appella£«//m,ouPi?r-teurs d*epee.
Des TempJîers. Wal-deinar 11. Roi de Dannemarc fe rend Maître d'une grande partie de la Livoniejqu^il perd par un ac
cident. L'Ordre des Porteurs d e-pée s'unit avecl Ordre Marien-Teutonique»
^d- O N S l E U R .
Je n'ai point dellein de vous détourner <fe vos af&ires fèrieufesen vous entretenant des chofesqui fe font pafsées dans ces fiecles reculez & tenebreux. Mais il paroît par tout ce que nous avons dit des Livoniensjoue ç'a été une Nation fanieufe & puilTante, fuivant l'aveu même de leurs ennemis les Suédois &
les Danois, avec lefquels ils ont eu alterna
tivement des guerres confimielles j ainfî que leurs plus anciens Ecrivains & une Tradi
tion non interrompue en font foi.
Je viens aux fiecles moins éloignez de nous y où Rimbert Archevêque d'Ham
bourg raconte dans l'Hiftoire de S. Ans-gairc fonpredeceflcur^que l'an de Chrift
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3 0 l e t t r e / / / .
862. les CourlanHois avoient fecoiié le joug des Suédois. Ils battirent aufïi une puilîan-te flotpuilîan-te de Danois, dont ils pripuilîan-tenc pin
ceurs vailleauxj & dilîîpercnt le rcflcj mais ils furent remis fous la puiflance de la Suede par le RoiOlalis.Les articles & les conditions dures de leur reddition font marquez par le même Autheur dans les paroles qui fuivent.
Rlmbert, (jut fut premîeremem D 'utcre &
enfuît^ Archevêque d'Hitmbour^ , & qui vécut dans le IX, Jtecle , da>^is la Vie de 5.
jinsgaîre^ rapporte des Cour! an dois ce qui fuit, Un certain Peuple j appelle Chori j &
éloigné de la Suede , fut autrefois fotu 'mis a la domination des Suédois : mats il y a long temps tjue s'étant révolté il n*obéit plus k leurs iolx. Enfuitc , ayant parlé de la défaite des Danois, il ajoute , que le fusdit Roi , ou Olaïis^ Second du nom y
>ayant appris cela , ^ les Suédois voulant s'acquérir de la gloire en vènant a bout dt ce que les "Danois n'avaient pu faire , mffî parce que cette Nation avoit été mtre^
fois fourni je a leur obéijfance ^ entrer en t dans leur Pays avec une puiffante armée , ayan^
d'abord attaqué au dépourvu une ville de ce
^^yaufne nomrnee Seebourg , eu il y avoit fept mille combattans , ils la reduifirent en Çfndres^ A^ant le courage enfé dç cet heum
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reux ficcès , après 02^0ir renvoyé leurs vatj' feahx che^ enx , iU s'itvamennt fort précipi
tamment le chemin de cin^ jours vers une autre ville dh Pays , qu'on nornmoît ^fpu^
lia j il y avoit dedans cjuim^e mille comi/at"
tans , er apffçs un long fiege les Conrlandots je rendirent aux conditions juivantes : Pre^
rnierement nous vous donnons en reccmpenfe du traité toutes les dépouillés ^ tant or, armes , c^ue nom primes fur les Vanoù l'anm me denùere. En fécond lien nous vous don
nerons me demi-livre d'argent peur cha
îne hcrnnte qui fe trouvera dans U ville. Eûm Ji» mus promettons de vohs payer le tribut, que
z/ous receviez, autrefois ât nous : & vous ayant donné des otages nous nous foûmettons volorim tairementàvkre obéijfance ^ comme nous /'4-vons été ci.devant.
De plus il ajoute , que de Ton tems ^ y avoit en Courlandecinq villes bien forti-fices entre lefquelles'il nomme Secbourg àc Appiilie. Toutes ces chofes nous (ont rapportées par un ancien Hiftorien , qui vi-voit il y a plus de huit cens trente ans , dont ia bonne foi efl; rcconnu'é,& qui eft d'une au
tre Nation. Dionyfîus Fabritius, qui cft aufli un Ecrivain fiiele,dit expreCîemcnt , qa^an-ciennenient, avant que la Livonie fiit fub-Juguée par les GeriiuiiiSj^ y avoit deux Roi»
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L E T T R E Ï Î I .
<îc la nation,dont l'un regnoit dans la Cour-lande, & l'autre dans l'Eftie. Encore au-joLirdhui on y trouve de ces anciens naturels du pays , qu'on nomme Rois Courlandois,
& qu'on tient dans une grande fujettion.
L'an de Chrift 948. Eric , furiiommc
Segerfel, Roi de Suede, fournit toute la
Li->îonie à Ton obéiirance , & la conferva juf-qu'à fa mort, après quoi ils fe remirent en liberté.
L'an de Chrift <>8^. commence l'Epo
que du Chriftianifme dans la Mofcovie : car cette année Wolodomir Prince de Ruffie cpoufa Anne fcenr de Bafilique Porphyro-gennete Empereur de Conftantinople. Ce qui donna Naiilànce au Chiiftianifme dans ce païs-là.
L'an de Chrift 1075, Canut fils de Sue-Bo Roi de Dannemarc fit la guerre à la Li-vonie : mais les Eftiens le reçurent avec tant de courage , qu'ils l'obligèrent à fe re
tirer avec grande perte.
L'an de Chrift 1077. lorfque Canut fût monté fur le Throne de Dannemarc,il refo-lut de recommancer la guerre , qu'il avoic cntreprife du vivant de (on perc avec peu de fuccès , & il fe propola non feule
ment de reduire les Livoniens à fon obéif-fauce, mais auiîi de les foûmettie au joi^
doux
l e t t r e i i i .
doux & aifé du Cliriftianifme. Il tâcha d'exccuter Ton dclTein avec le temps, car il rendit toute la Livonie tributaire à la Cou-, ronne de Dannemarc , & en mcme-temps il prit le titre de Duc d'Eftie dans la Livo
nie, que les Rois de Dannemarc ont confer-vé fort long-temps, jufqu'au regne du Roi W a l d e m a r I I I .
Le zele & l'empreflèment que le Roi Canut témoigna pour convertir les Livo-*-niens à la Religion Chre'iienne, lui acquit le flirnom de Saint. Il fut çnfuite tué en trahi=«
fon par les ].utlandois. Son frere Olaiis l.V,.
qui fe tua lui-même , Jui fucceda en
& après lui régna (on autre frerc Eric., Mais la gloire de fubjuguer & de conver^
tir parfaitement ce Peuple étoit refèrvéç pour l'incomparable & belliqueiife Na
tion Germanique. Car environ l'an de Nôtre Seigneur iijS.lorfqueFredçricBar^.
berouflç tenoit les rênes de l'Empire, il ar
riva que quelques Marchands de, Breme^
qui faifoient vpile aycc plufieurs vailîeaux, bien équipez pour la, ville de Wifljy , qui alors e'toit un lieu de grand Qommerce dans l'île de Gotland , furent,, je.trez par la-violen
ce delà tempête fur-la Qote , où ja rivière de Duna fa décharge dans, la rner.
Lesha-^itans du Pays leuf pernairent d'abord d'y B 5 trafiquer^
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crafiqugç , ils s'y établirent iufeiifiblement ,
6c ayant trouvé que c'étoic un Pays conv mode & avantageux pour leur commerce lis y envoierent des colonies > tant de Sol
dats que de Moines , dont ils fe'fervoient ^ fuivant la pratique du Papifmc dans tous, les fiecles , pour convertir les naturels du Pap au Chriftianifme , par la crainte aulïl-»
bien que par les prédications^ Mais cettc ni^niçre de violenter les confciences fit plus
<le mal que de bien : car pendant l'abfence de leur premier Evêque Meinbard qui iétoit un homme de pieté & de vertu > ces ïioiîveaiix Profelytes firent voir combien ils detçftoient les voyes violentes de convertir îes genSj que ces Miflîonaires empl^oïoient j.
^ qui ce bon Piélat en partant avoit lailTe le foin d'avancer cette bonne oeuvre -y puis
qu'ils fe lavoient dans la riviere pour cfïaceE ( diCbient-ils ) leur Baptême. Cependant les Evêques fuivans fe (èrvirent toujours de la ibrce. Dès ce tems- là l'Empire Romain fur tellement révéré dans le Monde , que îor/que les Allemans découvroient ou fub-^
juguolent quelque Pays in pmîbus infidcm.
Vmm y ils faifolent toutes leurs découvertes
& leurs conquêtes fous les aufpices de l'Em,.
pire Romain : Vide Conring, (jr
h Frujjîa. ( çai: U opinion que
l e t t r e
Tir.
Rome écoit la Maîtrefli des Pays & des Na
tions , & les Romains les Maîtres de PU-jiivers , fut re^ûë bien avant dans les fiecles,
^uivans :
Orbem (pwd totum vîBitr Remonta hom berety
jQuamare , qua terra ^ ^tta jîâfts ctm'ik utrumque.
E t ,
Roma y Capm mundi , regk orhts fra/tAi rotundl.
En forte <^ue les Empereurs Chrétiens s'ima
ginèrent cti e les Maîtres de toute la Terre ^ aufîi-bien qiK les Empereurs Payens leurs, predéctdèurs ; far tout lorlque le Clergé par-flatterie tâcha defbutenir ce droit im^inai-.
re par l'autorité de l'Ecriture Sainte oui?
fuivant le ftile ordinaire dç ces tems-là ,^
l'Empire Romain eft appellé-i êîkï^tjm ^ c*eft-a-dire , la terre hcéltabïe, X,es Ecri-vainsdu XI. X îl. & X III. fiecles fe fon
dant là-delfiis poiilïèrenc les chofes ç\ loin ^ que de declarer Hérétiques tous ceux qui, ne croiroient' pas que l'Empereur étoit le Seigneur de tout l'Univers ; quoiqu'il Toicf noK>ire , que los Romains dans leur plus grande gloire n^écoient Maîtres que^ d'une-petite partie de la Terre j puifque leur Em-pireavoit pour boines du côté du Septen-.
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uioa-^3« liettre iij,
trion le Danube, & du côté de l'Orieiît l'Euphrate.
Albert , tioifie'me Evéque de Livonie, foit qu'il fût de l'opinion generalement re^
çûë , ( dont je viens de parler ) foit qu'il at
tendît du fecours de l'Empire, reconnut la Livonie pour Fief de l'Empereur Henri V K
& il l'obtint fous ce nom , jurefeudt, l'an izoo. avec le Droit de faire battre moii-noyé , &c.' Il bâtît la ville de Riga l'an
izoï. Riga nova fide ri^ata , com
me qui diroit, arrofee d'une nouvelle croym-ce. Tout cela eft confirmé par deux cof pies des concefïïons de cet Empereur, qui me (ont tombées entre les mains. Je vous les envoie cy - jointes , afin qu'il vous pa-roifïè qu'elles ont de véritables marques d'antiquité & qu'elles font foi de ce que jay avancé.