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Rapports ART A n c i e n n e m e n t : R a p p o r t s FAT

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Nr. 681 2007

Rapports ART A n c i e n n e m e n t : R a p p o r t s FAT

Différents aspects de la succession à la ferme

Ruth Rossier, Patricia Felber et Stefan Mann, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, E-mail: ruth.rossier@art.admin.ch

Sommaire Page

Problématique 2

Méthodologie 2

Génération actuelle 3 Génération à la retraite 4 Génération suivante 6

Conclusions 7

Bibliographie 8

Le présent travail traite différents aspects de la succession à la ferme du point de vue de trois générations. Les résultats sont basés sur une enquête écrite représenta- tive (2004), deux discussions de groupe (2005) et quatorze entretiens axés sur la perception des problèmes (2006).

Les motifs qui incitent la génération sui- vante à reprendre l’exploitation agricole familiale dépendent des structures de cette dernière, mais aussi des intérêts et des aspirations de ceux ou celles qui pren- dront la succession. Plus le potentiel éco- nomique de l’exploitation est important (par exemple la taille de l’exploitation) et plus l’intérêt des enfants pour l’agricul- ture est marqué, plus l’exploitation a des chances d’être reprise. Près de la moitié des chefs et cheffes d’exploitations ayant participé à l’enquête déclarent la succes- sion assurée. Sur le plan économique, dans de nombreux cas, la survie de l’ex- ploitation n’est possible que moyennant l’exercice d’une activité annexe. Les ex- ploitations sont généralement abandon-

nées lorsque les chefs et cheffes d’exploi- tations atteignent l’âge de la retraite et qu’ils n’ont pas trouvé de successeurs. La remise de l’exploitation a une influence capitale sur la prévoyance-vieillesse. Sans droit d’habitation, la situation financière peut devenir critique à l’âge de la retraite, car l’assurance-vieillesse et survivants (AVS) n’est pas en mesure de couvrir le coût de la vie.

On observe deux modèles d’accès diffé- rents à l’agriculture. Dans le premier cas, l’accès à l’agriculture se fait directement par une formation agricole de base suivie de l’exercice d’une activité agricole. Dans le deuxième cas, l’accès se fait par une voie détournée, après plusieurs années d’ex- périence professionnelle dans un métier non agricole, et parfois même une forma- tion non agricole. Les enfants, fils et filles, reprennent l’exploitation de leurs parents par intérêt pour l’agriculture. Il existe en effet de grandes différences d’intérêts entre ceux ou celles qui ont choisi de re- prendre le domaine et les autres enfants.

Fig. 1: Le processus de succession à la ferme commence dès l’enfance.

Ces intérêts divergents sont au moins en partie le fruit d’une socialisation qui tient compte du sexe de l’enfant et de son sta- tut de futur successeur.

(2)

Rapports ART No 681: Différents aspects de la succession à la ferme

Problématique

La structure de l’agriculture en Suisse est marquée par les exploitations familiales.

Le changement structurel agricole se fait essentiellement dans le cadre du change- ment de générations. La transmission de la propriété et des responsabilités d’une génération à l’autre constitue une phase critique dans le développement d’une ex- ploitation familiale. Le changement de gé- nération est lourd de conséquences finan- cières, sociales, mais aussi de conséquences pour le secteur agricole. Pour ceux qui sont concernés, la remise de la ferme est un évé- nement capital. La décision pour ou contre la reprise d’une exploitation agricole, mais aussi la période choisie pour cesser l’acti- vité agricole et la façon de le faire sont en outre très importantes pour comprendre le changement structurel agricole.

L’agriculture n’est pas la seule à être confrontée à ce problème de succession.

Les entreprises familiales non agricoles (comme les boulangeries, les boucheries, les restaurants) doivent elles aussi faire face à des questions et des problèmes similaires en vue de la succession. Les préoccupa- tions sont les mêmes partout: prendre de l’âge, déléguer des responsabilités, estimer de façon réaliste les capacités de ses pro- pres enfants et décider comment répartir les biens acquis au cours d’une vie. Il s’agit de préserver l’œuvre et la fortune d’une vie. Outre les aspects économiques, il faut donc également tenir compte des aspects émotionnels. Savoir lâcher les rênes, crain- dre de perdre son statut ou appréhender de troubler la paix familiale, tels sont quel- ques-unes des expressions récurrentes dans ce contexte. Lorsque l’affectif joue un rôle trop important lors de la transmission de l’œuvre d’une vie, il est difficile d’éva- luer objectivement l’entreprise et d’exa- miner rationnellement les alternatives qui permettraient de poursuivre l’exploitation.

Il y a donc de grands risques que les straté- gies globales pour l’exploitation, la famille, la prévoyance et l’héritage soient négligées (Office de l’économie et du travail du can- ton de Zurich 2003).

Par ailleurs, la vie des paysannes et pay- sans à la retraite, qui ont abandonné ou transmis leur exploitation agricole à la fin de leur période d’activité, n’a prati- quement fait l’objet d’aucune étude jus- qu’à présent. D’un point de vue social, il serait intéressant de connaître la qualité de vie de la génération à la retraite.

Méthodologie

Pour analyser la question de la succession à la ferme et ses multiples aspects, le choix a porté sur une procédure qui combine une méthode quantitative (enquête écrite) et une méthode qualitative (discussions de groupes, entretiens axés sur la perception des problèmes). Cette technique permet de tirer des conclusions quantitatives sur la succession des fermes en Suisse tout en décrivant le processus de succession lui- même.

L’enquête écrite a été réalisée à partir d’un simple échantillon de 2000 exploitations choisies dans l’ensemble des exploitations dont les chefs et cheffes sont âgés de 40 ans et plus. Cet échantillon a été établi proportionnellement au nombre d’exploi- tations dans les cantons (Office fédéral de la statistique 2004). Le taux de réponse était de 39 %. Ces 776 exploitations re- présentent relativement bien la Suisse (fig.

2). La surface agricole utile (SAU) s’élève en moyenne à 18,75 ha. Chaque exploi- tation occupe en moyenne 1,33 unités de main-d’œuvre familiale à temps plein. L’âge moyen des chefs et cheffes d’exploitations interrogés était de 51,5 ans (entre 40 et 83 ans), les partenaires étaient légèrement plus jeunes puisqu’ils/elles étaient âgé(e)s en moyenne de 48,5 ans (entre 26 et 80 ans). En moyenne, les chefs et cheffes d’ex- ploitations actuels dirigent l’exploitation depuis 21 ans et l’ont reprise à l’âge de 30 ans. Les familles d’agriculteurs ont 2,7 en- fants en moyenne (0 à 8 enfants).

L’enquête écrite destinée aux chefs et chef- fes d’exploitations de la génération actuelle contenait également un questionnaire sé- paré à l’intention de leurs enfants (= géné- ration future). 213 des 354 enfants déclarés par leurs parents comme futur successeur (garçon ou fille) et 509 des 2048 descen- dants qui n’étaient pas pris en compte pour la succession de la ferme ont participé à l’enquête. Le taux de réponse des succes- seurs (garçons ou filles) était de 59 %, ceux des autres descendants de 25 %. Les jeu- nes hommes étaient en moyenne âgés de 19 ans, les jeunes femmes de 21 ans. Quel- ques-uns de ces enfants ont également été invités à des discussions de groupes. Un premier groupe réunissait les successeurs potentiels et un deuxième groupe compre- nait les jeunes femmes sans perspective de reprendre la ferme. Les personnes ayant par- ticipé à l’enquête avaient entre 18 et 34 ans.

Les paysannes et paysans retraités ont dû être interrogés séparément, car ils étaient automatiquement rayés du registre des chefs et cheffes d’exploitation dès la remise ou l’abandon de leur domaine. La situation de la génération à la retraite a été étudiée dans le cadre de quatorze entretiens axés sur la perception des problèmes. Ces entre- tiens ont été réalisés en français, allemand ou italien avec des retraités agricoles de toute la Suisse. Les personnes interrogées avaient entre 63 et 82 ans. Elles ont été choisies en veillant à ce que leurs (ancien- nes) exploitations agricoles présentent di- verses structures de production. La remise ou l’abandon de l’exploitation a eu lieu deux à trente ans plus tôt.

Fig. 2: L’échantillon de l’enquête est représentatif de l’agriculture suisse.

Région

Type d’activité

Forme de production

Direction de l’exploitation

Plaine 44 %

Activité principale 80 %

Montagne 33 % Collines

23 %

Activité annexe 20 %

Bio 11 %

PER 84 %

Conv.

5 %

Homme 94 %

Femme

6 %

(3)

Génération actuelle Probabilité de succession

La génération actuelle a une grande in- fluence sur la façon dont se déroulera la remise de l’exploitation à la génération sui- vante et le moment auquel elle aura lieu.

Les 776 chefs et cheffes d’exploitation in- terrogés prévoient en moyenne de remettre leur domaine entre 62 ans (remise partielle) et 65 ans (remise complète). Dans 46 % des exploitations étudiées, la succession de la ferme est normalement assurée, dans 27 % des cas, il n’existe aucun successeur et dans les 27 % restants, cette question n’a pas encore été clarifiée. La situation de la suc- cession dans les exploitations familiales se concrétise plus l’âge des exploitant(e)s va croissant. Tandis que la moitié des 40–49 ans ne savent pas encore si et comment l’exploitation va être reprise par la pro- chaine génération, la succession est clari- fiée dans la plupart des cas à l’âge de 65 ans (fig. 3).

Le motif le plus fréquemment mentionné en cas d’absence de successeur est que l’ex- ploitation est trop petite et qu’elle n’offre pas des conditions d’existence suffisantes.

Le tiers des familles interrogées concernant un manque de succession citent cependant des raisons qui ne sont pas de nature éco- nomique: absence d’enfant ou manque d’intérêt pour l’agriculture de la part des enfants. Par conséquent, lorsqu’il s’agit de savoir si une exploitation sera reprise ou non par la génération suivante, il faut tenir compte aussi bien des aspects éco- nomiques que des aspirations personnelles

des enfants (fig. 4). Les chefs et cheffes d’exploitations qui prévoient d’abandonner leur ferme, ont généralement l’intention de louer les terres et les bâtiments d’exploita- tion et de continuer à jouir eux-mêmes des locaux d’habitation.

Motifs déterminant la succession à la ferme

La reprise d’une exploitation dépend autant de facteurs économiques que de facteurs autres que matériels:

• La probabilité de reprise augmente avec la taille de l’exploitation (SAU). Tandis que moins de la moitié des exploitations dont la surface agricole utile est inférieure à 10 hectare ont une succession assurée, ce pourcentage est d’au moins 80 % dans les exploitations dont la surface agricole utile est supérieure à 30 hectares (fig. 5).

• Plus le nombre de fils est élevé dans une famille, plus il est probable que le domaine sera repris (fig. 6). Dans les familles sans fils, la succession de la ferme est assurée à 30 %, mais dès que la famille comprend un fils, la probabilité de reprise augmente pour atteindre près de 70 %. Avec quatre fils, elle est même de 80 %.

• L’orientation de la production joue un rôle dans la succession à la ferme, dans la me- sure où les exploitations de production laitière et les exploitations de production animale ont davantage tendance à être reprises. C’est sans doute une des raisons majeures pour lesquelles les exploitations de la région de montagne sont un peu plus fréquemment reprises que les exploi- tations des autres régions.

• L’âge des chefs et cheffes d’exploitations est également important pour la succes- sion. Plus les chefs et cheffes d’exploita- tions sont âgés, plus il est probable que la question de la succession soit résolue.

• L’intérêt des enfants pour l’agriculture et pour la direction d’une exploitation agri- cole constitue aujourd’hui une condition essentielle pour la reprise du domaine au sein de la famille (cf. chapitre «Intérêts et motivations»)

• Le sexe des enfants et la socialisation dis- tincte des fils et des filles dans l’agricul- ture influencent la succession à la ferme (cf. chapitre «Répartition des rôles par sexe»)

Par contre, la part des terres affermées dans la SAU, la diversification de l’exploi- tation (nombre de branches de produc- tion), le nombre d’unités de main-d’œuvre familiale, le sexe ou la formation profes- sionnelle des chefs et cheffes d’exploita- 0%

25%

50%

75%

100%

40–49 (n=336)

(n=776) Âge des chefs et cheffes d’exploitations

OUI NON OUVERTE

Nombre d’exploitations (n=776)

Succession de la ferme

50–65 (n=404) >65 (n=36) Tous >40

Fig. 3: Souvent la question de la succession ne se règle que peu avant d’atteindre 65 ans.

Fig. 4: Le fait que l’exploitation ne permet pas d’assurer une existence rend souvent impos- sible de transmettre la ferme (n=207).

0 Aucune garantie

d’existence Manque d’intérêt

des enfants Aucun enfant Reprise trop chère

Conflits familiaux

Nombre de citations

50 100 150 200

(4)

Rapports ART No 681: Différents aspects de la succession à la ferme

tion n’ont pas d’influence tangible sur la probabilité de succession, tout comme le nombre d’enfants et plus spécialement le nombre de filles dans la famille (tab. 1). La pluriactivité non plus n’est pas un obstacle à la succession à la ferme, car ce sont plus les différences de tailles d’exploitation qui déterminent la probabilité de reprise d’une exploitation agricole que le taux d’activités annexes (Rossier et Wyss 2007).

Processus de succession

La succession de la ferme n’est pas un évé- nement spontané, mais suppose un proces- sus qui va plus loin que le simple transfert des biens acquis par une génération à la génération suivante. Dans 13 % des cas, les garçons et filles désignés par leurs parents comme successeurs potentiels ont moins de quinze ans. On constate donc que le successeur peut déjà être désigné très tôt.

Les critères traditionnels comme la primo- géniture (remise de la ferme au fils aîné) ont en grande partie perdu leur influence sur la sélection du candidat à la succession. L’in- térêt manifeste pour le travail sur l’exploi- tation joue un rôle plus important que le rang du successeur dans la fratrie. Le sexe, lui, n’en reste pas moins un critère impor- tant lorsqu’il s’agit de choisir le successeur.

Contrairement au nombre de garçons, le nombre de filles n’a aucune influence sur la probabilité de reprise du domaine. La part des futures candidates à la succession est aussi élevée que la part de cheffes d’ex- ploitations aujourd’hui, soit 6 % (Rossier et Wyss 2006).

Dans la plupart des cas, la reprise de la ferme est précédée par une phase de colla- boration intensive entre les chefs et cheffes

d’exploitations actuels et le successeur dé- signé. Ce dernier apprend alors à connaître l’organisation du travail sur l’exploitation et peut acquérir les connaissances spécifiques au domaine (Uchiyama et al. 2003). Mise à part l’importance de la collaboration, on peut également se demander dans quelle mesure la candidate ou le candidat à la suc- cession exerce déjà une influence sur les dé- cisions qui touchent l’exploitation. Errington et Lobley (2002) partent du principe que lorsque les responsabilités sont transférées tôt et progressivement, la remise du do- maine se déroule plus facilement. Les finan- ces sont généralement contrôlées jusqu’au bout par la génération qui part en retraite.

Par contre, les successeurs sont associés à tout ce qui concerne la planification de l’ex- ploitation à long terme, car les gros inves- tissements doivent être consentis en fonc- tion de la stratégie des repreneurs (fig. 7).

La date de la succession dépend essentiel- lement de la situation économique de la génération actuelle. La majeure partie des personnes interrogées prévoit de remettre le domaine à l’âge de 65 ans lorsqu’elles ne percevront plus de paiements directs.

La plupart des chefs et cheffes d’exploita- tion dépendent des revenus qu’ils tirent de l’agriculture jusqu’à ce qu’ils aient atteint l’âge de la retraite. A partir d’un certain âge, il est souvent difficile de trouver des possibilités de revenus alternatifs. Lorsque les chefs et cheffes d’exploitation remet- tent leur domaine à la génération suivante à l’âge de 65 ans, comme prévu, les succes- seurs ont en moyenne 35 ans à cette date.

On peut toutefois s’attendre à ce que cer- tains chefs et cheffes d’exploitation remet- tent leur domaine plus tôt que prévu pour des questions de santé ou autres.

Génération à la retraite Qualité de vie après la remise de la ferme

Les entretiens avec les agricultrices et agri- culteurs à la retraite ont montré que le lien avec l’exploitation est largement rompu lorsque la ferme reste sans successeur, ou lorsqu’elle n’est pas vendue au sein de la famille. La principale raison qui explique une vente en dehors du cercle familial est le manque d’intérêt des héritiers. Lorsque le domaine est remis au sein de la famille, le lien avec l’ancienne exploitation est plus fort. Chez les agriculteurs à la retraite, ce lien se concrétise généralement par une participation active aux travaux de la ferme.

0%

25%

50%

75%

100%

< 10 ha

Tailles des exploitations OUI NON

Nombre d’exploitations (n=563)

Succession de la ferme

de 10 à 20 ha de 20 à 30 ha > 30 ha

Fig. 5: Les grandes fermes ont plus de probabilité d’être reprises (n=563).

0%

25%

50%

75%

100%

Nombre de fils OUI NON

Nombre d’exploitations (n=563)

Succession de la ferme

1

0 2 3 4

Fig. 6: Le nombre de fils est un critère qui influence nettement la probabilité de reprise.

(n=563).

(5)

Cette activité est considérée comme agréa- ble lorsque le retraité peut choisir le type de tâche et qu’il travaille sans contrainte.

Les femmes se retirent généralement des activités de l’exploitation. Elles continuent néanmoins à s’occuper du ménage et du jardin et prennent en charge les petits en- fants. Grâce à leur participation active, les retraités soulagent considérablement les chefs et cheffes d’exploitations actuels et continuent à mettre leur savoir-faire à la disposition de ces derniers.

«Trois matins par semaine, c’est moi qui me charge de l’étable. J’aime bien le faire. Cela me change. Il faut bien que je fasse quelque chose. Ma femme travaille du matin au soir.

Je ne peux quand même pas ne plus rien faire du tout» (ancien chef d’exploitation, 72 ans).

La situation financière constitue sans aucun doute un critère capital pour évaluer la

qualité de vie des retraités. Ceux qui ven- dent ou louent leur ferme en dehors de la famille, sont mieux placés financièrement parlant. C’est une des conséquences de la Loi fédérale sur le droit foncier rural (LDFR).

En cas de reprise de l’exploitation à la valeur de rendement au sein de la famille et non à la valeur commerciale, la vente du domaine ne rapporte pas suffisamment à la généra- tion qui part en retraite pour pouvoir consti- tuer des réserves en vue de la vieillesse. Or, de telles réserves seraient nécessaires, car l’AVS ne couvre pas les frais de la vie cou- rante. Tandis que certains compensent une part des revenus manquants par le droit d’habitation, d’autres ont des économies dans lesquelles ils peuvent puiser (Rossier et Felber 2007). Toutefois, dans l’ensemble, la satisfaction financière des paysannes et paysans à la retraite n’est pas moindre que celle des autres retraités (Mann 2006).

Une bonne condition physique et le senti- ment d’être en forme augmentent la qua- lité de vie des paysannes et paysans âgés.

Certes, la mécanisation de l’agriculture au cours des quarante dernières années a sim- plifié de nombreux procédés. L’agriculture n’en demande pas moins constamment des efforts physiques indépendamment des conditions météorologiques. Ces condi- tions de travail difficiles peuvent se traduire par des problèmes d’usure physique (pro- blèmes de dos et d’articulations).

«[Nous avons géré l’exploitation] jusqu’à ce problème de dos. Du jour au lendemain, nous avons dû charger les bêtes sur un ca- mion et les vendre. Parce que [mon mari]

avait été opéré du dos. Quant à moi, je fais avec. Je dis toujours que je suis contente chaque matin quand je peux aller travailler.

J’ai aussi le dos en compote» (agricultrice, 62 ans).

Les contacts sociaux, notamment une re- lation harmonieuse entre époux, des liens étroits avec les enfants et/ou les frères et sœurs sont très importants pour le bien- être des retraités. Les paysannes et paysans à la retraite avouent aimer rester à la mai- son et être heureux d’avoir enfin du temps pour eux-mêmes. Le choix du lieu d’habi- tation détermine, d’une part, l’organisation de la retraite et d’autre part, l’influence sur la vie de la ferme: ceux qui vivent à la ferme, restent liés à l’exploitation, participent au travail et gardent une influence sur ce qui se passe. Ceux qui quittent le domaine, se dé- tachent de la ferme et n’interviennent plus dans les événements de l’exploitation.

Comparaison des générations

La présente étude sur la succession à la ferme montre que le processus lui-même a considérablement changé au cours des trois dernières décennies. La génération qui est maintenant à la retraite n’a géné- ralement pas eu le choix autrefois lors de la succession de la ferme. Dans les familles avec une exploitation agricole, la reprise du domaine par le fils désigné par les parents, l’aîné ou le plus jeune suivant les régions, constituait une obligation morale implicite.

La conséquence c’est qu’aujourd’hui hélas, la génération des retraités comporte éga- lement des «agriculteurs malgré eux». Ce sont des agriculteurs qui ont repris l’exploi- tation non par intérêt personnel, mais par obligation morale. La situation a changé.

La génération actuelle ne contraint géné- ralement plus ses descendants à reprendre le domaine. Les parents ne s’en réjouissent 0%

Planification de l’exploitation Négociations commerciales Finances Méthodes de travail

CE Plutôt CE Moitié/moitié Plutôt S S

25% 50% 75% 100%

Fig. 7: Le chef ou la cheffe d’exploitation conserve généralement la responsabilité des finances jusqu’à la fin de son activité.

Tableau 1: Raisons déterminant la succession à la ferme.

Facteurs Statistiquement significatifs pour la déci-

sion relative à la succession de la ferme (régression logistique)

Âge du chef/de la cheffe d’exploitation Oui

Taille de l’exploitation (SAU) Oui

Part de terres affermées Non

Nombre de branches d’exploitation Non

Production animale Oui/Non Oui

Production laitière Oui/Non Oui

Part d’activités annexes Non

Formation professionnelle du chef/de la cheffe d’exploitation Non Nombre d’unités de main-d’œuvre familiale Non

Région (montagne Oui/Non) Oui

Nombre d’enfants Non

Nombre de fils Oui

Nombre de filles Non

Sexe du chef/de la cheffe d’exploitation Non

(6)

Rapports ART No 681: Différents aspects de la succession à la ferme

l‘agriculture, ils tentent de stimuler cette inclination.

Le travail à l’extérieur et le contact avec les animaux sont les points les plus importants pour les candidates et candidats potentiels à la succession (fig. 8). De plus, 75 % des personnes interrogées citent le travail pra- tique et la diversité des tâches agricoles comme la principale raison de reprendre un domaine. Pouvoir travailler de manière indé- pendante est une autre des motivations qui peut pousser les jeunes à reprendre l’exploi- tation parentale. Un participant à une dis- cussion de groupe exprime cette aspiration en citant le luxe «d’être son propre chef».

Les raisons qui touchent la structure fami- liale du milieu professionnel jouent égale- ment un rôle. Plus de 50 % des personnes interrogées sont d’accord pour dire qu’elles aimeraient bien reprendre la maison d’ha- bitation de l’exploitation (fig. 9). Pouvoir associer activité lucrative et famille, pouvoir travailler avec ses parents sont également des raisons en faveur d’une reprise de la ferme. Par contre, la poursuite de la tradi- tion familiale est bien moins souvent men- tionnée parmi les motivations.

Les conditions-cadres politiques et éco- nomiques ne sont pas jugées de manière particulièrement positive par la génération à venir (fig. 10). L’espoir d’obtenir un revenu satisfaisant est particulièrement limité: seuls 10 % à peine sont d’avis que c’est possible.

Près d’un quart des personnes interrogées sont persuadées que la seule façon d’obtenir un revenu satisfaisant consiste à combiner l’activité agricole avec une activité annexe.

pas moins lorsque l’exploitation peut être transmise de génération en génération.

De plus, la génération aujourd’hui à la re- traite devait souvent attendre longtemps avant de pouvoir reprendre le domaine des parents. Aujourd’hui, la date de remise de l’exploitation est déterminée indirectement par les conditions-cadres de la politique agricole. En effet, lorsque les chefs et chef- fes d’exploitation ont atteint l’âge officiel de la retraite, ils ne perçoivent plus de paie- ments directs. En outre, les jeunes de plus de 35 ans ne touchent plus non plus d’aide au démarrage de l’Etat. Avant l’entrée en vigueur de cette loi, l’exploitation restait parfois la propriété des parents jusqu’à leur grand âge et il n’était pas rare que les suc- cesseurs aient 50 ans et plus.

Autrefois, lors de la reprise de la ferme, le contrat de génération comprenait non seu- lement le droit d’habitation, mais aussi le

«droit aux soins». Cela impliquait de s’oc- cuper des parents toute leur vie durant jus- qu’à leur mort, ce qui représentait une très grosse charge physique et psychique pour la génération aujourd’hui à la retraite. Tous sont d’accord pour dire que le devoir de prise en charge est un modèle dépassé et qu’il ne faut plus imposer ce lourd fardeau à la nouvelle génération. Le droit d’habi- tation, lui, reste aujourd’hui encore partie intégrante du contrat de générations dans la majorité des cas.

Génération suivante Intérêts et motivations

Chez les enfants qui grandissent dans des exploitations agricoles, on cherche très tôt à savoir s’ils sont aptes ou non à reprendre le domaine. Lorsque les parents constatent que leur enfant fait preuve d‘intérêt pour 0%

«J’aime le travail pratique/manuel.»

«J’aime le travail à l’air libre.»

«J’aime travailler avec les animaux.»

«J’aime travailler de manière indépendante.»

«J’apprécie la diversité des travaux agricoles.»

Nombre de réponses en pourcentage entièrement d’accord plutôt d’accord partagé pas vraiment d’accord pas d’accord du tout Je suis...

25% 50% 75% 100%

Fig. 8: Intérêts et motivations des candidates et candidats potentiels à la succession par rapport à la profession agricole.

«J’aimerais reprendre la maison d’habitation de

l’exploitation.»

«Pour moi, il est important de poursuivre

la tradition familiale.»

«Je peux tout à fait m’imaginer travailler

avec mes parents.»

«Dans l’agriculture, je peux combiner activité lucrative et vie familiale.»

entièrement d’accord plutôt d’accord partagé pas vraiment d’accord pas d’accord du tout Je suis...

0%

Nombre de réponses en pourcentage

25% 50% 75% 100%

Fig. 9: Raisons et motivations structurelles des candidates et candidats potentiels à la suc- cession.

(7)

Les candidates et candidats intéressés par la succession sont plus optimistes sur ce point que leurs frères et sœurs. Les conditions- cadres de la politique agricole sont évaluées de façon critique. Le prestige de la profes- sion est jugé négatif par une majorité. Seuls 25 % sont d’avis que la profession agricole jouit d’une bonne réputation dans la société.

Il est évident que les intérêts matériels ou encore le prestige du métier dans la société jouent un moins grand rôle dans la succes- sion à la ferme que le goût pour les travaux agricoles.

Modèles de succession à la ferme

En Suisse, il existe deux modèles-types de succession à la ferme: l’accès direct et l’ac- cès par voies détournées. En cas d’accès direct, les candidates et candidats poten- tiels à la succession suivent une formation de base agricole et éventuellement une formation agricole supérieure, telle qu’une maîtrise. A l’issue de leur formation, ils travaillent à temps plein dans l’agriculture, comme employé dans l’exploitation paren- tale ou dans une autre exploitation, dans leur propre exploitation, dans une exploi- tation louée ou dans une communauté de générations. En cas d’accès indirect, par voies détournées, les successeurs potentiels suivent une formation non agricole ou tra- vaillent en dehors de l’agriculture avant de reprendre la ferme. Jusqu’à la reprise de la ferme, ils travaillent ainsi plusieurs années en dehors de l’agriculture et ne suivent sou- vent une formation agricole secondaire que peu de temps avant le transfert définitif du domaine.

Le choix entre l’accès direct ou indirect à la profession dépend généralement de la taille de l’exploitation parentale. La comparaison des deux modèles de succession montre que l’accès direct est plutôt choisi par les successeurs potentiels dans les grands do- maines. En effet, seules de telles exploi- tations permettent à deux générations de vivre simultanément du revenu agricole. La situation est totalement différente dans les petites et moyennes exploitations, où le re- venu ne suffit souvent même pas pour une seule génération.

Répartition des rôles par sexe

Comme le montrent les résultats de l’étude, il ne faut pas s’attendre à trouver plus de cheffes d’exploitations dans les exploita- tions agricoles familiales dans la généra-

tion future que dans la génération actuelle.

L’agriculture ne se féminise pas. Le nombre de filles de la nouvelle génération qui se sont montrées intéressées par la reprise du domaine est nettement plus important que les 6 % de filles citées par les parents comme successeurs désignés. Les fils conti- nuent à être prioritaires dans la succession, bien que la plupart des chefs d’exploita- tions s’accordent à dire que le métier d’agri- culteur aujourd’hui n’est pas une profession exclusivement masculine. Il n’empêche que les filles ne sont souvent prises en compte pour la succession qu’en l’absence de fils.

Dans la présente étude, 12 des 20 candi- dates désignées à la succession n’ont pas de frère. Les discussions de groupes confir- ment également cette hypothèse.

«Dans la plupart des familles, on n’aborde même pas le sujet lorsqu’il y a un fils. On n’en discute pas, car il est clair que c’est le fils qui prendra la suite. On ne pose même pas la question à la fille, à moins que d’elle- même, elle déclare vouloir reprendre la ferme.»

Il est indiscutable que les fils sont privilé- giés lors de la succession. Les attentes des parents sont fonction du sexe de leurs en- fants et se manifestent dès la socialisation précoce de leur progéniture. L’intérêt des garçons pour l’agriculture est souvent da- vantage encouragé que celui des filles. Si les filles sont plus mal loties au départ, la formation y est également pour quelque chose. Il existe en effet deux types de for- mation dans l’agriculture: la formation agri-

cole et la formation professionnelle de la paysanne. Tandis que la formation agricole offre de bonnes bases pour une reprise du domaine, la formation de la paysanne ne convient que sous certaines conditions. Tra- ditionnellement, ce sont surtout les jeunes hommes qui suivent la formation agricole.

Quant à la formation qui forme les futu- res paysannes, elle accueille exclusivement des jeunes femmes. Les résultats de l’en- quête montrent enfin que les filles sont en moyenne moins intéressées que les fils par la succession de la ferme. Il est difficile de dire si l’éducation est la seule responsable de cette situation.

Conclusions

Les motifs qui incitent la génération suivante à reprendre l’exploitation agricole familiale dépendent des structures de cette dernière, mais aussi des intérêts et des aspirations de ceux ou celles qui prendront la succession.

La taille de l’exploitation agricole joue un rôle incontestable dans les chances qu’elle a d’être reprise ou non par la génération sui- vante. En cas de reprise par la nouvelle gé- nération, l’orientation du domaine change rarement du tout au tout. Les changements internes se font plutôt progressivement sous la forme d’achat de terres, de réduc- tion ou d’extension de l’effectif animal ou encore d’abandon de certaines branches de production.

«Seul l’exercice d’une activité annexe me permettrait de réaliser

un revenu satisfaisant.»

«Dans l’agriculture, je peux réaliser un revenu satisfaisant.»

«Les agriculteurs jouissent d’un grand prestige dans la société.»

«Les conditions-cadres de la politique agricole permettront une agriculture

rentable à long terme.»

entièrement d’accord plutôt d’accord partagé pas vraiment d’accord pas d’accord du tout Je suis...

0%

Nombre de réponses en pourcentage

25% 50% 75% 100%

Fig. 10: Intérêts et motivations socio-économiques des candidates et candidats potentiels à la succession.

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Rapports ART No 681: Différents aspects de la succession à la ferme

Impressum

Edition: Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen

Les Rapports ART paraissent environ 20 fois par an. – Abonnement annuel: Fr. 60.–.

Commandes d‘abonnements et de numéros particuliers: ART, Bibliothèque, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Tél. 052 368 31 31, Fax 052 365 11 90, E-mail:

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Les Rapports ART sont également disponibles en allemand (ART-Berichte).

ISSN 1661-7576

Les Rapports ART sont accessibles en version intégrale sur notre site Internet (www.art.admin.ch).

De nombreuses exploitations ne sont pas en mesure de nourrir deux générations. C‘est pourquoi les chefs et cheffes d’exploitation ou leurs partenaires respectifs doivent sou- vent exercer une activité professionnelle extra-agricole. Ce phénomène n’a certes aucune influence directe sur la probabilité de reprise d’une exploitation, mais peut se répercuter sur le processus et le modèle de succession.

Les valeurs traditionnelles et les normes culturelles comme la primogéniture, la dé- signation d’un successeur par le père et l’obligation morale de reprendre la ferme ont perdu de leur importance au cours des dernières décennies. Ceci pourrait augmen- ter les chances de voir les fermes reprises par les jeunes femmes. Indépendamment du sexe, les activités pratiques, le travail avec les animaux et le statut d’indépen- dant sont des motifs qui incitent les jeunes gens à reprendre l’exploitation familiale.

La reprise d’une ferme est aujourd’hui une décision mûrement réfléchie, dont les avan- tages et les inconvénients sont soigneuse- ment évalués et soupesés par la nouvelle génération.

Bibliographie

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Fig. 11: La vie commune au quotidien joue un rôle central à la retraite.

Referenzen

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