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Stöckli, B. (1993). Après la pluie le beau temps? Recherche écologique sur les surface cyclonées. Arguments de la recherche, 5, 13-21.

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ARGUMENTS

DE LA RECHERCHE

SECTEUR DES SERVICES SCIENTIFIQUES

Après la pluie le beau temps?

Recherche écologique sur les surfaces cyclonées

Groupe Végétation et réserves forestières Beniamin Stockli

L'ouragan Viviane a déraciné une multitude d'ar­

bres dans nos forêts. Le déblaiement et le trans­

port des arbres abîmés par les tempêtes coOtent souvent plus cher que le prix payé lors de la vente de ces bois. Mais par crainte des scolytes et des dangers qu'ils entraînent pour la forêt, il a bien fallu nettoyer. Depuis lors, plusieurs parcelles de forêts dénudées sont déjà repeuplées de jeunes arbres. Dans le cadre d'un travail de recherche, on a laissé tout ce que le vent avait alors renversé sur vingt de ces parcelles. C'est là-bas que les scientifiques de l'Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage étudient comment la nature retrouve son équilibre après une cata­

strophe.

Un tel ouragan n'est pas un événement rare.

Année après année, les tempêtes ne cessent de créer de nouveaux vides dans nos forêts. L'été dernier encore, de puissantes rafales d"orage ont balayé de vastes régions forestières sur le Plateau. Elles ont laissé derrière elles des arbres sans couronnes et des troncs fracassés ou renversés.

Reboisement des surfaces cyclonées

Depuis le passage de Viviane, la plupart des surfaces cyclonées ont été nettoyées au prix de grands efforts. Les ouvriers forestiers se sont affairés pendant des semaines à abattre les arbres blessés, à les écorcer et à les transporter - un travail qui n"est pas sans danger, car face à un arbre fracturé, les risques sont souvent incalculables. Là où les chemins font défaut, il a fallu utiliser une grue à câble mobile, voire un hélicoptère.

Après voir dégagé des surfaces, on y a planté

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A B GU M E NT S

DE LA R E CHERCHE

Les arbres situés à la limite supérieure de cette surface cyclonée dans le Trifttal se trouvent à 1 400 mètres d'alti­

tude et il ne sont accessibles qu'au prix d'une longue mar­

che. Grâce à la collaboration de l'usine électrique de Ober­

hasli SA, les chercheurs peu­

vent transporter leur matériel par câble.

de jeunes arbres âgés de trois ans à peu près . L'assainissement de ces lieux fut largement financé par des subventions de l'Etat.

I l serait également possible de s'abstenir de dégager les surfaces cyclonées et d ' y lais­

ser la forêt se régénérer de manière naturel­

le. Cette méthode comporte certains avantages:

elle diminue le volume des chablis en allé­

geant ainsi un marché du bois déjà saturé;

elle épargne aux propriétaires forestiers la crainte de subir trop de pertes face à l ' am-

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A R G U M E N T S

DE L A RE C HER C HE

Les scientifiques poursuivent une étude comparative sur la surface de référence 2 dans le Grappliwald de l'Obersee. La situation y est également par­

ticulière car si le bois y fut ébranché et débité, il n'a pu être transporté car le débar­

dage aurait coûté trop cher.

pleur des coûts de débardage et à la maigreur du produit de la vente des bois; en outre , elle permet aux arbres de se développer sur leur lieu l'ensemencement, ce qui les rend mieux adaptées à leur mil�eu et plus résis­

tants que les jeunes plantes cultivées en pé­

pinière. D ' aucuns objectent que les plantules , protégées dans ces endroits, jouissent d ' un développement optimal et qu " au moment de la plantation, les petits arbres issus des pépi­

nières ont une avance de plusieurs années dans leur croissance. Ainsi, cette deuxième méthode permettrait un reboisement plus rapide. Cela dit, la première solution laisse la nature effectuer un travail que l'homme n'aura pas à financer.

Bien que certains propriétaires forestiers aient déjà réussi à reboiser des surfaces cy­

clonées et à obtenir , pour peu d'argent, de jeunes peuplements stables, il est difficile d ' affirmer quelle méthode est la meilleure.

Des analyses ciblées en la matière font encore défaut et rares sont les essais laissant le bois au sol sur de larges surfaces . Or, si

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A R G U M E N TS

DE LA RECHERCHE

Les arbres renversés forment diverses niches offrant un es­

pace vital à nombre de plantes et d'animaux.

l " on désire réussir au mieux un reboisement, il importe de savoir quelle influence le bois laissé au sol exerce sur la germination et le rajeunissement. Il faut aussi connaître l'évo­

lution de la régénération naturelle d'une fo­

rêt. Les spécialistes de l' Institut fédéral de recherches sur la forêt , la neige et le pay­

sage s ' appliquent à découvrir ces processus.

Le travail du bois gisant au sol

L'influence exercée par le bois au sol sur la forêt et son écosystème es t une question que les scientifiques désirent encore appro­

fondir . La mort d'individus de toute espèce appartient au rythme biologique naturel de la forêt et cette fin représente sans conteste le prélude d'une nouvelle vie. Les matières orga­

niques mortes reposent en forêt en offrant un espace vital et un substrat nutritif à de riches communautés animales et végétales .

Au cours de leurs observations, les cher­

cheurs commencent par décrire la transforma-

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AR G U M ENTS

DE LA RE C HER C HE

Ainsi protégées par les arbres renversés, les jeunes plantes grandissent admirablement sur des parties de bois en décom­

position et les bourgeons des jeunes arbres resteront inac­

cessibles à la dent du gibier.

tion du bois cycloné au fil des ans : au début , il est encore vert, ensuite il se dessèche, l'écorce s'écaille, puis elle pourrit et finit par se décomposer. Parallèlement à cette ana­

lyse, les chercheurs suivent à la loupe le développement de la végétation . Ils examinent aussi avec attention la reproduction et la propagation des scolytes.

Le bois en décomposition offre les biotopes les plus variés non seulement aux insectes, champignons et plantes mais aussi aux plan­

tules d'arbres. A un stade de décomposition plus avancé, lorsqu'il s ' est fortement désa­

grégé, le bois enrichit le sol par ses sub­

stances nutritives.

Le bois laissé au sol modifie aussi le mi­

croclimat de l'endroit. Troncs, cimes, et branches sont source d'ombre , ils atténuent l'effet des vents desséchants et ils forment une protection contre le gel - des conditions très favorables aux plantules d'arbres préci­

sément. Lorsque des arbres entiers entrelacés l'un dans l'autre jonchent le sol, ils forment

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AR G U ME N TS

DE L A R E CHE RCHE

Les jeunes arbres et plantes sont soumis à des conditions différentes s'ils grandissent sur les terres dénudées ou en forêt:

A) Une terre dénudée, tel un vide créé par une coupe dans un peuplement, est constam­

ment exposée aux rayons du soleil qui ont un libre accès durant des heures. A midi, les températures sont très élevées.

Si la lumière favorise la crois­

sance, la chaleur qu'elle produit dessèche le sol et déshydrate les plantes. Voilà pourquoi son utilité n'est que partielle.

B) A l'intérieur du peuplement en revanche la lumière est net­

tement moins forte. Au fil des heures, une fine mosaïque de rayons se reflète directement de part en part sur la superficie du sol. Dans certains endroits, le rayonnement direct ne par­

vient même jamais. Pour les plantes, l'apport d'une lumière indirecte et tamisée est d'une grande importante. Dans une forêt de feuillus, l'ensoleillement du sol est plus intense au prin­

temps qu'après la frondaison.

C) Sur une surface cyclonée recouverte d'arbres renversés, les conditions des premières années sont semblables à celles offertes dans un peuple­

ment car les branches conser­

vent encore leurs aiguilles pen­

dant quelque temps. Plus tard, ce sera non seulement les ai­

guilles mais encore les petites branches qui se détacheront. II ne restera alors que les troncs pour former de larges ombres sur le sol. Elles tourneront d'au­

tant moins au fil des heures que les troncs seront proches les uns des autres.

La déclivité du terrain et son exposition influencent aussi la croissance d'autres jeunes ar­

bres et plantes.

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A R G U M E N T S

DE LA R E C H ERC H E

encore une protection naturelle contre les avalanches et les glissements de terrain.

La forêt n'est pas seulement faite de bois

L " ouragan n"a pas seulement jeté pêle-mêle des arbres au sol, mais il a encore bouleversé le monde vivant de tous les organismes de la forêt. Il a interrompu les cours d'eau. Il a bloqué le passage du gibier. Il a détruit leurs gîtes et recouvert leurs tanières. Dans ce milieu transformé, nombre de plantes sont incapables de survivre : les disques racinaires se dessèchent et l"ombre indispensable aux graminées est soudainement évincée par les rayons du soleil. Il est vrai que les endroits libres s'animeront bien vite d'une nouvelle vie. Mais une telle reconversion ne se fait pas d ' un jour à l'autre et seules des obser­

vations précises, systématiques et régulières permettront de suivre son évolution. I l est essentiel en l " occurrence qu"un même chercheur s " occupe d"une même tâche afin qu"il puisse un jour faire appel à sa mémoire lorsqu ' il devra noter des faits dont l'intérêt n ' avait pas été retenu de prime abord. Bien souvent, ce n'est qu ' au fil de longues recherches qu"il est pos­

sible de mettre en lumière l'existence de re­

lations fondamentales entre deux facteurs.

Saisir ie monde animal et l'action combinée des animaux et des plantes ne peut se faire que dans le calme et la solitude. Une accumu­

lation de chercheurs réunis au même endroit serait néfaste aussi bien aux animaux qu " au sol de la forêt. S'ils viennent en nombre ré­

duit, ils seront encore en mesure de constater quelles sont les modifications qu'ils ont eux-

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A R G U M E N T S

D E L A R E C H E R C H E

mêmes provoquées en procédant à

vations. leurs obser-

Reboisement des surfaces cyclonées - un projet impliquant de multiples appuis

Le proj et est en cours depuis à peine une année et nombre de partenaires y collaborent.

Grâce à la compréhension de tous les proprié­

taires des parcelles d'essai et à leur courage en décidant de ne rien modi f ier , les recher­

ches ont pu être mises sur pied . Les scienti­

fiques du FNP bénéficient aussi de l'appui des communes et offices forestiers respectifs , de l ' EPF et de la Direction, fédérale des forêts.

Des contrats à long terme ont été conclus avec chaque propriétaire forestier. Le dédom- Recherche nationale sur les dégats dus aux tempêtes

Projet d'observation permanente sur les zones sinistrées en foret de montagne

Objets du projet d'encadrement englobant les  Objets traités depuis 1991/92 � Objets supplémentaires traités sous contrat depuis 1993 mesures à prendre dans les zones sinistrées.

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ARGUMENTS

D E LA R E CH E RCH E

Propriétaires forestiers participant au projet:

- «Alpkorporation• Selun - « Korporation Oberallmein•

Muotatal

- Ziegenzuchtgenossenschaft Meiringen

- Kreisalpenkorporation Krum­

menau-Nesslau - Alpkorporation lltios

- Fondation "Zentrum der Ein- heit" Schweibenalp

- Ligue suisse pour la protection de la nature - «Tagwen• Nâfels

- Propriétaires privés: Com- munauté héréditaire Kehrli et Messieurs H. Jungen, F. Jungen et U. Grossen - Communes: Buchs, Alt

St. Johann, Krummenau, Stechelberg, Gadmen, Frutigen, Brienz, Nâfels, Disentis, Schwanden, Obersaxen et Trun - Cantons: St Gall, Berne,

Grisons, Glaris et Schwytz L'usine électrique de Oberhasli SA a favorisé le travail sur la

lacette d'essai de Trifttal.

magement est partiellement financé pàr des subventions accordées au compte des dégâts dus aux tempêtes. Mais la Oirection fédérale des forêts à Berne prend à sa charge la maj eure partie des coûts du proj et.

Les résultats de ce travail n'iront pas seu­

lement étoffer les études scientifiques et garnir les archives des chercheurs. Ils seront aussi analysés dans le cadre d ' un échange

d'expériences entre des propriétaires fores­

tiers, gardes forestiers et défenseurs de la nature. Le thème de la nature et des forces qÙ'elle recèle éveille aussi l'intérêt du mon­

de artistique. La vue d"une oeuvre d ' art va sensibiliser nombre d'êtres humains aux

beautés et à la puissance qu'offrent une forêt bouleversée. L'acceptation de cette nouvelle manière de réagir après les catastrophes natu­

relles passe d'abord par une sérieuse remise en question des valeurs socio-culturelles . Ce­

lui qui désire passer de l'image à la réalité suivra l'une des excursions offertes dans ces lieux et il sera personnellement renseigné sur les découvertes des chercheurs. Propriétaires forestiers, gardes forestiers et défenseurs de la nature verront encore durant des décennies le résultat des deux méthodes de reboisement des parcelles d'essai.

Benjamin Stôckli, ingénieur forestier dipl. EPF, dirige les travaux scientifiques du projet "Observation perma - nente des zones sinistrées par les tempêtes dans les forêts de montagne". Il est un collaborateur du groupe

"Végétation et réserves forestières" conduit par le Dr Nino Kuhn de l'Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neiQe et le oavsaoe à Birmensdorf.

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