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Meier, F., Engesser, R., Forster, B., Jansen, E., & Odermatt, O. (1993). Protection des forêts - Vue d'ensemble 1992. Bulletin SPOI: Vol. Avril.

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Academic year: 2022

Aktie "Meier, F., Engesser, R., Forster, B., Jansen, E., & Odermatt, O. (1993). Protection des forêts - Vue d'ensemble 1992. Bulletin SPOI: Vol. Avril."

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Forschungsanstalt fOr Wald, Sohnee und Landschaft

recherches sur la forêt, la neige et le paysage

dl rlcerca per la foresta, la neve e il paesaggio

BULLETIN SPOI

lnstitute for Forest, Snowand

Landscape Researoh

Pr.otectian des forêts - Vue d

1

ensemble 1992

par Franz Meler, Roland Engesser, Beat Forster, Erwin Jansen, Oswald Odermatt

Avrll 1993

(2)

BULLETIN SPOI

Protection des forêts - Vue d'ensemble 1992

par Franz Meier, Roland Engesser, Beat Forster, Erwin Jansen, Oswald Odermatt Traduction Monique Bousse

FDK: 453 : 443.3 : 422.2 : ( 494) : (047.1)

Contenu

1

Résumé

2 Conditions météorologiques 3 Bilan de l'année

3.1 Gibier

3.1.1 Conséquences de la nouvelle législation forestière 3.1.2 Populations de gibier ongulé, comptage du gibier 3.1.3 Quantification des dégâts causés par le gibier 3.1.4 Exemples de mesures intégrées visant à résoudre

le problème des dégâts causés par le gibier 3.2 Petits mammifères

3.3 Insectes ...- l4 Champignons

J.5 Dégâts abiotiques

4

Organismes annoncés et leur importance pour la protection des forêts

Der phytounltlre Blob1chtung1- und Melde·

dlenll PBMD Ill ■ln■ Gruppe dar Eldg. For•

1chungunat1II fiir Wald, Schn11 und und·

1ch1H, WSL, Blrmenadorf.

Ais Anlauf- und Beratungsstelle fûr Forstschutz- fragen informiert der PBMD Ober AuHreten, Verbreitung und Bedeutung aklueller Forst- schutzprobleme in der Schweiz.

Der PBMD steht mil den kantonalen Fors!•

schutzbeauHragten in direklem Kontakl, um an·

stehende Probleme gemeinsam zu IOsen.

ln der Regel stammen die Beobachlungen und Meldungen an den PBMD von den kantonalen Forstdiensten.

Le Service phytosanitaire d'ob11rv1tlon et d'lnlorm1tlon SPDI est un groupe 1pp1rt1n1nt à l'Institut f6d6r1I de r■cherches sur la lorlt, la neige et le paysage, FNP, à Blrmensdorf.

En tant que service de consultation et de cana- lisation des questions de protection des forêts, le SPOI Informe et conseille lorsque des problè- mes surgissent dans ce domaine.

Le SPOI reste en contact direct avec les délé·

gués cantonaux à la protection des forets afin de résoudre en commun les problèmes qui se posent. Les observations et Informations trans- mises au SPOI proviennent habituellement des services lorestlers cantonaux.

Il Servlzlo Fltosanlllrlo dl Dn1rv1zlon1 1 d'lnlorm1zlon1 SFOI • un gruppo dell' lstlluto l1d1ral1 dl rlcen:1 par 11 1011111, la RIVI I Il PHIIDDIO, FNP, Blrmensdorf.

ln qualità dl ufllclo dl segnalazlone e dl consu- lenza per le question! sanitarie del bosco, lo SFOI Informa sulla presenza, la dlstribuzlone e I' lmportanza dei probleml filosanitari attuall a llvello Svlzzero.

Lo SFOl lavora ln dlretto contatto con I rlspettlvl responsablll cantonall delle question! fltosanl·

tarie, alla comune rlcerca dl soluzlonl al varl probleml. Le segnalazlonl e le osservazlonl co•

munlcate allo SFOI provengono, dl regela, pro•

prlo dal servlzl forestall cantonall.

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4 4 4 5

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8903 Blrmensdorf Telafon 01 • 739 2111 Telafax 01•7392215

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lRésumé

Chaque année, les pullulations d'insectes et les maladies fongiques en forêt sont largement in- fluencées par le temps qu'il fait au moment de la période de végétation. Celle de 1992 est mar- quée par de forts excédents thermiques et d'im- posants déficits pluviométriques enregistrés un peu partout dans notre pays. La moyenne suisse des températures des cinq dernières années (1988-1992) dépasse d'à peu près 1 degré les normes pluriannuelles de 1966 à 1990. Ces ex- trêmes climatiques auront probablement affai- bli le pouvoir défensif de nombreux arbres fo- restiers de tous âges.

En 1992, un demi million de mètres cubes de bois d'épicéa a été la proie de l'espèce de sco- lyte «typographe» (lps typographus) dans notre pa~s. Ce chiffre représente 20% de nos exploi- tations annuelles de résineux, ou plus de 10%

du volume de bois cycloné par VIVIANE en 1990. Les scolytes n'avaient jamais frappé aussi gravement durant ce siècle. D'après les en- quêtes effectuées par le Service phytosanitaire d'observation et d'information (SPOI) de l'Ins- titut fédéral _de recherches sur la forêt, la neige et le paysage, il est évident que les imposants dégâts causés par VIVIANE ont créé des condi- tions essentielles à ce développement. Comme il fallait s'y attendre, les pullulations de scolytes ont. été massives là où de nombreux épicéas avaient été renversés ou déséquilibrés par la tempête.

Au Sud des Alpes, les chenilles phytophages appartenant à l'es- pèce de papillon appelé le Bombyx disparate (Lymantria dis par) ont causé des dégâts spectaculaires sur une surface d'à peu près 15 km2. Sans comp- ter cette châtaigneraie de 4 km2 qui fut complètement défoliée.

Mais comme les arbres dénudés ont bourgeonné une nouvelle fois en été 1992, cette phyto- phagie n'a eu des conséquences fatales que pour un petit nom- bre d'entre eux. Voilà pourquoi aucune lutte n'est engagée en forêt contre le Bombyx dispa- rate.

Le SPOI a aussi analysé de plus près le phénomène de défoliati-

on qui a touché les mélèzes de tous âges. Ces arbres avaient perdu leurs aiguilles après avoir été infectés par un champignon défoliateur appelé Meria laricis. A cela s'ajoute l'apparition de champignons corticaux du genre Cytospora et Phomopsis qui se seraient développés sous l'effet de la sécheresse. En outre, certains mélèzes sont marqués par de nombreuses traces de piq0res imputables à des Chermès de l'épicéa des genres Adelges et Sacchiphantes.

En Haute-Engadine, une maladie des arolles ayant touché plusieurs centaines d'arbres a

~lacé la populatio~ face à de nombreuses ques- tions. Il a été possible de déterminer la cause de ce remarquable dépérissement des pousses. Il s'agit du champignon cortical Cenangiumferru- ginosum. Le SPOI pense que ces peuplements d'arolles devraient arriver à se rétablir.

Face aux problèmes engendrés par les cerfs chamois et chevreuils, largement représenté;

dans bien des forêts suisses, on ne possède que quelques amorces de solution. Nombreux sont les endroits où les rajeunissements de petites surfaces peuplées d'essences adaptées à leur milieu sont rendus très difficiles en l'absence de mesures de protection; en montagne, ils sont même parfois irréalisables. Afin de surmonter ces difficultés, il est essentiel d'inventorier la faune sauvage et de décrire les dégâts qu'elle cause sur la base de critères objectifs et le plus homogène possible.

Illustration 1: Feuilles de châtaignier dévorées par les chenilles du Bombyx disparate.

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2. Conditions météorologiques

Au début de l'année, la Suisse est restée sous une influence anticyclonique. Cette haute pres- sion, entrecoupée par quelques atteintes d'air froid, a tenu jusqu'à la première décade de mars. En haute altitude, les températures de janvier et surtout de février dépassent presque partout les normes pluriannuelles. Alors qu'en basse altitude, les températures indiquent des valeurs normales, les hautes régions des Alpes enregistrent en février des excédents ther- miques de 3 à 4,5 degrés. Janvier inscrit un fort déficit pluviométrique dans les Alpes et au Nord des Alpes. En février quelques pluies de barrage sont tombées sur le versant nord des Alpes où la moyenne était alors supérieure au~

normes pluriannuelles. L'inverse s'est produit au Sud des Alpes où la lame d'eau dépasse la moyenne en janvier et marque un déficit en fé- vrier.

Hormis sa première décade, mars enregistre de fréquentes influences dépressionnaires dans toute la Suisse. Les températures dépassent les normes partout. Les valeurs pluviométriques sont également supérieures aux normes, à l'ex- ception de quelques régions de Suisse romande.

Dans les Alpes, c'est à la fin du mois que la couche de neige est la plus haute depuis le dé- but de l'hiver (5,3 m le 31 mars au Santis).

Avril, marqué par de fortes alternances de haute et de basse pression, compte un léger ex- cédent thermique. Les nombreuses précipita- tions enregistrées dans les Alpes et sur leur ver- sant nord placent ces régions au-dessus des normes, alors que le reste du pays est dans la moyenne ou légèrement au-dessous.

Un réchauffement substantiel - et non des moindres - s'engage en mai. Vers le milieu du mois, les températures étaient presque aussi élevées qu'en plein été et le thermomètre a ef- fleuré les 30 degrés en basse altitude. La moyenne mensuelle dépasse les normes de 2 à 3 degrés dans tout le pays sauf au Tessin où l'ex- cédent est de 1,5 à 2 degrés. Les précipitations ne sont que peu abondantes et surtout appor- tées par les orages qui se sont produits vers ~a fin du mois. A l'exception de l'ouest du bassm lémanique, toute la Suisse accuse un fort déficit pluviométrique. A divers endroits, comme à Schaffhouse, Altdorf ou Engelberg, le mois de mai marque le record séculaire de sécheresse.

Cette pointe n'avait été dépassée qu'à Zurich en 1901 et à Coire en 1917.

La persistance du temps chaud et sec de mai a surtout offert aux typographes des conditions d'envol idéales, aussi bien en plaine qu'en mon- tagne.

Du début juin à la mi-juillet, le temps fut prin- cipalement déterminé par une activité dépres- sionnaire. La première quinzaine de ces deux mois est caractérisée par un temps froid. Tandis que l'ouest de la Suisse, le yalais, le Sud

?~s

Alpes et l'Engadine enregistrent un déficit thermal, les autres régions du nord des Alpes remontent leur moyenne, et la dépassent même, grâce à la chaleur des derniers jours _de juin.

Sous l'effet de pluies de barrage, la Suisse mé- ridionale a multiplié les quantités de précipita- tions qu'elle compte d'habitude en juin. Le nord-est de la Suisse dépasse aussi les normes pluviométriques à la suite des intenses précip~- tations du 24 juin. Quant au reste du pays, Il inscrit un déficit pluviométrique qualifié de lé- ger à fort (la vallée uranaise de la Reuss, les Alpes schwytzoises et glaronaises, Churfirsten et la vallée grisonne du Rhin sont de 40 à 60 pour cent au-dessous des normes).

Dès la mi-juillet, l'été s'installe et dure jusqu'à la fin août. Après la chaleur de la deuxième quinzaine de juillet, ce mois dépasse les moyennes de 1 à 2 degrés à l'ouest et de 2,5 de- grés à l'est du pays. Les excédents thermiques qui oscillent entre 4 et 5 degrés font d'aoOt le mois le plus chaud depuis le début des mesures en maints endroits, comme à Zurich dont les premières observations remontent à 1864. A Bâle où la chronologie climatique commence en 1755, le mois d'aoOt 1992 n'a été rivalisé qu'en 1807, et seulement à un cheveu près. La lame d'eau de ces deux mois est assez différente d'une région à l'autre à cause des orages locaux.

En juillet, les quantités de pluie dépassent la norme en Suisse occidentale tandis que le centre des Alpes est de 25 à 50 pour cent au- dessous du niveau. En aoOt, le centre et l'est des Alpes obtiennent des chiffres légèrement supé- rieurs à la moyenne et de forts excédents locaux s'inscrivent dans certaines régions après l'arri- vée d'abondantes pluies de barrage, vers la fin du mois. Le reste de la Suisse obtient 50 à 100 pour cent des quantités de pluie normales au mois d'aoOt.

La tempête du 21 juillet au soir a provoqué de nombreux dégâts dans les forêts des cantons de Lucerne, Argovie, Zoug et Zurich. Dans la région d'Arlesheim BL, la grêle et l'orage o~t gravement endommagé des cultures. Un m01s plus tard jour pour jour, le 21 aoOt, une tempête accompagnée de violents coups de vents et de

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fortes chutes de grêle a aussi fait des ravages en Suisse centrale.

Ces conditions météorologiques n'ont cessé d'être idéales au développement des popula- tions de typographes, déjà favorisés depuis la période d'envol en mai. De juin à la mi-juillet, époque où les larves se développent sous la protection de l'écorce, le temps était assez hu- mide sans être froid. Au moment de l'envol de la première génération, entre la fin juillet et le début aoOt, les insectes retrouvaient des condi- tions parfaites pour s'envoler, c'est-à-dire le temps chaud et sec d'un plein été.

Les dernières journées d'aoOt mettaient un point final à l'été balayé par une arrivée d'air froid qui devait même amener de la neige jus- qu'à 1200 mètres au début de septembre. Après cette offensive prématurée de l'hiver, le temps de septembre a été déterminé par une alter- nance de haute et de basse pression. Il fut en général trop chaud. Il en est résulté un net défi- cit pluviométrique (25 pour cent enregistré à l'extrémité nord du pays, dans le canton de Schaffhouse et dans le Rafzerfeld). Ce déficit est moins évident dans les Alpes par contre. Au Sud des Alpes, en Valais et dans la vallée infé- rieure du Rhône, le mois de septembre a été trop humide.

Résumons en quelques phrases l'évolution cli- matique observée durant la période de végéta- tion 1992 dans de vastes régions du pays: le mois de mai très chaud et sec a été suivi par un mois et demi bien ravitaillé en eau. On note ensuite une période identique, de la mi-juillet à la fin aoOt, durant laquelle la pluviosité est assez va- riable mais insuffisante dans de nombreuses régions (les orages locaux en sont la principale source et en aoOt, ils ne se produisent que vers la fin du mois). Septembre reste dans la moyenne; il est même trop sec dans maintes ré- gions du nord. En général, la période de végéta- tion 1992 a bénéficié d'un meilleur approvi- sionnement en eau que les trois périodes précé- dentes de 1989 à 1991. Cela n'empêche pas que la pluviosité est restée inférieure à la norme dans de nombreuses régions. En outre 1992 a été une année nettement trop chaude.

Du début octobre à la mi-décembre, on re- trouve une période excessivement longue de mauvais temps dicté par des zones de basse pression. Les températures d'octobre restent dans le domaine des normes pluriannuelles en basse altitude alors qu'elles sont inférieures en montagne. Novembre a été trop chaud en géné-

ral. Durant ces deux mois, la plus grande partie du pays obtient des valeurs pluviométriques largement supérieures à la moyenne. Seuls le centre et le sud du Tessin ont eu un mois de no- vembre trop sec.

Les longues périodes de mauvais temps ont duré jusqu'à la mi-décembre. Ce mois s'est achevé sous l'influence d'une zone de haute pression accompagnée de beaucoup de soleil en montagne.

(Source: ISM 1992)

3. Bilan de l'année

3.1

Gibier

Désireux d'apporter sa contribution dans le domaine ~forêt/gibieri., le SPOI cherche à éta- blir une analyse globale qui dépasserait l'unique cadre de la protection des forêts. Il va de soi que face au gibier ongulé qui entrave le rajeu- nissement des forêts peuplées d'essences adap- tées à leur milieu, on ne saurait se borner à de simples mesures de protection. Qu'il s'agisse de protection sylvicole ou cynégétique, de balisage de sentiers touristiques ou d'exploitation agri- cole, chacune de ces mesures revêt une égale importance. Mais la recherche d'une solution passe aussi par la mise au point de méthodes de recensement du gibier et par l'établissement de plans de prévention contre les dégâts qu'il cause. Le SPOI se donne comme première tâche de valoriser et de transmettre les connais- sances déjà acquises dans ce domaine.

Ce chapitre relate quelques événements et faits marquants de l'année 1992. Retenons dans les grandes lignes les quatre points suivants: l'en- trée en vigueur de la nouvelle législation fores- tière qui s'étoffe de nouvelles prescriptions sur le gibier; les données concernant les popula- tions de gibier ongulé; les estimations et inven- taires des dégâts dus à la faune sauvage; et quelques exemples des mesures prises en vue de surmonter le conflit forêt/gibier.

3.Ll Conséquences de la nouvelle législation forestière

La nouvelle ordonnance sur les forêts a été adoptée à l'échelon fédéral le 30 novembre 1992. Cette législation offre de nouvelles possi- bilités de quantifier les dégâts du gibier et de prendre les mesures qui s'imposent. Les relevés de ces dégâts seront désormais intégrés à la

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planification forestière et un plan global de pré- vention prévoira les diverses mesures qu'il est possible de prendre.

Relevés des dé&4ts du eibier dans le cadre du proeramme d'inventaires forestiers

La nouvelle ordonnance sur les forêts prévoit l'établissement d'un plan de prévention des dé- gâts causés par le gibier et la réalisation d'un contrôle de l'efficacité des mesures prises. Ces démarches font partie intégrante de la planifi- cation forestière (art. 31 OFo). La Confédé- ration apporte son aide financière lors de l'éla- boration des bases nécessaires à l'aménagement forestier (art. 46 OFo). Avant cette loi, le co0t des inventaires de dégâts du gibier était à la charge des cantons, comme ce fut le cas notam- ment en Thurgovie.

Depuis plusieurs années déjà, le canton de Thurgovie fait le bilan des dégâts d'abroutisse- ment en même temps qu'il calcule le matériel sur pied de ses forêts. Année après année, il examine deux ou trois de ses 54 triages fores- tiers. Après analyse des résultats de chaque sec- teur de chasse (triage), il soumet à un recense- ment annuel les triages ou secteurs particuliè- rement lésés par l'abroutissement (Rieder 1993). Cette expérience thurgovienne sera cer- tainement profitable à d'autres cantons.

Le canton des Grisons a établi un nouveau plan similaire (voir sous «Inventaire par échantillon- nage»).

Chevreuil Capreolus capreolus

Chamois Rupicapra rupicapra

Cerf élaphe Cervus elaphus

Bouquetin Capra ibex

Les 15.000 bouquetins peuplant nos forêts pla- cent la Suisse largement en tête des pays qui nous entourent (Italie: 7000, Autriche: 3000, Allemagne: 150) (Hofmann 1991).

La statistique de la chasse se fonde sur des comptages effectués, sous diverses formes, par les Services de la chasse de tous les cantons.

L'analyse des battues de comptage du canton de Vaud mérite d'être évoquée. Publié en dé- cembre 1992 par la Conservation de la faune (Service des forêts et de la faune du canton de

Dans le canton de St-Gall, l'intervention de la société forestière cantonale visant à élaborer une carte des dégâts du gibier n'a pu être concrétisée, faute d'argent (Dietschi 1993).

Le canton du Tessin ne manquera pas de saisir les nouvelles possibilités offertes afin de déter- miner avant tout l'ampleur des dégâts subis dans la partie gauche de la vallée de la Léventine. Cette région est un repaire hivernal très fréquenté par les cerfs élaphes (Moretti 1993).

Résoudre les problèmes eneendrés par le &ibier sur la base d'une approche interdisciplinaire

En concevant des solutions telles que les préco- nise l'ordonnance sur les forêts et en établissant des bases permettant le subventionnement de projets sylvicoles, on devrait aboutir à une ges- tion plus flexible de la chasse, tout en concen- trant les actions sur les régions lésées par les méfaits du gibier. Divers projets ont déjà suivi cette ligne (Honegg BE; Triage de l'ouest de Grab SG; Bristen UR; comparer avec

~exemples de mesures intégrées»).

3.L2 Populations de gibier ongulé, comptage du gibier

D'après la statistique fédérale de la chasse, les populations de gibier les plus nuisibles pour la forêt appartiennent à quatre espèces; elles comptent le nombre de têtes suivant:

1991 1990

120.000 115.000

97.500 94.500

21.500 21.000

15.000 14.500

Vaud 1992), ce rapport contient les résultats des dénombrements de chevreuils effectués sur une période de 12 ans. Entre 1980 et 1991, les ar- rondissements forestiers 4 à 17 ont établi un re- censement par échantillonnage en réalisant des battues de comptage dans des secteurs de forêt de 30 à 85 ha. La dernière surface traquée en 1991 s'étend sur 548 ha, ce qui correspond à 0,6% de l'aire boisée du canton. On y a compté de 0 à 63,8 chevreuils (faons inclus) par 100 ha.

Les moyennes des quatre dernières années sont les suivantes:

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Année

Chevreuils / 100 ha

1988 13,1

Les battues de comptage constituent la seule méthode autorisant un recensement relative- ment fiable. D'après les auteurs d'une re- cherche réalisée en France sur les méthodes de recensement des populations de chevreuils (CEMAGREF), les battues aboutissent à une sous-estimation des densités de 10 à 30%. L'un des points faibles de cette méthode réside dans l'imposante somme de travail qu'elle requiert.

Une battue nécessite la participation de 50 à 100 personnes. Une lignée de rabatteurs, dis- tants de 10 à 20 m les uns des autres, avance dans l'enceinte en y inscrivant ses observations conformément à des règles définies. Ce rapport de comptage dresse le bilan de toutes les bat- tues réalisées dans le canton depuis 12 ans et il décrit l'évolution générale du cheptel vaudois depuis 1972.

L'analyse des résultats met en lumière la suc- cession de diverses phases: une relative stabilité des effectifs jusqu'en 1972; une augmentation spectaculaire de 1972 à 1979; une diminution jusqu'en 1985; et une stabilisation à un niveau moyen depuis lors. Durant les années 1972 à 1975, le canton de Vaud a vécu une importante campagne anti-chasse (votation sur l'abolition du droit de chasser). La diminution des tirs du- rant cette période aura probablement contribué à une telle augmentation. Le canton de Vaud a également dressé l'inventaire des dégâts du gi- bier jusqu'en 1988. Mais après l'apaisement de la crise 4<forêt-gibieri., ce recensement n'a pas été renouvelé (Gétaz 1993).

3.1.3 Quantification des dégâts causés par le gibier

Analyse des observations et des résultats

En juin, le groupe suisse des soins aux forêts de montagne a rédigé un document énonçant les principes visant à lutter contre les atteintes por- tées par le gibier aux forêts de montagne dans notre pays. Ce groupe de spécialistes réunit des conservateurs de forêts de montagne et des in- génieurs forestiers issus des écoles de gardes f o- restiers, de l'EPF, du FNP et de la Direction fé- dérale des forêts. Selon leurs constatations, nombreuses sont les forêts de montagne où l'abroutissement entrave le rajeunissement na- turel d'essences adaptées à la station. Le cha-

1989 11,3

1990 13,3,

1991

10,0

mois et le bouquetin ont tendance à redoubler d'agressivité. Ces difficultés sont à mettre au compte de l'augmentation des populations fau- niques et de leur refoulement au-delà de la li- mite des forêts. L'intensification des activités touristiques, et les formes nouvelles qu'elles comportent (p .ex. vol de parapente), évincent les animaux qui se réfugient dans les wnes fo- restières. A cela s'ajoute une influence qui mé- rite d'être étudiée de plus près, celle de l'éle- vage ovin (subventionné) pratiqué en haute montagne dans les régions difficilement acces- sibles (Groupe suisse de soins aux forêts de montagne 1992).

Au printemps 1992, le canton d'Argovie a réa- lisé la dixième étude d'une série qui se répète tous les deux ans depuis 1974. Cette analyse des dégâts du gibier est confiée aux gardes forestiers de triages. Il est envisagé de remanier cette mé- thode à l'occasion du renouvellement du bail de ces triages de chasse prévu pour 1994. Les don- nées recueillies à propos des dégâts n'étant is- sues que d'une estimation, la nécessité d'agir de manière conséquente a été trop peu prise en considération (Schatzmann 1992).

Inventaires par échantilloana&e

Les dégâts causés en Suisse par le gibier seront systématiquement recensés sur l'ensemble du territoire dans le cadre de l'inventaire forestier national. Il fut décidé en 1992 de dresser un deuxième inventaire entre 1993 et 1995.

(premier inventaire 1982-1986). Cette opération nous renseignera pour la première fois sur l'évolution de la situation à l'échelle nationale.

Lors de son inventaire forestier, le canton des Grisons a relevé les dégâts causés par le gibier en 1991 et 1992 en utilisant pour la première fois une méthode remaniée. Il s'est penché sur 71 séries (forêts ou division d'une forêt) d'une surface de 50 à 200 ha. A l'heure actuelle, les travaux de dépouillement sont encore en cours.

Le deuxième inventaire prendra aussi en consi- dération certains critères qui n'étaient pas rele- vés dans la série précédente (1981-1990): diffé- rentiation des essences, datation des cas d'abroutissement (des deux années précédant la morsure) et estimation de la qualité du biotope

C

C

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qui sera jugée en fonction du degré de couvert des arbres d'une hauteur allant de 40 à 130 cm.

L'aire forestière du canton sera inventoriée se- lon un système de rotation s'échelonnant sur 20 ans. Toutefois, les relevés d'abroutissement devront se faire plus fréquemment dans des zones de contrôle afin de mieux pouvoir suivre l'évolution de la situation (Bühler 1992).

Dans le cadre des recherches sur les dégâts cau- sés par le gibier dans les forêts avoisinant le Parc national suisse (UWIWA), les cas d'abrou- tissement avaient déjà été recensés sur 1'300 placettes de 50 m2 en 1992. Un volet du projet se réalise dans le Val Trupchun, à l'intérieur du Parc national. Bien que les populations de cerfs élaphes et de bouquetins soient très denses dans cette région, les taux d'abroutissement sont bas.

Il faut dire que la majorité des cerfs élaphes passent l'été au-dessus de la limite des forêts et que la plupart d'entre eux se dirigent vers d'autres régions au moment de l'hiver. Les dé- gâts d'estocade causés par le bouquetin sem- blent être plus importants que les méfaits de l'abroutissement (Stadler 1992). Le bureau d'ingénieur Stadler et Abderhalden à Zernez va publier cette année un rapport présentant une analyse et une interprétation fouillée des don- nées récoltées à ce propos.

Surfaces-témoins

La Commission Forêt/Gibier du canton de Berne a publié en mars 1993 un rapport final intitulé «Observation des dégâts des chevreuils - Canton de Berne 1982 -1992» (Commission Forêt/Gibier du canton de Berne 1993). Ce do- cument fait l'analyse des données recueillies sur 161 paires de surfaces témoins (une clôturée, l'autre non clôturée) réparties sur tout le can- ton. La plupart de ces placettes avaient été ins- tallées au printemps 1983; quelques-unes au printemps 1982 déjà. Les auteurs soulignent que ces recherches ne constituent pas une cartogra- phie des dégâts du chevreuil car les placettes n'ont été installées ni de manière systématique ni dans le but de couvrir toute la surface du canton. Il s'agit bien davantage de constater les causes des difficultés de rajeunissement et d'élucider l'influence exercée par le chevreuil.

Finalement cette étude s'est révélée être beau- coup plus diversifiée. Entre l'analyse des entraves au rajeunissement et l'étude des influences, nombre de facteurs sont venus se greffer, comme l'appauvrissement du mélange, les inhibitions de croissance, les pertes de qua- lité ou l'effet des ronces qui peut même devenir favorable si elles ne sont pas trop denses. Voilà

pourquoi il serait inadéquat d'interpréter les valeurs moyennes de cette étude ou d'en tirer des conclusions. Cela ne diminue en rien l'im- portance de chaque résultat qui fournira de précieuses. bases d'action dans les parties de fo- rêts touchées par ce problème. Il ne faut pas sous-estimer non plus la valeur de ce travail qui fut source de discussions fructueuses entre ser- vices forestiers, propriétaires, chasseurs et gardes-chasse. Il a ainsi favorisé, et il favorisera encore, la compréhension de tous les aspects de ce problème.

Chaque placette destinée à décrire la station possédait une «essence à recenser» sur laquelle portaient les observations. Le sapin fut repré- senté dans 82% des cas, le reste étant divisé entre les épicéas, hêtres, érables sycomores et mélèzes. D'après les chiffres extrapolés pour une surface d'un hectare, un rajeunissement na- turel évoluant sur une placette clôturée possé- dait encore une moyenne de 4'572 arbres de chaque essence après 10 ans alors que celui de placettes non clôturées n'en avait que 2'948. Au départ, 123 paires de placettes avaient été gar- nies de 8 plantes de l'essence à recenser. Les placettes non clôturées enregistrent trois fois plus de perte que les autres (56% contre 17%).

La croissance moyenne en hauteur des plantes restantes était cinq fois plus grande à l'intérieur de l'enclos qu'à l'extérieur (1 m par rapport à 20cm).

Autres résultats notables:

Les taux d'abroutissement sont nette- ment plus élevés sur les petites par- celles de forêts isolées ( <25 ha) que dans les grands complexes contigus.

L'impact de l'abroutissement est plus fort dans la forêt jardinée (20% des enclos) que dans les autres futaies.

Cela s'explique par le fait que les jeunes arbres y sont moins nombreux et que leur croissance est plus lente.

Il n'a pas été possible de constater une influence de l'activité du chevreuil sur la disparition de plantules de sapin blanc. Relevons que les 35 paires de placettes soumises à,cette observation ont vu disparaître une grande partie de leurs plantules. Mais ce phénomène est imputable à d'autres raisons indéter- minées et il s'est produit aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur des enclos!

(9)

Illustration. 2: Enclos-témoins installés sur un terrain pourvu d'ouvrages paravalanches (Zügwald, commune de Bristen, UR)

Le choix des sites d'observation n'a pas tou- jours été très favorable. Les deux placettes comparatives présentaient parfois des condi- tions trop différentes ou il manquait certains éléments sylvicoles (lumière) indispensables au rajeunissement. Cette interprétation des don- nées, faite après dix ans, est parfois prématurée car le rajeunissement de la strate arbustive naine (airelle ou myrtille) n'a pas toujours at- teint son plein développement ou l'année de semence a été tardive ou n'est pas encore arri- vée.

Dans le cadre du concept des enclos-témoins dans les Grisons, 48 placettes ont été clôturées en 1992 et 26 d'entre elles appartiennent au projet UWIWA. (Preiswerk 1992, Stadler 1992).

Les placettes d'essai seront aussi destinées aux activités de démonstration ou d'éducation ainsi qu'à la sensibilisation des propriétaires de fo- rêts, services forestiers et chasseurs. Elle doi- vent montrer si, et dans quelle mesure, le gibier ongulé est responsable des entraves au rajeunis- sement observé dans certains stations affectées à cette analyse. Il sera encore nécessaire d'amé- liorer les connaissances permettant d'estimer quelles stations forestières sont aptes à être ra- jeunies.

On estime à une centaine le nombre d'enclos- témoins installés sur le territoire suisse. En plus

des enclos des Grisons, on compte ceux liés au projet de reboisement des surfaces cyclonées, projet réalisé entre autres par le FNP et les can- tons de Nidwald et d'Uri (ill. 2).

3.1.4 Exemples de mesures intégnes visant à ft·

soudre le problème des dégits causés par le gibier

En étudiant le gibier et son biotope, divers projets tentent d'harmoniser les mesures prises en matière de forêt, chasse ou aménagement du territoire avec les besoins spécifiques de la bio- cénose forêt/ gibier.

- Projet Bouquetin Albris-SNP: La colonie de bouquetins vivant sur le Piz Albris (Parc natio- nal suisse) se compose de 1700 têtes. Dans le passé, les dégâts causés aux forêts des alentours prenaient des proportions toujours plus grandes (ill. 3). Résoudre ce problème ne va pas sans connaître l'importance du cheptel, sa réparti- tion, ses itinéraires, ou des paramètres propres à sa population, ainsi que le genre de dégâts qu'il cause et les régions qu'il endommage. Ce projet doit encore étudier des propositions concernant la régulation des populations de bouquetins et la prévention des dégâts du gibier (Blankenhom 1992). A la mi-septembre 1992, 15 bouquetins étaient déjà marqués (ch-wild- info 1992).

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(10)

Illustration 3: Le bouquetin est responsable de ces dégâts d'estocade causés à un arolle.

- Projet Cerf Sika du canton de Schaffhouse:

En 1992, ce projet avait déjà analysé 270 pla- cette forestières de 50 plantes chacune, ce qui signifie 1700 ha de forêts. La qualité du biotope fut également analysée. En complément de ces relevés, le cerf Sika est soumis à une observa- tion au cours de laquelle 10 de ces cervidés ont pu être marqués (Schmid 1993).

- Projet Forêt/ Gibier Honegg: Ce projet d'as- sainissement du Plateau bernois, planifié sur 10 ans (1900-2000), est axé sur les problèmes du gibier et sur tout un paquet de mesures qui les entourent. L'autorisation de chasser le chamois fut accordée en 1992 à titre exceptionnel. Mais face à la sévérité des prescriptions en la matière (poids maximal pour les chamois de l'année, protection des jeunes chamois et des mères les accompagnant), il n'est guère possible d'aboutir à une réduction efficace de cette population (Etter 1992).

- Projet de chasse au cerf dans les Grisons: En 1991, les Grisons ont recensé 12'200 cerf élaphes dans leur canton, soit 57% du total suisse. Durant la saison de chasse 1992, ce nombre a pu être réduit à 10'000 têtes {Bieler 1992), un chiffre qui correspond à l'estimation de la population constituante faite au printemps avant la mise bas. Grâce à cette intervention, le projet de chasse au cerf des Grisons atteignait son double objectif fixé en 1986, celui de dimi- nuer les dégâts causés par le gibier et d'assurer le rajeunissement naturel de la forêt (Commission Cerf 1992/ Grisons).

- Autorisation spéciale de tir à Bristen UR: Ce cas est un exemple de tir imposé par un projet de sylviculture subventionné par la Direction fédérale des forêts. D'après l'art. 12 de la loi sur la chasse, ~tes cantons peuvent ordonner ou autoriser en tout temps des mesures contre cer- tains animaux protégés ou pouvant être chassés, lorsqu'ils causent des dégâts importants~. C'est ainsi que le gouvernement uranais a ordonné de tirer 15 chamois dans les forêts de protection du Maderanertal endommagées par la faune sau- vage. Les chasseurs établis dans la région ont réalisé cette intervention sous la direction du surveillant de la faune, en novembre et dé- cembre 1992 (Imhoff 1993).

3.2 Petits mammifères

Comme en 1991, les sérieux dégâts causés par ces petits mammifères n'ont été que locaux. Le campagnol agreste (Microtus agrestis) s'est de nouveau attaqué à de jeunes arbres, des frênes surtout, situés dans des plantations de feuillus des cantons de Fribourg, Bâle-Campagne, Zurich, Thurgovie, St-Gall et des Grisons. Il est étonnant de constater avec quelle ténacité les populations de rongeurs continuent de se concentrer dans les mêmes régions, à savoir les environs de Winterthour et le canton de Thurgovie. Les dommages qu'ils y causent de- puis plusieurs années sont d'une ampleur mani- feste. Il en est de même dans la vallée du Misox (GR), où l'écureuil (Sciurus vulgaris) semble avoir établi sa citadelle. Année après année, il écorce le pourtour des petites tiges de mélèze ou il grignote les bourgeons d'épicéas. Dans le reste de la Suisse, l'écureuil n'a causé que des dommages isolés, comme dans les cantons du Jura, de Soleure, du Valais ou de Zurich qui nous annoncent des cas d'écorçage perpétrés le plus souvent sur des feuillus de l'âge des per- chis.

(11)

3.3 Insectes Typographe

Comme il fallait le craindre, le typographe (lps typographus) a redoublé d'agressivité dans les régions cyclonées des Alpes et des Préalpes. Ses attaques furent fatales à nombre d'épicéas sur pied, principalement ceux peuplant les nou- velles lisières de forêts instables. Par contre les chablis laissés au sol depuis février 1990 n'ont pratiquement plus été touchés. Il faut dire que les troncs des épicéas renversés, mais encore en contact racinaire avec le sol, se sont assez des- séchés depuis lors pour perdre toute leur attrac- tivité.

Dans diverses régions, le typographe a passé au stade de ravageur primaire. C'est ainsi que des foyers de typographes ont été découverts sur des épicéas, bien en cilne et exempts de toute marque apparente de faiblesse, ou dans des peuplements mixtes soumis à des soins régu- liers. Face à la pression exercée par l'émergence massive des scolytes, les arbres ont perdu de leur résistance, même ceux en bonne santé.

Comme évoqué au chapitre des conditions mé- téorologiques, les périodes de chaleur estivale en 1992 ont exactement concordé avec l'époque de l'envol des deux générations de scolytes qui ont continué ainsi à être favorisés dans leur ac- tion destructrice. Si en 1991, les typographes n'avaient réussi à former deux générations en- tières que dans les régions inférieures à 1000 m, cette lilnite a dépassé les 1500 m en 1992. En aoQt, la majorité des insectes de la deuxième génération se sont envolés afin de se réfugier pendant l'hiver dans la litière au sol ou sous l'écorce d'épicéas affaiblis.

Le typographe s'est montré particulièrement dévastateur dans les forêts d'épicéas les plus ra- vagées par les tempêtes de 1990. Il est évident qu'une relation existe entre les chablis infestés et la présence des scolytes. Ce fait pourrait être confirmé par nombre d'entreprises forestières de montagne qui se sont vues confrontées à d'énormes tâches supplémentaires. Ce fut no- tamment le cas dans les cantons de Glaris, de St-Gall ou d'Appenzell, tout comme en Suisse centrale ou dans les Oberland bernois et gri- sons. Mais l'intensité des dégâts a aussi aug- menté presque partout ailleurs en Suisse, sauf dans les cantons de Neuchâtel et de Soleure.

Genève et Bâle-Ville n'entrent pas en considé- ration à cause de la faible quantité d'épicéas peuplant ces cantons.

Dans les régions les plus largement dévastées par les tempêtes de février 1990, l'évacuation rapide et ordonnée des chablis n'a guère in-

fluencé l'intensité des attaques ultérieures de scolytes. Même si le nettoyage s'est effectué le plus rapidement possible, il est resté une quan- tité largement suffisante d'épicéas attractifs, tant ceux au sol que les autres sur pied. Par contre les pullulations furent beaucoup moins intenses dans les environs des petits et moyens foyers nettoyés que dans les parages des foyers non désinfectés ou tardivement assainis. ,

Chablis

Le volume de bois qu'il a fallu exploiter en 1992 à cause du typographe est le plus élevé du siècle. Les chiffres du semestre d'été dépas- saient déjà les 320'00 m3. Le volume de chablis exploités tout au cours de l'année se monte à 500'000 •3, soit 20% du volume des résineux normalement exploités chaque année ou 10%

des chablis dus à l'ouragan Viviane. Ainsi donc, le typographe est l'insecte forestier le plus si- gnificatif de Suisse. Les illustrations 6 et 7 pré- sentent un tableau illustrant la répartition de ces chablis et leur évolution dans le temps.

En 1948 et 1984, les «deux années à scolytes»

les plus frappantes du siècle, les chablis avaient atteint un volume de 300'000 à 350'000 m3. Il faut remonter jusqu'à 1800-1810 pour trouver une situation comparable à celle de 1992. Mais faute de chiffres plus précis, il est difficile d'éta- blir une comparaison avec cette période.

Comme le montre l'illustration 5, le volume des chablis d'été 1992 de Glaris et de Schwytz, les deux cantons les plus touchés, dépasse la cote d'un mètre cube par hectare de surface fores- tière globale.

En 1993, les régions cyclonées pourraient bien encore subir d'intenses exploitations forcées par les méfaits du typographe. Si la prochaine pé- riode de végétation n'est pas aussi chaude et sèche que les précédentes, il y a tout lieu d'es- pérer que la situation se stabilisera lentement dès 1994 car les nouvelles lisières de peuple- ments seront de plus en plus stables.

Nouveaux fayers obseryés en 1992

A la mesure du volume des chablis, le nombre de nouveaux foyers observés en 1992 est monté en flèche. Alors qu'en 1990, on ne comptait que 538 foyers comportant plus de 10 arbres scoly- tés, il y en avait déjà 2'135 en 1991 et même 5'955 en 1992, un chiffre qui a décuplé en deux ans!

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(12)

Dlustration 4 : Pullulation de typographes dans une lisière de peuplement avoisinant une sur- face cyclonée.

Tout comme en 1991, il faut partir de l'idée que les épicéas attaqués par la deuxième génération n'ont pas pu être tous découverts avant la fin de l'automne 1992. Car nombre d'arbres infestés pendant la deuxième moitié de la période de végétation ne se décolorent et perdent leurs ai- guilles que l'hiver ou le printemps suivant.

Nombre de captures

Pour la première fois depuis 1985, on a aug- menté le nombre de pièges destinés à attirer les scolytes. C'est ainsi que 137 millions de typo- graphes sont tombés dans les 15'300 pièges ins- tallés en 1992, un chiffre encore jamais atteint depuis le début de nos enquêtes en 1984. Ce ré- sultat porte à 9'000 le nombre de captures par piège, soit près de la moitié de plus qu'en 1991, année de l'ancien record (6'200 scolytes). Même si les triages forestiers sont de plus en plus nombreux à opter pour le piège en étoile, on ne saurait justifier une telle augmentation par le simple fait que la forme de certains pièges a changé.

Dans les régions cyclonées sur une vaste sur- face, le nombre de captures atteignait souvent plusieurs dizaines de milliers d'insectes par piège. Il faut reconnaître que face à une telle pullulation, cette méthode de capture n'a pu être pleinement efficace car les pièges ont été fortement concurrencés par la quantité encore élevée d'épicéas affaiblis. Il fut souvent impos- sible d'éviter que ces arbres ne soient attaqués.

Les observations ont montré que les pièges riches en captures lors de très fortes pullula- tions risquent même de provoquer une attaque aux arbres sur pied avoisinants. Voilà pourquoi la distance de 10-15 mètres séparant les pièges des arbres sur pied devrait passer à 25-30 mètres dans les régions gravement frappées par le typographe.

Dans les petits et moyens foyers assainis, les pièges continuent à réduire le risque d'attaque aux arbres sur pied. Il deviendront également plus efficaces dans les régions cyclonées lorsque les épicéas gravement atteints seront soit réta- blis, soit exploités ou complètement desséchés.

Illustration 5: Chablis dus au typographe exploités durant le semestre d'été 1992 dans les 14 cantons les plus touchés. Ce schéma indique les volumes en rn3 par hectare de surface forestière globale.

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1 0.8 0.6 0.4 0.2

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Bois scolyté/ha

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(13)

Ill. 6: Nombre de nouveaux foyers de bostryches apparus par triage en 1992 (royen comportant plus de 10 arbres) Triages sans nouveaux foyers de bostryches en 1992 (foyers comportant plus de lOarbres)

1992 Nombre de foyers de bostryches:

*

1-5

*

16-20 6-10

*

21-25 11 -15

*

> 25 1992 Triage forestier sans foyers de bostryches

0

Chablis dus au typographe dans les triages forestiers, avril à septembre 1992 Triages sans chablis bostrychés, avril à septembre 1992

n

1992 1-500

*

1501 -2000 * 501 -1000

*

2001

-2500

*

1001-1500

*

> 2500 Triage forestier sans chablis bostrich~

1992

(14)

mustratioo 7:

Enquête «typographe 1992»

Résultat des enquêtes 1984 -1992:

Volume de chablis (en m3)

500000

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1 1

1

400000 1 1 1

1 1 1 1

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1 1 1

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200000

100000

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Nombre de pièges posés 25000

20000 -

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5000

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Toute la Suisse

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Nombre total de bostryches capturés 150000000

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Nombre de nouveaux foyers de bostryches

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Nombre de bostryches capturés par piège 9000 -

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(15)

Autres insectes forestiers observés dans les ré- gions cyclonées

Dans certaines régions cyclonées, les longi- cornes ont continué à se propager, la callidie de l'épicéa (Tetropium castaneum) en tête. A di- vers endroits, ces ravageurs secondaires se sont aussi attaqués aux arbres affaiblis sur pied, un phénomène qui n'avait été que local les autres années. Quant aux sirex (Sirex sp.), ils sont aussi nombreux que l'année passée.

Les autres insectes ravageurs connus pour re- doubler d'activité dans les régions cyclonées ne se sont pas manifestés avec autant d'agressivité qu'on le craignait. Nous pensons notamment à lps amitinus et au chalcographe Pityogenes chalcographus. Ces deux espèces de scolytes ont bien causé des dégâts locaux mais l'ampleur de leurs ravages fut inférieure à ce qu'on présu- mait.

Dlustration 8: Callidie de l'épicéa (Tetropium castaneum).

...

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Illustration 9: Attaque du longicorne à un épi- céa de montagne.

Un climat tempéré est favorable aux insectes forestiers

Le climat excessivement chaud et sec qui s'est répété durant les périodes de végétation de 1988 à 1992 a aussi favorisé d'autres insectes fo- restiers. Citons entre autres l'hylésine géant (Dendroctonus micans) et le grand scolyte du mélèœ (lps cembrae) dont les méfaits sont net- tement plus amples. lps cembrae est respon- sable de la perte de plusieurs hectares de per- chis de mélèzes en Valais. Il y a longtemps qu'une attaque aussi large et soudaine ne s'était pas produite en Suisse à l'extérieur des zones

A 1t' sinistrées par les tempêtes.

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(16)

Dlustration 10: Système de galerie de l'hylésine géant.

Dans les peuplements mixtes de feuillus du Sud des Alpes, les défoliations causées par la che- nille du bombyx disparate (Lymantria dispar) ont atteint une ampleur qui ne s'était jamais vue depuis plusieurs décennies. Cette chenille a complètement défolié plusieurs kilomètres car- rés de foret entre Bellinzone et Locarno. Elle a sévi jusqu'à une altitude de 800 mètres. Les châtaigniers en furent ses premières victimes.

Tous ces arbres dénudés ont réussi à bourgeon- ner une nouvelle fois en aoQt.

Dlustration 11: La femelle du bombyx disparate en train de pondre.

Une sauterelle de montagne (Miramellaformo- santa) a également causé la défoliation com- plète d'arbres peuplant les coteaux longeant le sud du lac de Lugano. A notre connaissance, c'est la première fois qu'un tel genre de cala- mité, aux accents bibliques, se produit dans notre pays.

Les autres insectes forestiers qui nous avaient déjà préoccupés ces dernières années, comme les bylésines du pin (Tomicus sp.), les scolytes

du sapin pectiné (Pityokteines sp.) ou le processionnaire du pin ( Th a u m e t o p o e a pityocampa), sont restés tout autant actifs en 1992 surtout dans les endroits chauds et secs.

Illustration 12: La sauterelle Miramella formosanta.

(17)

3.4 Champignons

.

~

Illustration 13: Chute d'aiguilles imputable à Méria. Photographie d'une aiguille de mélèze agrandie au microscope électronique à ba- layage. Une multitude de spores du champi- gnon défoliateur Meria larcicis pointent sur ces rangées de stomates (Photo Labo REM, FNP).

Le méria défoliateur du mélè1.e

En juin déjà, les aiguilles de certains mélèzes s'étaient fortement décolorées et avaient fini par tomber. Ce phénomène touchant surtout des mélèzes de l'âge des perchis a pu être ob- servé dans l'ensemble du Plateau suisse ainsi que dans les Grisons et en Suisse occidentale.

On a pu prouver presque chaque fois que le champignon défoliateur Meria laricis en était responsable. Dans un des cas, le champignon défoliateur Mycosphaerella laricina y avait aussi contribué. Ce dépouillement des mélèzes a été souvent accentué par l'attaque plus ou moins forte du Chermès de l'épicéa et par un dessè- chement des pousses auxiblastaires. L'année passée déjà, ces pousses allongées avaient subi un dépérissement semblable, mais nettement moins considérable. Les analyses avaient alors permis d'identifier des champignons apparte- nant aux genres Cytospora et Phomopsis qui s'était développés entre la base des rameaux, encore intacte, et sa pointe, déjà dépérissante. Il est probable que la sécheresse ou le gel a faci- lité la transmission de l'infection provoquée par ces sortes de champignons connus pour être des parasites s'attaquant plutôt à des arbres affai- blis. Il n'est pas exclu que ces endommagements d'aiguilles aient une issue fatale pour certains jeunes mélèzes qui n'ont pas encore dépassé le stade de fourré. Mais la majorité des sujets lésés

ont de bonnes chances de surmonter sans grandes difficultés cette chute d'aiguilles, de ca- ractère rare, et il y a tout lieu d'espérer qu'ils bourgeonneront normalement en 1993.

Bnmissement des aiguilles observés dans des fourrés d'épiœas

Les fourrés d'épicéas semblent être de plus en plus endommagés par les champignons défolia- teurs Rhizosphaera kalkhoffii et Lophoder- mium piceae. Après les nombreux cas constatés ces dernières années au nord-est de la Suisse, ce phénomène s'est étendu au Plateau et au Jura . en 1992. Mais cette année, il est fréquent que les aiguilles de la dernière génération présentent déjà des taches brun foncé d'un diamètre allant jusqu'à 2 mm. Nous y avons identifié le plus souvent le champignon Lopho- dermium piceae et parfois Rhizosphaera kalkhoffii. Il est possible que des pucerons cor- ticaux endommagent certaines cellules de jeunes aiguilles qu'ils piquent au travers des stomates. Dans ce cas, il serait alors concevable que les champignons en question provoquent une infection. Cette maladie n'a heureusement causé aucune perte notable dans les fourrés d'épicéas.

Dépérissement des pousses de l'arolle dû à Cenangium

Au mois de juillet, la Haute Engadine nous an- nonçait un imposant rougissement et un éton- nant dépérissement de groupes d'arolles (Pùius cembra), tous stades de développement confondus. A la suite d'un dépérissement des pousses, les aiguilles d'arbres entiers, de cou- ronnes ou parties de couronnes ont pris une couleur rouge. Parmi les centaines d'arolles touchés par ce dépérissement, plusieurs dou- zaines en ont subi un sort fatal. En collabora- tion avec la Chaire de protection des forêts et de dendrologie de l'EPF à Zurich, nous avons pu découvrir que le champignon Cenangium ferrugùioswn était à l'origine de cette maladie.

Il y a quelques années, l'Autriche avait aussi évoqué la présence de ce champignon dans le contexte d'un dépérissement de peuplements de pins noirs et de pins sylvestres ( Pinus nigra, P.

sylvestris), mais dans ce cas, il fut supposé que la sécheresse avait été un important facteur prédisposant. En ce qui concerne le dépérisse- ment d'arolles en Haute Engadine, nous pen- sons que le manque répété de précipitations qui a marqué les étés de 1989 à 1991 pourrait avoir diminué la résistance des arolles, ce qui aura fa- vorisé l'emprise de Cenangium. Si l'approvi-

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sionnement en eau redevient normal ces pro- chaines années et que ce dépérissement des pousses n'évolue pas en une pullulation massive de scolytes, il y a tout lieu d'espérer que ces peuplements arriveront à prendre le dessus.

mustration 14: Les fructifications de Cenangiwn ferruginosum apparaissent le plus souvent sur les verticilles des tiges d'arolle.

Dépérissement des pousses du pin dû à Diplodia

Les pins n'ont pas échappé non plus aux effets du climat sec de ces dernières années et il semble bien que l'action renforcée de Diplodia pinea (syn.: Sphaeropsis sapinea) en soit le re- flet en 1992. Cette maladie cryptogamique se caractérise par un dessèchement des pousses terminales, un développement incomplet de ses aiguilles et un fort écoulement de résine à la base des pousses terminales. A une exception près, ce dépérissement n'a pas touché les arbres forestiers mais plutôt les pins noirs peuplant les jardins et les parcs.

Brunissement des feuilles de l'érable sycomore Une remarquable maladie, caractérisée par l'apparition de taches sur les feuilles, a touché les érables sycomores des cantons de Bâle-Ville, Schaffhouse et Argovie. Il s'agit du champignon Asteroma pseudoplatani (forme asexuée: Pleu- roceras pseudoplatani), qui s'est manifesté avec vigueur dans certains endroits. Son action a

provoqué, dès juillet déjà, un flétrissement prématuré des feuilles de l'érable sycomore qui ont fini par tomber. D'après ce que nous savons actuellement, cette maladie ne représente pas un sérieux danger pour la santé de cette es- sence.

Dépériaements de l'érable plane et de l'érable sycomore

Cette maladie complexe connue sur le nom de dépérissement de l'érable plane (ou faux syco- more) conduit aussi à des dépérissements de groupes d'arbres. Depuis peu, quelques cas iso- lés ont été décelés sur des érables sycomores qui présentent les mêmes symptômes: dégrada- tion du houppier, formation de broussins, taches d'écoulement de sève sur l'écorce, déta- chements de larges parties d'écorce et forte propagation du champignon cortical Netria coc- cinea. Il est probable que ces cas de dépérisse- ment sont dus aux conséquences du gel. Il semble aussi qu'un mauvais approvisionnement hydrique favorise le développement de cette maladie.

La sécheresse endommage les chênes et les hêtres

La sécheresse répétée des derniers étés a aussi déclenché des dépérissements de chênes et de hêtres. Chez les premiers, ce sont surtout les peuplements de hautes tiges qui furent tou- chées. Les dépérissements ponctuels observés sur les jeunes chênes de certains endroits se sont surtout produits sur les sols graveleux du Rafzerf eld zurichois et des abords du lac de Constance. En outre, quelques cas isolés de transparence du houppier sont à relever dans de jeunes futaies. Ces dépérissements s'accompa- gnent de taches d'écoulement de sève et de né- croses corticales ponctuelles. Les champignons Colpoma quercinum, Amphiporte leiphaemia ou les autres espèces de champignons du chêne identifiés sur les parties d'écorce endommagées sont considérés comme des parasites de fai- blesse. Il semble que les fortes infections ne se développent qu'après des périodes de séche- resse.

Les hêtres à l'état de vieille futaie ont particu- lièrement souffert du climat sec des dernières périodes de végétation. Houppiers dégarnis, jaunissement prématuré des feuilles ou flétris- sement de certaines branches sont là pour le témoigner. Le feuillage flétri et bruni de ces arbres est resté suspendu aux parties de branches mortes, ce qui semble être un symp-

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tome typique des conséquences du manque d'eau. Les branches et les troncs dépérissants étaient parsemés de longues bandes de fructifi- cations du champignon cortical Nectria cocci- nea. Les parties mortes de l'écorce et le bois qu'elles recouvraient furent souvent colonisés par divers pathogènes de la pourriture blanche.

Lors d'un cas similaire qui s'est produit à Lausanne, nous avons souvent décelé la pré- sence de fructifications d'un de ces pathogènes, le champignon lignivore Ustulina deusta, qui avait infecté la base du tronc des hêtres en- dommagés. Rares sont les cas d'écoulement de sève constatés sur l'écorce de branches ou de troncs ayant atteint un plus grand diamètre. Ce- la signifie que les symptômes ne sont pas iden- tiques à ceux de la traditionnelle maladie des suintements du hêtre et nous supposons qu'à Lausanne c'est aussi la sécheresse qui aura dé- clenché ces dépérissements ponctuels de hêtre.

Dlustration 15: Profil d'une nécrose de l'écorce d'un chêne sous laquelle se forment des taches brunes qui s'étendent jusque sur les derniers cernes annuels.

Illustration 16: Démonstra- tion du pouvoir pathogène de Nectria coccinea. Des fructi- fications de champignons corticaux se sont développées sur cette écorce desséchée.

3.5 Dégits abiotiques

Le gel ou les gelées tardives n'ont causé aucun endommagement notable en 1992. Quant aux effets des trois étés excessivement secs de 1989 à 1991, ils sont évoqués au chapitre 3.4 traitant le problème des champignons.

Deux ouragans ont causé des dégâts locaux. Au soir du 21 juillet 1992, un orage dO à un front, accompagné de vents tempétueux, s'est abattu sur le pays en laissant derrière lui plusieurs di- zaines de milliers de mètres cubes de chablis.

Les régions les plus touchées s'étendent du nord de Lucerne au Sauliamt zurichois en pas- sant par le sud du Freiamt AG et le canton de Zoug. Les peuplements boisant les abords de la limite entre les cantons de Zoug et de Zurich (Couvent du Frauental ZH, Knonau ZH) ont été particulièrement touchés. Les rafales de vent sud-ouest - nord-est ont ravagé les peu- plements en y perçant des couloirs d'une lar- geur dépassant parfois 100 mètres. Ces longues trouées se prolongeaient souvent d'une com- plexe forestier à l'autre.

Un mois plus tard jour pour jour, le 21 aoOt 1992, la grêle et les rafales de vent accompa- gnant un front orageux ont ravagé la région entre l'Entle- buch et la campagne glaronaise en y causant de graves dégâts aux forêts, aux cultures et aux biens réels. La périphérie du Rigi en a subi les consé- quences plus graves et, au lendemain de cette tempête, le canton de Schwytz dénombrait à lui seul près de 50'000 m3 de chablis.

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