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Rapports ART A n c i e n n e m e n t : R a p p o r t s FAT

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No 674 2007

Rapports ART A n c i e n n e m e n t : R a p p o r t s FAT

Production laitière en région de montagne sous la PA 2011 1

La production de lait migrera-t-elle en région de plaine?

Christian Gazzarin, Markus Lips et Matthias Schick, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, E-Mail: Christian.Gazzarin@art.admin.ch

Sommaire Page

Problématique 3

Procédure et méthodologie 4 Evolution de la production lai 3 tière en région de montagne+ par rapport à la région de plaine+

Rentabilité des systèmes 5 de production laitière sur

différents sites en région de montagne

Répercussions liées à 6 l’augmentation de l’effectif Évolution d’une exploitation 9 de montagne type dans les conditions de la PA 2011

Résultats de la stratégie 9 de référence

Résultats des stratégies 11 d’optimisation

Conclusions 13

Bibliographie 13

Les exploitations de production laitière en région de montagne travaillent dans des conditions de production difficiles, indemnisées par des paiements directs.

Les calculs sur la base de la nouvelle politique agricole 2011 montrent que le revenu d’une exploitation de monta- gne-type ne sera pas mis sous pression, contrairement aux exploitations types de plaine et de collines. Il faut cepen- dant savoir que ce revenu se situe déjà aujourd’hui à un niveau nettement plus bas que celui des exploitations de plaine. Il est possible d’éviter une aug- mentation des coûts de production en n’utilisant des transporteurs et des bâ- timents d’étable massifs et fermés que sur des sites de production extrêmes et en privilégiant l’utilisation de machines en commun par plusieurs exploitations

pour les surfaces pentues de plus pe- tite taille. Tout en conservant les struc- tures existantes, il est également pos- sible de comprimer considérablement les coûts de production en augmentant le nombre de vaches ou en déléguant l’élevage à une autre exploitation.

Une extension du volume de produc- tion permet de réduire les coûts et d’augmenter considérablement les re- venus. D’un point de vue technique, le travail ne peut toutefois être accompli qu’en organisant la récolte du fourrage (1ère coupe) en commun entre plu- sieurs exploitations. Or, tous les sites n’ont pas la possibilité de passer de tels accords.

Dans l’ensemble, les calculs statiques et dynamiques des exploitations mo- délisées réalisés en tenant compte

Fig. 1: En région de montagne, les baisses du prix du lait sont compensées par une aug- mentation des paiements directs, ce qui permet aux exploitations de production laitière  de rester compétitives à l’avenir.

1 Etude effectuée dans le cadre de Profi-Lait, initi- ative pour l’amélioration de la compétitivité de la production laitière en Suisse.

(2)

ont ensuite été effectués sur quatre sites de la région de montagne afin d’analyser les différents paramètres des systèmes de pro- duction laitière correspondants par rapport à la région de plaine. Finalement, le rapport se penche sur les répercussions probables de la PA 2011 sur le revenu agricole et la situation du ménage d’une exploitation de montagne-type (15 vaches). A l’aide d’un modèle de simulation dynamique, on a cal- culé la stratégie dite Baseline (stratégie de référence) pour cette exploitation, ainsi que deux stratégies d’optimisation différentes.

Problématique

Dans le cadre de la future politique agricole, il faut s’attendre à une baisse considérable du prix du lait, de plus de 20 %. Parallèlement, les paiements di- rects seront encore étendus. Dans ce but, le contingentement laitier sera défi- nitivement supprimé à partir de 2009, de même que l’interdiction qui empêchait de transférer les contingents laitiers de la région de montagne+ à la région de plaine+ en en faisant le commerce.

Dans de telles conditions, on craint que la production laitière ne quitte la région de montagne pour la région de plaine.

Cette crainte est-elle justifiée et les me- sures prévues par la nouvelle politique agricole pour la région de montagne sont-elles suffisantes pour continuer à y maintenir la production laitière?

Abréviations/Terminologie

Break Even seuil de rentabilité ou point de couverture des coûts. Corres- pond au prix du lait théorique qui permet de couvrir tous les coûts de production. Hypothèse: les recettes non tirées du lait comme le produit de l’élevage et de l’abattage, ainsi que les paiements directs s’équilibrent avec les coûts qu’ils engen- drent. Salaire horaire: Fr. 26.–/MOh

CL quantité de contrat de livraison

Contribution UGB-FG contribution pour une unité gros bétail consommant du four- rage grossier (1 vache = 1 UGB-FG)

cts centimes (1/100 francs)

DC dépouillement centralisé des données comptables, Agroscope FAT Tänikon

ECM lait corrigé par rapport à sa teneur en énergie

IFCN International Farm Comparison Network

L1C_7700rp système de production laitière avec stabulation libre (L1), stockage du fourrage en silo-couloir (C), production laitière par vache et par an: 7700 kg, récolte de l’herbe (r) combinée avec le pâturage (p) en été.

L1S_6700rp système de production laitière avec stabulation libre (L1), conservation du fourrage sec (S), production laitière par vache et par an: 6700 kg, récolte de l’herbe (r) combinée avec le pâturage (p) en été.

L1T_6700rp comme ci-dessus, mais avec conservation de l’ensilage en silo-tour.

lm «lait de montagne»; type d’exploitation «Lait commercialisé»

en région de montagne

MOh heure de main-d’œuvre

PA 2011 Politique agricole 2011

PGB places gros bétail (important pour calculer l’espace nécessaire dans les bâtiments)

Région de montagne comprend les zones de montagne 2–4 Région de montagne+ comprend les zones de montagne 1–4

Région de plaine comprend la zone de grandes cultures, la zone intermédiaire et la zone intermédiaire élargie

Région de plaine+ comprend la zone de grandes cultures, la zone intermédiaire, la zone intermédiaire élargie et la zone préalpine des collines Région des collines comprend la zone préalpine des collines et la zone de mon-

tagne 1

RPL revenu agricole tiré de la production laitière

SFP surface fourragère principale (sans les surfaces Extenso) SILAS système d’information et de prévision pour le secteur agricole

en Suisse

Valorisation du travail revenu du travail par heure de main-d’œuvre dans la produc- tion laitière (salaire horaire)

WTO World Trade Organisation (organisation mondiale du com- merce)

des conditions-cadres qui s’applique- ront sans doute à l’avenir donnent des résultats encourageants. Il paraît peu probable, à moyen terme, que la production laitière quitte la région de montagne pour la région de plaine, malgré la suppression des contingents laitiers.

La région de montagne constitue le ber- ceau de la production laitière. Au Moyen- Âge déjà, les fortes précipitations, la courte période végétative, ainsi que la topogra- phie tourmentée n’offraient aucune alter- native à l’élevage de bétail. Avec le boom des exportations de fromage à la fin du XIXème siècle, l’élevage de bétail et plus tard, la production laitière se sont dévelop- pés à plus basse altitude où ils sont aussi devenus la banche de production majeure.

Cette évolution a été accélérée par le recul massif du prix des céréales lié à l’accroisse- ment des importations. En région de plaine, les agriculteurs pouvaient produire du lait à des coûts nettement moindres, tandis qu’en région de montagne, les conditions natu- relles sont restées inchangées. La pression exercée sur le prix du lait ne permettait plus aux exploitations de montagne de produire en couvant leurs coûts. Par conséquent, dans la deuxième moitié du siècle dernier, l’Etat, pour préserver la décentralisation et l’exploitation des terres, a octroyé les pre- miers paiements directs (participations aux coûts). Avec la globalisation croissante, la problématique de la production laitière en région de montagne n’a pas vraiment

changé, si ce n’est que le prix du lait sera soumis à une pression nettement plus forte à l’avenir.

Procédure et méthodo- logie

Le présent rapport décrit brièvement l’évo- lution structurelle de la production laitière en région de montagne+ depuis 1995. Des calculs modélisés statiques et comparatifs

(3)

Procédure et méthodologie / Évolution de la production laitière en région

On observe une évolution similaire en Ba- vière. L’analyse de dix clôtures de la bourse des quotas laitiers montre que la migration des quotas laitiers a eu lieu notamment là où il existait des activités alternatives inté- ressantes dans l’agriculture ou en dehors, par rapport à la production laitière. Les quotas laitiers migrent généralement vers les régions herbagères qui se caractérisent déjà par une production laitière intensive et traditionnelle (Dick 2003).

Comparaison des revenus des exploitations de plaine et de montagne

Tandis qu’en Autriche, les exploitations de la région de montagne réalisent un revenu agricole plus élevé que les exploitations de la région de plaine, la situation est inverse en Suisse. Si l’on établit la moyenne des années 2003–2005, la comparaison des régions de plaine, de collines et de mon- tagne montre que les exploitations de lait commercialisé de la région de plaine ont obtenu un revenu agricole supérieur de Fr. 12 313.– (soit environ 25 %) par rapport aux exploitations de la région de montagne (cf. tab. 1). La différence du revenu du tra- vail par unité de main-d’œuvre familial était encore plus élevée. Les revenus supérieurs en région de plaine sont dus tout d’abord à de meilleures structures (effectifs de vaches plus importants) et par conséquent, aux re- cettes plus élevées que rapporte le lait, ainsi qu’à des coûts de production plus bas, ce

Évolution de la production laitière en région de mon- tagne+ par rapport à la région de plaine+

Afin d’évaluer une éventuelle délocalisation régionale de la production laitière à l’ave- nir, il est bon d’analyser l’évolution de la situation dans la région de plaine+ et dans la région de montagne+ jusqu’ici. Dans la période qui va de 1995/96 à 2004/05, on constate que chaque année 2,8 % des exploitations de vaches laitières ont aban- donné la production de lait en région de montagne+, tandis que ce pourcentage est plus élevé en région de plaine+ avec 3,4 % (OFS 1996–2006). La différence se fait en- core plus nette lorsqu’on analyse le recul annuel depuis 1999 (introduction du com- merce des contingents): 3,5 % en région de montagne+ et même 4,5 % en région de plaine+ (fig. 2). Le taux d’abandon des exploitations agricoles (avec et sans lait) s’élevait à environ 2,4 % par an et ne va- riait pas suivant les régions. Les résultats d’une enquête sur la succession à la ferme montrent que les exploitations de vaches laitières ont un potentiel de résistance plus élevé en région de montagne. La succession semble mieux assurée en région de mon- tagne qu’en région de plaine (Rossier et Wyss 2006).

L’effectif de vaches laitières était égale- ment plus en baisse en région de plaine+

avec –1,8 % par an qu’en région de mon- tagne+ avec –1,3 %. Au sein de la région de plaine+, il faut signaler que le nombre de vaches diminuait nettement plus dans les zones de grandes cultures avec –2,2 % que dans les zones herbagères avec –1,6 % (OFS 1996–2006).

En ce qui concerne la quantité de contin- gents laitiers (quota laitier), on ne constate aucune différence d’évolution entre la ré- gion de plaine+ et la région de montagne+

en dépit de l’introduction du commerce des contingents. Ce point tient en premier lieu à la règle restrictive qui régit le transfert des contingents d’une région à l’autre. Ainsi la répartition des contingents est restée in- changée depuis des années, avec deux tiers en région de plaine+ et un tiers en région de montagne+. La seule chose frappante est le recul des contingents de 2002 à 2005 dans les cantons avec peu de précipitations comme le Valais avec –13 %, le Tessin avec –4 % et le canton de Vaud, plus important, avec –5 % (OFAG 2002 et 2006).

Sachant que la répartition de la production

laitière entre la région de plaine+ et la ré- gion de montagne+ est restée constante, mais que le nombre de vaches laitières et d’exploitations laitières a accusé une baisse plus marquée en région de plaine+, on peut en conclure que le changement structurel et l’intensification de la production laitière y ont été nettement plus prononcés qu’en région de montagne+. La forte baisse du nombre de vaches laitières dans les régions de grandes cultures ne s’explique cepen- dant pas seulement par l’augmentation de la productivité des vaches, mais par un cer- tain décalage de la production laitière vers les régions herbagères.

Transfert des quotas dans les pays voisins

Contrairement à la Suisse, l’Autriche a en- registré un transfert des quotas de la ré- gion de plaine à la région de montagne.

Il faut savoir que la majorité de la produc- tion laitière (70 %) est installée en région de montagne+ (Suisse 33 %, OFAG 2006).

Le quota laitier s’est accru de 11 % environ dans cette région, tandis qu’il a légèrement diminué en dehors de la région de mon- tagne+ (Kirner 2005 et 2006). En Autriche, les zones plutôt favorisées, qui correspon- dent à la région des collines (zone préalpine des collines, zone de montagne 1) et à la zone de montagne 2 chez nous, ont affiché une hausse particulièrement importante (80 % de l’augmentation relevée en région de montagne+).

0 5000 10000 15000 20000 25000 30000

1995/96 1996/97 1997/98 1998/99 1999/00 2000/01 2001/02 2002/03 2003/04 2004/05 2005/06

Région de plaine Région de montagne

Nombre d’exploitations

Fig. 2: Baisse du nombre d’exploitations laitières en Suisse en région de plaine+ et en région  de montagne+ de 1995/96 à 2005/06 (représentation personnelle selon l’OFS 1996–2006).

(4)

qui n’est pas compensé par les paiements directs plus importants dont bénéficie la région de montagne. Les autres branches de production contribuent également aux revenus plus élevés des exploitations de plaine. En ce qui concerne le revenu total, les exploitations de plaine arrivaient encore en tête, même si l’écart n’est plus aussi net (+18 % par rapport aux exploitations de montagne). Dans les exploitations de mon- tagne, les gains issus de l’exercice d’une activité extra-agricole représentaient une plus large part du revenu total. Les exploi- tations de montagne dépensaient moins en moyenne pour la consommation privée que les exploitations de la région de plaine (Fr. 58 059 versus Fr. 64 524, cf. tab. 1).

Par conséquent, la formation de capitaux propres était positive dans les exploitations de montagne, au moins comparable à celle des exploitations de la région des collines.

Rentabilité des systèmes de production laitière sur différents sites en région de montagne

Hypothèses

Les conditions géographiques d’accès ainsi que les conditions topographiques et cli- matiques sont très diverses en région de montagne. C’est ce qui explique que les conditions de production des exploitations laitières en région de montagne soient net- tement plus hétérogènes que celles des ex- ploitations de la région de plaine. Afin de disposer d’exploitations modèles largement représentatives, nous avons employé les données des exploitations de lait commer- cialisé de la région de montagne fournies par le Dépouillement centralisé des données comptables (DC) de la Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART. La majorité de ces exploitations se situe dans les zones de montagne 2 et 3 à une alti- tude moyenne de 960 m. Quatre systèmes de production laitière ont donc été définis à cette altitude. Ils se différencient à l’aide des paramètres «Topographie/Déclivité» et

«Distance ferme-parcelle», différences qui se répercutent sur le temps de travail né- cessaire, la mécanisation et les paiements directs (cf. tab. 2). Le rendement fourrager brut potentiel de 8,3 t/ha est valable pour les quatre sites et repose sur des mesures effectuées dans des régions favorables à la culture fourragère situées entre 900 et

Tab. 2: Différenciation des systèmes de production par site

Site lm1 Site lm2 (2b) Site lm3 Site lm4

Zone de montagne

(ZM) 2 2 3 3

Altitude en m1 960 960 960 960

Pourcentage de surface2 avec une déclivité de 18–35 %

31.5 % 33 % 33 % 33 %

Pourcentage de surface2 avec une déclivité de >35 %

16 % 21 % 28 % 28 %

Distance moyenne entre la ferme et la parcelle

1000 m 1000 m 1000 m 2000 m

Mécanisation

Fauche Tracteur de monta-

gne avec faucheuse rotative frontale

Faucheuse à deux

essieux Faucheuse à deux

essieux Faucheuse à deux essieux Mécanisation

Récolte de fourrage/fumure

Tracteur de montagne avec

outils tractés (autochargeuse

de 16 m3)

Tracteur de montagne avec

outils tractés (autochargeuse

de 16 m3) bm2b: transporteur

comme pour lm3 et lm4.

Transporteur avec hausses (dispositif auto- chargeur de 14 m3)

Transporteur avec hausses (dispositif auto- chargeur 14 m3)

Type d’étable Stabulation libre

(ouverte) Stabulation libre (ouverte);

lm2b: fermée comme pour lm4

Stabulation libre

(ouverte) Stabulation libre (fermée)

Bases:

1 Rapport de base 2005; Exploitations de lait commercialisé en région de montagne (Agroscope ART 2006)

2 Hypothèses-Silas (OFAG): site lm1 de ZM 1; site lm2 de ZM 2; site lm3–4 de ZM 3.

Tab. 1: Paramètres économiques des exploitations de lait commercialisé des régi- ons de plaine, de collines, de montagne (1161 exploitations de lait commercialisé;

moyenne 2003–2005) Paramètres

Unité Exploita- tions de plaine

Exploita- tions des collines

Exploita- tions de montagne

Revenu agricole Fr./exploitation 62 212 52 602 49 899

Revenu du travail par unité de main-d’œuvre familiale Fr./UMOF 40 125 33 701 30 078

Revenu total Fr./exploitation 80 876 70 522 68 666

Part du revenu extra-agricole % 23 % 25 % 27 %

Consommation privée Fr./exploitation 64 524 60 168 58 059

Formation de capitaux propres Fr./exploitation 16 353 10 354 10 608 Source: Rapport de base 2005 (Agroscope ART 2006)

1090 d’altitude (Mosimann 2005, Agros- cope ACW Changins).

En outre, d’autres éléments ont été pris en compte par rapport à la région de plaine, car ils entraînent des coûts plus élevés pour la main-d’œuvre et les bâtiments. Il s’agit de la durée plus longue de l’affourrage- ment hivernal, des charges de neige plus importantes et de la profondeur de gel. Le temps de travail nécessaire aux travaux des champs a été déterminé à l’aide d’un facteur de correction qui a été calculé sur la base de la déclivité moyenne du site concerné.

En fonction de l’altitude, des facteurs de correction spécifiques aux éléments de construction ont également été appliqués pour calculer le coût des bâtiments. Les calculs ont été effectués selon la méthode décrite dans le rapport FAT 586 (Gazzarin

& Hilty 2002).

A l’aide du rapport FAT 645 (Gazzarin et al. 2005), nous avons comparé les paramè-

tres économiques des sites définis ou plus précisément des systèmes de production laitière, tels que le revenu agricole tiré de la production laitière (RPL), la valorisation du travail et le point de «break-even» (point de couverture des coûts ou seuil de renta- bilité), ainsi que les exigences relatives aux facteurs de production comme la surface (surface fourragère principale), le travail, les bâtiments et le volume des contrats de livraison. Une surface fourragère principale de 30 ha a servi de base à la comparaison.

Nous avons également distingué le système d’affouragement (production d’ensilage ou uniquement production de fourrage sec) et l’élevage de jeune bétail (avec ou sans délégation de l’élevage à une autre exploi- tation). La part de fourrage sec dans les sys- tèmes avec ensilage est de 20 %. L’ensilage est stocké en silo-tour. Avec trois coupes par an (58,6 dt de MS de rendement net/

ha de SFP), les systèmes avec ensilage pra-

(5)

Rentabilité des systèmes de production laitière sur différents sites en région de montagne

tiquent une exploitation un peu plus in- tensive que les systèmes avec fourrage sec (deux coupes, 48,7 dt de MS de rendement net/ha de SFP). L’affourragement estival al- terne pâturage et herbe récoltée, sachant que l’alpage n’est pas pris en compte. La production laitière annuelle moyenne est de 6700 kg par vache (cf. Gazzarin et. al.

2005). Le fourrage de base et les bâtiments d’étable suffisent pour pratiquer l’élevage de jeune bétail sur l’exploitation ou pour abriter environ dix vaches supplémentaires.

Les principales autres hypothèses sont ré- pertoriées dans le tableau 7 en annexe.

Revenu: résultats et inter- prétation

Le tableau 3 répertorie pour chaque sys- tème ou site les exigences en matière de facteurs de production (places-vaches, in- vestissements dans les bâtiments, volume de livraison nécessaire, temps de travail), ainsi que les paramètres économiques (RPL, valorisation du travail et point de «break- even»). Ces derniers ont été calculés pour deux scénarios. Le premier scénario (situa- tion actuelle) part d’un prix du lait de 68 centimes, du prix actuel des moyens de production et des paiements directs en vigueur (contributions GACD limitées). Le deuxième scénario se base sur les pronostics relatifs à la politique agricole 2011 (Mack &

Flury, 2006) et part d’un prix du lait de 50 centimes, d’une contribution UGG-FG de Fr. 600.– ainsi que de contributions GACD

plus élevées, qui ne sont plus limitées à 20 UGB. Dans le deuxième scénario, le prix brut des concentrés a été réduit de 10 % par rapport aux prix de 2006.

La comparaison avec les paramètres cal- culés à l’aide du modèle dans le tableau 3 montre que, pour un prix du lait équi- valent, les systèmes d’ensilage, avec leurs trois coupes, obtiennent des revenus lé- gèrement plus élevés que les systèmes de fourrage sec plus extensifs avec leurs deux coupes. Ce résultat tient moins au système de conservation du fourrage qu’à la pro- duction laitière plus élevée, grâce aux trois coupes (23 vaches au lieu de 20, resp. 34 vaches au lieu de 30). Le temps de travail nécessaire pour les systèmes avec ensilage est donc nettement plus élevé, d’une part, à cause du plus grand nombre de vaches et d’autre part, à cause de la coupe supplé- mentaire, mais aussi à cause des transports plus nombreux et donc plus coûteux, du fait de la teneur supérieure en eau de l’ensilage.

Par conséquent, la valorisation du travail est quasiment équivalente dans les deux systè- mes de conservation du fourrage.

La délégation de l’élevage de jeune bétail à une autre exploitation et l’extension simul- tanée du troupeau à environ dix vaches de plus produisent des effets manifestes. La meilleure exploitation des bâtiments, des installations (salle de traite notamment) et de la surface fait augmenter le revenu tiré du lait (RPL) de 35–55 % suivant le système, sachant que les coûts liés au volume de li- vraison supplémentaire n’ont pas été pris en

compte. Si l’on compare les deux scénarios, on constate que les systèmes avec 20–23 vaches obtiennent de meilleurs résultats dans le deuxième scénario «Paiements di- rects plus élevés et prix du lait de 50 centi- mes». Ce point est surtout valable pour les sites où la production s’effectue dans des conditions difficiles, qui, suivant le système, enregistrent une augmentation des reve- nus tirés de la production laitière (RPL) de 18–25 % dans cette simulation, tandis que les systèmes situés sur des sites plus favo- rables n’enregistrent qu’une augmentation de 8–14 %2. Dans les systèmes de 30–34 vaches, il faut s’attendre à un léger recul (moins 6–8 %), notamment sur les sites les plus favorisés, tandis qu’on n’observe prati- quement aucun changement sur les sites de production difficile.

Tab. 3: Paramètres des systèmes de production laitière en région de montagne sur une surface fourragère principale de 30 ha (avec et sans affourragement d’ensilage; avec et sans élevage de jeune bétail)

Système Valeurs limitatives Prix du lait de 68 cts. 50 cts. + nouvelles contributions GACD/UGB-FG

SFP Système de

production Site Places- vaches Invest.

bâtiments

Volume de livraison

nécessaire Temps de

travail LEM AVW Break-

even RPL VT Break-

even

Augmen- tation du RPL

ha Type Type Nbre Fr. kg ECM/an MOh/an Fr./J Fr./Akh cts. Fr. /an Fr./MOh cts.

30 Fourrage sec

Im1 20 612 000 125 800 2 913 56 204 13 92 61 035 15 71 9%

Im2 20 612 000 125 800 2 997 57 083 13 93 61 914 15 73 8%

Im2b 20 696 000 125 800 3 044 47 224 9 103 52 055 11 82 10%

Im3 20 612 000 125 800 3 123 57 042 12 96 67 340 15 72 18%

Im4 20 696 000 125 800 3 253 50 007 9 105 60 306 12 80 21%

30 Silo-tour

Im1 23 575 000 142 800 3 339 63 230 14 92 70 650 16 70 12%

Im2 23 575 000 142 800 3 469 63 327 13 94 70 747 15 72 12%

Im2b 23 665 000 142 800 3 529 52 337 9 103 59 757 11 82 14%

Im3 23 575 000 142 800 3 609 64 550 13 96 78 772 17 70 22%

Im4 23 665 000 142 800 3 780 56 528 10 105 70 751 13 79 25%

30 Fourrage sec Sans jeune bétail

Im1 30 612 000 191 100 3 018 82 440 21 72 75 634 19 58 –8%

Im2 30 612 000 191 100 3 102 83 316 21 72 76 511 19 59 –8%

Im2b 30 696 000 191 100 3 152 73 335 17 79 66 529 15 65 –9%

Im3 30 612 000 191 100 3 245 83 156 20 75 81 751 19 58 –2%

Im4 30 696 000 191 100 3 361 76 126 17 80 74 721 16 64 –2%

30 Silo-tour Sans jeune bétail

Im1 34 574 000 217 300 3 466 88 561 20 74 82 995 19 59 –6%

Im2 34 574 000 217 300 3 595 86 793 19 76 81 226 17 61 –6%

Im2b 34 660 000 217 300 3 732 80 690 16 81 75 123 15 66 –7%

Im3 34 574 000 217 300 3 756 87 683 18 78 88 876 18 60 1%

Im4 34 660 000 217 300 3 911 79 821 15 84 81 015 15 66 1%

2 A ce propos, il peut être utile de comparer les systèmes de production laitière de la région de plaine et de la région des collines. A partir de la même méthode, les deux scénarios ont donc été comparés (Gazzarin et al. 2005). Contrairement à la région de montagne, la région de plaine a notamment enregistré des pertes de revenus rela- tivement importantes dans le deuxième scénario et quel que soit le système. Ces pertes étaient parfois nettement supérieures à 20 %.

(6)

Point de «Break-even»:

résultats et interprétation

Afin d’évaluer la compétitivité, il est néces- saire de se pencher plus précisément sur le point de «break-even». Il indique à partir de quel prix du lait, le système de production considéré peut couvrir la totalité des coûts et atteindre le seuil de rentabilité (fig. 3).

Plus la colonne est basse, plus le système est compétitif et plus il pourra supporter rapidement une autre baisse de prix du lait.

Le point de «break-even» est le résultat d’un calcul apuré (cf. IFCN 2001). En effet, on suppose que dans les systèmes de pro- duction laitière, les recettes non tirées du lait comme le produit de l’élevage et de l’abattage, ainsi que les paiements directs s’équilibrent avec les dépenses qu’elles en- traînent. Par conséquent, les recettes non tirées du lait sont déduites des coûts de production. De ce fait, le point de «break- even» se rapporte exclusivement à la pro- duction de lait et peut donc être comparé au prix du lait (point rouge). Les coûts de production ne peuvent être complètement couverts que lorsque le prix du lait est au moins au même niveau que la colonne

«break-even». Si le prix du lait est inférieur, la valeur monétaire du temps de travail se situe en dessous du salaire horaire calculé de Fr. 26.– (Ammann 2005).

La figure 3 présente le point de «break- even» des différents systèmes ou sites avec conservation de fourrage sec et indique aussi à titre de comparaison un système de la région de plaine avec 60 vaches et égale- ment 30 ha de surface fourragère principale (L1S_7700rp). Il repose sur les calculs des systèmes de production de plaine (Gazza- rin et al. 2005). Les systèmes avec ensilage affichent des résultats pratiquement iden- tiques, ce qui explique qu’ils n’aient pas été représentés. Le coût du contingent a été fixé à 12 centimes le kg pour la location, sachant que dans le système de plaine, 40 % de la quantité vendue sont couverts par un contingent loué contre 20 % dans les systèmes de montagne.

Contrairement à la région de montagne, la région de plaine est en mesure de couvrir ses coûts, voire de dégager des bénéfices avec une surface fourragère principale de 30 ha.

Il faut cependant que les exploitations pos- sèdent un effectif de 60 vaches pour par- venir à de tels résultats. Comme on pouvait s’y attendre, les coûts sont nettement plus élevés en région de montagne. On constate une augmentation supplémentaire dans les sites de production difficile de la région de montagne. Les coûts nettement plus élevés

0 20 40 60 80 100 120

20 30 40 50

Nombre de vaches Plaine L1C_7700rp

(15–25 ha SFP) Montagne lm1

(26–44 ha SFP) Montagne lm2 (26–44 ha SFP) Montagne lm3

(26–44 ha SFP)

Montagne lm4 (26–44 ha SFP)

Fr./100 kg ECM

Fig. 4: Dégression des coûts (coûts de la main-d’œuvre non compris) en cas d’augmentation  de l’effectif sur différents sites de production avec affourragement d’ensilage.

0 20 40 60 80 100 120

60-vaches-plaine 20-vaches-lm1 20-vaches-lm2 20-vaches-lm3 20-vaches-lm4

Cts./kg de lait

Coûts réels – recettes non tirées du lait Coûts d’opportunité

Coûts du contingent Prix du lait

Fig. 3: Seuil de rentabilité (point de «break-even») sur différents sites avec 30 ha de SFP et  conservation de fourrage sec (L1S_6700rp).

du site 2 (20-lm2) dans la variante 2b sont frappants avec des dépenses supérieures, et pas forcément nécessaires, dans le domaine de la mécanisation et du bâtiment (trans- porteur au lieu du tracteur de montagne;

étable fermée au lieu d’étable ouverte). Le point de «break-even» augmente de 10 cts pour atteindre 103 cts par kg de lait, ce qui correspond pratiquement au niveau du site 4, dont les conditions de production sont nettement plus difficiles, mais sont toute- fois indemnisées par des paiements directs supérieurs. La moitié des coûts supplémen-

taires est due à la mécanisation (5 centi- mes), l’autre moitié au bâtiment.

Répercussions liées à l’augmentation de l’effectif

L’extension de l’effectif, et par conséquent du volume de production, est la mesure la plus efficace pour réduire les coûts. Le pré-

(7)

Répercussions liées à l’augmentation de l’effectif

sent chapitre souhaite montrer comment l’extension de l’effectif se répercute sur les systèmes de production laitière des quatre sites de montagne (tab. 2). Les systèmes de montagne avec affourragement d’ensilage sont comparés les uns par rapport aux autres, ainsi qu’à un système similaire en région de plaine (L1C_7700rp) avec 20, 30, 40 et 50 vaches. En région de montagne, dans les effectifs de 20 et 30 vaches, l’en- silage est stocké en silo-tour (L1T_6700rp;

désileuse, distribution du fourrage à la main).

Dans les effectifs de 40 et 50 vaches, le four-

rage est stocké en silo-couloir et en balles rondes (L1C_6700rp; remorque mélangeuse équipée d’une déliseuse, chargeur frontal, avec tracteur supplémentaire sur les sites 3 et 4). En région de plaine, l’ensilage est tou- jours stocké en silo-couloir (combiné avec des balles rondes), quelle que soit la taille de l’effectif. Dans les troupeaux de trente va- ches et moins, la reprise et la distribution du fourrage depuis le silo-couloir se fait avec la désileuse par blocs (distribution manuelle). A partir de 40 vaches, les exploitations utilisent une remorque mélangeuse équipée d’une

déliseuse. Dans tous les systèmes, l’élevage de jeune bétail est délégué à une autre ex- ploitation à partir de 30 vaches.

Résultats

Pour exclure l’effet de tous les coûts de main-d’œuvre, la figure 4 représente tous les autres coûts en fonction du site de l’exploi- tation et de la taille du troupeau. La dégres- sion des coûts est relativement forte de 20 à 30 vaches, car les exploitations produisent plus de lait en conservant les mêmes struc- tures (étable, surface) grâce à la délégation de l’élevage. On constate que la dégression des coûts est parallèle en région de plaine et en région de montagne. La différence de coûts entre les sites, notamment les coûts plus élevés des sites de montagne, est très visible, sachant que les coûts de main-d’œu- vre n’ont pas été pris en compte.

Toutefois, la seule comparaison des coûts ne permet pas de tirer de conclusions quant à la compétitivité des sites. C’est le point de

«break-even» ou point de couverture des coûts qui permet d’en savoir plus à ce sujet, car il tient compte des paiements compen- satoires, resp. des paiements directs (recet- tes non tirées du lait). Pour calculer le point de «break-even», on a utilisé les données du scénario basé sur la PA 2011 avec les nouveaux paiements directs. La figure 5 montre une image inverse. Avec un effectif de taille équivalente, tous les sites de mon- tagne ont atteint un point de couverture des coûts plus bas et sont donc plus aptes à supporter une baisse du prix du lait. Si l’on rapporte ces résultats au cheptel, on peut dire que dès 20 vaches, les systèmes de montagnes sont plus compétitifs que le système de plaine équivalent, qui doit, lui, compenser la pression des coûts en augmentant la taille de son troupeau. Pour ces calculs, on a utilisé un taux similaire en montagne et en plaine pour les coûts d’op- portunité du travail effectué par la main- d’œuvre familiale (Fr. 26.–/MOh), bien que les opportunités ou alternatives à la produc- tion laitière soient en moyenne plus limitées en région de montagne+ qu’en région de plaine+ (Kirner et Gazzarin 2007). Ceci veut dire qu’avec des coûts d’opportunité plus réduits, le point de «break-even» serait en- core plus bas en région de montagne.

Limites naturelles

En région de montagne, comme le montre la figure 6, l’extension des troupeaux est soumise à des limites plus étroites. Tandis que le temps de travail n’évolue pratique- 0

10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

20 30 40 50

Nombre de vaches Plaine

(15–25 ha SFP)

Montagne lm1 (26–44 ha SFP)

Montagne lm2 (26–44 ha SFP) Montagne lm3

(26–44 ha SFP)

Montagne lm4 (26–44 ha SFP)

Fr./100 kg ECM

Fig. 5: Point de «break-even» en cas d’extension de l’effectif sur différents sites de produc- tion avec affourragement d’ensilage (scénario 2, basé sur la PA2011).

0 1000 2000 3000 4000 5000 6000

20 30 40 50

Nombre de vaches Plaine

(15–25 ha SFP) Montagne lm1

(26–44 ha SFP) Montagne lm2 (26–44 ha SFP) Montagne lm3

(26–44 ha SFP)

Montagne lm4 (26–44 ha SFP)

MOh/an

Fig. 6: Temps de travail nécessaire en cas d’extension de l’effectif sur différents sites de  production avec affourragement d’ensilage.

(8)

ment pas entre un effectif de «20 vaches plus jeune bétail» et un effectif de «30 va- ches sans jeune bétail», à partir de 40 vaches et d’une surface fourragère correspondante, ce temps augmente plus rapidement qu’en région de plaine. La figure 7 expose la cause principale et les conséquences. Comme les rendements fourragers sont plus faibles et l’affourragement hivernal plus long en ré- gion de montagne, il faut nettement plus de surface qu’en plaine pour pouvoir faire pas- ser l’hiver au même nombre de vaches. Un autre facteur explique la grande différence de temps de travail: en région de plaine, il est possible d’exploiter à fond les mesures de rationalisation qui permettent de réduire le travail lors de la récolte fourragère. Il s’agit par exemple de l’option qui consiste à confier la récolte de fourrage à une entreprise de tra- vaux agricole (notamment pour l’ensilage de maïs), des largeurs de travail plus importan- tes, du plus grand volume de transport des machines et de la part plus réduite de travail manuel. Le temps de travail annuel donne une image déformée de la réalité. Pour sa- voir si un système de 40 ou 50 vaches est réaliste ou non, il faut savoir en premier lieu comment se passe la première coupe (coupe du foin). C’est le véritable point critique en région de montagne:

1. La figure 7 montre que le même trou- peau en région de montagne requiert nettement plus de surface et de temps de travail qu’en région de plaine. Pour 30 vaches, en région de plaine (SFP 15 ha) avec un pourcentage de maïs de 40 %, il ne faut que 4,5 ha environ pour la premi- ère coupe, tandis que pour le même nom- bre d’animaux en région de montagne (SFP 26 ha), il faut faucher environ 16,5 ha au début de l’été. En région de mon- tagne, plus de la moitié du fourrage est récoltée lors de la première coupe, tandis qu’en région de plaine, les travaux peu- vent être mieux répartis grâce à la période de végétation plus longue ou à l’aide de la production fourragère de plein champ.

2. La période de coupe optimale est plus courte en région de montagne qu’en région de plaine (cf. fig. 8). Sachant que pour le même nombre de vaches, la sur- face de fourrage à conserver est nette- ment plus grande lors de la première coupe, la puissance des machines par hectare devrait être bien plus élevée en région de montagne pour pouvoir obtenir un fourrage de base de qualité similaire.

Or, pour des raisons topographiques, ce n’est généralement pas possible.

3. Un autre facteur rend la situation plus difficile par rapport à la région de plaine.

En effet, les régions de montagne qui sont significatives pour la production laitière sont justement celles qui comp- tent généralement 10 à 20 jours de pluie supplémentaires par an. Par conséquent, les possibilités de récolte sont également plus limitées pour la première coupe (Luder 1996).

4. Les limites naturelles citées dans les points précédents se traduisent par un risque météorologique plus important et par conséquent par une qualité moyenne du fourrage de base inférieure en région de montagne, ce qui bien entendu se

répercute sur la production laitière des vaches (cf. données du herd-book).

C’est pourquoi en région de montagne, il n’est possible de tirer partie d’une réduc- tion potentielle des coûts en développant le troupeau que si la puissance des machi- nes par hectare reste au moins constante lors de la première récolte de fourrage. Il est possible de parvenir à un tel résultat en coopérant entre agriculteurs, ou, dans la mesure du possible, en confiant davan- tage de tâches aux entreprises de travaux agricoles.

0 100 200 300 400 500 600 700 800

30-Plaine 40-Plaine 30-Montagne 40-Montagne

MOh/an

25 ha 33 ha

51 ha

70 ha

Fig. 7: Temps de travail nécessaire pour la conservation du fourrage (fertilisation comprise)  et hectares de coupe nécessaires (!) pour 30 et 40 vaches laitières en région de plaine et  en région de montagne (site lm2; système L1T_6700rp).

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 32 34 36 38 40 42 44

Semaine

Plaine: 400–690 m d’altitude Montagne: 900–1090 m d’altitude

Kg de MS/ha et jour

Fig. 8: Courbes typiques de croissance de l’herbe sur des sites adaptés à la production  laitière en région de plaine et en région de montagne (Thomet & Blättler 1998, Mosimann  2005).

(9)

Évolution d’une exploitation de montagne type dans les conditions de la PA 2011

Évolution d’une exploita- tion de montagne type dans les conditions de la PA 2011

Après avoir comparé différents systèmes de production optimisés dans les chapitres précédents, il s’agit à présent d’observer l’évolution d’une exploitation de montagne type avec 15 vaches. L’exploitation se base sur un groupe du Dépouillement centralisé (DC) (ART 2006) composé de 124 exploi- tations de référence. L’exploitation a été caractérisée à l’aide du type d’exploitation défini dans le DC, à savoir «Lait commer- cialisé», de la région (montagne), du type de stabulation (entravée) et de la taille du troupeau. Un troupeau de 15 vaches cor- respond à l’effectif moyen des exploitations de lait commercialisé de référence en région de montagne (ART 2006). Les données englobent la moyenne des années 2003–

2005. Le tableau 8, en annexe, comprend quelques paramètres importants relatifs au groupe d’exploitation du DC.

Un document de travail interne (Gazzarin 2005) décrit la typologie des diverses don- nées concernant les structures, les charges financières et les rendements des groupes d’exploitations du DC. A l’aide du modèle de simulation dynamique TIPICAL (Techno- logy Impact and Policy Impact Calculation Model), qui est utilisé dans le réseau IFCN, le but est de projeter cette exploitation jus- qu’en 2014. La méthodologie et les hypo- thèses de base reposent sur le rapport FAT 651 (Gazzarin & Lips 2006) et ne sont plus développées ici. Une «Baseline» est d’abord calculée avec deux degrés de mécanisation différents et deux stratégies d’adaptation.

La «Baseline» correspond à une progres- sion relativement constante de la stratégie définie au départ et comprend seulement des investissements de remplacement dans le domaine des machines, ainsi qu’une aug- mentation de la production laitière de 50 kg par an. L’année 2005 a été choisie comme départ de la projection. Les résultats peu- vent être suivis jusqu’en 2014.

Pour l’essentiel, le scénario utilisé corres- pond aux hypothèses du modèle SILAS sans intégration des accords OMC (Mack

& Flury 2006). A partir de 2005, on sup- pose une baisse du prix des aliments pour animaux (moins 12–20 % suivant l’aliment concerné), du prix des semences et des plants (moins 7 %) ainsi que du prix des produits phytosanitaires (moins 4 %). Le prix des engrais, les frais de vétérinaires/les

0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8

2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

15-Im best case worst case

Fr. kg de lait

Fig. 9: Hypothèse de l’évolution du prix du lait pour l’exploitation-type 15-lm (avec «best  case» et «worst case» (+/–5 cts./kg).

Tab. 4: Paramètres de l’exploitation- type (année initiale 2005)

Abréviation 15-lm (15 vaches) Caractéristique Stabulation entravée

SAU 22 ha

Terres ouvertes 0 ha

Surface fourragère principale, prairies extensives comprises

22 ha

Effectif animal total 23 UGB

Bovins 22 UGB

Vaches 15 UGB

Production laitière 5800 kg/vache

Contingent 70 468 kg/an

Revenu annexe Fr. 19 240

Consommation privée

de la famille Fr. 59 283

médicaments, les différents coûts et le sa- laire calculé restent constants. On s’attend à une augmentation du prix de l’entretien/

des réparations de machines (plus 9 %) et des bâtiments (plus 5%), de l’énergie (plus 8 %), des travaux en régie, de l’eau et des assurances, de 5 % chacun. Le système et l’ampleur des paiements directs correspon- dent aux consultations de la PA 2011 (OFAG 2005). Il faut citer notamment l’introduc- tion d’une contribution homogène pour les animaux consommant des fourrages grossiers de Fr. 600.– par vache à partir de 2009, resp. Fr. 200.– par vache pour les an- nées 2007 et 2008. On suppose que les prix de la viande baisseront de 8 %. La figure 9 présente l’évolution du prix du lait. A partir de 2009, le calcul du cash-flow inclura éga- lement une fourchette de prix de +/–5 cen- times par rapport au scénario initial («best case – worst case»). Les nouvelles décisions parlementaires de mars 2007 n’ont pas en- core été prises en compte! Si l’on s’appuie sur ces nouvelles décisions, il faut s’attendre à ce que le prix soit plus élevé d’au moins 5 centimes. Parallèlement, il est proba- ble que les contributions pour animaux consommant des fourrages grossiers soient révisées à la baisse.

Les résultats sont fournis pour le ménage (activités annexes comprises) et l’exploita- tion agricole. Outre le revenu agricole, le potentiel de financement interne qui s’ob- tient à partir des calculs du cash-flow, se situe au premier plan.

Résultats de la stratégie de référence

Le tableau 4 présente les structures et les paramètres de l’exploitation type de départ.

Le tableau 5 indique les résultats de l’année initiale, après avoir différencié deux exploi- tations avec des degrés de mécanisation différents. Contrairement à l’exploitation

«15-lm_A», l’exploitation «15-lm_B» est équipée d’un transporteur. Les transpor- teurs comme les faucheuses à deux essieux sont relativement neufs, ce qui entraîne des frais d’acquisition supérieurs.

La figure 10 indique l’évolution du revenu agricole, des gains tirés de la production laitière pour l’exploitation «15-lm_A», ainsi

(10)

que celle des paiements directs (Baseline).

On constate très nettement l’importance croissante des paiements directs, qui dé- passent même le montant des recettes commerciales à partir de 2009, dont ils compensent totalement le recul. Par consé- quent, le revenu agricole de cette exploita- tion reste constant.

Les figures 11 et 12 sont basées sur un calcul détaillé du cash flow, qui ne correspond pas exactement au calcul des flux monétaires appliqué dans le rapport de base du DC.

La ligne bleue indique «l’excédent sur opé- rations courantes (ESO)» (revenu agricole + amortissements). La colonne indique les dépenses dites «cash», qui sont acquittées à l’aide de «l’ESO après intérêts financiers», des activités annexes («flux monétaires hors exploitation») et des crédits éventuels (en cas d’investissements). Les «dépen- ses cash» comprennent la consommation familiale (y compris les impôts et le loyer calculé), le remboursement des dettes, les nouveaux investissements ou les investisse- ments de remplacement. La ligne orange, qui est représentée avec une fourchette du prix du lait de +5/–5 centimes, correspond à la différence entre l’ESO après intérêts fi- nanciers + les désinvestissements + les acti- vités annexes et les dépenses «cash». Cette différence est également appelée free cash flow (Schneck 2003). Le free cash flow est le cash flow «librement» disponible, qui peut être utilisé pour constituer des réser- ves. La logique de calcul est décrite dans le tableau 6. Au début de la période de si- mulation, l’exploitation dispose d’un capital initial d’un montant équivalent à celui du revenu agricole (réserve).

Comment interpréter ces paramètres?

L’ESO après intérêts financiers (ligne bleue) indique à quel point l’exploitation agricole est en mesure de financer elle-même ses in- vestissements ou de rembourser ses dettes.

Le free cash flow montre si le ménage dans son ensemble (activités annexes comprises) est capable d’assurer son existence avec

–40 –20 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200

2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

Consommation familiale Remboursements

Investissements ESO après intérêts financiers Free cash flow (activités annexes comprises)

En milliers de francs

Fig. 11: Baseline exploitation 15-lm_A: flux monétaires de l’agriculture et free cash flow  (prix du lait +/–5 cts.) 

Tab. 5: Equipement en machines et résultats des exploitations-types pour l’année initiale 2005

Abréviation 15-lm_A

(15 vaches) 15-lm_B

(15 vaches) Mécanisation

Forces de traction Tracteur de montagne Faucheuse à deux

essieux

Transporteur Faucheuse à deux

essieux Prix d’achat des forces de

traction (additionné) Fr. 115 600 Fr. 192 000

Revenu agricole Fr. 49 712 Fr. 43 314

Cash flow Agriculture Fr. 75 255 Fr. 75 255

Point de break-even Lait 137,0 cts. 144,5 cts.

Valorisation du travail Lait 10,80 Fr./MOh 9,40 Fr./MOh

Tab. 6: Calcul du free cash flow annuel

(indicateur du degré d’autofinancement du ménage) Ventes de produits et de services (recettes)

+ Paiements directs (recettes)

– Achats de marchandises et de services (dépenses)

= Excédent sur opérations courantes (ESO) + Flux monétaires hors exploitation (activité annexe) – Consommation familiale (y compris loyer calculé et impôts) – Investissements (achat de capital immobilisé)

+ Désinvestissements (vente de capital immobilisé)

– Remboursement du capital emprunté à moyen et à long terme

= Free cash-flow (sans financement étranger) + Ouverture de nouveaux crédits à moyen et à long terme

= Free cash-flow refinancé (avec financement étranger) 0

20 40 60 80 100 120 140

2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

Revenu agricole Paiements directs

Recettes tirées du lait et de la viande

En milliers de francs

Fig. 10: Evolution du revenu, des paiements directs et des recettes commerciales (exploi- tation 15-lm_A).

(11)

L’exploitation «15-lm_B» (fig. 12) ne paraît pas non plus réellement menacée. Les im- portants investissements nécessaires pour remplacer les machines creusent certes un trou dans le budget, qu’il est toutefois possible de combler les années suivantes.

Cependant, avec un tel régime d’investisse- ment, il n’est pratiquement pas possible de constituer des réserves.

Si l’on compare ces résultats avec les calculs analogues des exploitations types de plaine et de collines avec 20 vaches (Gazzarin &

Lips 2006), on constate qu’il n’existe pra- tiquement aucune pression d’adaptation.

Au contraire, dans la région des collines et notamment dans la région de plaine, le free cash flow se situe nettement en des- sous de zéro à partir de 2009 et ce, pendant plusieurs années, si l’exploitation ne prend aucune mesure d’adaptation parmi lesquel- les: «réduction des coûts de production»,

«décision de se serrer la ceinture» ou «dé- veloppement des revenus annexes».

Résultats des stratégies d’optimisation

Quels effets économiques peut-on donc attendre des mesures d’optimisation? Pour répondre à cette question, l’exploitation

«15-lm_B» a fait l’objet d’une simulation avec deux stratégies différentes. Dans les deux cas, l’exploitation investit dans une stabulation libre en 2008. La stratégie 1 («25-lm») comprend un nouveau bâtiment avec 25 places-vaches et délègue la tota- lité de l’élevage de jeune bétail à une autre exploitation. En outre, deux hectares de surface utile supplémentaires sont égale- ment loués. La spécialisation s’accroît en réduisant en partie les autres branches de production et en confiant de plus en plus fréquemment la récolte à une entreprise de travaux agricoles, notamment pour la pre- mière coupe, ce qui fait que la charge de travail augmente moins fortement (Luder et Moriz 2005). Les investissements relatifs aux bâtiments (étable ouverte, ensilage) se montent encore à Fr. 300 000.–, déduction faite des aides à l’investissement (notam- ment Fr. 7300.–/UGB). A partir de 2009, le volume de contrats de livraison supplémen- taire nécessaire représente 80 t. lorsque l’étable est entièrement occupée.

Avec la stratégie 2 («40-lm_CE»), on admet que deux exploitations voisines de même valeur se réunissent pour créer une com- munauté d’élevage (CE) et une stabulation

Résultats des stratégies d’optimisation

–80 –60 –40 –20 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200

2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

Consommation familiale Remboursements

Investissements ESO après intérêts financiers Free cash flow (activités annexes comprises)

En milliers de francs

Fig. 12: Baseline exploitation 15-lm_B: flux monétaires de l’agriculture et free cash flow  (prix du lait +/–5 cts.).

ses propres moyens financiers (potentiel de financement interne). Il est important de toujours considérer plusieurs années. Un free cash flow positif sur une longue pé- riode montre que le ménage peut consti- tuer des réserves financières. Un free cash flow négatif sur une longue période met l’exploitation sous pression. Si les mesures d’adaptation nécessaires ne sont pas prises, l’exploitation risque de devenir insolvable, c’est-à-dire que le ménage n’est plus en mesure de payer les factures courantes.

L’exploitation «15-lm_A» (fig. 11) est certes totalement dépendante de l’exercice d’une activité annexe pour pouvoir investir. Si on observe l’évolution du free cash flow sur plusieurs années, on constate néanmoins que grâce à l’exercice de cette activité an- nexe, l’exploitation n’est plus contrainte de procéder à des adaptations. La ligne passe à plusieurs reprises au-dessus de zéro, ce qui permet à l’exploitation de constituer des réserves, même si elles ne sont que modestes.

0 10 20 30 40 50 60 70 80

2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

En milliers de francs

15-lm (baseline) 25-Im 40-Im (CE)

CL: 77 t LV: 70 t

CL: 150 t CL: 119 t

Fig. 13: Stratégies d’optimisation pour l’exploitation 15-lm_B: revenu agricole et volume de  contrats de livraison (CL) par chef d’exploitation.

Referenzen

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