance et les effets du traitement font que deux vies végétales ne sont jamais exactement pareilles.
Busse (29) a beaucoup insisté là-dessus. Tant qu'on se contente d'examiner quel- ques
è
as, on abonde dans le sens de Biolley et de Busse: les. divergences frappent plus que les traits communs. Quand on passe à l'examen de centaines, puis de mil- liers d'exemples de croissance, on finit pas discerner - non pas une ~oi, je pense aussi que le terme est excessif - mais bel et bien une certaine régularité. Il suffit, du reste, de passer en revue une collection de rondelles tranchées dans de très gros arbres de la futaie composée pour y lire les grands traits de la marche normale de l'accroissement en diamètre. Cela commence par un départ plus ou moins labo- rieux, suivant le matériel sur pied et la position du sujet; suit une échappée, fruit de dégagements, à laquelle succède le maintien en général prolongé d'une çroissance assez régulière, en ça et en là du point de culmination; puis vient le déclin, car si l'on peut faire utilement abstraction de l'âge dans l'aménagement, le vieillissement n'est pas supprimé pour autant. La période d'attente, le moment et la rapidité de la montée, 1~ temps que dure la grande croissance (avec, parfois, et dans toutes les phases, des coupures, des chutes et des reprises), l'allure du déclin, voilà ce qui varieDia• I.
mètre Dürsrüti à 1914-1947 1,3 m
en fin d
de s:I ,.,
·~ "'
période
:~
cm mm
6 0,3 0,4 10 0,5 0,7 14 0,8 1,1 18 1,3 1,6 22 1,9 2,3 26 2,6 2,7 30 3,3 3,0 34 3,7 3,3 38 4,1 3,5 42 4,5 3,8 46 4,8 4,0 50 5,0 4,1 54 5,2 4,3 58 5,3 4,4 62 5,5 4,5 66 5,6 4,6 70 5,7 4,7 74' 5,7 4,7 78 5,7 4,7 82 5,7 4,7 86 5,6 4,6 90 5,5 4,5 94 5,4 4,3 98 5,2 4,1 102 5,0 3,9
llO 4,4 120 3,4 130 2,2 140 1,1
Variation de l'accroissement annuel moyen du diamètre de la tige selon la grosseur
II. III. IV. V. VI.
Schallenberg-
Hasliwald Bois du Pays Guffre Biglen- Rauchgrat
1908-1947 1913-1947 1928-1947 wald
1931-1946 1918-1945
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1 d
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mm mm mm mm mm
1,4 0,9 1,7 0,8 1,1 0,8 0,5 0,7 1,6 0,5 1,1 1,1 2,1 1,5 2,2 1,6 1,7 1,4 0,8 1,3 2,3 1,0 1,6 1,4 2,8 2,2 2,5 2,6 2,4 2,1 1,3 1,8 3,0 1,4 2,1 1,8 3,5 2,8 2,7 3,5 2,9 2,8 2,0 2,3 3,5 1,8 2,5 2,1 4,0 3,3 2,9 4,3 3,4 3,5 2,7 2,7 3,9 2,1 2,9 2,4 4,6 3,8 3,1 5,0 3,8 4,1 3,2 3,0 4,2 2,5 3,3 2,7
5,0 4,2 3,3 5,5 4,2 4,7 3,7 .3,3 4,4 2,8 3,6 3,0
5,4 4,5 3,4 5,9 4,5 5,1 4,2 3,6 4,6 3,0 3,9 3,2 5,8 4,8 3,5 6,2 4,8 5,5 4,5 3,8 4,7 3,3 4,1 3,5 6,1 5,0 3,5 6,5 5,0 5,9 4,8 3,9 4,8 3,5 4,3 3,7 6,3 5,1 3,6 6,7 5,2 6,1 5,0 4,0 4,9 3,6 4,5 3,9. 6,5 5,1 3,6 6,8 5,3 6,3 5,2 4,1 5,0 3,8 4,6 4,1 6,7 5,1 3,6 6.8 5,4 6,4 5,3 4,9 3,9 4,7 4,3 6,7 5,0 3,6 6,8 5,4 6,4 5,3 4,9 4,0 4,7 4,4 6,8 4,8 3,5 6,8 5,4 6,3 5,2 4,8 4,1 4,7 4,6 6,8 4,6 3,4 6,7 5,3 6,2 5,1 4,7 4,1 4,6 4,7 6,7 4,2 3,3 6,5 5,2 6,0 4,9 4,5 4,1 4,5 4,8 6,6 3,8 "6,3 5,0 5,7 4,7 · 4,2 4,1 4,4 4,9
6,4 3,4 5,9 4,7 5,4 4,2 4,9
6,3 2,9 5,6. 4,4 5,0 3,9 5,0
6,1 5,1 4,1 4,5
5,9 4,6 3,7 3,9
5,7 4,0 3,2
5,4 3,4 2,7
5,2 2,7 2,1
4,5 3,6
Tabl.5
VII. VIII.
Habr.-
La Rolaz wald
1928-1944 1925-43
d C:
,., '~
" -~
:~ :fr
mm mm
0,4 0,9 0,7 0,7 1,5 1,1 0,9 2,0 1,5 1,1 2,3 1,8 1,4 2,5 2,0 1,6 2,5 2,1 1,8 2,4 2,2 2,0 2,1 2,3 2,1 1,7 2,3 2,3 1,2 2,3 2,4 0,5 2,3
2,5 - 2,2
2,6 2,0
2,7 1,9
2,8 1,6
2,8
d'arbre à arbre dans un peuplement jardiné, et, à fortiori, d'un peuplement à l'autre.
Cependant, la somme de toutes les carrières individuelles d'un boisé présente encore ces différentes phases, et la représentation graphique des moyennes, par peuplement et par es·sence, livre des tracés qu'il suffit d'égaliser . un peu pour en faire des cour- bes continues. Ces courbes illustrant le cas moyen présentent, dans la plus grande partie de leur cours, une grande analogie avec des paraboles du 2nd degré.
mm par an
Variation du cours de la courbe de l'accroissement annuel moyen du diamètre, provoquée surtout par une modification sensible du matériel sur pied
G,aph. 5
0 8
7
6
5
4
3
2
0
Exemple: Bois du Pays, Rés. feuillus 35 jard., sapin.
cm de diamètre à 1,3 men fin de période
10 20 30 40 50 60 70 80
cm de diamètre à 1,3 m en fin de période
1913-1919: matériel sur pied, bois fort
=
296-382 m3 à l'ha.1941-1947: matériel sur pied, bois fort
=
482-549 m3 à l'ha.90 8
7
6
5
4
3
2 mm par an
C'est pourquoi Pro dan (59, 61) se sert de préférence , pour ses démonstrations , de courbes calculées selon la méthode des moindres carrés, dont l'étude des corrélation s a rendu l'usage courant. Le défaut de ces paraboles, c'est qu'elles ne passent qu'ex- ceptionnellement par le point d'origine, coupant soit l'abscisse, soit l'ordonnée ( voir les graphiques 6-9) et qu'elles coupent l'abscisse dans les grands diamètres, au lieu d'en épouser progressivement le cours. Aussi me suis-je servi, pour égaliser les cour- bes de l'accroissement du diamètre , d'une méthode mixte: la parabole calculée m'a donné l'allure générale du tracé, les tronçons initial et final sont d'origine purement graphique.
Soit pour le calcul des paraboles, soit pour la construction graphique, le travail peut être simplifié par la constitution de groupes de valeurs. J'entends par valeur chaque différence constatée dans le diamètre de nos arbres numérotés, d'un inven- taire à l'autre, divisée par le nombre d'années de la période. Vu la grandeur des placettes et le nombre des inventaires faits, les valeurs relatives à une forêt se chif - frent par milliers. Des groupes de 50 ( ou de multiples de 50, suivant l'abondance des données) m'ont permis de réduire la longueur des calculs et les difficultés d'égali- sation.
0
mm 7
par an
6
4
3
2
0 0
Réserve de Dürsrüti, I
+
II, Rés. 30 jard.Accroissement annuel moyen du diamètre à 1,3 m de 1914 à 1947
Graph. 61
20 40 60 80 100 120 140
20 40 60 80 100 120 140
cm de diamètre à 1,3 m en fin de période
En traits minces, les paraboles calculées,, soit
160 cm 7 mm
par an
6
5
4
3
2
0 160
Sapin: accroissement annuel moyen du diam.
= -
0,140+
0,0189X
diam. - 0,000124X
diam.2 Epicéa: accroissement annuel moyen du diam.= -
0,0237+
0,0126X
diam. - 0,0000803X
diam.2La courbe de l'accroissement en épaisseur d'un peuplement - est-il nécessaire de le dire? - n'est pas constante. Elle varie déjà du fait des contingences météoro- logiques. P. ex., une période de sécheresse la fait baisser, non pas régulièrement, mais surtout dans les petits diamètres, où l'enracinement est superficiel ( F 1 u r y et Favre l'avaient déjà noté, 36, 35). L'épicéa réagit aussi plus vite et plus intensément que les essences profondément enracinées. Ensuite et surtout, l'accroissement du diamètre varie avec le matériel sur pied, de manière telle qu'on peut prétendre , sans trop s'avancer, que la surface terrière et le volume peuvent osciller très largement sans que la production quantitative annuelle en ressente sérieusement le contrecoup. La modi- fication du cours de la courbe dépend de celle de l'abondance et de la composition du matériel, qui détermine p. ex. le point de culmination. C'est pourquoi Pro dan (61) propose de vérifier l'état d'équilibre d'un peuplement jardiné en partant de la courbe des accroissements en épaisseur du moment. L'idée n'est pas nouvelle.
Tous les contrôlistes se: sont déjà penchés sur le problème du «temps de passage» (celui qu'un arbre emploie à franchir un échelon du tarif des grosseurs), qui est simplement la grandeur inversement proportionnelle à la croissance en épaisseur
Schallenherg-Rauchgrat, Rés. 47 jard.
Accroissement annuel moyen du diamètre à 1,3 m de 1931 à 1946
G,aph. 7
0 20 40 60 80 100 120 Clll
mm 8 ~----.---.---,---....,...--- 8 mm
par an par an
0 20 40 60 80 100
cm de diamètre à 1,3 m en fin de période
En traits minces, les paraboles calculées, soit
Sapin: accroissement annuel moyen du diam.
= +
0,0390+
0,0195 X diam. -0,000147 X diam.2 Epicéa: accroissement annuel moyen du diam.=
-0,0493+
0,0223 X diam. -0,000222 X diam.2 Hêtre: accroissement annuel moyen du diam.= +
0,150+
0,00828 X diam. -0,0000815 X diam.2(voir p.ex. Favre, 35, Franç ·ois, 40, Knuchel, 48, H.A.Meyer, 56, A. et L. Schaeffer, 63-65). Je me réserve de traiter ailleurs, sous cet angle-là, l'un ou l'autre des exemples dont je me sers.
Pour le moment, je ne considérerai que les lignes obtenues en fondant en un seul tracé les courbes périodiques, par placette et par essence
(tableau no. 5, graphiques 6-9 1 ). Afin, cependant, d'étayer ce que je viens de dire,
le
graphique no. 5 présente un exemple de la variation de l'accroissement du dia- mètre en fonction du matériel sur pied et de sa composition. Il concerne les sapins du Bois du Pays (IV). La courbe pour 1913-1919 correspond à un matériel modeste (296~ 382 m3, bois fort, à l'ha) pauvre en gros bois (15% ) ,
celle de 1941-1947, à un matériel abondant ( 482 ~ 549 m3, bois fort, à l'ha), avec plus d'un tiers de gros1 Pour ne pas abuser des graphiques, je n'en donne que 4 sur 8.
Bois du Pays, Rés. feuillus 35 jard.
Accroissement annuel moyen du diamètre à 1,3 m de 1913 à 1947
Graph. 8
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 cm
mm 7 par an
7 mm
par an
6 6
5
4 4
3 3
2 2
0 0
0 ]O 20 30 40 50 60 70 80 90
cm de diamètre à 1,3 m en fin de période
En traits minces, les paraboles calculées, soit
Sapin: accroiss. annuel moyen du diam.
= -
0,115+
0,0264 X diam. - 0,000231 X diam.~Epicéa: accroiss. annuel moyen du diam.
= -
0,160+
0,0242 X diam. - 0,000213 X diam.2 Hêtre: accroiss. annuel moyen du diam.= -
0,0196+
0,0165 X diam. - 0,000160 X diam.2bois. La différence d'accroissement _en épaisseur est d'autant plus sensible que le dia- mètre est plus faible; chez les très gros bois, elle est pour ainsi dire nulle. Le point de culmination est à env. 50 cm
cf;
dans le premier cas, pas loin de 60 cmcf;
dans le second. La sécheresse des années qui ont suivi 1940 a probablement accentué la chute de la croissance dans·les petits et moyens diamètres et entraîné un recul de l'accrois- sement global ( voir graphique 4).Si l'on . veut réduire, sinon éliminer, l'influence des facteurs météorologiques,
il
faut considérer un laps de temps considérable, où les années favorables et défavora- bles se contrebalancent plus ou moins parfaitement. A ce point de vue, les chiffres du tableau no. 5 (et les graphiques 6-9) ne sont pas exactement comparables, puisque les observations n'eurent pas P.artout la même durée etn:'
ont pas coïncidé dans le temps. Leur comparaison permet pourtant de constater quelques faits:L~ Rolaz, Epicéa 294 jard.
Accroissement annuel moyen du diamètre à 1,3 m de 1925 à 1944
Graph. 9
0 10 20 30 40 50 60 cm
mm 3,0 .---,---.---.---,---=--,---, 3,0 mm par
an
par an
2,5 2,5
2,0 1---+---.il~--l---,,,illl----'==---+--~---l---+---',,__-~
'
2,01,5
1,0
0,5
0
0 lO 20 30 40
cm de diamètre à 1,3 m en fin de période
En traits minces, les paraboles calculées, soit 50
1,5
1,0
0,5
0 60
Sapin: accroiss. annuel moyen du diam.
= -
0,0256+
0,0222 X diam. - 0,000446 X diam.2Epicéa: accroiss. annuel moyen du diam.
= +
0,0313+
0,0101 X diam. - 0,000128 X diam.2Dans le parcours à peu près parabolique décrit,
a) l'accroissement moyen du diamètre des sapins atteint, dans l'échelle des diamètres, un palier d'autant plus élevé que les ressources de la station sont meilleures (6-7 mm par an à Dürsrüti, Schallenberg-Rauchgrat, Hasliwald et au Bois du Pays, 4--5 mm à Guffre, au Biglenwald et au Toppwald - voir Burger, 27, page 426-, 2-3 mm à la Rolaz).
b) 1 ' a cc r o i s se m en t m o yen du d i am è t r e des é p i c é as est nettement inférieur à celui du sapin dans les meilleures sapinières mélangées, au Toppwald et encore à Guffre. A Guffre comme au Biglenwald, l'accroissement en épaisseur de l'épicéa se maintient mieux que celui du sapin et culmine étonnamment haut dans l'échelle des diamètres, ce qui est plus facile à comprendre dans le cas de Guffre, vu la proximité immédiate de la pessière naturelle, que dans celui du Biglenwald, qui est en plein Fagetum dégradé. Dans les deux cas, il est probable que l'épicéa a été favorisé par le traitement, c'est à dire qu'il a plus largement profité des dégagements et du tri, alors que le sapin, d'un recrutement abondant et facile, n'était guère aidé. -