En 1316, la
ville
est mentionnée, sans être nommée, dans le traité de paixpassé sous les auspices deLéopoldd'Autriche
entre l'évêque deBâle Gérard de Vuippens et le comte de NeuchâtelRodolphe'.
Ce documentcapital consacre la souveraineté de l'évêque sur La
Neuveville
et sonter-ritoire
(le comtedoit
renoncerdéfinitivement
à toutes ses prétentions);de plus,
il fixe
au ruz de Vaux la frontièredéfinitive
entrel'Evêché
et le Comté. La fondation de laville
est donc reconnue «internationalement»et elle pennet en outre de stabiliser la frontière entre les deux seigneuries concurrentes (le cours d'eau constitue encore
aujourd'hui
lalimite
entre les cantons de Berne etde Neuchâtel)'®.La première occurrence du nom de
«La Neuveville»
date du 27avril
1314 et est attestée dans deux actes privés instrumentés le mêmejour".
Nous devons corriger
l'opinion jusqu'ici
admise selon laquelle lapremière mentiond'un
bourgeois de LaNeuveville
setrouverait
dans un documentde 1310 souvent cité. En effet, la date figurantdans cet acte (conservé par une copie en allemand tardive), est fausse, car
il
ne peut enaucun cas être antérieur aux années 1330, puisque son texte précise que le documentoriginal portait
le sceau de l'abbéd'Erlach Ulrich
von Falkenstein, lequeln'est
attesté comme abbé qu'àpartir
de 1337'-.La Neuveville
existe donc incontestablement déjà au début de 1314.Pour remonter plus haut dans le temps et détenniner les circonstances de la fondation de lanouvelle cité,
il
fautnous pencher sur l'évêque de Bâle Gérard deVuippens, qui ajoué un rôle capital dans ceprocessus. Le texte de la charte de franchises de 1318 est en effet trèsclair
sur cepoint
etil
affirme de façon appuyée
(voire
emphatique que laville
est la création deGérard".
De plus, selon unetradition
déjà répandue àla fin
duXIV
siècle, Gérard serait venu enpersonne amener un tonneau d'argent
pour
payer les frais de construction de LaNeuveville -
fraisqu'il
auraitassu-més totalement
seul";
si cette dernière assertion estplus que douteuse (et démentie par la charte de 1318 le rôle déterminant del'évêque n'en
restepas moins incontestable. Dureste,un documentdu 5 décembre 1313 prouve que Gérardadépensé de fortes sommes enrapportavec lechantier neuvevillois :il
vend alors unegrosse rente envin
d'Alsace pouremprunter cent marcs d'argent qui servirontà soldercertaines dettes laissées parson prédécesseur Othon de Grandson(1306-1309)
et àrégler
cellesqu'il
alui-même contractées
pour
payer la guerre contre le comte de Neuchâtel, ainsi quepour couvrir
les frais c? ec/t/zcafton cfenotre nonve//e v///e/orte
/>rès .S'c/z/o.v.vherg'7
Gérard de Vuippens est un homme
considérable",
neveu du fameux Othon de Grandson (homonyme del'évêque
deBâle)",
etil
fréquente les cercles les plus élevés dupouvoir,
à la courd'Angleterre d'abord,
puis dans l'entourage duroi
etfutur
empereurHenri VII
de Luxembourg.Evêque deLausanne de 1302 à 1309,
il
est déplacépar le papeClémentV
sur le siège bâlois le 30
juillet
1309-
peut-être parce que sa présence àLausanne
n'est
plus tolérablepour
le comte AmédéeV
deSavoie".
On ignore à quelle date précise Gérard prend possession du siège bâlois, oùil n'est
du reste guère le bienvenu puisque le chapitre de Bâle conteste la désignationpontificale
etchoisit
comme évêque le prévôtLüthold
deRôtteln:
élu en septembre ou en octobre 1309, ce dernier revendique letitre
d'évêque de Bâlejusqu'en
mai 1311 C'est encore au titre d'évêque de Lausanne que Gérardconfirme enseptembre 1309 les franchises de la fantomatique v///e Je /a Tbur-Je-M/gero/, renouvelées alors par le comte deNeuchâtel".
Encompétition
contreLüthold,
Gérard sembleparvenir
à imposer rapidement son
pouvoir
dans la partie ouest du diocèse et de la principauté(il
renouvelle les franchises de laville
de Porrentruy le 28 septembre 1310), avant son départpour l'Italie
en automne 131()'". En effet, Gérardy accompagnera leroi
HenriVII
ety accomplira des missions diplomatiquesimportantes''
;il
est deretour dans le diocèse vers lafin
del'hiver
1311-1312, avant le23avril''.
De plus, sa présenceest attestée àLaNeuveville
le 3juin
1312, dans un acterédigé au Schlossberg àl'intention
de religieuses de
Colmar".
Certes, ce demier document ne concerne,ni
ne mentionne, La
Neuveville,
maisil
est tentant de faire lelien
entre laprésence de l'évêque et les travaux de fondation de la nouvelle cité.
Notre
hypothèse est doncla
suivante : en 1312-1313,l'évêque
afait
construire les murailles de laville
nouvelle, comme entémoigne enpar-ticulier l'acte
de décembre 1313.L'archéologie"
confirme du reste que les remparts de LaNeuveville
ont étéréalisés au début de la fondation, et selon un plan généralqui nécessitait àlafois de grands moyens, la volonté et l'investissementduprince. Toujours selon les archéologues, cette phase de constructionaétéprécédée parde gigantesques travaux deterrassement,qui
ont duré au moins deux ans. On peut doncimaginer
que Gérard de Vuippens ait entreprisl'énorme
chantier dès 1310, voire 1309.Il
est diffi-cile de ne pas faire le rapprochement avec le renouvellement de la charte de franchises dela«ville»
concurrente dela Tour-de-Nugerol effectué en septembre 1309 par Rodolphe de Neuchâtel. En effet, les deuxpouvoirs
sont constamment en compétitiondans cetterégion depuis leXIIP siècle",
comme en témoignent les deuxfortifications
antagonistes de latour
deNugerol
et du château du Schlossberg. En fondant LaNeuveville,
Gérarda donc peut-êtrerépondu à la volonté de Rodolphe de
(r)établir
uneville
neuve àNugerol -
à moins que cene soitl'inverse,
et que Rodolphe ait répliqué àun projet denouvelle citéinitié
par l'évêque de Bâle, déjà sous l'épiscopatd'Othon
de Grandson"®.Il
estclair
entout cas que lafondationde La