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Perception de la pauvreté en général

5 LA SITUATION DE REFERENCE

5.3 Les villages et ménages visités

5.3.2 Résultats au niveau des villages et des ménages

5.3.2.1 Perception de la pauvreté en général

Au Niger, la pauvreté des revenus indique que 85 % de la population possèdent moins de 2 USD par jour, et plus de 60 % de la population ont même moins de 1 USD par jour pour survivre (PNUD 2005). Prenant en compte cette définition internationale de la pauvreté, on peut constater de manière générale que tout le monde est pauvre mais selon la perception des villageois enquêtés il y a aussi des différences à prendre en compte. Dans les 14 villages visités, l’équipe a pu constater trois catégories du bien-être : les assez bien, les pauvres et les ex-trêmement pauvres.

Tableau 13 : Répartition des enquêtés selon les catégories du bien-être

Catégories du bien-être Tillabéri Tahoua Cumul

Assez bien 15 % 16 % 15,5 %

Pauvre 30 % 28 % 29 %

Extrêmement pauvre 55 % 56 % 55,5 %

A Tillabéri tout comme à Tahoua, les extrêmement pauvres dépassent la moitié de la population totale.

Les caractéristiques de ces catégories varient en fonction de l’environnement. En décrivant les tendances parmi les trois catégories, la sécurité alimentaire, la pos-session d’animaux et la disponibilité de la main d’œuvre sont les caractéristiques les plus souvent mentionnées (voir tableau 14 et annexe 12 A).

En ce qui concerne le niveau absolu de ces trois catégories il y a des différences entre les villages enquêtés, notamment dans la zone du fleuve dans le départe-ment de Téra. Dans cette zone, le niveau du bien-être est généraledéparte-ment plus élevé que dans les deux autres départements de l’enquête. Même les extrême-ment pauvres vivent relativeextrême-ment mieux grâce aux différentes opportunités de revenus secondaires dont ils disposent (p. ex. la pêche, la riziculture, la culture de contre-saison).

Tableau 14 : Les caractéristiques des trois catégories du bien-être (extrait)

Assez bien Pauvres Extrêmement pauvres

Manger 3 fois par jour Manger 2 fois par jour Manger 1 fois par jour La production suffit jusqu’à

la prochaine récolte.

La production suffit jusqu’à janvier / mars.

La production suffit pour quelques semaines / jus-qu’à décembre.

Plus de 10 bovins, plu-sieurs ovins et caprins

Avoir quelques chèvres, moutons et de la volaille

« Même pas un poulet » / quelques volailles

Acheter la main d’œuvre Vendre la main d’œuvre Vendre la main d’œuvre

Selon les résultats de l’enquête sur les ménages, les pauvres et les extrêmement pauvres peuvent également posséder quelques bovins. Quand bien même, le nombre d’animaux dont ils disposent est relativement inférieur par rapport à celui de la catégorie des assez bien comme cité pendant les assemblées générales et les groupes focaux.

Les facteurs influençant le bien-être

La base primordiale du biêtre est la production agricole. Elle est soumise en-tre auen-tres aux aléas climatiques et environnementaux échappant au contrôle de l’homme. Pour la plupart des villages la dernière décennie est caractérisée par une alternance brusque des bonnes et des mauvaises années (voir annexes 11 A et B, voir chapitre 4.1.2). Il n’y a pas beaucoup de bonnes ou mauvaises an-nées qui se succèdent ce qui empêche une continuité des activités économiques et contribue à un bouleversement socio-économique permanent.

Dans la zone de l’enquête, les années relativement mauvaises par rapport aux bonnes années sont estimées à 7 sur 11 à Tahoua et à 6 sur 10 à Tillabéri. En plus, il est possible d’affirmer que le vécu des villageois correspond à la pluvio-métrie des 10 dernières années dans les trois départements visités (voir annexe 11 C).

Les critères le plus souvent mentionnés par les villageois pour qualifier les an-nées de bonnes ou de mauvaises sont inscrits dans le tableau suivant :

Tableau 15 : Les critères des bonnes et mauvaises années

Climat « Assez de pluie / mauvaise répartition de la pluie / insuffisance de pluie / sécheresse »

Environnement « Attaques de criquets, d’oiseaux, d’insectes / inondations / le fleuve était en crue »

Sécurité alimentaire

« Bonne ou mauvaise production agricole / famine » A Tahoua les famines ont des noms : p. ex. Malacaa « Je te prends dans mes bras. »

Santé « Beaucoup de maladies humaines / maladies jusqu’à la mort / rougeole, méningite, cholera, diarrhée »

Activités génératrices de revenus

« Le commerce n’a pas marché / peu d’exode / prix bas pour les animaux / bon prix pour les animaux »

Relations sociales

« Disparition de la solidarité entre et envers les extrême-ment pauvres / la mosquée était vide / beaucoup de mariages »

Les causes de la pauvreté

La cause principale identifiée est la dépendance d’une agriculture de subsistance qui est principalement basée sur les cultures pluviales. Les cultures de contre-saison ne sont pas partout praticables. En outre, la production agricole dépend des aléas climatiques (voir ci-dessus). De manière générale, les causes de la pauvreté sont surtout attribuées à l’environnement défavorable, en tout premier lieu le climat (mauvaise pluviométrie, sécheresse).

On peut distinguer d’autres causes de la pauvreté selon la zone de l’enquête;

p. ex. à Tillabéri, les enquêtés ont mentionné les attaques d’insectes et autres ennemis des cultures, l’enclavement (à Filingué) et la dégradation des sols (à Téra). Dans la zone d’enquête de Tahoua, l’accent est mis sur la dépendance de l’agriculture de subsistance et le manque d’opportunités dans d’autres secteurs

commerciaux ce qui permettrait d’avoir une source de revenu supplémentaire. La volonté de Dieu comme cause de pauvreté a été évoquée plusieurs fois par tou-tes les catégories du bien-être.

Toutes les personnes interviewées dans les groupes focaux ont attribué la pau-vreté à un manque de biens et d’opportunités (p. ex. manque d’animaux, man-que d’AGR, manman-que d’outils, manman-que de cultures de contre-saison, manman-que de banques céréalières etc.). La situation familiale (polygamie, cérémonies, familles nombreuses bien que les revenus des exploitations agricoles augmentent avec le nombre d’actifs) a été également citée. En outre, quelques groupes focaux ont évoqué le manque de solidarité ou d’entraide ainsi que la dégradation des rela-tions sociales. Finalement, le manque d’initiatives et la paresse ont été égale-ment égale-mentionné:

« Celui qui dort, qui ne travaille pas. »

L’idée d’une dépendance de la volonté de Dieu a été rencontrée dans les deux zones de l’enquête et ceci indépendamment de la catégorie de pauvreté. Par contre, le sentiment de ne pas pouvoir influencer son statut de pauvreté se re-trouve surtout chez les extrêmement pauvres:

« On hérite la pauvreté, on est né pauvre. » Néanmoins, tous ne s’abandonnent pas au fatalisme:

« On ne peut pas rester assis les bras croisés. »