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Les estimations actuelles

Im Dokument GUIDE DE LA LUTTE ANTIMINES (Seite 27-31)

Certains programmes nationaux étant en place depuis plus de vingt ans, il est à présent possible de comparer les résultats actuels avec les estimations précédentes.

En Afghanistan, le chiffre de 20 millions de mines en place avait été avancé.

Aujourd’hui, et après la dépollution de la majeure partie des zones touchées,

le total des mines trouvées est en fait d’environ 610 000 (sur plus de 13 millions de MNE). Au Mozambique, pratiquement 140 000 mines ont été neutralisées, en comparaison avec les premières estimations qui s’élevaient à plusieurs millions.

La situation est identique dans la plupart des pays touchés, ce qui laisse entendre que les estimations de la contamination mondiale se chiffreraient en millions plutôt qu’en dizaines de millions.

Il n’en reste pas moins vrai que dans certaines régions on trouvera encore des mines en très grand nombre, par exemple le long de la frontière entre la Turquie et la Syrie ou à l’intérieur de la zone démilitarisée entre la Corée du Nord et la Corée du Sud. Dans les deux cas, les mines sont généralement entreposées dans des zones protégées par une clôture, surveillées et dont l’accès est interdit, ne représentant qu’un risque direct relativement faible pour les civils.

COMMENT DÉFINIR LA LUTTE ANTIMINES

La lutte antimines est l’ensemble des efforts déployés non seulement pour prévenir les problèmes causés par les mines, les armes à sous-munitions et d’autres REG mais également pour y remédier. L’expression a été spécifiquement définie par plusieurs organismes comme par exemple l’ONU dans son document stratégique publié en 1998,19 bien qu’elle eût déjà été utilisée dans des études innovantes sur les capacités locales en matière de déminage publiées l’année précédente. 20 L’expression avait été utilisée pour la première fois au Cambodge au début des années 1990, lorsque des ingénieurs de l’armée canadienne avaient proposé le nom de Cambodian Mine Action Centre (Centre cambodgien de déminage soit CCD) pour désigner l’organisme mis sur pied pour gérer et coordonner les activités liées aux mines, mettant ainsi l’accent sur le caractère dynamique de ces activités.

L’expression « lutte antimines »* est à présent le plus couramment employée, bien que le terme de « déminage humanitaire » soit souvent utilisé, notamment lorsqu’il s’agit de la sous-catégorie des activités relatives aux enquêtes et aux opérations de dépollution.

D’après la définition actuelle donnée par les Nations Unies, telle qu’elle figure dans les Normes internationales de l’action contre les mines (NILAM),21 la lutte antimines se rapporte aux « activités visant à réduire l’impact économique, social et environnemental des mines et (autres) REG, notamment des armes à sous-munitions ». Il est précisé qu’elle « concerne non seulement le déminage/

* NdT Ou encore « action contre les mines »

la dépollution, mais aussi les populations et les sociétés ainsi que la façon dont elles sont touchées par la présence des mines terrestres et par la contamination liée aux (autres) REG. L’objectif de l’action contre les mines est de réduire les risques dus aux mines terrestres et (autres) REG à un niveau tel que les populations puissent vivre en sécurité, que des progrès économiques, sociaux et sanitaires puissent être réalisés sans les contraintes liées à la contamination par les mines/

(autres) REG et que les différents besoins des victimes puissent être satisfaits ».22 L’action contre les mines comprend cinq catégories d’activités complémentaires aussi appelés « piliers » :

1. l’éducation au risque des mines (ERM) ;

2. le déminage humanitaire, comprenant les études techniques sur la présence de mines/REG, la cartographie, le marquage et la dépollution ; 3. l’assistance aux victimes, y compris leur réadaptation et leur réintégration ; 4. la destruction des stocks de mines ; et

5. le plaidoyer contre l’emploi de mines antipersonnel et des armes à sous-munitions.

De nombreuses autres tâches parallèles s’avèrent indispensables au soutien de ces cinq composantes de l’action contre les mines. Elles comprennent :

1. l’évaluation et la planification ;

2. la mobilisation et la définition des priorités en termes de ressources ; 3. la gestion de l’information ;

4. le développement des compétences humaines et la formation à la gestion ; 5. la gestion de la qualité ;

6. la mise en place d’équipements efficaces, appropriés et sûrs.

Évaluation et planification (Azerbaïdjan)

LES PREMIERS PROGRAMMES DE LUTTE ANTIMINES

L’Afghanistan

L’origine de la lutte antimines remonte à octobre 1988, lorsque les Nations Unies lancèrent pour la première fois un appel de fonds afin d’aider l’Afghanistan à s’attaquer aux problèmes humanitaires causés par la présence des mines terrestres. Auparavant, les opérations visant à atténuer l’impact de mines étaient généralement confiées aux militaires du pays concerné, comme ce fut le cas en Europe après la Seconde Guerre mondiale. Mais dans le cas de l’Afghanistan, il n’y avait pas d’armée afghane fonctionnelle, et les troupes soviétiques ne voulaient ou ne pouvaient pas se charger de retirer les mines avant leur départ.

Les fonds réunis par les Nations Unies devaient être consacrés à des opérations de « déminage humanitaire » un terme nouveau qui signifiait non seulement l’enlèvement des mines en place, mais également la mise en œuvre d’activités d’éducation et d’information afin de prévenir les accidents. Le terme « déminage » était utilisé pour désigner l’enlèvement des mines à des fins humanitaires et pour le distinguer de l’activité militaire appelée « ouverture de brèche », qui consistait, pendant un combat, à dégager un passage dans un champ de mines afin d’atteindre des objectifs militaires.

Après une période pendant laquelle l’ONU, assistée par des contingents militaires provenant de pays donateurs, dispensa des cours de formation élémentaire au déminage d’une durée de deux semaines à plus de 10 000 réfugiés afghans, les Nations Unies décidèrent de favoriser la création de plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) afghanes dont la vocation serait de recenser, cartographier, marquer et retirer les mines et les engins non explosés, ainsi que de sensibiliser la population civile à ces dangers.

Plus de deux décennies après, ces ONG sont toujours en activité et un certain nombre d’entre elles ont effectué des missions dans d’autres pays, mettant à profit leur savoir-faire en matière d’enquêtes, d’utilisation des chiens détecteurs de mines et de gestion de la qualité.

Dans le cadre de cette action humanitaire conduite sous l’égide des Nations Unies, l’assistance aux victimes se limitait généralement à évacuer les démineurs blessés dans l’exercice de leurs fonctions, alors que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) avait créé un certain nombre de centres orthopédiques dans le but de fournir des membres artificiels aux victimes de guerre amputées.

A Peshawar et à Quetta, au Pakistan, les hôpitaux du CICR soignaient des blessés

arrivés d’Afghanistan ; l’organisation a même eu son propre hôpital à Kaboul de 1988 à 1992. A Peshawar et Quetta, 44 % de la totalité des blessés admis (soit 1 530 personnes) étaient des victimes d’accidents de mines terrestres. 23 Ce fut la première manifestation d’un problème humanitaire qui ne ferait que s’aggraver rapidement avec le temps.

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