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Un peu comme un repas bien ordonné, la vie se consomme en plats successifs. Si, en finalité, cette alimentation nous permet de vivre, elle n’en reste pas moins et surtout un acte de savoir-vivre puisque chacun est libre de l’ordonnancement de ses plats, de leur composition et de leur présentation.
C’est ainsi qu’André Maillard a mené sa vie! En épicurien élégant, il a su composer un menu harmonieux en prêtant at- tention à tous ces détails qui transforment le quotidien en ins- tants d’exception, en privilège... Merci, Monsieur Maillard, de nous avoir invités à votre table et de nous avoir enrichis de vos connaissances, de vos compétences, de votre bonne humeur et de votre amitié.
Plats fribourgeois, puis genevois, enfin zurichois...
Fribourgeois et fils d’agriculteur, André Maillard suit ses classes obligatoires dans son canton d’origine. Il poursuit avec une maturité en terres genevoises et des études d’ingé- nieur agronome, finalisées par un doctorat sur «L’entretien de la fertilité des sols à long terme», à Zurich.
Plat vaudois...
André Maillard a travaillé à la Station fédérale de Changins en qualité de chercheur de 1981 à 1995; il est l’auteur de plus de 70 publications scientifiques et techniques dans le secteur des grandes cultures. Début 1996, André Maillard assume la responsabilité du service de l’information et de la documen- tation. Il assume ainsi la direction de l’Association pour la Mise en valeur des Travaux de la Recherche Agronomique (AMTRA) et devient le rédacteur en chef «des Revues», c’est-à-dire de laRevue suisse d’Agriculture et de la Revue suisse de Viticulture, Arboriculture, Horticulture.
De scientifique respecté et encore abondamment cité, André Maillard a su opérer une reconversion importante de son acti- vité de chercheur en celle de communicateur-rédacteur. Ça n’était pas une mince affaire! Toutefois, la qualité, la préci- sion, le sérieux mais aussi et surtout la beauté et l’envie de lire que suscitent «Ses Revues» nous prouvent l’excellence de sa prestation et de celle de son équipe. En outre, par diffé- rentes actions, dont celle des Portes ouvertes 2003 de la RAC, André Maillard a largement contribué à la reconnais- sance de la Station de recherche agronomique de Changins, actuellement Station de recherche Agroscope Changins-Wä- denswil ACW, en Suisse et à l’étranger. La marque de qualité de ses Revues comme celle des prestations d’information, de communication, de marketing et de documentation avec sa bibliothèque ont porté haut les couleurs de notre belle station Agroscope ACW sur la planète agronomique.
A long terme, pour que la recherche gagne en crédibilité, les chercheurs doivent sortir davantage de leur cercle scienti- fique, susciter le dialogue avec la société et publier dans des organes vulgarisés et accessibles au plus grand nombre. Tou- tefois, ces vecteurs du savoir se doivent de rester technique- ment et scientifiquement irréprochables. André Maillard l’a bien compris! Grâce à lui, les Revues se sont modernisées et se sont bien adaptées à l’évolution des besoins, tout en main- tenant un standard de qualité des plus élevés.
Les temps changent et les besoins d’information augmentent.
Toutefois, à l’heure de l’électronique et du tout écran, qu’il est confortable de pouvoir encore toucher une belle revue, de pouvoir la caresser des doigts comme du regard. Qu’il est agréable de pouvoir la transporter dans son cartable et d’un geste simple accéder, sans clic ni reflet, à une information bien structurée. De pouvoir, si nécessaire, annoter de manière simple paragraphes, phrases, figures et tableaux. Finalement, qu’il est rassurant de posséder «Sa Revue».
André Maillard passe le témoin
«Ce qui est important n’est pas de finir une œuvre, mais d’entrevoir qu’elle permettra un jour de commencer quelque chose»
(Miró)
L’économie ayant toujours raison, les Revues devront conti- nuer à se transformer, à évoluer, à changer. Mais changer n’a de sens que pour durer. C’est dans cet esprit qu’André Maillard a travaillé toutes ces années et qu’il nous quitte en- core jeune. Son prédécesseur défendait déjà l’idée que les responsabilités doivent être confiées aux jeunes pendant qu’ils ont encore l’imagination fertile, l’enthousiasme néces- saire aux nouvelles entreprises, la force de prendre des déci- sions même impopulaires et surtout lorsqu’ils possèdent en- core intacte la part de rêve indispensable pour essayer de changer le monde dans un sens positif. C’est ainsi qu’une jeune collègue, Madame Judith Auer, lui succède et que notre jeune retraité, après quelque trente années au service de la Confédération, nous quitte avec l’imagination encore fertile et emplie d’enthousiasme pour de nouvelles aventures.
Nous n’évoquerons pas ici l’origine du prochain plat, celle-ci vous appartient, Cher André, Chère Monika, mais nous vous souhaitons d’ores et déjà un bon appétit, une bonne continua- tion et une toute bonne retraite partagée!
Judith Auer reprend donc le témoin pour une course exigeante.
Heureusement qu’en équipe tout est toujours possible. C’est dans cet esprit que nous lui souhaitons bonne chance! Continuez à faire flotter le drapeau Agroscope au sommet de l’information agronomique.
Jean-Philippe Mayor, directeur ACW
Revue suisse Agric.40(1): 4, 2008