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Mesdames et Messieurs!

Le jury international chargé de la sélection du lauréat du Prix-Empereur-Maximilien 2007 a tenu son conseil le 2 février 2007 à Innsbruck et a proposé pour la remise du prix de cette année deux personnalités qui se sont particu-lièrement distinguées au niveau de la politique régionale et locale en Europe. Le choix est porté sur le Président du Conseil des Commu-nes et Régions d‘Europe, Monsieur le Maire et Gouverneur de Vienne, Michael Häupl, et l‘ancien Directeur général de la politique ré-gionale à la Commission européenne, Mon-sieur Graham Meadows de Bruxelles.

À travers leur activité professionnelle et poli-tique à l‘échelle européenne, les deux person-nalités se sont distinguées par leurs services exceptionnels dans le domaine de la politique locale et régionale en Europe. J‘ai l‘honneur de vous présenter les deux lauréats.

Monsieur Michael Häupl est né le 14 sep-tembre 1949 à Altlengbach en Basse-Autriche.

Après avoir accompli ses études de biologie et de zoologie, il a été collaborateur scientifique au Musée d‘histoire naturelle de Vienne. Déjà très tôt, après avoir été élu président de la Jeunesse socialiste d’Autriche, il est devenu en 1983 membre de la diète de Vienne et du con-seil municipal de Vienne appartenant depuis ce temps à cette institution.

Déjà en 1988, Michael Häupl a été désigné adjoint au maire chargé de l’environnement et des sports par le gouvernement de Vienne.

En 1995, il a été élu gouverneur et maire de la capitale fédérale de Vienne. Cette fonction est traditionnellement liée à la présidence dans l‘Association des villes autrichiennes, ce qui d‘ailleurs est reconnu par tous les partis, et je

peux dire que j‘y ai bien aimé ma fonction de Vice-Président bien qu‘en général la vice-pré-sidence ne compte pas parmi mes fonctions préférées.

Dans ce cas, cela ne m‘a pas posé de problè-me car, grâce à la personnalité de Monsieur Michael Häupl, seuls les intérêts des villes au-trichiennes étaient toujours au premier rang, indépendamment de leur taille. Ce n‘est très rarement que j‘ai vécu que quelqu‘un avait réussi à séparer si bien et de façon si nette sa fonction de maire et de gouverneur et celle de maire de Vienne de celle de Président de toutes les villes autrichiennes.

En raison de son engagement politique au ni-veau européen et après avoir été depuis un bon moment déjà président exécutif du Con-seil des Communes et Régions, Michael Häu-pl a été élu en 2004 Président du Conseil des Communes et Régions d’Europe succédant ainsi à l‘ancien Président français Valery Gis-card d‘Estaing.

Le Conseil des Communes et Régions est la transposition au niveau européen des associa-tions des villes et des communes, une institu-tion au sein de laquelle l‘Autriche a toujours su jouer un rôle important. C‘est cette institution qui a permis à Innsbruck d’être considéré dans un contexte européen, ceci grâce à Alois Lug-ger qui après la guerre a pu y trouver une base pour jouer un rôle important dans la politique locale et régionale en Europe. Ceci lui a fina-lement permis de faire d‘Innsbruck le lieu des Jeux Olympiques en 1964 et en 1976.

Le maire Michael Häupl a reconnu de maniè-re précoce le rôle important et particulier que Vienne joue dans le contexte local et régional en Europe. Il n‘a cessé de créer des réseaux entre Vienne et d‘autres villes et régions

eu-Discours prononcé par Herwig van Staa, Gouverneur du Tyrol

ropéennes et, il a réussi à inscrire à l‘ordre du jour européen d‘importants sujets politiques comme les services publics. Michael Häupl a profité de l‘opportunité de faire de Vienne le centre des efforts de l‘Europe centrale et de l‘Est et d‘y propager la démocratie. Récem-ment, dans sa fonction de Président du Con-seil des Communes et Régions, il a revendiqué une Europe plus sociale devant le Comité des Régions à Bruxelles.

Nous avons beaucoup de points communs en Europe, mais ce qui nous manque, c‘est non seulement la conscience sociale commune mais aussi la prise de conscience de cette re-sponsabilité sociale commune. Moi-même, je viens d‘un mouvement chrétien-démocrate et à maints égards, mes avis et ceux du gouver-neur et maire de Vienne, Michael Häupl, sont en conformité.

Dans ce sens, il a aussi revendiqué un rôle plus fort des villes au niveau de la politique euro-péenne. Son message était le suivant: jusqu‘ici, le façonnement de l‘Europe a été trop domi-né par les conceptions libérales, quelques-uns dirons néolibérales, de la Commission euro-péenne et du Conseil européen. Le modèle social européen, qui dans de nombreux pays membres de l‘Union européenne connaît une histoire de succès, comme en Autriche, semb-lerait perdre du terrain.

À l‘exemple de la libéralisation continue envi-sagée par Bruxelles, particulièrement en ce qui concerne la privatisation des services publics, Michael Häupl a toujours et encore constaté qu‘une nette divergence existait entre la poli-tique européenne de la Commission et les exi-gences des villes et des communes au service de leurs citoyens.

De pair avec Michael Häupl, je me suis tou-jours engagé pour que certaines infrastructu-res publiques ne soient pas sacrifiées à l‘onde de privatisation et pour que ces infrastructures soient considérées comme capital social de notre population et de l‘Europe, tels les acquis d‘un État social moderne dans le domaine des services publics.

Néanmoins, il faudrait mener un débat sur ce nouveau modèle social européen à l‘exemple d‘expérimentations réussies et sur la base des données réelles. Ce que nous devons deman-der ensemble, c‘est une européanisation de la politique sociale.

En ce qui concerne la proximité du citoyen dans l‘Union européenne, le gouverneur de Vienne Michael Häupl disait: „Je pense que dans le cadre du travail de persuasion, il faut d‘abord convaincre les gouvernements, la Commission et le Conseil qu‘ils doivent être à l‘écoute de leurs citoyens s‘ils veulent être acceptés, et que par la suite, ils doivent dire aux citoyens:

‚L‘Europe te concerne c‘est-à-dire nous concer-ne tous!’. Nous devons motiver nos citoyens à participer activement à l‘Europe unie.“

Dans une large mesure, les efforts de Michael Häupl ont été reconnus par la Commission qui a constaté que les projets de développement urbain portent les meilleurs fruits, lorsque les villes et les régions peuvent étroitement co-opérer dans le développement des mesures et dans la réalisation du projet. Ceci a mal-heureusement fait défaut dans un bon nom-bre de projets aussi bien sur le plan national qu‘européen.

De nombreuses initiatives et réseaux euro-péens durables portent l‘écriture de Michael Häupl:

Ainsi le réseau performant LOGON (Local Go-vernments Network) a été pour lui un réseau particulièrement important qu‘il a initié avec le soutien énergique de l‘ancien Secrétaire Gé-néral de l‘Association des villes autrichiennes, Monsieur Erich Pramböck, aujourd‘hui égale-ment présent.

LOGON a été fondé en 1998 par l‘Association des villes autrichiennes sous l‘égide du Conseil des Communes et Régions d’Europe à Vienne et s‘est transformé dans le plus bref délais en une importante plate-forme d‘échanges d‘expériences entre les associations de villes des différents pays candidats des dernières an-nées et celles de l‘Union européenne. C‘est-à-dire, ce réseau a permis aux États de l‘Europe centrale et de l‘Est de se familiariser à la démo-cratie au niveau local et régional et aussi d‘en profiter des succès et des avantages.

Prague, Budapest, Bratislava, Varsovie, Lai-bach et Zagreb sont des exemples de cet accord de coopération où Vienne a un rôle important à jouer. Les domaines d‘action vont de l‘environnement à des formations de colla-borateurs en passant par la culture.

Comme cela a déjà été mentionné, Micha-el Häupl préside depuis 2004 le Conseil des Communes et Régions d’Europe. Lors de sa sélection à Maastricht il disait:

„Dans mon travail en tant que Président du Conseil des Communes et Régions, je mettrai l‘accent sur le modèle social européen qui s‘oriente sur la croissance, l‘emploi et la justice sociale. Ce n‘est que si l‘Europe est perçue comme le garant de ces valeurs que l‘Europe sera acceptée par ses citoyens“. Une formula-tion brève qui veut tout dire.

Dans ce contexte, j‘aimerais exprimer ma joie sur le fait que de pair avec Madame le Maire Hilde Zach, nous avons réussi en 2006 à fai-re d‘Innsbruck le lieu des États Généraux du Conseil des Communes et Régions d‘Europe.

À l‘occasion des États Généraux du CCRE plus de 1000 maires et élus locaux européens sont venus à Innsbruck et la résolution rédigée ou-vre sans aucun doute des perspectives impor-tantes:

„Nous insistons, peu importe si la Constitu-tion que nous soutenons est maintenue dans sa forme actuelle ou pas, que les progrès ac-quis en faveur des communes et des régions ainsi qu‘en faveur d‘une façon de travail dé-mocratique de l‘Union, soient sauvegardés et confirmés. Nous adressons un appel aux institutions européennes et à nos gouverne-ments nationaux de veiller à ce que les me-sures correspondantes soient prises. Face à la nécessité d‘établir à nouveau une relation de confiance entre l‘Union et ses citoyens, nous proposons que la future Constitution ou un traité équivalent devra comprendre la Charte Européenne de l‘Autonomie locale qui de nos jours fait réellement partie de notre „Acquis communautaire“.

C‘est une très importante résolution décisive et elle résume ce qui fait les mérites de Micha-el Häupl, ce qui nous offre aujourd‘hui la joie de lui attribuer le Prix-Empereur-Maximilien.

Toutes mes congratulations!

M. Graham Meadows est né le 17 décembre 1941 à Stratford-upon-Avon.

Il a commencé sa carrière professionnelle en tant que journaliste auprès d‘un journal local pour ensuite écrire pour le magazine agricole

„Farmers Weekly“, et c‘est là que nous avons un point commun, car, moi aussi, je viens de la politique agricole scientifique, et il a pris en charge la gestion du bureau de ce magazine à Edimbourg.

En parallèle, il a fait des études d‘économie politique qu‘il a terminées avec distinction.

Dès 1975, il a commencé à travailler dans la section politique de la DG Agriculture. Dans les années 1981 à 1984, il a été conseiller au-près de Gaston Thorn, président de la Com-mission, en matière d‘agriculture, de pêche, d‘environnement et de budget.

De 1985 à 1988, sous la présidence du grand politicien européen Jacques Delors, M. Graham Meadows était le chef de cabinet de Stanley Clinton Davis, commissaire aux transports, à l‘environnement et à la sûreté nucléaire. C‘est grâce à son engagement dans cette fonction que la communauté s‘est vu octroyer, pour la première fois, une responsabilité en matière de politique environnementale et que, par la suite, des principes environnementaux ont été pris en considération dans toutes les politiques communautaires et nationales.

Comme le gouverneur Durnwalder l‘a men-tionné, même aujourd‘hui, la politique agricole est aussi importante pour toute la province du Tyrol que ne l’est le développement rural. La question du trafic de transit ne peut en aucun cas être distincte de celle de l‘environnement, et nous autres Tyroliens, souhaiterions rece-voir plus de compréhension de la part de la Commission européenne. C‘est un travail la-borieux, mais ensemble nous allons trouver des issues à ce scénario accablant.

En 1989, alors qu’il était directeur de la poli-tique régionale, Graham Meadows a été mis

en charge de la réforme des aides régionales européennes pour d’anciennes régions in-dustrielles ainsi que du développement rural, deux tâches nécessairement liées.

Dans cette fonction, il a mené des combats avec les gouvernements nationaux pour as-surer que les aides communautaires soient utilisées de façon efficace. Son intention était de faire sensiblement profiter les communes et les régions des fonds structurels européens et de les faire participer à la prise de décision, il a toujours tenu à ce que les citoyens et les citoyennes puissent réellement bénéficier de ces avantages.

En 2004, M. Graham Meadows est devenu Directeur général de la politique régionale.

Malgré la pression exercée par certains des pays les plus riches pour réduire le budget, M.

Graham Meadows n‘a pas seulement su assu-rer la survie de la politique régionale, mais il a même réussi à la réorganiser et à lui donner une importance centrale dans des domaines-clé comme la nouvelle stratégie européen-ne pour la promotion de la croissance et de l‘emploi.

Je pense que, justement, les régions les plus ri-ches doivent assumer leurs responsabilités vis-à-vis des régions les plus pauvres en Europe, et que cette contribution de solidarité commence à devenir naturelle pour les Etats nationaux en tant que pays membre de l‘Union européen-ne. Ceci contribue à la paix en Europe, et pas seulement à la paix sociale, mais disons que la paix sociale est une condition préalable à une paix plus générale.

Pendant de nombreuses années, M. Graham Meadows s‘est investi dans les fonds structu-rels qui ont d‘ailleurs bénéficié et continuent à bénéficier, entre autres, à plusieurs régions

tyroliennes défavorisées par leurs conditions cadre naturelles. Et si, dans beaucoup de ré-gions autrefois défavorisées ou économique-ment retardées, nous avons pu constater que ces mêmes régions défavorisées avaient d‘ores et déjà atteint le niveau moyen de dévelop-pement régional, les aides structurelles y sont pour quelque chose.

Graham Meadows s‘est également investi énergiquement dans les fonds de solidarité européens qui ont apporté une aide considé-rable au Tyrol après la grande crue de 2005.

L‘Autriche n‘aurait pas pu réclamer un droit à cette aide.

En tant que Directeur général, M. Graham Meadows a joué un rôle déterminant dans la préparation des prévisions financières de l‘Union européenne pour la période de 2007 à 2013. Il voulait que la nouvelle politique de cohésion de l‘Europe apporte de meilleures perspectives de croissance et d‘emploi, un ob-jectif clairement souligné par le programme de modernisation économique de la stratégie de Lisbonne.

M. Graham Meadows est un expert du déve-loppement régional européen qui porte une attention particulière à la promotion de la co-opération transfrontalière. En tant que région modèle, nous sommes un exemple vivant de cette coopération transfrontalière. Nous, c‘est la province du Tyrol, la province autonome du Tyrol du Sud et la province autonome de Trente. Nous avons acquis une maison com-mune à Bruxelles qui se trouve tout près du Comité des Régions et du Parlement euro-péen. Nous agissons comme représentant commun auprès des institutions européennes, et je pense que c‘est aussi en raison des dif-férences culturelles entre les minorités et les populations majoritaires que nous sommes

appelés à être un exemple de la cohabitation pacifique entre différents groupes ethniques.

C‘est grâce aux parlements et aux gouverne-ments des trois régions que nous avons éga-lement réussi à renforcer notre coopération en matière économique, culturelle, sociale et sco-laire, et je les en remercie chaleureusement.

En raison de sa situation géographique et sa fonction de pont entre le nord et le sud de l‘Europe, mais surtout en raison de l‘engagement européen de ses représentants politiques, la province du Tyrol a toujours eu une orientation internationale et ne manquera pas de la garder.

Nous devons maintenir nos objectifs et nous devons continuer à défendre les intérêts com-muns des régions et leur donner une voix.

Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour profiter des chances offertes par l‘Europe, comme l‘a dit le gouverneur Durn-walder.

Des personnalités comme Graham Meadows en sont des exemples, et si aujourd‘hui nous décorons un politicien local et régional actif et un ancien dirigeant de l‘administration de l‘Union européenne, nous pensons que le jury international a pris une bonne décision.

M. Graham Meadows, je vous félicite, vous aussi, cordialement pour ce prix.

Et je voudrais assurer aux deux lauréats que c‘est un honneur pour les fondateurs de ce prix, la capitale d’Innsbruck et la province du Tyrol, que de vous le remettre aujourd’hui.