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Choix des groupes d’acteurs sociaux, choix des méthodes et périodes de terrain

Conclusion de la partie 1

Section 2. Choix des groupes d’acteurs sociaux, choix des méthodes et périodes de terrain

A. Le choix des groupes d'acteurs sociaux

Selon Zimmermann (2006), dans une perspective qualitative, il vaut mieux choisir des moments de changement de trajectoires, de stratégies ou des situations de crises pour obtenir les données les plus pertinentes sur les capabilités. En effet, dans ces cas là, les opportunités et compétences individuelles deviennent plus visibles, la présence ou l’absence de capabilités devient plus évidente et enfin, les facteurs de conversion sont révélés comme opérationnels ou déficients.

La crise financière qui a débuté en 2008 et qui s’est transformée au fil des ans en une crise globale plonge presque tous les acteurs dans une période de transition. Les acteurs de la base voient leurs conditions de vie rendues plus difficiles ou du moins plus changeantes et ceux des administrations subissent la pression toujours plus forte des réductions budgétaires et des changements structurels accompagnant la mutation de l’Etat.

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Dans ce contexte de changement certains groupes sociaux sont soit moteurs, soit plus exposés donc plus vulnérables. Ce sont des représentants de ces deux groupes que nous avons voulu étudier. En effet, ce choix semblait particulièrement pertinent pour démontrer l’utilité de l’approche capacitaire étendue à la soutenabilité forte afin d’analyser leur situation de bien-être dans cette période de transition. Il s’agit donc d’une part, des acteurs innovants en faveur de la transition écologique et solidaire car ce sont eux qui inventent les modes de production, consommation, d’organisation, etc., les modes de vie de demain adaptés aux changements globaux. D’autre part, il s’agissait de travailler avec des acteurs considérés comme vulnérables. Pour le terrain chilien, nous avons travaillé avec des paysans du territoire de la RB et qui ont du mal à maintenir leur activité. Du coté Français, nous avons travaillé avec un groupe d’adolescents (15-16 ans) d’un collège situé en « zone sensible » d’une des communes les plus pauvres de la RB de Fontainebleau-Gâtinais. Ces adolescents rencontrent de grandes difficultés scolaires et sociales.

Concernant le choix des acteurs pour recueillir la perception sociale du capital naturel critique et construire le réseau de gouvernance des deux RB, comme il s’agissait de développer une nouvelle méthode et donc de tester un outil nouveau, nous avons cherché à confronter l’outil à un panel réduit de personnes impliquées dans les différents secteurs de la société et qui avaient un lien direct ou indirect avec la RB.

L’application territoriale du développement humain responsable constituant un enjeu de premier plan, il nous est aussi apparu indispensable d’appliquer l’approche capacitaire, non pas avec un groupe social supplémentaire, mais à une catégorie particulière d’acteur « les collectivités territoriales ». Un atelier participatif a donc été organisé avec les collectivités territoriales de la RB de Fontainebleau-Gâtinais afin de déterminer leur capacité d’action à favoriser la mise en place du DD.

B. Choix des méthodes

Parmi l’éventail des méthodes qualitatives existantes en sciences sociales nous avons choisit les trois qui nous paraissaient les plus pertinentes en fonction des enjeux à relever. Il s’agit de l’entrevue semi-dirigée, le focus group ou groupe de discussion (atelier participatif) et les observations participantes.

1. L’entrevue semi-dirigée

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L’entrevue semi-dirigée nous a semblé la méthode la plus adaptée pour recueillir la perception sociale du capital naturel critique et construire le réseau de gouvernance des deux RB. En effet, une recherche privilégiant l’entrevue semi-dirigée comme mode de collecte des données se situe dans un paradigme interprétatif qui privilégie le sens donné à l’expérience (Svoie-Zacj, 2006). On y voit le monde comme étant constitué de réalités que chacun des acteurs construit à partir des interactions établies avec ses semblables ou avec la Nature (ibid.). La recherche au moyen de l’entrevue semi-dirigée privilégiera les échantillons de types intentionnels non probabilistes. Les personnes sont choisies en fonction de leur expertise et expérience, pertinentes par rapport à l’objet d’étude et parce qu’elles sont capables et intéressées à verbaliser celle-ci (ibid.).

L’entrevue comportait deux temps ; le premier temps était dédié à recueillir la perception sociale du capital naturel critique, et le deuxième, à l’identification des relations qu’entretenait l’acteur interrogé avec les autres acteurs du territoire.

2. Le focus group ou groupe de discussion (atelier participatif)

Le focus group ou groupe de discussion (atelier participatif) a été utilisé pour déterminer la situation de bien-être des groupes sociaux étudiés. Le groupe de discussion facilite la compréhension du comportement et des attitudes d’un groupe cible (Geoffrion, 2006). Il a de nombreux avantages par rapport aux techniques de recherche quantitative. En effet, par une interaction contrôlée entre les participants, le groupe de discussion recrée un milieu social au sein duquel les individus interagissent. Ce contexte crée une dynamique de groupe où les énoncés formulés par le chercheur ou par un participant peuvent engendrer des réactions et entraîner d’autres participants dans la discussion. Les résultats sont le fruit de l’interaction sociale et non de l’agrégation (ibid.). Les participants sont dès-lors considérés comme des collaborateurs de la recherche. Il s’agit d’une véritable construction ou co-production des connaissances. Cette méthode est au cœur de la recherche-action (Klein, 2007). Les techniques complémentaires venant de « l’empowerment » et « l’apprentissage social » ont aussi été utilisées. Les ateliers sont aussi l’occasion de travailler sur la relation que les acteurs entretiennent avec leur territoire.

Pour reprendre la formulation de Farvaque (2008), dans notre cas les « objets valorisés » par les différents groupes sociaux que nous avons étudié via la méthode de l’atelier participatif sont les suivants :

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-l’innovation socio-écologique et un mode de vie soutenable/responsable pour les acteurs innovants ;

- pour les paysans chiliens il s’agit de pouvoir maintenir leur identité et continuer de vivre sur leur terre tout en accédant à un bon niveau de développement humain ;

-pour les adolescents en difficulté, il s’agit de pouvoir réduire leur vulnérabilité pour ne pas être exclus de la société ;

-enfin, pour les collectivités territoriales, il s’agit d’être capables de favoriser le développement soutenable sur leur territoire.

3. Les observations participantes

Etant salarié de l’association de la RB Fontainebleau-Gâtinais pendant trois ans nous avons eu accès à des informations intéressantes pour l’analyse de la gouvernance des deux RB sous la forme d’observations participantes. Selon Laperrière (2006), l’objectif de l’observation participante dépasse la seule description des composantes d’une situation sociale et insistent sur l’importance d’en repérer le sens, l’orientation et la dynamique à travers l’immersion dans la structure sociale étudiée. Nous avons ainsi pu suivre en continu les discussions stratégiques, l’évolution du discours des acteurs et l’évolution des deux RB en participant à diverses réunions de fonctionnement interne (conseils d’administration, conseils scientifique etc.) et avec les partenaires locaux, régionaux, internationaux.

C. Périodes de terrain

Au total environ treize mois auront été dédiés au travail de terrain concernant les entrevues semi-dirigées, l’organisation et la réalisation des ateliers participatifs :

• 6,5 mois de terrain à la RB de La Campana-Peñuelas répartis en deux périodes (avril-aout 2011 et mars-avril 2012)

• 6,5 mois de terrain à la RB de Fontainebleau répartis sur trois périodes (novembre 2011-février 2012, mai-juin 2012, et fin septembre 2012)

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Cependant, il faut préciser que les réflexions sur la méthode ont commencé dès la mission de coopération réalisée au Chili pendant trois mois (de juillet à septembre) en 2009 et se sont poursuivies de juin à décembre 2010 à Fontainebleau136.

Au total plus d’une cinquantaine de personnes pour chacun des terrains ont été rencontrées à travers les entrevues semi-dirigées et les ateliers participatifs. Il faut aussi mentionner, les personnes qui ont été rencontrées en dehors des entrevues et ateliers dans le cadre de la coopération ou du fonctionnement quotidien des RB et qui ont aussi apporté des informations pertinentes.

Conclusion du chapitre

Afin d’assurer la cohérence d’ensemble entre la partie théorique et empirique, de favoriser la clarté de la présentation et l’analyse des résultats, nous avons choisi de conserver la même structure d’organisation pour la restitution de chacune des études empiriques qui composent les chapitres suivants. Ils sont organisés comme suit :

Objectif méthodologique : apports par rapport à l’opérationnalisation du cadre conceptuel Objectif d’action : comme l’on se situe dans une perspective de recherche-action il est important de préciser quel est l’objectif d’action poursuivi par l’étude

Hypothèses sur le cadre théorique : apports de l’analyse des résultats pour la validation du cadre théorique.

Hypothèses sur l’objet: les nouvelles informations que les méthodes appliquées permettent de produire sur l’objet étudié.

Le chapitre suivant présente la méthode développée et les résultats obtenus au sujet de l’évaluation de la perception sociale du capital naturel critique des deux RB.

136 Pour information j’étais familiarisé avec ces deux terrains depuis le Master 2. En temps cumulé, j’ai donc passé 9,5 mois sur le terrain chilien (y compris mission de coopération, si l’on rajoute les 3 mois du stage de Master en 2007, cela fait 12,5 mois sur le terrain chilien depuis l’été 2007). Et tout le reste du temps à Fontainebleau depuis mon embauche en juin 2009 avec les périodes ci-dessus mentionnées dédiées aux enquêtes et ateliers sachant que le reste du temps je faisais aussi des observations participantes et participais au fonctionnement de l’association.

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Idées clés du chapitre

• Pas de méthode clé en main ni pour l’opérationnalisation de l’approche par les capabilités, ni pour celle du capital naturel critique

• 4 enjeux méthodologiques pour une opérationnalisation qualitative de l’approche capacitaire : multidimensionnalité du bien-être, liberté comme processus, capturer la différence entre fonctionnements potentiels et accomplis, articulation individu-collectif

• Choix de méthodes qualitatives au vu de la complexité de l’objet et du peu d’études déjà réalisées sur le sujet

Méthodes retenues : entrevue semi-dirigée, groupe de discussion (atelier participatif), observations participantes

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Chapitre 7. Une méthode pour évaluer la perception