• Keine Ergebnisse gefunden

L’optimisme de façade résulte du manque de clarté

Un manque global de clarté caractérise l’évolution des postes de recettes du budget d’Expo.01/02.

Aucun plan comptable définitif n’a été établi pendant Expo.01. Seuls les postes du budget «En-trées à l’exposition» et «Subventions publiques» sont demeurées identiques, tandis que les postes sous «Sponsoring» et «Divers» subirent de multiples changements dus à des modifications du concept. Les rapports entre ces divers postes au fil du temps n’ont pas été suffisamment documen-tés. Par ailleurs, la division en un budget interne et un budget externe, ainsi que le déplacement incessant de parties du budget entre ces deux budgets, empêche une véritable comparaison des postes de recettes similaires dans le budget interne.

Ces problèmes furent en grande partie résolus avec Expo.02. Les budgets d’Expo.02 possédaient tous la même répartition et se conformaient au plan comptable du rapport Hayek. Le budget ex-terne et la comptabilisation de certaines recettes présentaient pourtant un certain manque de transparence. En voici deux illustrations :

Dans son message du 8 octobre 1999, le Conseil fédéral exigea de l’Expo qu’elle obtienne 380 millions de francs de l’économie privée. Le budget de sortie d’Expo.02 n'atteignit pas tout à fait ce montant avec 357 millions, mais cette somme représentait malgré tout 30% des recettes du budget interne fixé à 1'176 millions de francs. D’après le décompte final provisoire (voir annexe 6), les recettes effectives du sponsoring ne s’élèvaient qu’à 213 millions de francs. Elles ne re-présentaient donc plus que 16% à peine des recettes du budget interne de 1'371 millions. Fina-lement, 144 millions de francs des recettes du sponsoring furent portés au budget externe, qui fut considéré comme équilibré dans le budget de sortie d’Expo.02 sans les recettes du sponso-ring. Même si les résultats s’inscrivent comme une belle réussite dans l’histoire du sponsoring

(voir 7.1 et rapport final d’Expo.02, p. 509), l’objectif fixé en matière de budget n’est de loin pas atteint.

Sur l’ensemble des subventions accordées par la Confédération, seuls les 110 millions de francs de 1996 constituent de véritables contributions à fonds perdu. Les autres subventions à hauteur de 818 millions représentent en majeure partie des prêts et des garanties de déficit (transformées en prêts au cours d’Expo.02). Dans le budget d’Expo.02 du mois de décembre 1999, 130 millions de francs ont été comptabilisés par erreur comme étant des contributions à fonds perdu. Ceci a été critiqué par le CDF, mais finalement a été acceptée par la Confédéra-tion. Dans l’objectif de préserver la comparabilité du budget, aucune correction n’a été appor-tée. Par conséquent, le déficit de 563 millions de francs inscrit dans le décompte final provisoire est sous-estimé. Il devrait atteindre un montant de 693 millions de francs.

Du temps d’Expo.01, la transparence laissait gravement à désirer dans les analyses et hypothèses utilisées pour l'estimation des diverses rubriques du budget. La manière de présenter le budget externe dans l’étude de faisabilité publiée (1996, p. 165) en devient grotesque. Le budget externe y est indiqué à la virgule près, soit 893,7 millions de francs, répartis entre les investissements dans les infrastructures (465,8 millions) et les frais d’exploitation (436,9 millions). Or aucune des études de faisabilité n’indique comment ces calculs ont été établis. Pendant Expo.02 en revanche, les hypothèses et les calculs ont été bien mieux documentés. Il est vrai que là aussi, il reste souvent une incertitude sur les sources utilisées et sur la méthode. L’estimation du nombre de visiteurs figurant dans l’étude de faisabilité des responsables de l’Expo, remise en janvier 2000 au Conseil fédéral, en constitue un parfait exemple (voir rapport Becker/Gechter sur la faisabilité, p. 76 s). Les calculs correspondants figurent dans l’annexe B du rapport de l’entreprise Grant Leisure Group

«Optimal project and concept in support of task forces in search for economies». Dans les sept premiers tableaux, élaboré par Grant Leisure Group, les recettes de la billetterie sont ventilées par période de vente et par catégorie de billet. Or les hypothèses de base sous-jacentes aux calculs de répartition ne sont pas expliquées. De même les recettes totales sont estimées à 295 millions de francs, en partant de l’idée qu’un rabais est également accordé sur les billets d’une journée. Les tableaux qui suivent, élaboré par la Direction marketing et communication d’Expo.02, récapitulent les estimations de base et les calculs effectués, sous la forme de transparents de présentation. Or bien que les rabais sur la prévente des billets d’un jour aient disparu, les recettes restent estimées à 295 millions de francs. Ces prévisions du nombre de visiteurs suisses se fondaient sur des sondages sur les intentions de visite de l’Expo (source: TransferPlus, Office fédéral de la statisti-que). Sur les quatre sondages effectués (novembre 98, mars/avril 99, mai 99 et août 99), 21 à 27%

des sondés affirmaient qu’il allaient sûrement se rendre à l’Expo, tandis que 35 à 40% déclaraient qu’ils s’y rendraient probablement. L’estimation pour 2002 fut réalisée avec les valeurs maximales de 27 et 40%. Cette estimation partait de l'hypothèse que tous ceux qui voulaient venir le feraient (résultat : 1,9 million de visiteurs) et que 66% de ceux qui s’y rendraient probablement viendraient vraiment (résultat: 1,9 million de visiteurs à nouveau). L’estimation globale s’élevait ainsi à 3,8 millions de visiteurs suisses. Le même calcul avec les valeurs minimales (21 et 35%) indique 2,8 millions. Ces résultats sont également présentés sous la forme de tableaux dans l’annexe B.

Le chiffre le plus bas y est qualifié de scénario «low case», l’estimation avec les valeurs maximales est présentée comme «base case» et le dernier scénario «high case» se base sur 33,8% de visi-teurs sûrs de venir et 50% de visivisi-teurs probables. Ce procédé étant appliqué pour tous les ta-bleaux et les calculs de recettes, l’estimation la plus optimiste est présentée comme une valeur

moyenne vraisemblable et prudente. En réalité, les recettes seront moins élevées que les prévi-sions du scénario «low case». Il convient de préciser que Grant Leisure Group a pleinement sous-crit à ces calculs (GLG Part A, p. 22).

Le manque de clarté du budget d’Expo.02 est imputable, dans une certaine mesure, à la directive de la Confédération qui ne prévoyait aucune réserve pour les risques dans le budget. En raison de cette mesure, prévu à l’origine pour avoir une discipline budgetaire, les estimations des risques ne se répercutaient pas directement sur le budget. Il est vrai que l’analyse des risques était présentée sommairement dans les rapports trimestriels et dans les messages du Conseil fédéral. Mais le budget proprement dit d’Expo.02 devenait obscur pour les personnes extérieures au projet. En outre, cela a conduit à communiquer très activement la face positive des évolutions de recettes budgétisées, tandis que la face négative ne se répercutait pas directement sur le budget. Cela concerne par exemple la prévente qui permit d'écouler près de 2 millions de billets. Expo.02 quali-fia de franc succès les préventes, qui ont abouti à une affluence suffisante dès le début de l’exposition. Le revers de la médaille, à savoir les moindres recettes imputables aux abattements accordés, n’est pas identifiable dans le budget. En outre, Expo.02 a bien signalé cette baisse des recettes, mais sans en chiffrer l’ampleur attendue. Or les estimations de la billetterie apparaissant dans le rapport de janvier 2000 au Conseil fédéral avaient déjà précisément chiffré à 11 francs le rabais moyen par billet écoulé en prévente (rabais de 15,5 millions de francs dû à la vente à l’avance de 1,4 million de billets). En mars 2002 encore, la remise moyenne effective par billet vendu à l’avance était de 3 francs.13 Cet abattement moyen tient au fait que les ventes portaient jusque-là essentiellement sur des billets d’un jour ne donnant droit à aucun rabais. Ce n’est que plus tard qu’est apparue une forte demande de billets de trois jours et d’abonnements de saison sur lesquels d’importants abattements étaient consentis. Cette évolution conforme aux attentes initiales s’est traduite par des pertes moyennes de 10 francs par ticket écoulé en prévente (perte de 20 millions de francs pour 1,96 million de tickets vendus, rapport final d’Expo.02, p. 442).

L’annonce sans commentaire d’une perte minime de 3 francs par billet ne reflétait donc pas l’évolution attendue avec toute la transparence possible.

Les recettes de billetterie démontrent également que des catégories très diverses ont toutes été mises dans le même sac. Il en résulta un excellent résultat pour la communication vers l’extérieur, mais les chiffres demeurèrent bien en-deça des prévisions. Les 4,2 millions de visiteurs englobent ainsi 0,47 millions de passeports soirée qui ne coûtaient que 10 francs (prix ordinaire de l'entrée journalière: 48 francs) et qui étaient prisés par la population locale pour aller boire un verre en soirée sur les arteplages.

13 Suite aux indications fournies par Expo.02, le conseiller fédéral Pascal Couchepin annonça lors des débats

parlementaires du 6 mars 2002 que la vente de 1,25 million de billets avait rapporté 68 millions de francs (prix moyen: 54,4 francs). «En moyenne, les billets ont été vendus à 3 francs de moins que le prix qu’on l’aurait pu obtenir si ces billets n’avaient pas été vendus à l’avance. Cela nous semble être dans l'ordre de ce qui est tout à fait accep-table.» (BO 2002 N 87).