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Le déminage manuel

Im Dokument GUIDE DE LA LUTTE ANTIMINES (Seite 154-158)

Les méthodes de déminage manuel ont très peu changé depuis la Seconde Guerre mondiale. La technique consiste toujours à faire avancer un démineur équipé d’un détecteur de métaux, d’une sonde, d’un râteau ou d’un kit d’exca-vation dans un couloir marqué jusqu’à ce qu’il repère un objet dangereux. Bien que ces méthodes soient relativement lentes la plupart du temps, elles sont très répandues et prisées dans les programmes de lutte antimines en raison du degré de confiance extrêmement élevé qui permet de déclarer les terres sûres. Certaines organisations spécialisées en déminage manuel ont décidé de ne pas utiliser d’autres méthodes ou d’autres moyens.

Les démineurs manuels créent et déminent des couloirs et des réseaux en grille, effectuant des enquêtes ciblées et systématiques aussi bien que des opérations de dépollution. Ils se placent généralement à une certaine distance de sécurité les uns des autres, continuant leurs procédures jusqu’à ce qu’ils repèrent un objet suspect. Le démineur creuse alors avec grand soin tout autour de l’objet en question qui, s’il s’avère être une mine ou un engin explosif, sera soit détruit par explosion sur place, soit neutralisé et déplacé pour être détruit en fin de journée.

Il n’est pas difficile de former des équipes de démineurs manuels ni des inspecteurs. Dans les pays où la main-d’œuvre est bon marché, les démineurs manuels peuvent être une solution intéressante, parfaite pour les champs dont les mines ont été répertoriées et cartographiées et ceux dont les mines ont été posées en rangs ou selon d’autres schémas identifiables. La végétation dense, les gravats, les débris et les zones urbaines sont autant de facteurs qui ralentissent

le travail manuel, incitant à envisager d’autres solutions. Toutefois, les démineurs manuels s’avèrent parfois utiles lors du traitement mécanique du sol lorsque des obstacles empêchent les machines de passer. Ils sont aussi chargés de la liaison avec les communautés.

Les détecteurs de métaux

Dans les années 1960, l’utilisation croissante des matières plastiques dans la fabrication des mines a fait fortement chuter leur teneur en métal. En ce qui concerne la plupart des mines antipersonnel modernes, les composants métalliques sont réduits à quelques grammes et comprennent, tout au plus, le percuteur, le ressort et l’enveloppe de l’amorce. Afin de contourner cette difficulté, les détecteurs modernes ont été rendus plus sensibles et, comparés aux outils encombrants des années 1940, ils sont devenus plus légers, plus résistants, plus fiables et plus faciles à utiliser.

Malheureusement, cette sensi bilité accrue s’est traduite par une augmen-tation du nombre de fausses alertes dues à la présence de petits débris de métal ou de composants métal-liques présents dans certains sols comme la latérite. Malgré cela, les détecteurs de métaux demeurent le moyen de détec tion le plus courant et leur conception est sans cesse améliorée.

Les détecteurs modernes fonction-nent sur le principe de l’induction magné tique et sont capables de compenser et de filtrer les signaux émanant de composants métal-liques parasites présents dans le sol. Certains d’entre eux comportent aussi un géoradar (GPR). Bien qu’ils soient devenus plus sophistiqués grâce à des logiciels et des capteurs à haute technologie, ils doivent être résistants et simples à utiliser, faciles à réparer et à recharger, et leur entre-tien doit être minimal.

Femme démineur travaillant

pour l’organisation Norwegian People’s Aid (Jordanie)

Les sondes

Les sondes demeurent le moyen le plus courant pour confirmer l’emplacement exact d’une mine enterrée. Elles sont bon marché, simples et efficaces et permettent de toucher légèrement la mine sur le côté sans avoir à la bouger. Pour ce faire, on perce le sol à un angle de 30 degrés maximum afin d’éviter un contact avec la partie supérieure qui, dans la plupart des modèles, abrite le mécanisme de déclenchement.

Les sondes sont fabriquées dans des matériaux très divers, allant de matières plastiques onéreuses jusqu’à l’acier, l’aluminium ou le fer. Les inconvénients du déminage à la sonde sont le coût accru dans le cas de modèles plus sophistiqués, le fait que la tête et les mains des démineurs sont très proches de la mine traitée et la concentration intense requise dans les terrains rocailleux. On ne fait pas appel aux sondeurs s’il existe une possibilité que les mines soient équipées d’un dispositif antimanipulation ou si elles ont tourné sur elles-mêmes.

Les râteaux

Les râteaux sont employés pour creuser et détecter des mines sur les plages de sable, dans les déserts et autres terrains meubles dépourvus de racines profondes, de broussailles ou de pierres. Le principe opérationnel est soit d’approcher la mine par le côté comme avec une sonde, soit de pelleter et de tirer la mine par en dessous : dans le premier cas, il s’agit de repérer l’emplacement exact de la mine pour procéder ensuite à l’excavation ; dans le second, de tirer la mine à la surface d’un seul geste.

Le râteau présente plusieurs avantages : une plus grande distance entre le démineur et la mine, une procédure plus rapide, un faible coût et la possibilité de fabriquer les outils localement. Dans des terrains parsemés de fragments métalliques, la solution du râteau est plus efficace que celle du détecteur de métaux. Dans des terrains sablonneux ou d’autres terrains meubles qui s’y prêtent, certains opérateurs ont remplacé les détecteurs de métaux par des râteaux.

L’inconvénient de la méthode du râteau est qu’elle est brusque, risquant de provoquer des explosions involontaires. Le démineur est bien protégé car il tient son outil à bout de bras et se trouve donc à bonne distance du point de départ de l’explosion. Il ainsi moins de risques d’être gravement blessé mais l’explosion, le bruit et les fragments de terre projetés risquent tout de même de causer des dommages corporels. Lorsqu’il est utilisé avec soin, le râteau reste cependant un bon moyen de déminage.

L’excavation

De toutes les méthodes manuelles, l’excavation complète est celle qui offre le degré de confiance le plus élevé, mais c’est aussi celle qui prend le plus de temps.

Retirer toute la terre jusqu’à une profondeur donnée est facile à superviser sur place, cependant l’application de cette technique se limite aux cas suivants :

• les zones situées sur des pentes raides ou autres endroits où il est difficile de se déplacer en toute sécurité ;

• certaines zones urbaines ;

• les sols durs contenant de nombreux débris métalliques ;

• les zones contenant des mines à faible teneur en métal qui ne se prêtent ni au déminage mécanique, ni au déminage à l’aide d’animaux détecteurs.

Progrès et efficacité

Les progrès quotidiens dépendent non seulement de la méthode et de la technologie utilisées, mais aussi du terrain, du type de sol et des conditions météorologiques au moment des opérations. En règle générale, un démineur traite chaque jour entre 5 et 150 m2.Le déminage manuel est optimal quand il est intégré à d’autres méthodes de détection et de déminage.

Excavation complète au bas d’une pente raide (Afghanistan)

Si les procédures de déminage manuel destinées aux démineurs travaillant individuellement sont régulièrement examinées et évaluées afin d’améliorer la vitesse, la sécurité et le degré de confiance, on constate souvent un manque d’efficacité dès lors qu’il s’agit d’équipes et de systèmes de gestion. Les causes sont diverses et non négligeables : une planification et une supervision ne tenant pas compte de la disponibilité des ressources, des priorités mal choisies, le peu de soin apporté à l’évaluation du temps et des gestes nécessaires, ainsi que d’autres facteurs comme les conditions météorologiques, l’état du terrain ou la logistique.

Le facteur qui influe le plus sur l’efficacité est la confiance avec laquelle les décisions de déclarer les terres réouvertes à l’occupation sont prises, notamment en l’absence d’informations pertinentes ou lorsque les organismes de tutelle n’habilitent pas les administrateurs compétents à prendre ces décisions et ne les dotent pas du matériel adéquat. Étant donné que le déminage manuel coûte cher et demande du temps, l’accent est surtout mis à l’heure actuelle sur les efforts de sensibilisation et sur l’exactitude des enquêtes précédant les opérations. Ainsi, de plus en plus fréquemment, les démineurs sont déployés uniquement dans les zones qui sont effectivement contaminées.

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