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Vers un développement humain soutenable

Conclusion du chapitre

Section 3. Vers un développement humain soutenable

On a very fundamental level, human development is what sustainability proponents want to sustain and without sustainability, human development is not true human development.

Eric Neumayer, Human development and sustainability, Research Paper, United Nations Development Programme, 2010, p3

Jusqu’à présent peu de travaux ont cherché à relier le courant du développement humain et l’économie écologique. Cependant, le nombre de publications à ce sujet augmente rapidement ces dernières années (Martins, 2011; Scerri, 2012; Scheidel, 2013). Seulement quelques articles très récents ont éssayé d’établir un lien entre l’approche par els capabilités et les services écosystémiques (Lessmann, 2011; Ballet et al., 2011; Polischuck et Rauchsmayer, 2012; Pelenc et al., 2013). A part le travail de Neumayer (2010, 2012) qui discute la question de la soutenabilité (forte et faible) au regard de l’approche par les capabilité, à notre connaissance, aucune recherche n’a explicitement articulé le concept de capital naturel critique à l’approche capacitaire84.

Cette section propose une tentative d’articulation entre l’approche par les capabilités et l’approche de la soutenabilité environnementale en termes de capital naturel critique. Dans un deuxième temps, elle traite la question de l’action collective en environnement et en développement, pour finir par proposer une redéfinition de l’individu comme acteur du développement humain soutenable.

A. Articulation de l’approche par les capabilités et de l’approche en termes de capital naturel critique

Dans un premier temps nous verrons, en trois points, les enjeux que soulève une possible articulation entre le concept de capital naturel critique et l’approche capacitaire. Ces

84 Afin de ne pas alourdir la lecture, à partir de maintenant, nous parlerons indistinctement d’approche par les capabilités (traduction littérale de « capability approach ») ou « d’approche capacitaire », terme que l’on retrouve dans la littérature francophone à ce sujet (notamment chez De Munck et Zimmermann, 2008).

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trois points concernent la prise en compte de la valeur instrumentale de la Nature, la nécessité de reconnaître une valeur intrinsèque à cette dernière, et enfin, l’importance d’inscrire l’approche capacitaire dans la soutenabilité forte. Dans un deuxième temps, nous analyserons quelles sont les questions soulevées si l’on applique le raisonnement de l’approche capacitaire aux concepts de service écosystémique et de capital naturel critique. Ces questions concerneront aussi trois points. Premièrement, il s’agira de montrer comment à la lumière de l’approche capacitaire il est possible de démontrer que les services écosystémiques ne peuvent pas être définis seulement comme des bénéfices. Dans un deuxième et troisième point nous constaterons que ce rapprochement soulève la question de la justice environnementale dans une perspective intra et intergénérationnelle.

Enfin, ce début d’articulation entre les deux approches nous conduira à présenter un nouveau schéma conceptuel permettant de progresser vers une analyse intégrée des interactions Nature-Société.

1. Les apports de l’approche en termes de capital naturel critique pour améliorer la prise en compte de la Nature dans l’approche capacitaire

Premièrement, jusqu’à récemment, en dehors de quelques auteurs (Flippo, 2005;

Scholtes, 2011; Lessmann, 2011; Ballet et al., 2011; Polischuck et Rauchsmayer, 2012;

Pelenc et al., 2013), aucune attention particulière n’avait été portée par l'approche capacitaire aux questions environnementales. De plus, Sen dans ses écrits ne reconnaît pas vraiment l’apport spécifique des services écosystémiques envers le bien-être humain (Pelenc et al., 2013). Or, les écosystèmes, à travers les services qu'ils fournissent, permettent aux individus, non seulement de répondre à leurs besoins physiologiques fondamentaux à travers l’approvisionnement en nourriture, la fourniture d’eau potable, etc., mais aussi de réaliser des fonctions économiques et socio-culturelles qui contribuent à la fois au bien-être personnel et collectif. Ainsi, au niveau individuel, ils favorisent la liberté, l’accomplissement personnel, les loisirs, une bonne santé psychologique et physique, tandis qu'au niveau collectif, ils contribuent à l’établissement de relations sociales, de normes et de valeurs, au développement de l'éthique et de l'identité culturelle (Chiesiura et De Groot, 2003). Par conséquent, il est possible d’affirmer que les services écosystémiques fournissent les « inputs » essentiels à au développement de nombreux fonctionnements (par exemple, être en bonne santé, vivre dans un environnement de qualité, pouvoir se promener en forêt, etc.). Ce constat permet de reconnaître et d’introduire dans l’approche capacitaire la valeur instrumentale de la Nature.

Cependant, pour être cohérent avec les exigences de la soutenabilité forte, il sera important de

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bien faire la différence entre le terme de « service écosystémique » et le terme de

« ressource » traditionnellement utilisé dans l’approche capacitaire pour se référer aux biens et services marchands qui sont eux substituables.

Deuxièmement, dans sa conception de l’approche capacitaire, Sen ne reconnaît pas pleinement la dépendance première de l'être humain vis-à-vis de la Nature. Or, comme le démontrent les auteurs de la soutenabilité forte (Ekins et al., 2003), la destruction de l'environnement naturel est souvent irréversible. Une destruction trop importante de celui-ci, au-delà des seuils critiques, compromet la possibilité de la vie humaine sur Terre. Par conséquent, avant de contribuer au bien-être humain, l'environnement naturel contribue à l'existence humaine per se. L'environnement naturel est donc une condition d’existence des capabilités avant d'être un des moyens de leur amélioration. De plus, le capital naturel n’est pas seulement l’habitat des êtres humains, mais aussi, celui d’autres êtres vivants. En le détruisant, c’est aussi l’habitat des autres espèces que nous dégradons. Ce constat invite l’approche par les capabilités à reconnaître une valeur intrinsèque de la Nature (ce point sera largement développé dans la section suivante).

Troisièmement, Sen ne s’est jamais clairement prononcé sur le type de soutenabilité (faible ou forte) qui devrait être adopté dans l'approche capacitaire (Neumayer, 2010). Or, nous savons qu’une soutenabilité forte est bien plus cohérente avec la réalité des écosystèmes et les limites de la planète que l’hypothèse de substituabilité parfaite entre le capital naturel et les autres types de capitaux.

Nous allons maintenant analyser comment l’application du raisonnement de l’approche capacitaire aux concepts de services écosystémiques et de capital naturel critique permet de mettre en évidence des éléments pour évaluer les relations entre le bien-être et l'environnement naturel.

2. Les apports de l’approche par les capabilités envers l’approche en termes de capital naturel critique

Premièrement, l'objet particulier que sont les « services écosystémiques » peut être analysé à travers le prisme de l’approche par les capabilités (Ballet et al., 2011;

Polishchuk et Rauschmayer, 2012 ). Comme nous l’avons vu, l'approche capacitaire fournit une explication plus complexe du rôle des biens et des services dans la réalisation du bien-être. Elle peut donc aider à mieux comprendre les limites auxquelles les personnes sont soumises dans l’obtention de bien-être à partir des services écosystémiques. Il est possible

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d’illustrer ce raisonnement par trois exemples concernant les trois catégories de services écosystémiques (approvisionnement, régulation et culturel) :

• Par exemple, pour bénéficier du service de récréation que peut fournir une forêt dans un parc naturel, il faut des ressources (argent, moyen de transport, temps libre, etc.) pour pouvoir s’y rendre. Il faut aussi des vêtements appropriés. Il faut pouvoir s’acquitter des droits d’accès si l’entrée est payante. Il faut aussi des facteurs de conversion internes. Par exemple, il convient d’être en bonne condition physique, de disposr d’un certain niveau de capital culturel pour apprécier le paysage ou la biodiversité, savoir se repérer en forêt, etc. Enfin, en termes de facteurs de conversion externes, il faut qu’il existe des moyens de transports pour se rendre jusqu’à l’aire protégée, qu’elle soit aménagée pour l’accueil du public, ne pas subir de discrimination sociale qui empêcherait de concevoir ce choix (nous verrons des exemples plus détaillés dans la partie empirique de la thèse).

• Nous pouvons faire la même analyse pour les autres catégories de services. En ce qui concerne, par exemple, le service d’approvisionnement en nourriture ; pour cultiver la terre il est nécessaire d’avoir les outils appropriés ou l’argent nécessaire pour se les procurer ou les réparer (catégorie ressources économique). Il est aussi indispensable d’acquérir des droits de propriété ou de pouvoir établir des contrats de location avec un propriétaire terrien. Il faut aussi pouvoir bénéficier de droits d’irrigation. Il faut des facteurs de conversion internes appropriés notamment des connaissances agronomiques, une bonne santé physique, etc.

Enfin, pour vendre sa production il est indispensable qu’il existe des marchés, des infrastructures pour y accéder, des unités de transformation, des coopératives, etc.

• Enfin, il possible de procéder à la même analyse en ce qui concerne les services de régulation. Par exemple, pouvoir bénéficier d’une eau potable de bonne qualité, vivre dans un quartier où l’air n’est pas trop pollué, être protégé des inondations, de la sècheresse va aussi dépendre des ressources économique des personnes, de leurs droits d’accès et de leurs facteurs de conversion. En effet, comme nous l’examinerons au chapitre suivant les inégalités socio-économiques et écologiques se cumulent souvent.

Le résultat d'une telle analyse révèle que les services écosystémiques ne peuvent pas être considérés comme de simples « bénéfices » contrairement à la définition donnée par le MEA (pour plus de détails voir Polishchuk et Rauschmayer, 2012 ). En effet, à la lumière de l’approche capacitaire, pour obtenir du bien-être à partir des services écosystémiques, les personnes ont besoin de ressources économiques, de droits d’accès et, enfin, de facteurs de conversion internes et de facteurs de conversion externes. Ce résultat nous renvoie à la question justice intra-générationnelle qui est l’objet de notre point suivant.

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Deuxièmement, si l'on considère que les services écosystémiques contribuent à la liberté des personnes à travers les capabilités qu’ils permettent d’obtenir, il est important que les différents individus et groupes sociaux puissent avoir accès à ces derniers. Toutefois, l'accès aux services écosystémiques est souvent une source d’inégalité de bien-être. De plus, les ressources économiques, les droits d’accès et les facteurs de conversions n’étant pas distribués de façon équitable dans la société, tout le monde ne peut pas obtenir les mêmes capabilités à partir des mêmes services écosystémiques. Cela soulève la question des vulnérabilités individuelles face à l’accès aux services écosystémiques et aux changements environnementaux.

Troisièmement, du point de vue de la justice intergénérationnelle, le fait de prendre en compte, à travers l'approche par les capabilités, la liberté des individus à réaliser les choix qu’ils souhaitent, a pour effet de modifier radicalement l'évaluation du bien-être. Cette approche, qui s’exprime en terme d’espace de choix, permet d'établir un lien direct avec la soutenabilité environnementale. En effet, elle permet de définir la justice intergénérationnelle en fonction de l’étendue de la liberté qui est transmise entre les générations (Ballet et al., 2013). Si le capital naturel contribue au développement des capabilités d’une génération donnée, il contribue aussi à la détermination de son espace de choix. Dans une perspective de justice intergénérationnelle, cet espace de choix et le capital naturel qui lui est associé, doivent être, au moins, aussi important d’une génération sur l’autre. Par conséquent, le capital naturel doit être au moins conservé et au mieux amélioré d’une génération à l’autre afin d’assurer une transmission juste de la liberté entre les générations. Dans une telle optique, la conservation de l’environnement devient constitutive d’un développement comme liberté (development as freedom).

En conclusion, d’une part, cette première tentative d’articulation entre les deux approches nous a permis de démontrer que pour être compatible avec la soutenabilité forte, il était indispensable pour l’approche par les capabilités de reconnaître la valeur instrumentale et intrinsèque de la Nature. D’autre part, cette articulation nous conforte dans l’idée selon laquelle : les services écosystémiques ne peuvent pas être considérés uniquement comme des bénéfices que les individus obtiendraient directement des écosystèmes.De cette articulation, émerge la question de justice socio-environnementale qui sera développée dans le chapitre suivant. Mais, à ce stade, l’articulation est suffisante pour présenter un nouveau schéma conceptuel des interactions entre les écosystèmes et le bien-être humain.

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3. Un nouveau cadre conceptuel pour l’étude intégrée des interactions entre le bien-être humain et les écosystèmes

a. Vers un nouveau schéma d’interactions Nature-Société

L’articulation préliminaire réalisée entre l’approche capacitaire et l’approche en termes de capital naturel critique nous permet de présenter un schéma conceptuel qui offre une perspective d’analyse intégrée des interactions entre le bien-être humain et les écosystèmes.

Figure 13. Schéma conceptuel des interactions entre le bien-être humain et les écosystèmes

Dans cette représentation le bien-être humain est encastré dans le capital naturel illustrant ainsi la dépendance première de l’humanité envers la biosphère. Etant donné que le schéma offre une représentation dynamique, l’accomplissement de fonctionnements qui auraient un impact négatif sur le capital naturel entrainerait une réduction des capabilités pour la génération présente mais aussi dans une certaine mesure pour les générations futures (pour plus de détails sur la conception dynamique de l'approche par les capabilités voir Schultz et

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al., 2013; Lessmann et Rauschmayer, 2013). La flèche en pointillé (à droite du schéma) montre qu’à force d’accomplir des fonctionnements non-soutenables85 on finit par dépasser les seuils critiques de capital naturel touchant ainsi les limites de la biosphère et mettant en péril la survie de l’humanité. Ce schéma peut s’appliquer à toutes les échelles de l’individu à la société toute entière. Cette intégration permet de redéfinir le concept de service écosystémique. Les services écosystémiques résultent de la transformation des fonctions écosystémiques grâce aux ressources, droits et facteurs de conversion des individus ou des groupes. Le résultat de cette transformation est l’obtention de capabilités (comme le montre le schéma). Ce ne sont donc pas de simple bénéfices directs. En retour, le concept de capabilité est « naturalisé » pour devenir un hybride de Nature et de Société. Autrement dit, la transformation des fonctions écosystémiques en services écosystémiques grâce aux ressources, droits d’accès et facteurs de conversion permet aux personnes d’obtenir des capabilités. Les capabilités sont elles-mêmes transformées en fonctionnements pour satisfaire les besoins selon les valeurs et les aspirations des personnes.

b. Vers un dépassement des faiblesses de l’évaluation environnementale

Grâce à ce schéma, il est maintenant possible d’établir les liens entre services écosystémiques et satisfaction des besoins. Un tel lien nous permet de mieux comprendre la contribution de l’environnement naturel dans la construction du bien-être humain. Nous allons procéder besoin par besoin afin de donner des exemples de la contribution des écosystèmes au développement de capabilités nécessaires à la satisfaction des besoins.

-Le développement de capabilités pour satisfaire le besoin de subsistance dépend en partie des services écosystémiques d’approvisionnement en nourriture, mais aussi d’approvisionnement en fibres et matériaux de construction. La satisfaction du besoins de subsistance dépendra aussi de la qualité des services de régulation afin d’avoir accès à une eau potable, de pouvoir respirer un air pur.

-La satisfaction du besoin de protection va dépendre fortement du bon fonctionnement des services de régulation afin d’être protégé des événement climatiques extrêmes et des catastrophe naturelle (inondations, sécheresse etc.,).

85 Il est possible de définir la notion de fonctionnement soutenable comme : une combinaison appropriée entre des services écosystémiques, des ressources économiques, des droits et des facteurs de conversion que les personnes ont des raisons de valoriser et qui leur permet de développer des capabilités pour répondre de façon adéquate à leur besoins sans compromettre les capabilités des génération présentes, ni dans une certaine mesure, celles des générations futures à répondre aux leurs.

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-La Nature offre aussi des opportunité pour développer un sentiment affectif envers elle

« comme un tout » ou envers certaines espèces animales, ce qui peut contribuer à la satisfaction du besoin d’affection.

-L’obtention de capabilités pour satisfaire le besoin de compréhension va dépendre en partie de l’opportunité que représente le développement de savoirs éducatifs et scientifiques à partir de l’étude des écosystèmes (il s’agit de la catégorie services socio-culturels).

-Le développement de capabilités pour satisfaire le besoin de création reposera en partie sur la source d’inspiration tant artistique que spirituelle que représente la Nature

-Le développement de capabilités pour satisfaire le besoin de loisir sera grandement dépendant du service de récréation que fournissent les écosystèmes.

-Les possibilités qu’auront les individus de participer à la définition du capital naturel critique de leur territoire et plus largement à la conservation de l’environnement contribuera à la satisfaction du besoin de participation.

-L’ancrage territorial que fournit en partie le milieu naturel, mais aussi l’attachement à certains paysages, le sentiment d’appartenance envers un lieu possédant certaines caractéristiques naturelles particulières, contribuerons au développement de capabilités nécessaires à la satisfaction adéquate du besoin d’identité.

-Enfin, la Nature à travers tous les services écosystémiques qu’elle fournit contribue largement au développement de capabilités qui permette en partie la satisfaction du besoin de liberté/autonomie. Si l’on reprend les exemples de satisfacteurs que Max-Neef mentionne dans ligne du besoin de « liberté » on y trouve la possibilité de méditer, de s’engager. La nature permet de développer ces fonctionnements notamment à travers l’engagement envers les générations futures et les non humains.

En permettant de conceptualiser le bien-être, non plus comme un revenu, mais comme une capacité de choix, il sera possible de mettre en évidence la réduction de cet espace de choix que peut entraîner la dégradation voire la disparition de certains services écosystémiques. Pour ce faire, il faudra identifier quels sont les fonctionnements qui ne seront plus réalisables à cause d’une dégradation environnementale ou de la compétition avec d’autres usages. Si à cause d’une dégradation environnementale, certains fonctionnements ne peuvent plus être réalisés, alors il en découlerait de facto une insatisfaction de certains besoins. Grâce à l’articulation entre les différentes approches, il sera possible d’identifier quels sont les besoins insatisfaits. Ainsi, à travers l’identification des fonctionnements que les personnes obtiennent ou perdent du fonctionnement ou du dysfonctionnement des

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écosystèmes et du niveau de satisfaction des besoins que cela entraine, il semble possible d’évaluer la contribution des services écosystémiques au bien-être sans passer obligatoirement par une évaluation monétaire. Il s’agirait alors de chercher à mesurer une variation de bien-être en terme de gain ou de perte de fonctionnements ou en terme de variation du degré de satisfaction des différents besoins en fonction d’une dégradation ou d’une amélioration de l’environnement. C’est ce raisonnement, qui nous permettra de définir, dans le chapitre 9, un risque « capacitaire » (voir chapitre 9 et glossaire).

A travers le rapprochement entre l’approche capacitaire, l’approche par les besoins et le concept de service écosystémique, il devient possible d’apporter des pistes de réponse à la question « pourquoi le capital naturel est-il critique ? » soulevé dans à la fin de la section 1.

En effet, à la lumière de l’articulation menée dans ces deux derniers paragraphes, il est possible d’affirmer que le capital naturel peut être critique parce qu’il fournit les inputs indispensables au développement de nombreuses capabilités, elles mêmes indispensables à la satisfaction des besoins identifiés dans la liste de Max-Neef. Au vu de la contribution très spécifique des services écosystémiques à la satisfaction des différents besoins, on peut affirmer que ces derniers ne sont pas substituables ni entre eux ni par autre chose.

Si le schéma que nous venons de présenter permet de mieux comprendre les interactions entre la Nature et le bien-être humain, il est tout aussi important d’analyser les relations entre les humains nécessaires à la gestion des écosystèmes (sur le schéma il s’agit du compartiment appelé sphère sociale). C’est l’objectif du paragraphe suivant.

B. Action collective en environnement et développement

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