Qualité des ensilages de pulpe de betterave en grandes balles

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Les balles de pulpe de betterave pèsent en moyenne 1200 kg.

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Station fédérale de recherches 000

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Directrice: Danielle Gagnaux

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Qualité des ensilages de pulpe de betterave en grandes balles

U. WYSS, Station fédérale de recherches en production animale de Posieux, CH-1725 Posieux E-mail: ueli.wyss@rap.admin.ch

Tel. (+41) 26/40 77 1 1 1.

Résumé

Depuis peu, la pulpe de betterave est ensilée aussi en grandes balles. De mars à août 2000, à quatre périodes différentes, la qualité de l'ensilage de huit balles pressées lors de la campagne 1999 a été évaluée à la Station fédérale de Posieux. Les premiers échantillons ont été recueillis à l'ouverture des balles, puis une couche quotidiennement prélevée d'environ 7 cm a été distribuée au bétail. Sept et quatorze jours après l'ouverture, des échantillons supplémentaires ont été prélevés sur le front d'attaque.

La structure des pulpes conservées en grandes balles était semblable à celle des pulpes fraîches. Aucun des échantillons analysés ne présentait d'acide butyrique et leur qualité était excellente. Les échantillons prélevés le jour de l'ouverture se sont caractérisés par des valeurs de pH systématiquement plus élevées et des teneurs en acide lactique plus basses que les autres échantillons. Cette situation pourrait s'expliquer par une densité et une intensité fermentaire plus faibles. Après le prélèvement, les pulpes (préalablement décomprimées) se sont échauf- fées très vite; les maxima de température — situés entre 28 et 40 °C — ont été atteints en moins de 24 heures. Nous avons constaté que l'ensilage s'échauffait d'autant plus vite qu'il était ouvert depuis longtemps. L'évolution de la charge en levures a confirmé cette observation. Avec l'allongement de la durée de conservation, l'échauffement intervenait un peu moins vite, bien que les différences n'aient pas été importantes.

Introduction

La confection de balles d'ensilage d'herbe est une méthode de conservation qui s'est fortement développée en Suisse ces dernières années. I1 est dé- sormais également possible de presser de la pulpe de betterave en grandes balles d' ensilage. Lors de la campagne sucrière de 1999, ce ne sont pas moins de 6000 balles qui ont été produites à la sucrerie d' Aarberg. Afin d' éviter- les problèmes liés au transport des pulpes fraîches, les balles ont été fabriquées principalement en fin de semaine. A l'avenir, les acheteurs qui n'utilisent que de petites quantités de pulpe seront de plus en plus approvisionnés de la sorte. Le pressage des balles est effectué au moyen d'une installation spéciale utilisée normalement pour le compac- tage des ordures. Une fois pressées, les pulpes sont enrubannées avec des films étirables en plastique.

Revue suisse Agric. 34 (1): 9-12, 2002 9

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Tableau 1. Teneurs en nutriments des ensilages de pulpe de betterave (moyenne de deux échantillons provenant de deux balles).

Désilage Jour 0 Jour 7 Jour 14

Emplacement haut milieu bas

Teneur en MS (%) mars 20,4 20,9 20,8

mai 20,4 21,0 21,1

juin 21,3 21,6 21,4

juillet 20,7 2117 21,0

Cendres (g/kg MS) mars 48 46 45

mai 47 47 47

juin 49 47 48

juillet 50 49 49

Matière azotée (g/kg MS) mars 92 91 87

mai 90 88 88

juin 89 88 88

juillet 90 88 90

Cellulose brute (g/kg MS) mars 211 212 208

mai 216 208 207

juin 215 208 218

juillet 214 211 211

Sucre (g/kg MS) mars 7 21 14

mai 7 12 7

juin 7 16 7

juillet 7 14 6

Notre étude consistait a examiner la qua- lité des ensilages de pulpe de betterave conservés en balles. Partant de l'hypo- thèse que leur conservation est plus problématique en été qu'en hiver, en raison des températures extérieures plus élevées, c'est en été que nous avons ef- fectué l'essentiel des observations.

Déroulement de l'essai

Entre mars et juillet 2000, à quatre repri- ses (21 mars, 30 mai, 27 juin et 24 juillet), deux balles d' ensilage ont été ouvertes avec lesquelles le bétail a été affouragé pendant 14 jours. Ces balles ont été produites lors de la campagne 1999. Chaque jour, nous avons prélevé dans chaque balle 75 kg d'ensilage, ce qui correspond

a

une couche d'une épaisseur de 7 cm. Nous avons prélevé des échantillons sur le front d'attaque immédiatement après l' ouverture des balles, ainsi que le 7e et le 14e jour après l'ouverture. Ces échantillons ont été analysés afin de déterminer les teneurs en nutriments, la qualité fermentaire et microbiologique, ainsi que la stabilité aérobie. L'évaluation de la sta- bilité aérobie se fait pendant une durée de 10 jours: les échantillons sont con- servés dans des récipients ouverts (4 ré- cipients par échantillon) et la tempéra- ture est mesurée au moyen d'une sonde;

l'enregistrement de la température a lieu toutes les 30 minutes. Les ensilages sont considérés comme stables du point de vue aérobie aussi longtemps que leur température ne dépasse pas la tem- pérature ambiante de plus d'un degré.

Lors de la reprise, il est important de ne pas décomprimer l'ensilage qui reste dans la balle, sans quoi l' échauffement intervient rapidement.

Après trois jours, voire quelquefois un seul, nous avons déterminé la valeur du pH dans l'une des répétitions.

Poids et teneurs en nutriments

Avant l' affouragement, les balles avaient un poids net de 1190 (+/-18) kg et un volume de 1,26 (+/- 0,03) m'. Leur dia- mètre s'élevait à environ 1,20 m et leur hauteur à 1,15 m. Leur densité était de 943 (+/- 23) kg de substance fraîche par m3, soit 198 (+/- 6) kg de matière sèche par m3. En raison du tassement lié

a

leur propre poids, les pulpes situées dans la partie inférieure des balles étaient plus fortement compactées que celles de la partie supérieure.

Les teneurs en nutriments sont indiquées au tableau 1. C'est pour la teneur en sucre résiduel qu ont été enregistrées les différences les plus importantes: ces teneurs étaient systématiquement plus élevées dans les échantillons prélevés au centre des balles que dans ceux de la périphérie. Ces écarts s' expliquent probablement par des variations de l'in- tensité de la fermentation à l' intérieur de la balle. Dans le cas des ensilages ouverts, il se pourrait en outre qu' après 14 jours, sous l' action de l'air, une dé- gradation du sucre ait eu lieu dans la couche inférieure de la balle. Les teneurs en nutriments étaient semblables à celles observées dans les essais anté- rieurs (Wyss et FIvIAN, 2000a).

Bonne qualité fermentaire des ensilages

La pulpe de betterave prélevée dans les balles présentait la même qualité que les ensilages frais: elle était de couleur claire, avait une odeur agréablement acidulée et une bonne structure. Aucun des échantillons prélevés ne contenait d' acide butyrique. Les deux balles ouvertes en mars ont montré, par rap- port aux balles ouvertes plus tard, des valeurs de pH légèrement plus élevées et des teneurs en acide lactique et en acide acétique plus basses (tabl. 2). On peut se demander si lors du stockage des balles en été,

a

des températures plus élevées, une seconde fermentation lactique n'a pas eu lieu.

En outre, dans les échantillons prélevés dans la partie supérieure des balles, nous avons enregistré des valeurs de pH systématiquement plus élevées et des teneurs en acide lactique plus basses que dans les deux échantillons prélevés ultérieurement. Ces variations peuvent être imputées

a

des différen- ces de densité et d'intensité de la fermentation.

En se basant sur l' échelle d' évaluation de la DLG (WEisssacH et HONIG, 1997), la qualité des ensilages a été qualifiée de bonne à très bonne (tabl. 2). En ce qui concerne les deux critères «teneur en acide butyrique» et «proportion d'am- moniac dans l'azote total», tous les ensilages ont obtenu le nombre maximal de points.

Le

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Charge élevée en levures

Tableau 2. Acides de fermentation et qualité fermentaire des ensilages de pulpe de betterave (moyenne de deux échantillons provenant de deux balles).

Les résultats du dénombrement microbiologique ont fait apparaître des char- ges en levures relativement élevées (tabl. 3). Les valeurs variaient entre 36 000 et 58 millions d'unités formant colonies (UFC) par gramme. Selon

WIEDNER et NEUHAUSER (1996), les ensilages de maïs sont particulièrement sensibles à d'importantes contamina- tions par les levures, des valeurs de 1 mil- lion d' UFC par gramme n'étant pas rares. Dans le cas des balles ouvertes en mars et en juillet, la charge en levures n'a cessé d'augmenter au cours de l'affouragement. En mai et en juin, les quantités de levures les plus élevées ont été observés dans les échantillons prélevés sept jours après l'ouverture des balles. Nous avons cependant ob- servé qu'une longue durée de stockage avait pour conséquence une légère baisse de la charge en levures. On peut expliquer ce phénomène par l'incapacité des levures à supporter à long terme les conditions anaérobies.

A l'ouverture des balles et dans les échantillons prélevés sept jours après Il

celle-ci, nous n'avons constaté aucune trace de moisissure (tabl. 3). Seuls deux échantillons prélevés le 14e jour ont été l'objet d'une faible contamina- tion par des moisissures.

Le nombre de bactéries aérobes mesophiles a varié de 1000 à 80 000 UFC par gramme.

Echauffement rapide après le prélèvement

Après le prélèvement, les pulpes préala- blement décomprimées se sont échauf- fées rapidement et ont atteint en l'es- pace de vingt-quatre heures la tempéra- ture maximale, située entre 28 et 40 °C (tabl. 4). En guise d'exemple, la figure 1 montre la courbe de température des ensilages ouverts en mars. Le premier pic est imputable au développement des levures, alors que le second, moins marqué, s'explique par le développe- ment des moisissures. Les courbes de température ont été très semblables pour l'ensemble des ensilages. Des ensilages distribués en hiver et provenant de petits silos-tours avaient eux aussi montré un échauffement relativement rapide (Wyss et FIVIAN, 2000b). L'élé- vation de la température a entraîné une augmentation du pH. Déjà un jour après le prélèvement, nous avons me- suré des valeurs de pH plus élevées;

après trois jours, la plupart des valeurs étaient supérieures à 6.

pH mars 414 4,1 412

mai 411 4.0 4,0

juin 4,1 3,9 3,9

juillet 4,2 3,9 4,0

Acide lactique (g/kg MS) mars 0 12 7

mai 7 25 19

juin 6 31 35

juillet 7 30 17

Acide acétique (g/kg MS) mars 2 0 2

mai 6 6 7

juin 11 8 9

juillet 14 12 15

Ethanol (g/kg MS) mars 7 2 2

mai 6 4 4

juin 10 3 5

juillet 9 6 7

Points DLG mars 73 78 78

mai 83 83 85

juin 90 86 88

juillet 92 90 94

Tableau 3. Charge en germes dans les ensilages de pulpe de betterave (moyenne de deux échantillons provenant de deux balles).

Levures (UFC, par g) mars 9,7 x 106 2,9 x 107 3,5 x 107 mai 8,5 x 106 2,0 x 107 7,3 x 106 juin 1,8 x 106 2,1 x 107 1,9 x 106 juillet 1,9 x 106 2,4 x 106 4,4 x 106 Moisissures (UFC, par g) mars < 103 < 103 1,5 x 103 mai < 103 < 103 9,8 x 103 juin < 103 < 103 < 103 juillet < 103 < 103 < 103 Bactéries aérobies mesophiles mars 4,8 x 103 1,3 x 103 1,4 x 104 (UFC, par g) mai 3,0 x 104 9,0 x 103 8,1 x 104 juin 5,0 x 103 6,1 x 104 2,0 x 103 juillet 1,1 x 104 1,0 x 104 4,3 x 104

UFC: unités formant colonies.

Tableau 4. Stabilité aérobie des ensilages de pulpe de betterave (moyenne de deux échantillons provenant de deux balles).

Stabilité aérobie (nbre d'heures) mars 13 12 10

mai 14 11 10

juin 17 10 22

juillet 19 15 15

Différence maximale mars 7,6 10,8 8,8

de température (°C) mai 10,6 9,3 10,7

juin 11,9 14,6 9,2

juillet 115 2 12,6 10,8

Température maximale mars 28,4 31,7 30,9

(°C) mai 33,1 32,2 36,2

juin 35,0 39,0 31,0

juillet 35,2 35,7 33,5

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Bibliographie

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0 24 48 72 96 120 144 168 192 216 240 Heures après désilage

- jour 0 (haut de la balle) - - - - jour 7 (milieu de la balle) jour 14 (bas de la balle)

Fig. 1. Evolution de la température après le désilage dans des échantillons d'ensilage de pulpe de betterave (balle ouverte le 21 mars).

Nous avons constaté que les ensilages s' échauffaient d'autant plus vite que les balles étaient ouvertes depuis longtemps (tabl. 4). Ce phénomène s'explique par la durée d"action plus longue de l' air et en partie par la charge en levures plus élevée. Par ailleurs, avec V allongement de la durée de conservation, nous avons constaté que l échauf- fement intervenait un peu moins vite.

Les différences n'ont cependant pas été importantes.

Mentionnons encore que les mesures de température effectuées dans la couche supérieure et encore compacte des balles ouvertes n'ont jamais mis en évi- dence d' échauffement. Les tempéra- tures dans les balles ont varié de 7,8 à 20,2 °C et la température ambiante de

9,8 à 26,8 °C.

Zusammenfassung

Pressschnitzel: Qualitât der Ballensilagen

Neuerdings werden auch Pressschnitzel in Siloballen einsiliert. Von Mrz bis August 2000 haben wir an der RAP zu vier verschiedenen Zeitpunkten die Qualitt von acht Ballen, die whrend der Rübenkampagne 1999 hergestellt wurden, untersucht. Dazu haben wir nach dem Ôffnen der Ballen Proben genommen. Anschliessend wurde tglich jeweils eine Schicht von ca. 7 cm entnommen und verfüttert. 7 beziehungs- weise 14 Tage nach dem Offnen haben wir von dei- verbleibenden Silage an der An- schnittflche zustzlich Proben genommen.

Die Pressschnitzel aus den Ballen wiesen einehnliche Struktur auf wie frische Press- schnitzel. Keine der untersuchten Proben hatte Buttersure und die Qualitt der Sila- gen war sehr crut. Im Weiteren zeigte sich, dass die Proben vom ersten Tag nach der Offnung der Ballen stets hôhere pH-Werte und tiefere Milchs uregehalte aufwiesen als die beiden Proben derselben Balle, die sp ter genommen wurden. Dies dürfte auf die unterschiedliche Dichte innerhalb der Ballen und die Intensitt der Gârung zurück- zuführen sein. Nach der Entnahme erwàrmten sich die aufgelockerten Pressschnitzel sehr schnell und erreichten bereits innerhalb von 24 Stunden das Temperaturmaxi- mum, das zwischen 28 und 40 °C lag. Zudem haben wir festgestellt, dass sich die Silagen nach der Entnahme schneller erwrmten, je linger die Ballen geôffnet waren.

Diese Feststellung deckt sich mit der Entwicklung der Hefen. Mit zunehmender Lagerdauer der Ballen erwrmten sich die Pressschnitzelsilagen etwas weniger schnell, wobei die Unterschiede gering waren.

❑ Nos analyses ont montré que les ensilages de pulpe de betterave conservés en grandes balles pré- sentaient une bonne qualité.

❑ En prélevant quotidiennement une couche d'environ *7 cm d'ensilage, sans qu'il soit décomprimé, nous n'avons observé aucun échauffe- ment et pratiquement aucune con- tamination par des moisissures.

❑ Toutefois, dès que l'ensilage est décomprimé, on observe un rapide échauffement et une augmentation du pH. I1 convient cependant de noter que les ensilages distribués en été ne sont pas plus sujets aux post-fermentations que ceux qui sont donnés en hiver.

Summary

Quality of pressed sugar beet pulp silage in big bales

Recently, pressed sugar beet pulps are also baled for silage. From March to August 2000, the quality of eight bales, which were made in 1999, was investigated at four different dates. As soon as the bales were opened we took samples and subsequently every day a part of about 7 cm was fed to cows. 7 and 14 days after opening the bales again we took samples for analyses.

The structure of the pressed sugar beet pulp silage of the bales was similar to that of the fresh sugar beet pulp. No butyric acid was found in the silage and the quality of the pressed sugar- beet pulp silage was very good. Furthermore, the samples taken on the fast day, when the bales were opened, had higher pH-values and lower lactic acid contents in comparison to the samples taken after 7 or 14 days. This can be explained with the different density within the bales and the intensity of the fermentation.

After the taking out, the decompacted silages heated vert' rapidly and within 24 hours they reached the temperature maximum of 28 to 40 °C. The longer- the bales stored open, the more rapidly they heated. This observation can be explained with the development of the yeasts. On the other hand, with a longer storage period, the bales heated a little less rapidly, but these differences were only small.

Key words: pressed sugar beet pulp silage, big bales, fermentation quality, aerobic stability.

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