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4 L’APPROCHE METHODOLOGIQUE POUR LA SITUATION DE

4.1 Méthode employée

La situation de référence sur la pauvreté doit montrer les perceptions réelles des groupes cibles pour que le programme LUCOP puisse les prendre en compte telles qu’elles ont été perçues par les villageois. Elle constituera une base pour le suivi et l’évaluation des impacts des activités par rapport à la pauvreté et le ni-veau de vie de la population dans la zone d’intervention du programme.

La situation de référence dans les régions enquêtées doit émaner des popula-tions elles-mêmes et non des hypothèses pré-formulées par LUCOP. C’est pour cette raison qu’une approche participative a été utilisée par l’équipe dans le cadre de l’enquête menée, ce qui a permis aux groupes cibles de s’exprimer et de formuler eux-mêmes les critères de leur état de pauvreté (Est-ce qu’il y a des différences entre eux? Qu’est ce que ça signifie d’être « extrêmement pauvre »,

« pauvre » ou « assez bien » ?).

Afin d’intégrer les différents points de vue l’enquête a été menée aux différents niveaux sollicités par les termes de références, notamment le niveau départe-mental, communal, villageois et de ménage.

La méthode de collecte de données sur le terrain est basée sur 4 éléments d’appréciation :

- une partie qualitative avec des assemblées générales et interviews semi-structurées en utilisant des questions guides qui laissent de l’espace à des réflexions spontanées de la part des enquêtés pour qu’ils expriment leur propre point de vue;

- une partie quantitative avec des questionnaires structurés au niveau des ménages pour compléter des informations recueillies au cours de l’enquête avec plus de précision;

- des entretiens semi-structurés au niveau départemental et communal, avec les services techniques, les autorités administratives (les maires, les conseillers municipaux) et les partenaires au développement (les collabo-rateurs de LUCOP et d’autres projets/ONG) pour faire la comparaison des données collectées sur le terrain par l’équipe;

- l’exploitation des documents disponibles (les statistiques nationales sur la pauvreté, des documents du programme LUCOP etc.) en vue de disposer d’informations supplémentaires.

La triangulation à travers ces 4 éléments ci-dessus cités a permis de comparer les données collectées et celles existantes au niveau régional, départemental, communal et des projets/ONG pour faire ressortir des contradictions possibles ou pour confirmer les résultats de l’enquête.

Pendant l’enquête, l’équipe a consciemment évité les questions spécifiques (p. ex. sur les revenus, le cheptel en possession des villageois etc.) car il a été généralement prouvé que les villageois ne peuvent ou ne veulent pas donner des chiffres exacts, du fait qu’ils sont très sensibles à ce genre de questions.

Le but de l’enquête est surtout de donner des indications les tendances de l’état de la pauvreté des populations et sur les facteurs qui l’influencent dans les zones visitées. L’intention n’était pas de fournir des données exactes telles que sur le montant des revenus et des dépenses ou du nombre de cheptel. Ce genre d’informations quantitatives nécessite d’autres approches méthodologiques plus complexes qu’un simple questionnement. L’expérience a montré que le recen-sement des tendances qualitatives reflète souvent assez bien la réalité (voir p. ex. NEUBERT 1999). Ainsi les coûts élevés des enquêtes approfondies ne sont pas toujours justifiables et nous rejoignons ainsi, l’économiste John Maynard Keynes qui disait: « It is better to be approximately right than precisely wrong. »

4.1.1 Zone d’enquête et critères de sélection

La zone d’enquête a été présélectionnée par LUCOP dans la zone d’intervention du programme surtout selon les critères de représentativité agro-écologique et l’importance démographique. Les départements de Filingué et de Téra dans la région de Tillabéri et le département de Tahoua, dans la région du programme régional Tahoua-Nord ont été retenus en commun accord avec les différents responsables de LUCOP suivant des critères de représentativité pour ces deux régions. L’étude s’est concentrée sur les zones agro-pastorales du programme, la zone pastorale et la zone de l’Aïr n’ont pas pu être prises en compte pour des raisons de calendrier.

Par rapport à la sélection des communes et des villages de l’échantillon, l’équipe SLE, le responsable de suivi et évaluation de Tillabéri ainsi que les per-sonnels d’antenne de Tahoua ont effectué ensemble un choix selon des critères clé qui reflètent le mieux possible les différents visages de la zone. Ces critères semblent en même temps englober les facteurs les plus importants sur le niveau de vie et de pauvreté; ce qui devait être démontré par l’enquête (voir tableau sui-vant).

Tableau 4 : Critères pour la sélection des communes

Région Tillabéri Tahoua

Commune

agro écologique zone du fleuve agro-pastorale agro-pastorale agro-pastorale Potentiel

agricole grand faible grand faible

Accessibilité goudron enclavé bonne enclavé

Accès à l’eau facile, mais

infrastructures bon mauvaise facile difficile

Appui de

l’extérieur beaucoup peu beaucoup peu

Groupes

En ce qui concerne la sélection des villages dans chaque commune, l’équipe a appliqué les mêmes critères en ajoutant la taille des villages (petit, moyen, grand) et l’influence des anciennes activités des projets précédents, à savoir le PASP et le PDRT. Alors que le PDRT avait atteint une couverture de presque 100 % des villages du département de Tahoua, le PASP a touché 30 % des vil-lages dans les 4 départements de la zone de Tillabéri; l’échantillon retenu reflète ces pourcentages. Ainsi, les 14 villages suivants ont été choisis:

Tableau 5 : Les villages choisis dans les communes

Gothèye Kourfey-Centre Kalfou Bambèye

Saya Chical Chignassou Bagaye Jaja

Boulkagou Itchiguine Toudouni Bagga

Kossoramé Akoukou Agoulmawa Sabon Kalgo

Goudey Sansawatane

4.1.2 Instruments utilisés

Pour l’enquête dans les villages, ce sont plusieurs instruments qualitatifs et quantitatifs qui s’orientent ou s’inspirent du modèle de MAPP (Method for Impact Assessment of Programs and Projects) de l’institut DIE (Deutsches Institut für Entwickungspolitik, voir NEUBERT 1998) qui ont été utilisés:

1ière étape : Une assemblée générale de 2 heures a été organisée avec tous les villageois (femmes, jeunes, hommes). Au cours de cette assemblée trois instru-ments ont été utilisés pour approfondir la connaissance des membres de l’équipe sur les conditions de vie des villageois:

Pour mieux comprendre leur perception de la pauvreté il a été demandé aux vil-lageois de dessiner une « ligne de vie » (dans le sable ou sur un tableau noir, si possible) en vue de recenser quels ont été leurs moments de bien-être pendant les 10 dernières années ainsi que leurs propres critères d’appréciation à ce sujet (voir figure 4).

Figure 4 : Ligne de vie (Source : NEUBERT 1998)

I. Pour connaître les différences entre les 3 catégories/niveaux de bien-être, il a été demandé aux participants de l’assemblée générale de définir leurs propres critères de classification du bien-être à savoir : « assez bien », « moyennement pauvre » et « extrêmement pauvre » et d’estimer la répartition de ces critères dans leur village (« Parmi 10 personnes de villages, combien sont assez bien, pauvres et extrêmement pauvres ? »).

II. Pour identifier les intervenants externes selon leur importance pour le déve-loppement du village, le diagramme de Venn a été élaboré avec les villa-geois (voir figure 5).

Figure 5 : Diagramme de Venn

2ième étape : Avec l’objectif d’approfondir leurs connaissances sur les perceptions de la pauvreté des villageois, les membres de l’équipe ont animé des discus-sions semi structurées dans quatre groupes focaux selon les trois catégories de bien-être auparavant définies (assez bien, pauvre et extrêmement pauvre). Un groupe de femmes a été également constitué pour leur permettre de s’exprimer librement et faire ressortir leur point de vue spécifique sur leurs conditions de vie (voir annexe 9 A).

La 3ième étape a été consacrée aux interviews individuelles au niveau des ménages. Des questionnaires structurés ont permis de collecter des données d’ordre général sur : la taille des ménages, la production agricole, les revenus monétaires et non-monétaires, sur la sécurité alimentaire (voir annexe 9 D). Ainsi une image plus spécifique a pu être obtenue sur les situations individuelles selon le niveau de bien-être.

4.1.3 Participants

Au niveau des assemblées générales organisées dans les 7 villages de la zone de Tahoua, il y a eu 927 participants (dont 377 femmes) et dans celles de Tilla-béri 789 (dont 184 femmes). Dans les groupes focaux 540 personnes ont partici-pé à Tahoua et 258 à Tillabéri; au niveau des ménages l’équipe a interviewé 92 personnes à Tahoua (dont 28 femmes, chefs de ménage) et 130 à Tillabéri (dont 34 femmes, chefs de ménage).

Tableau 6: Nombre de participants

Tahoua Tillabéri

Assemblées générales 927 (377 soit 34,7 %) 789 (184 soit 23,3 %)

Groupes focaux 540 (276 ) 258 (131 )

Enquêtes de ménages 92 (28 soit 30,4 %) 130 (34 soit 25,2 %)

4.1.4 Démarche de l’enquête

L’équipe d’enquête était constituée de 11 personnes : 4 experts junior du Centre de Formation Supérieur pour le Développement Rural (SLE) de l’Université de Humboldt à Berlin, 3 étudiants du Centre Régional d’Enseignement Spécialisé en Agriculture (CRESA) de l’Université Abdou Moumouni à Niamey et 4 traducteurs.

L’équipe s’est scindée en deux groupes régionaux pour réaliser l’enquête dans les zones de Tillabéri et Tahoua-Nord comprises dans la zone d’intervention de LUCOP : (voir annexe 1 B).

Pour se rendre compte de la perception de la pauvreté à différents niveaux (dé-partemental/communal/local), chaque équipe a démarré les activités de l’enquête sur le terrain en prenant contact avec les autorités administratives (le gouver-neur de la région et le préfet de chaque département en tant que représentante de l’Etat). Ceci afin de présenter les membres de l’équipe, l’objectif de l’étude et demander l’autorisation de collecter des informations générales sur la situation et le développement du département. L’équipe a rendu également visite aux Direc-tions Départementales des services techniques (représentantes des ministè-res au niveau départemental) et aux projets/ONG qui interviennent dans la zone de l’enquête pour mieux comprendre leur perception de la pauvreté, leurs rôles et leurs activités par rapport au développement aux niveaux départemental, communal, rural/local (voir annexe 10). Pour s’informer sur l’avancement du pro-cessus de décentralisation, les membres de l’équipe ont eu des entretiens avec des élus locaux de chaque commune (le maire, le conseil municipal) qui ne sont pas seulement des groupes cibles du programme mais sont également concer-nés par toutes ses activités dans une approche communale.

Au niveau villageois, une visite a eu premier lieu était rendu au chef du village et aux leaders d’opinion en tant qu’autorités traditionnelles. A cette occasion les membres de l’équipe se sont présentés à ces autorités et ont exposé le contenu de l’étude; ils leur ont demandé également leur approbation pour travail-ler dans le village afin d’organiser le séjour de l’équipe et le déroulement des trois étapes de l’enquête villageoise.

4.1.5 Défis et contraintes

La période de l’enquête n’était pas la plus favorable pour aller sur le terrain et effec-tuer une étude sur la pauvreté: le Niger faisait en effet face à une sévère crise ali-mentaire4 qui a influencé gravement la vie quotidienne des villageois et par consé-quent la perception sur leurs conditions de vie. Cette situation a amené l’équipe à changer d’attitude dans le questionnement pour être capable d’écarter l’influence de la famine dans la situation de référence (p. ex. « Comment se présente la situation-dans une année normale ? »). Une deuxième contrainte liée à la première s’est pré-sentée à l’arrivée de l’équipe en particulier dans deux villages du département de Té-ra (Saya et Boulkagou) où une gTé-rande partie des participants à l’assemblée généTé-rale ont quitté la rencontre rapidement après avoir réalisé que les membres de l’équipe n’étaient pas venus pour distribuer gratuitement des vivres. Les membres de l’équipe ont expliqué ce comportement par le fait que l’accessibilité de ces villages du dépar-tement a conduit un grand nombre d’intervenants dans cette zone habituant la popu-lation aux distributions des vivres (spécialement pendant cette période de famine).

Un autre défi que l’équipe a dû surmonter sur le terrain était lié au fait que l’enquête s’est déroulée pendant la période d’hivernage; un moment où les paysans sont occupés par les travaux champêtres toute la journée, d’où leur in-disponibilité à participer aux activités de l’enquête. A Filingué l’équipe a dû négo-cier pour pouvoir tenir les assemblées générales et les réunions des groupes focaux au moins pendant la nuit (de 21 à 23 heures) ou très tôt le matin (de 8 à 10 heures). A Tahoua, au contraire l’équipe a trouvé un cadre exceptionnel d’organisation où la population s’est rassemblée le jour même de son arrivée de 9 h du matin pour finir la procédure de l’enquête enfin d’après-midi. Cet avantage peut être expliqué par l’influence de l’ancien projet PDRT et son prédécesseur, qui étaient présents de manière intense pendant les vingt dernières années et ces projets n’ont entre autres pas seulement construit des hangars pour les ré-unions villageoises mais ont également contribué à habituer les villageois, hom-mes comme femhom-mes, à l’organisation et à la participation aux réunions villageoi-ses.

4 La crise alimentaire était la conséquence de trois aspects centraux (parmi d’autres) qui se renforcent mutuellement: une mauvaise récolte en 2004, une attaque des criquets pèlerins dans les mois septembre/octobre 2004 et surtout l’hésitation de la communauté internationale à in-tervenir à temps pour empêcher une famine qui avait déjà été annoncée à la fin d’octobre 2004.