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Bleistein, U. (1993). L'exemple de Madagascar - Utiliser et protéger les ressources naturelles. Arguments de la recherche, 6, 5-13.

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ARGUMENTS

DE LA RECHERCHE

L'exemple de Madagascar - Utiliser et protéger les ressources naturelles

U/rike Bleistein Médias et Information

Transmettre le savoir européen ne permettra pas de ré­

soudre les problèmes des pays en voie de développe­

ment. Il importe avant tout de connaitre les expériences et les points de vue des experts de là-bas. Rodolphe Schlaepfer, Directeur du FNP et Professeur à la Chaire de Sciences forestières de l'EPFZ, s'est donné pour ob­

jectif de former des étudiants en sciences forestières à l'Université d'Antananarivo, à Madagascar. Il espère ain­

si aider les spécialistes du pays à appliquer des con­

naissances et méthodes scientifiques qui favoriseront une exploitation soutenue de leurs ressources natu­

relles.

A Miarinarivo, un garde forestier doit se contenter d'un vélo pour traverser son

«triage» qui s'étend sur 500'000 hectares, une surface comparable au canton de Berne. En

Suisse, là où les problèmes de la forêt sont moins graves qu'à Madagascar, plus de 1500 gardes forestiers et ingénieurs collaborent à la gestion de près d'un million d'hectares de forêt. Face à cette pénurie de personnel, qui complique inéluctablement la sauvegarde et la gestion des forêts de Madagascar, la formation et la postformation ont acquis aujourd'hui une valeur hautement estimée.

Y a-t-il assez de bois pour chacun?

Le bois est la principale source d'énergie à Madagascar, mais contrairement à la Suisse, cette matière première est une denrée rare.

Madagascar étant l'un des pays les plus pau­

vres du monde, il lui manque les devises lui permettant d'importer de coûteux produits pétroliers. Seule la capitale d'Antananarivo utilise une énorme quantité de bois pour approvisionner en énergie son million d'habi­

tants. Et comme il n'existe encore aucun plan d'exploitation prévoyant une gestion fores-

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DE LA RECHERCHE

L 'Eucalyptus

L'Eucalyptus provient d'Austra­

lie et il est planté à Madagas­

car depuis le début du siècle.

A l'origine, il était destiné à devenir bois de feu ou char­

bon de bois pour alimenter les locomotives à vapeur. Entre 1920 et 1960, l'administration coloniale d'alors a boisé d'Eu­

calyptus 300.000 hectares de forêt. L'espèce la plus répan­

due est !'Eucalyptus robusta.

On exploite aujourd'hui les fu­

taies et les taillis d'Eucalyptus dans lesquels les propriétaires forestiers coupent régulière­

ment les rejets de souches et laissent les troncs tels quels

dans la forêt. Les forêts d'Eucalyptus représentent la principale source d'approvision­

nement en bois de feu pour les environs de la capitale Antananarivo. A l'heure actuelle, les rejets de souches sont coupés tous les trois ans alors que les troncs sont laissés tels quels dans la forêt.

tière soutenue, les forêts d'Eucalyptus pro­

ches de la ville ne cessent de reculer car c'est ici qu'on y puise la majeure partie du bois. Néanmoins l'idée que la forêt n'est pas une ressource inépuisable commence lentement à prévaloir dans le camp des responsables.

Comme le montrent les photos satellites, l'aire forestière de Madagascar a diminué de moitié, ou presque, durant ces trente derniè­

res années. Alors que 17 millions d'hectares étaient encore recouverts de forêts en 1960, il en reste à peine 10 millions aujourd'hui.

Cet effritement est principalement dû au mode de culture agricole: la culture itinérante, un système adoptant la pratique du défrichement par le feu, détruit chaque année 200'000 hec­

tares de forêt. Cet effet de peau de chagrin est encore aggravé par la rapide augmentation de la population. Avec une croissance d'à peu près trois pour cent, Madagascar est l'un des pays qui subit la plus forte poussée démogra­

phique. Si la majeure partie des Malgaches

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ARGUMENTS

DE LA RE CHERCHE

Tour d'horizon sur Madagascar

Capitale: Antananarivo Superficie: 587 041 km2 Population: 11,3 millions (In­

donésiens, Africains et Ara­

bes); 85% vivent en campa­

gne; 46% ont moins de 15 ans.

Économie: Le revenu annuel de 220 $ par habitant place Madagascar parmi les pays les plus pauvres du monde.

Les principaux produits des cultures sont le riz, d'autres aliments de base, le café et les épices. 70% des devises sont obtenues par la vente de café, vanille et girofle.

Nature: Grâce à son isole­

ment îlien, Madagascar pos­

sède une flore et une faune uniques en leur genre. Citons entre autres la présence des lémuriens, ces primates qu'on ne rencontre qu'à Madagas­

car.

vivent encore en campagne, nombre d'entre eux aspirent à une vie meilleure en partant pour la capitale qui enfle chaque année de cinq pour cent d'habitants.

Durabilité - une chance pour la forêt?

C'est en 1983 que l'organisation suisse d'aide au développement Intercoopération de­

mandait à Rodolphe Schlaepfer de collaborer à la formation des forestiers. Sa première con­

tribution fut concrétisée par un séminaire sur la planification des peuplements forestiers.

Mais conscient du fait que les problèmes de science forestière ne peuvent se traiter iso­

lément, il a élargi son champ d'action après deux ans déjà et aujourd'hui, la planification des ressources naturelles fait partie de son programme d'enseignement. Il conseille aussi

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DE LA RECHERCHE

des Malgaches qui se préparent au doctorat ou au diplôme. C'est ainsi qu'en accompagnant Honoré Randrianjafy dans sa thèse de doctorat, Rodolphe Schlaepfer a traité le problème aigu de l'approvisionnement en énergie d'Antanana­

rivo. Dans sa dissertation, Honoré Randrianj�­

fy cherche à savoir comment il pourrait trou­

ver dans les environs d'Antananarivo assez de bois pour la population tout en réussissant à sauvegarder les forêts d'Eucalyptus.

La réponse n"est pas facile à trouver car la manière de gérer la forêt est dictée par un grand nombre de conditions qu'Honoré Randrian­

jafy a d'abord dû analyser: en plus des fac­

teurs sociaux, économiques et culturels, il a aussi examiné les conditions de développement

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et son équipe se trou-

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d'Eucalyptus où ils mesurent des rejets de souche. Les Eucalyptus les plus productifs ne fournissent à Madagascar que 25 mètres cubes de bois par hectare alors que ce volume peut atteindre 45 mètres cubes dans d'autres pays.

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DE LA RECHERCHE

et la croissance des Eucalyptus. Tandis qu'Ho­

noré Randrianjafy apportait au p�ojet son sa­

voir scientifique et surtout sa connaissance de la culture malgache, Rodolphe Schlaepfer le secondait dans la planification et la réalisa­

tion de son travail. Il lui fut particulière­

ment utile dans les analyses d'accroissement, un genre d'étude pour laquelle la Suisse pos­

sède une grande expérience.

Honoré Randrianjafy a pu confirmer que les Eucalyptus provenant d'Australie jouissent de conditions climatiques et géologiques assez

favorables à leur croissance. Pourtant les Eu­

calyptus les plus productifs ne fournissent à Madagascar que 25 mètres cubes de bois par hectare alors que ce volume peut atteindre 45 mètres cubes dans d'autres pays. Seules des hypothèses expliquent les causes de cette fai­

blesse: il est possible que les souches soient déjà trop vieilles pour produire un maximum de rejets ou que leur croissance soit ralentie ap�ès de trop longues années de surexploita­

tion.

Autre résultat important: A l'heure actuel­

le, les rejets de souches d'Eucalyptus sont coupés tous les trois ans alors qu'ils au­

raient besoin de dix ans pour atteindre le sommet de leur productivité. Or, il serait nécessaire de modifier ce genre d'exploita­

tion, ce qui ne semble pas facile à réaliser.

Il faut dire que même si un tel changement était rentable à longue échéance, les proprié­

taires forestiers des Hauts-Plateaux de Mada­

gascar redouteraient de devoir subir un pre­

mier manque à gagner sur les ventes de bois d'Eucalyptus, leur unique revenu.

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ARGUMENTS

DE LA RE CHE RCHE

Seule une augmentation de la productivité ne suffira pas à assurer l'approvisionnement en bois. Honoré Randrianjafy a étudié d'autres possibilités de résoudre �e problème de

l'énergie: il faudrait que la loi forestière décrète l'obligation non seulement de poursui­

vre une gestion méthodique et soutenue mais encore d'élargir les aires forestières. Honoré Randrianjafy considère que la gestion de la forêt ne pourra être fructueuse tant que la vente de terrains publics à des privés ne sera pas facilitée et surtout tant que les condi­

tions de propriété, souvent peu claires, ne seront pas réglementées. Il recommande aussi la fusion de plusieurs entreprises forestières en coopératives qui seraient soutenues par le

service forestier public.

Les forêts naturelles - La richesse de Madagascar

Pendant que les forêts d'Eucalyptus sont ex­

ploitées à outrance à cause du manque de bois de feu, les forêts naturelles de Madagascar sont mises en péril notamment par les paysans qui pratiquent la traditionnelle culture iti­

nérante. Mais si ces coutumes étaient jadis conciliables avec la nature, la croissance dé­

mographique d'aujourd'hui les a rendues dange­

reuses pour la perpétuité de la forêt. Source de bois de feu, de plantes médicinales et de denrées alimentaires, la forêt est certes un vecteur économique non négligeable pour Mada­

gascar. Mais en plus de cette fonction, elle offre un espace vital à nombre d'animaux et de plantes, uniques en leur genre et dont maintes espèces sont encore à découvrir.

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DE LA RE CHERCHE

i. �

Ancienne aire forestière: le mode de culture agricole représente une gra­

ve menace pour la forêt: la culture itinérante, un système adoptant la pratique du défrichement par le feu, détruit chaque année 200'000 hecta­

res de forêt.

Voilà pourquoi l'élimination de chaque hec­

tare de forêt fait disparaître irrémédiable­

ment des arbres mais aussi des oiseaux, des papillons et des mammifères. La biodiversité, ou la multiplicité des espèces, ne sera sauve­

gardée que si l'on protège aussi les forêts naturelles. D'ailleurs les problèmes s'enchaî­

nent car un sol non boisé est plus exposé à l'érosion. Considéré globalement, le sol de Madagascar se dégrade chaque année sur une surface d'un million et demi d'hectares.

Dans le cadre du projet réalisé en commun avec le World Wildlife Fund (WWF), Minoniaina Razafindramanga, également candidate au docto­

rat suivie par Rodolphe Schlaepfer, s'ef force aussi de sauvegarder les forêts naturelles. A l'aide de photo satellites, elle désire retra­

cer l'évolution, au cours des quarante derniè­

res années, de divers types de végétation re­

couvrant une réserve forestière suivie par le WWF. Il est certain qu'elle pourra bénéficier des expériences faites dans notre pays où la

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ARGUMENTS

DE LA RECHERCHE

restitution de photos satellites se fait cou­

ramment. Minoniaina Razafindramanga espère ainsi découvrir à quelles influences la forêt est le plus exposée: la surface agricole ex­

ploitée a-t-elle augmenté, des steppes se

sont-elles implantées ou la forêt a-t-e•lle été évincée par les habitations et les routes? La réponse à ces questions permettra de planifier judicieusement la protection de la forêt mal­

gache.

Vers la recherche en partenariat

Ces prochaines années, Rodolphe Schlaepfer s'engagera davantage encore à cette cause car les problèmes des pays du Tiers Monde sont plus graves que ceux de la Suisse. En qualité de chercheur, il pense et il agit dans l'opti­

que des problèmes à résoudre. Entouré de

scientifiques venant de Suisse et des pays en voie de développement, il aimerait participer à un programme du Fonds national axé sur

!'«Environnement» dont l'un des volets s'inti­

tule «Développement et environnement». Bruno Messerli, président du groupe d'experts parti­

cipant à la planification de ce programme, en trace les grandes lignes: «Il n"est plus op­

portun aujourd'hui de poursuivre des recher­

ches sur les pays du Tiers Monde en finançant uniquement des chercheurs suisses" et il sou­

ligne que «l'encouragement aux scientifiques et chercheurs des pays en développement appar­

tient désormais à l'une des importantes tâches des pays industrialisés». Cette collaboration ne manquera pas non plus de nous être profita­

ble. Rodolphe Schlaepfer, directeur du FNP, l'affirme expressément: «Grâce à mes expérien-

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DE LA RE CHE RCHE

Parmi les organisations de protection de l'environne­

ment engagées à Madagas­

car, le WWF met un accent sur l'ouverture au public:

cette bande dessinée est surtout destinée aux jeunes afin d'éveiller en eux une prise de conscience devant la richesse du patrimoine naturel.

ces de Madagascar, j'ai acquis une autre con­

ception des liens qui relient les changements écologiques avec les traditions, la formation, le niveau de vie ou les structures politiques.

Je refuse de soutenir des projets de recherche qui ne tiennent pas compte des aspects inter­

disciplinaires».

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