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Schlaepfer, R. (1991). Science et politique à l'exemple de la recherche sur les dégâts aux forêts. Arguments de la recherche, 3, 22-29.

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A R G U M EN T S

DE· L A R EC H E R C H E

Science et politique à l'exemple de la

recherche sur les dégâts aux forêts

Rodolphe Schlaepfer professeur de sciences forestières à l'EPFZ, directeur du FNP

Résumé d'un exposé présen­

té à !'Exposition «Heureka» à Zurich dans le cadre du Symposium «Responsabilité de la science en politique», 1 3 .9.1 991

Patronage: Académie suisse des sciences naturelles

Pour démontrer le champ de tension entre science et politique, la recherche sur les dégâts aux forêts est un exemple tout trouvé. M i ses en parallèle, les deux citations ci-dessus des années 1984 et 1991 illustrent bien la responsabilité de la science en politique.

Ces deux citations sont des opinions

scientifiques. Elles se distinguent par leur contenu mais aussi par leur fondement. En

1984, la recherche n'avait encore livré, pour la Suisse et l'Europe, que peu de résultats sur le dépérissement des forêts. Au début des années quatre- vingt d'importants m�yens furent investis pour observer la forêt et étudier les effets de la pollution atmosphérique. Depuis, nombre de projets de recherche ont abouti, certains ont fait l'obj et de rapports inter­

médiaires. La citation de 199l ' repose sur les conclusions du programme de recherche qua­

driennal «Pollution atmosphérique et dégâts aux forêts en Suisse».

Avec le temps les résultats de la recherche s'étoffent; les connaissances évoluent et viennent différencier et nuancer des thèses connues. L ' une des lourdes responsabilités de la science en politique est d'informer sur l ' état et l'évolution des connaissances, sur

<<Après évaluation des divers facteurs d'influence possibles, il apparait clairement aujourd'hu(

que la pollution atmosphérique en constante augmentation est la cause première du dépérissement des forêts.»

(DFI, Dépérissement des forêts et pollution de l'air, 1 984)

«On peut admettre que sur les surfaces observées pendant la période de recherche de 1986 à 1989, les sub,stances polluant l'atmosphère n'ont aucune influence, ou tout au plus une influence secondaire, sur l'état des houppiers.»

(PNR 1 4, Pollution de l'air et forêt, 1 991 )

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A R GUMENT S

D E LA RECH E RC H E

Définitions science et politique

Science: Ensemble de connaissances, d'études d'une valeur universelle, caractérisées par un objet et une méthode déterminés, et fondées sur des relations objectives vérifiables (Robert}

Science: Ensemble des connaissances humaines sur la nature, la société et la pensée, acquises par la découverte des lois objec­

tives des phénomènes, et leur explication

(Larousse}

Politique: Art et pratique du gouvernement des socié­

tés humaines (Robert}

Politique: Ensemble des affaires qui intéressent l'Etat;

manière de les conduire (Larousse)

De ces définitions simples on peut tirer, en schéma­

tisant, cette constatation:

Les activités de la science sont centrées sur l'acqui­

sition des connaissances;

celles de la politique consis­

tent essentiellement à traiter et utiliser ces con­

naissances.

les faits établis, les lacunes et les incerti­

tudes qui demeurent. Cette information doit être donnée de telle manière que les organes de décision puissent fonder leur argumentation sur l'état le plus récent des connaissances.

Le phénomène «Dépérissement des forêts»

Le dépérissement des forêts est une maladie complexe qui peut aller d ' une perte de

vitalité progressive à la destruction des peµplements. Les deux caractéristique� �es plus importantes pour décrire le phénomène sont la transparence du. houppier et le jaunissement du feuillage .

L ' Europe conÎlaît divers types de dépéris­

sement des forêts, dus surtout à l'effet conj ugué du climat,. du sol et des activités humaines. L'état des connaissances sur ces diverses formes de la maladie est très inégal . Des hypothèses pl�usibles n ' ont été émises que pour l ' un ou l'autre des phénomènes constatés

{p. ex . pour le jaunissement des épicéas dans le Fichtelgebirge en Allemagne) . Le type

«suisse» de dépérissement des forêts se carac­

térise par la transparence du houppier. Nous savons que ce symptôme s'est accentué pendant les sept dernières années . ·on ne constate pas de recul g�néralisé de �a croissance ni d ' aug­

mentation de la mortalité des arbres. Unè relation en forêt �ntre la pollution de l ' air et l ' état du houppier des. arbres n'a pu être mise en évidence: ·soit qu'il n'existe effec­

tivement aucun rapport de· causalité, soit que les méthodes d'investigation utilisées ne permettent pas d'établir l ' existence d ' une telle relation .

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ABGU M E lf T S

DE L A RE CHE RC H E

Sur le vu d'expériences faites avec de j eunes plants complétées par des investiga­

tions du sol, force est cependant d'admettre que la pollution de l'air est un facteur de risque pour la forêt suisse (effet des

substances polluantes, en particulier de

l'ozone , sur la partie de la plante émergeant du sol et effet dans le sol de substances nocives, oxydes d'azote en particulier) .

Dépérissement des forêts: activités scientifiques

En ce qui concerne le dépérissement des forêts, la science a livré des rapports décri­

vant l ' étendue et l ' évolution du mal (p. ex . inventaire des dégâts aux forêts) . Des hypo­

thèses sur les causes possibles o�t été formulées et testées (p . ex. expériences faites avec l'ozone) . Des modèles capables d ' élucider certains processus (p. ex. le

j aunissement des épicéas dans le Fichtelgebir­

ge) ont été élaborés et en partie confirmés . Les chercheurs ont renseigné qui de droit sur les lacunes dans les connaissances acquises et les incertitùdes reconnues; ils ont proposé des moyens pour observer et étudier encore mieux le phénomène. Dans le même temps, ils ont dénoncé les menaces qui pèsent sur la forêt et soutenu les mesures politiques en faveur de la protection de l'environnement.

Dépérissement des forêts: activités politiques

Le monde politique s'est mobilisé en faveur de la même cause: des fonds ont été libérés pour inventorier les dégâts ·, exemple connu : le programme Sanasilva) et pour en découvrir les causes (p. ex. Programme national de recherche

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A R G U MEN T S

D E L A R E C H E -R C H E

«Dans toute cette affaire, la politique en zig-zag suivie au cours des années passées par l'Institut fédéral de re­

cherches forestières est absolument incompréhen­

sible et inadmissible.» (Bündner Wald, octobre 1 988)

« ... Il faut dès lors interpréter les communiqués de l'IFRF comme une tromperie délibérée à l'égard du public qu'on induit ainsi en erreur.•

(Bündner Wald, octobre 1 988)

«Le directeur de l'Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage a contesté à plusieurs reprises la relation entre la pollution atmosphérique et le dépérissement des f9rêts.

Que pense le Conseil fédéral du fait que le directeur d'un institut fédéral de recherches contrecarre la politique du Conseil fédéral et du Parle­

ment en matière de protec­

tion de l'environnement?,.

(Conseil des Etats,

interoellation du 1 4.1 2.1 990)

«Dégâts aux forêts et pollution de l'air en Suisse»); le Parlement a voté un programme d ' aide aux entreprises forestières; il a introduit des mesures de protection de

l'environnement dont les effets se répercutent sur la forêt (ordonnance sur la protection de l'air) .

Points de friction entre science et politique

Il sied de relever d'abord la franchise et la correction qui président en général au débat et à la collaboration entre politique, science et médias à propos du dépérissemént des forêts. Il n'empêche que des difficultés surgissent , notamment lorsque, sur la base de nouvelles conclusions, la science doit réviser des thèses jusqu'alors admises.

Les exemples cités dans les encadrés ne sont que quelques-uns parmi les incidents du genre. Gardons-nous toutefois de ne voir que l'aspect négatif de ces discordances . Les critiques et les divergences d'opinion

aiguillonnent le scientifique, l ' incitent à se remettre en c;ruestion et à progresser. De

multiples causes peuvent être à l ' origine de frictions et nous ne saurions les évoquer

toutes mais je citerais en premier l'évolution continue de la science, fruit de la recherche;

sans oublier la complexité et la dynamique des processus biologiques qui débouchent facile­

ment sur des contradictions, des incertitudes, des lacunes dans les connaissances.

■·

Il se peut que dans leur travail d ' infor­

mation, les scientifiques s'adressent à un cercle trop restreint de destinataires, ou

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A B G U lVI E :N T S

D E LA RE CHE RCH E

Rôle de la science selon le point de vue du Conseil fédéral

«Le Conseil fédéral tient en outre à souligner qu'il n'entre pas dans la mission des scientifiques de justifier des doctrines, des opinions ou des vues politiques. li leur incombe bien plutôt de remettre sans cesse en question et d'actualiser l'état des connaissances dans tous les domaines.»

(Réponse du Conseil fédéral du 4.3.1 991 à l'interpellation déposée le 1 4.1 2.1990 au Conseil des Etats)

qu'ils touchent parfois des milieux peu

ouverts aux progrès de la science . Enfin, la dissemblance entre les tâches et les méthodes de travail de la science et celles de la

politique risque d'être la source de conflits ou de heurts, tout corrane des doctrines ou des philosophies opposées peuvent exercer une

influence sur ce terrain.

Le rôle de la science

La science s'impose des règles d'éthique.

Celles que nous reproduisons à titre d'exemple ont aussi leur valeur pour l'Institut de

recherche FNP. Extrait des «Proposed Ethics Guidelines for Epidemiologists» (1990 ) :

«L'honnêteté et l'objectivité sont des

éléments essentiels de toutes les sciences, y compris de l'épidémiologie. » Citons aussi l'«American Statistical Association, Ethical Guidelines for Statistical Practice» (1983 ) dans ses consignes aux statisticiens:

«Présenter les résultats et les interpréter en toute honnêteté et objectivité; éviter les assertions douteuses, pouvant prêter à

confusion et non documentées ; ne pas cacher les intérêts - financiers ou autres - qui ont ou peuvent avoir une influence sur les

déclarations des professionnels».

Souhaits envers les scientifiques, les milieux politiques et les médias

Les souhaits ici exprimés à l'endroit des scientifiques me concernent aussi personnelle­

ment. La liste ne saurait prétendre à l I ex_­

haustivité; elle découle des expériences faites en rapport avec le phénomène du

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A R G U M E NT S

D E L A R E C H E R C H E

dépérissement des forêts. Bien des postulats que j • énumère semblent aller de soi; il faut pourtant les répéter.

En premier lieu, tout travail scientifique doit viser la qualité, la rigueur, l'obj ecti ­ vité et la pertinence. Ce qui suppose, entre autres, une structure de pensée globaiisante, une vision des choses rnultifactorielle et interdisciplinaire. C'est aussi améliorer la détection avancée des problèmes , identifier et étudier les contradictions .

une des tâches de la recherche est de

transférer ses résultats dans la pratique. Il va sans dire que dans leurs déclarations, les chercheurs doivent nettement séparer les faits scientifiques et les opinions personnelles.

L ' information portera sur les connaissances acquises et avérées, mais aussi sur les

incertitudes gui subsistent , sur les lacunes, les contradictions, les risques .

Aux milieux· politiques

Les voeux de la science à l'égard des poli ­ ticiens peuvent être nombreux et varier en fonction du sujet en cause. Les remarques ci­

après ont aussi leur place au chapitre du dépérissement des forêts.

Les responsables politiques devraient tâcher de mieux percevoir l'évolution des connaissances scientifiques. On attend d'eux qu ' ils mettent tout en oeuvre pour assurer une plus forte participation de la Suisse aux

programmes de recherche européens, qu'ils accordent une plus haute priorité à la

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A R G U M E N TS

D E L A R E C H E RCH E

recherche intégrale sur les écosystèmes et à l ' observation de l'environnement, sans

négliger pour autant la recherche fondamentale .

Aux médias

L'Institut de recherche FNP aura toujours à coeur de diffuser une information claire , en termes accessibles au public . Tout en se félicitant des bonnes relations entretenues j usqu'ici avec les médias , il en attend encore davantage . Ainsi souhaite- t - �l que la presse écrite et audiovisuelle transmette non seule­

ment les résultats confirmés de la recherche , mais qu'elle rende compte des incertitudes autant que des succès de la science. Autre voeu : que dans la mesure du possible, les j ournalistes prennent leurs informations à la source et ne se contentent pas du biais

d ' aff irmations non vérifiables.

Conclusions

La politique et la science partagent le même objectif suprême : améliorer notre qualité de vie à tous et créer des conditions

favorables pour les générations futures . La scie�ce livre les informations susceptibles de fonder les décisions politiques. L'homme poli ­ tique (conseiller fédéral, parlementaire , con­

seiller d'Etat, etc. ) utilise ces informations et les traite en conséquence. Ce sont deux méthodes de travail totalement distinctes mais

dont les éléments se chevauchent et interagis ­ sent, d ' où le risque de conflits. Mais les discussions qui en résultent peuvent être une source d ' enrichissement réciproque.

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' A B G U lVI E N' T S

DE L A R E CHERCHE

C'est dans ce contexte que s'inscrivent les principales responsabilités de la science en politique . Déceler et analyser précocement les problèmes est le rôle primordial des scienti­

fiques, après quoi ils seront en mesure de proposer des concepts de recherche embrassant tous les aspects de la situation. Leur fonc­

tion les astreint en outre à un travail de haute qualité. Enfin , il leur incombe de

donner au monde politique, à la pratique et au public dans son ensemble une infonnation

complète sur l ' état et l'évolution des con­

naissances, sans occulter les doutes, les incertitudes, les lacunes et les contradic ­ tions rencontrés dans leur travail .

Remplir ces exigences, c ' est préparer un terrain d'entente pour la solution de

problèmes difficiles. Science et politique doivent collaborer en partenaires; le succès de la recherche future sur les écosystèmes forestiers est à ce prix .

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