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La transmission internationale

Im Dokument The shadow of the global crisis (Seite 64-67)

Chapitre III.  La crise des subprimes

5. La transmission internationale

5. La transmission internationale 

 

5.1. Le mécanisme de transmission 

 

Les créances titrisées ont été vendues sur l’ensemble du marché obligataire au  niveau mondial. (En 2007, le montant des prêts hypothécaires américains se chiffrait  à 11 000 milliards de dollars, dont 60 %22 avaient été titrisés sous forme de RMBS,  cʹest‐à‐dire  dʹobligations  vendues  au  public.)  Dès  lors,  la  crise  est  devenue  internationale, l’ensemble des établissements bancaires est donc touché, à l’exemple,  en France, de la Société Générale qui, avant la perte de cinq milliards de « l’affaire  Kerviel », avait inscrit à son bilan trois milliards d’euros de « consolidation » sur ces  produits (pour un total des fonds propres de cette banque de 30,7 milliards dʹeuros). 

 

Les secteurs des banques et des assurances sont particulièrement touchés car ils ont  investi dans ces subprimes : les obligations émises par les banques afin de couvrir les  subprimes sont boudées (les acteurs boursiers ayant perdu confiance, les banques ne  trouvent  plus  dʹinvestisseurs  pour  entrer  dans  ces  fonds  adossés  aux  crédits  hypothécaires). 

Les investisseurs sont donc inquiets et nʹapportent/ne prêtent plus dʹargent aux  banques,  celles‐ci  se  retrouvent  en  manque  de  liquidités  pour  assurer  leur  fonctionnement. 

Le phénomène de masse a empêché les organismes d’avoir suffisamment de temps  pour leur recouvrement de créances. De plus, le manque de clarté sur le marché a  rendu les banques suspicieuses entre elles, ce qui les a amenées à ne plus se prêter  d’argent – condition pourtant nécessaire afin dʹassurer la liquidité interbancaire.  

Logiquement, les banques se refinancent entre elles, globalement (et pour simplifier  le raisonnement), en sʹoffrant des actifs en gage. Mais si le système sʹest « grippé » et  a aggravé la crise, cʹest notamment parce que les banques ne se font plus confiance :  pourquoi  refinancer  une  autre  banque  en  acceptant  en  gage  des  actifs  qui  comprennent des actifs « pourris » mais non forcément identifiés comme tels ?  Toutes les banques savent que, à la suite de la crise des subprimes, elles ont dans leur  bilan de tels actifs. 

22 En 2007, le montant des RMBS émises dépassait celui des bons du Trésor américain : 5 200 milliards 

contre 4 900 milliards (Jorion, 2008, p. 28). 

Le dilemme des banquiers peut se résumer ainsi : actuellement, qui se méfie le plus  dʹun banquier ? Réponse : un autre banquier… (En cela, la « faillite » de la banque  Bear Stearns – cf. supra – ajoute à la méfiance, puisque deux jours avant que la  banque  soit  sauvée  par  lʹintervention  en  urgence de  la  Fed,  ses  responsables  annonçaient que le bilan de la banque nʹétait pas affaibli par la crise.) 

 

Les banques se sont donc retrouvées en assèchement de liquidités : pénurie de  monnaie. Le climat dʹinquiétude créé par la crise des subprimes a fait que les taux de  prêts interbancaires ont fortement augmenté. Les organismes bancaires se sont alors  tournés vers les banques centrales. Celles‐ci ont tenté de rééquilibrer le marché en  injectant  des  milliards  dʹeuros,  dans  lʹobjectif  de  redonner  confiance  aux  investisseurs.  

La banque centrale peut en effet choisir dʹêtre le racheteur en dernier ressort des  actifs « toxiques ». Une banque centrale dʹun pays économiquement fort peut le faire  dans une large mesure sans risquer dʹeffondrer sa monnaie (comme ce fut le cas  pour lʹIslande). 

Ce  faisant,  les  banques  centrales  ont  pris  le  risque  d’enclencher  une  spirale  inflationniste, qui peut être aussi facteur de crise économique, puisque la création de  monnaie  génère  mécaniquement  de  lʹinflation  (cf.  supra  lʹanalyse  de  Milton  Friedman), d’autant plus que cette crise survient à un moment où les marchés des  changes sont particulièrement instables et les marchés de matières premières sous  tension. 

   

5.2. La transmission 

 

Comme on lʹa vu, le risque sʹétait diffusé avant que la crise elle‐même ne se diffuse. 

La transmission en elle‐même est apparue brutalement. 

Au niveau boursier, les places financières se sont, à partir du lundi 15 septembre  2008, effondrées, mettant en péril l’ensemble du système financier. Une nouvelle  chute de très grande ampleur s’est produite à partir du 6 octobre (‐3,5 % à New  York, ‐9 % à Paris, ‐7 % à Francfort, ‐6 % en Asie, ‐19 % à Moscou), se prolongeant  par paliers descendants pendant toute la semaine. 

 

La crise s’est, à partir de septembre 2008, étendue au secteur bancaire européen :  sauvetage en urgence de Fortis et de Dexia, de la banque bavaroise Hypo Real  Estate (après la banque IKB), nationalisation de la banque britannique Bradford & 

Bingley  (après  celle  de  la  Northern  Rock),  difficultés  de  la  banque  italienne  Unicredit  et  des  banques  irlandaises  (annonce  d’une  garantie  illimitée  du  gouvernement sur les dépôts de six banques), nationalisation partielle des plus  grandes  banques  britanniques,  pour  une  valeur  de  50  milliards  de  livres  (65  milliards d’euros). 

 

Les perspectives, inquiétantes, sont accompagnées de prévisions pessimistes (même  sʹil faut, comme nous lʹavons indiqué, distinguer les mécanismes à lʹœuvre et les  ajustements qui se produiront in fine). 

Depuis le début de la crise, les estimations sur lʹampleur des pertes directement liées  à la crise financière ont été constamment revues à la hausse.  

Au printemps 2008, le FMI avait chiffré les pertes potentielles liées à la crise à  environ 1 000 milliards de dollars, dans son Rapport sur la stabilité financière dans le  monde. Le document chiffrait le montant des pertes potentielles à 945 milliards de  dollars (590 milliards dʹeuros), dont 225 milliards sur les prêts et 720 milliards sur  les produits titrisés. Lʹorganisme constatait que la crise sʹétend à dʹautres crédits  immobiliers, aux prêts à la consommation, et aux entreprises. Les grandes banques  subiraient de 440 à 510 milliards de dollars de pertes, le reste étant réparti entre les  compagnies dʹassurances, les fonds de pension, les fonds monétaires, les fonds  spéculatifs (« hedge funds ») et dʹautres investisseurs institutionnels. 

 

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