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Les caractéristiques sociodémographiques

1.2 Revenu et formation

La formation et le revenu revêtent une grande importance pour la compréhension des modes de vie, au même titre que l’âge et le genre. Avoir plus ou moins d’argent, disposer ou non d’une bonne formation, voilà qui conditionne en partie les pratiques des individus : chacun dispose d’une certaine marge de manœuvre pour agencer sa vie quotidienne comme il l’entend.

Analyser les modes de vie au travers du niveau de formation renvoie indirectement aux travaux de Bourdieu sur les capitaux et, plus précisément, sur le capital culturel, bien que le « diplôme » n’en constitue qu’une des dimensions (Coulangeon, 2010). Les personnes ayant le niveau de formation le plus élevé, c’est-à-dire sans formation post-obligatoire, ne représentent que 6,3 % de l’échantillon. Ils sont 10,1 % en Allemagne, 6,8 % en France et 4,8 % en Suisse.

Plus nombreux sont ceux disposant d’un niveau de formation de type secondaire II (39,3 % des individus de la région) ; soit 39,7 % des Allemands, 42,3 % des Français et 38,7 % des Suisses. Enfin, le niveau de formation tertiaire concerne plus de la moitié des enquêtés (56,6 %), et ce dans les trois pays. En Suisse, 56,5 % des enquêtés disposent de formations de ce niveau, 50,9 % en France et 50,2 % en Allemagne.

Le deuxième aspect analysé concerne le revenu (figure  7). Dans le contexte transfrontalier bâlois, la question des revenus demande un traitement particulier, dans la mesure où, d’une part, deux monnaies sont utilisées (l’euro et le franc suisse) et, d’autre part, le coût de la vie est très différent entre la Suisse d’un côté

et l’Allemagne et la France de l’autre. Indépendamment de la question frontalière, le revenu d’un ménage est également influencé par sa composition : disposer d’un revenu de 8 000 francs pour une personne seule ou pour une famille de cinq personnes n’est pas équivalent. Aussi, pour permettre les comparaisons à l’échelle transfrontalière en tenant compte de ces différents éléments, nous avons créé un indicateur de revenu en utilisant : 1)  un taux de change moyen CHF-euro d’une année donnée (juillet 2014-juillet 2015, 1 € = 1,15 CHF) ; 2) un facteur correctif en fonction du coût de la vie dans chaque pays, basé sur « l’indice du niveau des prix » calculé par l’OFS et Eurostat pour l’ensemble des pays européens, les valeurs de correction étant de 1,22 pour l’Allemagne (le pays où le coût de la vie est le moins élevé), 1,07 pour la France et 0,8 pour la Suisse59 ; 3) un facteur correctif en fonction de la composition du ménage, basé sur les unités de consommation de l’INSEE60 ; 4)  enfin, les questions relatives au revenu s’accompagnant souvent d’un taux de non-réponses plus élevé dans les questionnaires, nous avons « imputé » un revenu fictif pour les individus n’ayant pas répondu à cette question, en nous appuyant sur d’autres variables connues. À l’aide de ces différentes opérations, nous obtenons un indicateur fonctionnel du revenu pour l’ensemble des participants à l’enquête qui tient compte à la fois de la composition du ménage et de la localisation

59 OFS, Indice du niveau des prix https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/statistiques/prix/parites-pouvoir-achat.html, consulté le 06.04.2017.

60 INSEE, Unité de consommation du ménage, https://www.insee.fr/fr/metadonnees/definition/c1802, consulté le 06.04.2017.

Effectifs: 1618; Différences entre pays : x2=39,69, V.=,111, Sig.=,000 ; Différences entre secteur: x2=70,81, V.=,149, Sig.=,000

DE02 DE FR01 FR02 FR CH- CH01 CH02 CH TOTAL BALE

32,5% 25,3% 29,4% 33,0% 23,9% 29,5%

40,2%

49,2%

32,9%

40,4% 36,5%

Figure 7 : Revenus par secteurs et par pays de résidence

géographique des individus. Plus d’informations sur la constitution de l’indicateur et notamment sur l’imputation des revenus se trouvent dans le manuscrit de thèse (Dubois, 2017b).

À l’échelle de l’agglomération trinationale, 36,5 % des individus se trouvent dans la catégorie supérieure, 35,4 % dans la catégorie moyenne et 28,4 % dans la catégorie de salaires la plus basse61. Les Suisses sont surreprésentés dans la classe la plus haute (40,4 %) : même en tenant compte des différences nationales en matière de coût de la vie, les revenus restent plus hauts sur le territoire helvétique.

En Allemagne et en France, 29,5 % des personnes de l’échantillon se situent dans cette catégorie. Quant à la part des bas salaires, elle est plus élevée en France (44,2 %).

Au niveau territorial, la part des revenus élevés est plus importante dans les secteurs urbains et suburbains que dans les secteurs périurbains où les personnes disposant de faibles revenus sont plus représentées. En Suisse, ce n’est pas à Bâle que le niveau de revenu est le plus élevé, mais dans la proche couronne, à Binningen, à Bottmingen et à Oberwil, ce qui fait de ce secteur le plus « privilégié » de l’agglomération, avec près de la moitié des individus disposant de revenus élevés. Ces communes figurent également parmi les plus chères de l’agglomération pour le logement (voir chapitre III).

Deux aspects complémentaires touchant au budget des ménages ont été traités : la satisfaction financière et l’argent disponible à la fin du mois lorsqu’ont été payées toutes les factures (tableau 7). Un peu plus d’un tiers de la population de l’agglomération trinationale de Bâle est très satisfaite de sa situation financière, alors que 54,6 % se déclarent plutôt satisfaits et seulement environ 10 % insatisfaits. D’une manière générale, c’est en Suisse que les individus sont les plus satisfaits, suivis des habitants de l’Allemagne et de la France. Ces tendances renvoient en grande partie à la distribution des revenus entre les trois pays avec, en Suisse, les plus hauts revenus, puis l’Allemagne et la France, sachant bien sûr que le revenu n’est pas le seul déterminant de la satisfaction : 20 % des personnes disposant de bas revenus se disent très satisfaites et, inversement, 4,6 % des personnes aux revenus les plus élevés ne le sont pas. Pour certains, on peut s’en sortir avec peu d’argent, en ayant un train de vie modeste, par exemple, ou en faisant des économies sur les achats quotidiens, sur les assurances ou encore sur la mobilité. Dans le cas bâlois, faire ses courses ou acheter certains produits spécifiques de l’autre côté de la frontière peut offrir un potentiel d’économies non négligeable.

61 Les individus ont été distribués en trois parts égales (revenus faibles, moyens et forts), lors d’une opération dans laquelle les trois pays avaient artificiellement la même population. C’est pourquoi, dans les résultats présentés (où l’échantillon de chaque pays est proportionnel à la taille de sa population), les proportions s’éloignent de la parité entre les trois classes.

Tableau 7 : Satisfaction financière et argent disponible à la fin du mois, selon le pays de résidence

Allemagne France Suisse Total

Situation financière : Très satisfait 28,0 % 24,2 % 35,7 % 32,7 %

Plutôt satisfait 57,6 % 56,7 % 53,2 % 54,6 %

Peu ou pas satisfait 14,4 % 19,1 % 11,1 % 12,7 %

Total 100,0 % 100,0 % 100,0 % 100,0 %

Effectifs : 1 553 : x2 = 18,1 ; V. =, 076 ; Sig. =,000

Assez d’argent

après avoir payé toutes les factures 68,5 % 50,0 % 70,0 % 67,5 %

Peu ou pas d’argent 31,5 % 50,0 % 30,0 % 32,5 %

Total 100,0 % 100,0 % 100,0 % 100,0 %

Effectifs : 1 509 ; x2 = 25,4 ; V. =,13 ; Sig. =,000

Pour ce qui est de l’argent disponible à la fin du mois, en Allemagne et en Suisse, les habitants de l’agglomération sont environ 70 % à déclarer en avoir suffisamment, contre seulement 50 % en France. Sur ce point, si les personnes disposant de bas revenus en Suisse et en Allemagne sont environ 44 % à affirmer s’en sortir plutôt bien, en France, près de 75 % d’entre elles déclarent n’avoir que peu, voire pas du tout, d’argent disponible après que toutes les factures du mois ont été payées.

Comment les ménages s’en sortent-ils dans ces conditions, et dans quelle mesure les frontières impactent-elles leur vie quotidienne ? Le phénomène du travail frontalier et ses impacts possibles sur les conditions de vie des individus en France et en Allemagne, tant positivement – c’est-à-dire en permettant de gagner plus d’argent – que négativement –  comme catalyseur de disparités sociales importantes entre les individus –, seront traités dans les sections et les chapitres suivants.

Travail, famille, argent et temps libre :