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Le roman de Cécile Morel

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Academic year: 2022

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(1)Le roman de Cécile Morel. Autor(en):. Junod, Charles. Objekttyp:. Article. Zeitschrift:. Actes de la Société jurassienne d'émulation. Band (Jahr): 62 (1958). PDF erstellt am:. 29.01.2022. Persistenter Link: http://doi.org/10.5169/seals-558743. Nutzungsbedingungen Die ETH-Bibliothek ist Anbieterin der digitalisierten Zeitschriften. Sie besitzt keine Urheberrechte an den Inhalten der Zeitschriften. Die Rechte liegen in der Regel bei den Herausgebern. Die auf der Plattform e-periodica veröffentlichten Dokumente stehen für nicht-kommerzielle Zwecke in Lehre und Forschung sowie für die private Nutzung frei zur Verfügung. Einzelne Dateien oder Ausdrucke aus diesem Angebot können zusammen mit diesen Nutzungsbedingungen und den korrekten Herkunftsbezeichnungen weitergegeben werden. Das Veröffentlichen von Bildern in Print- und Online-Publikationen ist nur mit vorheriger Genehmigung der Rechteinhaber erlaubt. Die systematische Speicherung von Teilen des elektronischen Angebots auf anderen Servern bedarf ebenfalls des schriftlichen Einverständnisses der Rechteinhaber. Haftungsausschluss Alle Angaben erfolgen ohne Gewähr für Vollständigkeit oder Richtigkeit. Es wird keine Haftung übernommen für Schäden durch die Verwendung von Informationen aus diesem Online-Angebot oder durch das Fehlen von Informationen. Dies gilt auch für Inhalte Dritter, die über dieses Angebot zugänglich sind.. Ein Dienst der ETH-Bibliothek ETH Zürich, Rämistrasse 101, 8092 Zürich, Schweiz, www.library.ethz.ch http://www.e-periodica.ch.

(2) LE ROMAN DE CÉCILE MOREL par. CHARLES JUNOD.

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(4) LE ROMAN DE CÉCILE MOREL. La famille Morel est sans contredit une des premières et des plus illustres du pays jurassien. De souche paysanne, elle était installée depuis des siècles dans le coquet village de Corgémont. On aperçoit la maison Morel à l'entrée du village, en arrivant en train de Sonceboz. Une maison cossue, à pignon, et la galerie vitrée où Isabelle Morel faisait jouer la comédie à ses hôtes nombreux et illustres. La maison a subi peu de transformations au cours des âges. On y voit encore la vaste cuisine, avec sa cheminée monumentale, les belles pièces du premier, avec leurs crédences aux armes des Morel. Elle était habitée, à la fin du XVIID siècle, par Charles-Henri Morel, qui fut pasteur de la paroisse de 1766 à 1796, après avoir été pasteur de Péry. Il avait quatre enfants : deux filles, Emilie et Sophie, et deux fils, Charles-Ferdinand, « le Doyen », et François. Charles-Ferdinand Morel naquit le 4 septembre 1772. Comme son frère, il reçut la première éducation dans sa famille. Il étudia au Collège de Bienne, puis à l'Université de Bâle, où il acquit, en 1789, à l'âge de 17 ans, la licence en théologie. Entré en qualité d'aumônier au service de France, dans le Régiment de Reinach, il quitta le service après le massacre des Suisses en 1792. Revenu au pays, il succéda à son père en qualité de pasteur de la paroisse de Corgémont, en 1796. Il devait occuper ce poste pendant 53 ans, jusqu'à sa mort, en 1848. Il épousa en 1801 Isabelle de Gélieu, fille du pasteur de Colombier. Isabelle de Gélieu était une fidèle amie de Madame de Charrière. Elle passait toutes ses soirées auprès d'elle. Femme de lettres, émule de Madame de Charrière, elle donna à la cure de Corgémont un 155.

(5) nouveau lustre par ses talents, son charme, le dévouement qu'elle apporta à la direction de son ménage et à l'éducation de ses enfants : Cécile, née en 1802, Jules, en 1804, et Charles, en 1808. Après un an de mariage, la naissance de Cécile était venue comhier de bonheur le couple Morel de Gélieu. Couple béni, union d'àmour, communauté la plus rare des dons les plus précieux du cœur et de l'intelligence. Cécile Morel grandit dans la spacieuse maison, dans une ambiance de joie sans mélange. Si nous en croyons la lettre de son frère du 18 octobre 1802, le jeune pasteur se faisait volontiers bonne d'enfants. com^/iraeMt jw /a c/e.vtén'té et /e zè/e çm'om t'a um t/ép/oyer r/aMj /er ro/nr gwe fw procwrer à to-» ew/awt. Le féwoigwage c/e to» épo«-.re Me rawreit être r-arpect. /e uomj eM croir t/onc, wa rœMr. Mair uotw we ?ne rwrprenez par, /e rewtiweMt paterM-e/ ert mm ri graMr/ ma/fre.... /e. uew.v te. /aire. ?mom. Isabelle, de son côté, est une mère comblée. En séjour à Colombier chez son père, elle proclame sa joie dans une lettre à son mari du 16. avril. 1803. :. La maison Morel. 156. à. Corgémont.

(6) Isabelle de Gélleu. Céci/c et moi Mow_r t'cm/bra-iuo?«. TÏ7ic m'cmèra.r.re Je ternir cm fcm^j-, owi, towt Je 7om, e//e 7»'emferejje. CÂère CMjJw-t / 7?//c me rewJ J'««t«nf ^/mj- /reMrewje gw'J prcjCMt je jutL -nef/ire à jom 7om/z.e«r. 7/ w'ejt çmc tro^) .riîr gwe momj ^erJronj toMtej Jew.r Je ce coté/à, à mejMre g-zJe/ie granJira. 7'oi Je tro^j CMtre e//e et moi O/r / wo«, /amaû, moM «mi / TV'ejtà toi g«e ce 7>«.r J toi Je com^/éter towj moj ^iaûirj' ?' TV'ejt-ce woîw rzrp^orteroMj" to-Mj «or trazmwn; et towtej «oj jôttir.rflMcej'. jw. L'enfance de Cécile s'écoule heureuse, dans le cadre de la maison paternelle. Les champs sont tout près, les gens et les bêtes — le pasteur de Corgémont exploite lui-même les terres familiales — et plus loin la rivière qui serpente dans la vallée, la montagne qui s'élève gracieusement dans les pâturages et les sombres forêts de sapins, les claires forêts de hêtres. La petite Cécile, douce et vive, fait la joie de chacun. Bientôt elle s'intéresse aux étranges dessins que sa mère ne cesse de tracer sur son papier, au moyen de sa plume d'oie. Le moment est venu de commencer son instruction, et c'est sa mère qui s'en chargera, comme 157.

(7) elle se chargera de la première éducation de ses fils. Parmi les innombrables dossiers des Archives Morel, il en est un qui nous paraît particulièrement émouvant : celui des travaux d'enfant de Cécile. A l'exemple de Rousseau, Isabelle Morel avait tenu à noter, aux différents âges, les progrès de sa fille. Un premier document date du 24. août 1808 «. :. 7'ai ri» anr. 7e rair Lientof /ire, /aire fier /effrer. 7e rair Jen» /aL/er. CoMtire. Faire Jer Jente/ier. Un pen tricoter. Sarcler an /arJin. 7oner : « La Coraçne », nne petite va/re, et la moitié Je : Lireffe, /e m'en uair. » Um pea tie géograp/we. Lex capita/er Je /'Fnrope. Ft ;'e me rigne : Céci/e More/. ». «. .4 Jien. 7'ai rept anr.. «. 7e rair iire eM /rançair. 7e coMwaû èieMtot /er /eftrer a/ZemanJer. 7e rair Jerriner Je petiter //enrr. 7e coMMair 1er çnatre (// partier Ja monJe. 7e /owe ri» on rept piècer par cœnr. 7e commence à /ire /a. rair çnafre /aL/er par. coenr, et nne rcèwe Je coméJie. Ponr /er onurager, comme /'année parrée, e.vcepté gne gne pen LroJé. ». 7e. *. /<?//. 7'ai ne«/ anr. 7'ai Le /a « MyfLo/ogie Je 7?orrewi//e ». 7'ai /m «La uei//ée an c/ratean». 7'ai commencé à /ire /a FiL/e. 7'ai apprir par cœitr « LMLrégé J'/tirtoire. ». mit-. /'ai gne/-. /nrgn'an tentpr Je. /Veron.. 7'ai /ait Jer f/rèmer et Jer /eçonr Je grammaire /rançaire. 7'ai èeancowp avancé Janr /a mnrigne. 7e /one Jer wariationr. 7'ai « Jerriné » Jen» /ettrer. 7'ai apprir à tricoter et à /i/er /e /in. » En réalité, elle avait «écrit »'deux lettres, dont voici l'une, adressée à sa tante Rose de Gélieu, à Colombier :. Ma c/tère Fante Fore. Depnir /ongtempr /e penre f'écrire, et te remercier ; mair /er /onrr ront ri conrtr, /e ne pen» /amair. Fonr rommer Lien ingnietr, /'onc/e ^4/p/tonre ert fon/onrr ma/aJe, mon papa ert Lien ronwent anprèr Je /ni. 158.

(8) A/arZame C/;awet wa partir aprèr-tZemain, at wowr retowrneronr cowcLer (Zanr notre caiinat. La Tante Sc/ia//ter art à Lienne powr gweZgwe tempr. .dt/iew, ma Tante Tore.. Mais reprenons les notations d'ordre pédagogique. «. /'ai. /'ai. cfe anr. apprir par cœwr tianr. /<W2.. «. LMèrégé tZ'/tirfoire. ». /wrçw'à C/tar-. Zemagne.. /'ai. /m Zer gwatre /sziawgiZer, Zer. Ter. jdcfer. cZer. j4pdtrer, at Me partie. Lpitrer.. « Conter à ma fiZZe », et « Le petit L erg win ». /'ai /'ai prir Ter Zefonr tie grammaire. /'ai Zw wne partie Ter « Me'famorp/torer », T'OwiTe. /'ai apprir à /ower oie Za gwit are. /e me rwir exercée powr Ze c/tant et Ze cZawecin. /'ai apprir à tricoter Zer Towrrer à grainr, à. Zw Zar. AroTer aw parré, et à /aire /I traire Zer üac/rer. /'ai apprir à Tanrer. ». (Zer. cAefiZièrer.. Corgémont, vue générale. 159.

(9) s'arrêtent là. On le voit, à dix ans, Cécile possédait une instruction solide. Elle continuera à parfaire ses connaissances sous la direction de sa mère, et son instruction se manifestera dans sa correspondance et dans toute son activité domestique Ces notes, malheureusement,. et sociale. Nous possédons des portraits de Cécile à différents âges. Ses parents, oncles et tantes, ne cessent de s'émerveiller de cette charmante enfant :. Lettre. de Cécile de Gélieu à Isabelle. Morel, 1810. :. Si tw avoir vît, cAère Lra&e/Ze, /« j'oie çit'o cowjée /o jo/ie iettre de Céciie à ra grawd-m«m<m, /'odmiratio» oil cAocmm- était de cette aima/de e«/awt / (Jtte tw er Aewrewre, cAère Za/mw, d'avoir der ew/awtr comme /er tiewr / // me rem/de qwe /e AotrAewr d'avoir m«, ew/awt crt ri grawd, çrre doit donc éprowver wwe mère <7«, comme toi, /er voit dowér de ta/ent, d'Aettrew.v caractèrer, et d'rtwe Aomre conrfifwfiort- /. François Morel, lors d'un séjour à Corgémont l'année suivante, écrit à sa femme, demeurée en Provence : 7«. croirair à ^ei«e corn/ne«. j'ai. été content de Céci/e. E//e ert véritaA/emewt c/rarmawte ; i/ ert di//ici/e d'être ^)/îtr jo/ie et d'rme tai//e miewa: ^>rire. E7/e joiwt à ce/a «m e«jotteme«t fort aimaA/e, dw rewr et de /'er^>rit. £//e cAa«te et fottcAe dît ^)ia«o fort agréa/>/emewf, et rM^)^)/ée ra mère danr /er roi«r dît ménage avec facilité et inte//igence.. En 1812, Cécile de Gélieu complète ainsi le portrait de. sa nièce. :. CAère 7raZ>e//e, çwe//e jowirrance doit te ^rocnrer ta cAarmante Céci/e / Sa Aeanté, ra modertie, ra grace, rer ta/cwtr, ra dottcewr, attîrent fowr /er regardr, capfivtmt toirr /er cœnrr, et toMter /er AoncAer te nomment Aenrewre mère /. appelait au pays « La Rose du Vallon », la jeune Cécile Morel, allait avoir de « la requise », comme on dit chez nous. A vingt ans elle avait plusieurs soupirants : un jeune homme de Corgémont, Auguste Prêtre, qui avait acquis une belle fortune dans le commerce à Moscou ; un jeune pasteur, suffragant de son père, Alphonse Bandelier ; un médecin ; un professeur au Collège de Bienne. A tous ceux-là, et à d'autres encore, sans doute, viendra s'ajouter, au cours d'e la visite qu'elle fit à son oncle de Provence en 1822, un riche héritier du pays, Monsieur Luc. Arrêtons-nous un instant à ce voyage de Provence, qui devait marquer les vingt ans de la jeune provinciale. Ce n'était pas une petite affaire qu'un voyage de cent lieues, au début du XIXe siècle. Cécile l'entreprit en voiture, en compagnie de. Inutile. 160. de dire que celle que l'on.

(10) Cécile Morel. deux voyageurs de la connaissance de ses parents. Elle écrit de Cossonay à sa mère :. //. erf z/onc frai, ma c/zère A/aman, gzte 7e rttir entièrement répnrée tot / Cette mzzit /afair /a /ièi»re, je te c/zerc/zair, et en me réfei//nnf 7'at cm renfir poztr /a première /oir gzt'i/ me /n//nif fifre z/ettx/ongr tziow rarzr te foir, .rar« enfenz/re ta foi»... Crotratr-tzt gzte je me rzz.tr rezz-tte moinr rezt/e azt monz/e gztarz-zi /at pit penrer gîte tzt éfair /efée : i/ me rerrtè/att a/orr gîte ton ame m'ewtoztratf, et gîte je poztfair te prier comme ztrt Diezt... z/e. On repart. à. deux heures du matin. :. // /atraif. /roiz/, j'étair ma/ à mort aire. A/air /zientot /e rpectac/e raiment z/if in z/zt /efer z/zz ro/ei/ re re//éta z/anr /e /ac, z/orant /er fiei//er foztrr z/'Fferz/on et z/e Granz/rort. L'air était ri pitr, ia natzzre re réf ei//nit ri fratc/te, ri agrerte ; toztt était propre, c'était z/imanc/ze. é/ne /zeitre aprèr, «oitr commertciortr zt enfenz/re /e rort z/er c/oc/ter z/anr /er z/i//érenfer fi//er et /er fi//nger giti /zorz/ent ce èeazt /ac. AL a c/tère ALaman, je jztre, corztme ALorzrieztr Dztp/an, « z/e ne par moztrir ranr awoir parcoztrzt af ec toi ce /zeazt payr. ». f. Elle ajoute. f. ces. lignes, dédiées au suffragant de son père. :. Lonjoztr, ALonriezzr 5nnz/e/ier. Combien z/e /oir aizjoztrz/'/tzzi ne oztr ai-je par rzzifi : je oizr ai f-zt a//er zt Somèef a/, et en ref erzir ;. f. 161 11.

(11) exmyer fo /roM-t, ^ewucr gwc £e«t-étrc je rowj/raù d«. c/mwd, jiemrer gwe je ^owuaw ;pe«jer à wokj. RfewAewrewa: gwe wowj eier, demam uowj reuerres ce gwe 7'at de ^>/w.r cAer a« mowde... üomj-. Puis c'est Genève. //ter,. :. fawawt /a mértdlexme, j'a/fol à /'ég/ùe. 0« cAawta /e ^ratt-me CALOT F. // y await .ri ^ew de tem^u g«e j'awaû jowé ce ^uawme awec £a»t tie gafoé gwe je we ^>wj retewfr met for*me_r comdwgwo».r. vue sur le Mont-Blanc et le lac, les belles camle du Roi Joseph. Elle passe la frontière avec Parc pagnes genevoises, une émotion bien compréhensible : pour la première fois, elle va fouler la terre de France, « autrefois notre patrie, et qui ne nous sera jamais étrangère ». Parvenue au Fort de l'Ecluse, que l'on est en train de reconstruire, elle contemple « ces vieux soldats, dont nous. Elle s'extasie. à la. avons tant entendu parler ».. Puis c'est la Perte du Rhône, le lac de Nantua. :. jFigwre-fcd, écrof-e//e à .ra mère, wn foc dawj- fo wa//ée de Péry Les rochers lui paraissent « plus hauts que ceux de Court ».. A Lyon, elle va au théâtre. /. :. //. a /a//« xuon-ter cm wofowre aw- jortir Axt fAédtre, fa tète tow-te fejp/eme, wer/r £e»dw.r. Maû awrj-f, 0» (formait «« Aa//e£ : im Aa//et / — £« com/irewfo towt ce gwe ce mot rew/erme de An/fowf, d'é/dowir-. «. awire rant. Orr croit réwer, j'étailr Aorj de moi, trarrjportée darw ^jfowèfe / Cej daw-rertjej ont rme grace, «.rte /égèrefé, dont rien art monde ne ^ezrt donner /'idée, gw'e//e.r-méme.r /. Au matin, la Suisse. à. son réveil, elle suit les nuages qui se dirigent vers. :. Lej mainj jomter, je fowr dir air : « Grwrret rttir /rewwd/tcA mein /«gerrd Land », r'i/ ert permis- de /e dire a^rèr Marie Stwarf. Pertuis, chez son oncle François. Elle y retrouve sa cousine Lydie, qui avait passé trois ans à Corgémont, pour y parfaire son éducation. La joie est à son comble. La visiteuse est accueillie avec enthousiasme, dans ce pays où les cœurs sont chauds, le verbe sonore. Mais il y a Monsieur Luc Il est ébloui de l'apparition de la petite Jurassienne, et il s'empresse de mettre à ses pieds son cœur et toute sa fortune : une belle maison et 15.000 francs de rente, soit une centaine de mille francs de notre monnaie : il y a là de quoi faire. Et c'est l'arrivée. 162. à.

(12) La Fontaine Morel. à. Portuis, Provence. rêver une jeune fille Mais pour Cécile, il ne saurait être question d'autre chose que d'un mariage d'amour, et elle n'éprouve pour Monsieur Luc que de l'estime : on ne saurait construire son bonheur sur d'aussi fragiles bases En dépit des insistances de son oncle et parrain, elle déclare qu'elle prendra conseil de ses parents, et peu de jours après son retour à Corgémont, elle envoie à son richissime prétendant une lettre empreinte des plus nobles sentiments, mais qui n'en est pas moins un refus catégorique. Elle retrouve au foyer paternel Alphonse Bandelier, profondément épris d'elle. Simple fils de petits paysans de Pontenet, il n'avait pas osé demander en mariage Mademoiselle Morel, et désireux de s'éloigner, il avait accepté un poste de pasteur de la paroisse nouvehement créée à Gênes. Il partit à la fin de l'année 1823. Cécile souffrit cruellement de son départ. Elle lui écrit le 1" janvier 1824 :. // etf donc certain. éfet ^zarti, c/zer /l//>/z.o>zte. /e wozzt c/z.erc/ze encore, /e croît uo/tt tenfir derrière cette montagne, /e zzez«c me /aire éferne/Zemenf i/Zntion. Ce toir, je me tzz.it retrozz-fée comme /zier, com?ne fow/onrr, /et maint /oizztet, /et yezzzv tonrnét wert Sonce/zoz, recnei/Zie et ^entive. gn-e wozzr. 163.

(13) /c we. était Z'wttigwc remède gwi ^>wt combattre efficacement Z'ingwiéttMe tie notre er^rif, g«i ^ttf rarreotV cor icZéer, c/éueZo^er et mettre ew éôifence miZZe rexrowrcej gîte wonr ewxriez enfonier ici. /e me (firait gne avait, mot gwi vowr c/tén'rai towfowrr, gwe avait Z>o««i /a ;pai# eZe notre caswr, gwe f'avair été /a cawre première t/er peiner gwe vowr n'awriez famair (Zw connattre, et gwi non/ avaient renifw /a nie amère... Fowr m'anez cézt « AAm ^>ar ^ottr towfowrr... » (ZwantZ fe me (ZéroZe, fe e/ej-centij, fe m'aj-jieJj- à /a ^>Zace on f'entencZir cet ^>aroie.r, fe vowr Zer fait répéter, et gwantZ fe croû Zer entendre à nowveaw, 7e rwir conroZée. .<4(Ziew, mon c/ter M^A-onre / (fwe ne j!>owviez-vowr not« noir /tier roir : Maman était émwe, e/ie me conroZaif. /wZie ^ienrait en me (Zirant iZ'wn air fin : « /e Ze ravair Zn'en, moi ». /onar et Marianne atZmiraient, tamfir gwe C/trirt cowrait, Za Zanterne à Za main. 2?f çweZ effet cette mwrigwe envoyée />ar vont à cette é^ogwc roZenneZZe ^rotZwirit rwr moi/ (Alphonse Bandelier avait chargé des musiciens de jouer, le soir de Sylvestre, sur le pont de la grange), 'y' yî ^>eine Ze fowr commenfait-iZ à ^oimfre gwe fe rentir, à mon réveiZ, Ze.2>arfwm (Zer fZewrr. C'était vont encore, M^/tonre, c'ert par noZréî='firrZre gwe /wZie Zer anait pZacéer à coté (Ze moi. Pwir fe tronnai notre èiZZet. OZt / mon ami, combien f'ai été towe/z-ée t/e tont ce gne vowr fairiez ponr moi, èien gw'a&rent. Fowr anez nonZn arZoncir mon regret (Z'étre prinée (Ze vowr ce fonr-Za, f'étair entonrée (Zer prenner ife notre amonr, et vowr n'enfenz/iez par mer vcew#, fe ne ponnatr errnyer nor Zarmer / gtt'ttre. f. jéjow. à Z'éfrattgcr. f. .*. En dépit de leur séparation, les fiancés restèrent en relation. A plusieurs reprises, le jeune pasteur reparut au pays. On se revit, et l'on se quitta. La période cruciale du roman d'Alphonse et de Cécile approche. Alphonse Bandelier est revenu une fois encore au pays en 1827. Il ne sait pas s'il reprendra ses fonctions à Gênes ou s'il acceptera le poste de diacre du Jura qui lui est offert. Tout dépend de la démarche qu'il a résolu de faire auprès du père de Cécile.. Il. fait. sa demande. Cécile a pris le courage d'exposer à son père ses sentiments et ses vœux. Sa mère, elle aussi, en présence du mutisme de son mari, aborde la question au cours d'un voyage en voiture à Bienne. Que sortira-t-il de ces graves entretiens Quelle sera la décision du maître des destinées de trois êtres torturés par l'inquiéa. tude. La réponse du Doyen sera négative. On s'est demandé longtemps quelles pouvaient être ses raisons de s'opposer à la réalisation des vœux ardents d'une fille qu'il chérissait pourtant profondément. Il s'en 164.

(14) était ouvert. frère ; nous ne possédons pas sa lettre, mais dans sa réponse du 17 août 1828, François Morel révèle le fond du débat : à son. /c we cowwaû par 71/owriewr i?aw-dc/ier, ow fe w'ai /art gwg /'entrefoir. il/air gwc/Zer çwe pwirrcwt être re_r gwa/itér pcwrowwc/Zcj', fc we croyatr par <ywe «a w/èce pwt cowrcwtir à dcrccwdrg fw-rgw'« /ni. 7'ap-. pc//c dcrcewdr« re /aire mcmûrc d'wwc fami/le dowt /er rewt/wrewtr et /er Aaû/twf/er mora/er, wécerra/rewewt cmprciwfcj der occar/owr ordiwa/rer de /a ü/e, cowtrartewt awec towter ce//er çwi, der /'ew/awce, owt eowtrièwé à wowr /afowwer. 7e ra/r gw'ow w'épowre par /er parcwtr de row wtar/. 71/a/r /er re/at/o?« çwi r'étaû/Zrrewt rowt fe//emewt étro/ter et o/digatoircr gw'e/Zer pcwvcwt faire èeawcow^ row/frir. (fw'ow we d/re par gwe cecf ert de /a fierté, ww rot orgwei/ ; c'ert towf riwt^/ewrewt /e dérir /égifime de r'arrort/r rowr /er rapportr der ûeroiwr dw c«?wr et de /7wfe//Zgewce.. On ne peut nier la valeur des arguments qui avaient été avancés par le trop raisonnable Doyen, mais en dépit de l'opinion de son frère, il n'en est pas moins vrai que des sentiments peu avouables entraient en jeu : la famille Morel avait conscience de sa valeur, dte ses honorabies traditions, et le prétendant de Cécile apparaissait quelque peu comme un parvenu, un simple paysan de village. Dans une seconde lettre, datée du 14 septembre 1828, François Morel revient sur la question :. C'ert awec peiwe çwe je towc/ie ewcore /e cdapitre de m« wièce. Ce/a wte. fait. de /a peiwe de pewrer çw'e//e pewf être dawr /e car, ow de we par faire ww mariage rortaû/e, ow de faire wio/ewce à rer a/fectiowr fayoriter. /e /a wowdrair Ziewrewre comwte e//e ew ert digwe, fe uowr uowdrair towr cowtewtr, et fe we rair commewt aider à /a cdore. j4w wri/iew de towt ce/a fe rwir oû/igé de prowowcer çw'à mow rewr /tomme çrwi aime à Z>ri//awter row eaitériewr par der co/ific/tetr, et ww çwi aime d'ww awtre coté trop rer airer, ert wécerrairemewt fat et égoïste, et çw'i/ we powrra faire /e èow/tewr d'wwe femme rewriû/e et aimawte, wi ratirfaire aw# ûeroiwr de row ccewr.... Que de raisons, bonnes ou mauvaises, que de jugements hasardés, que de suppositions gratuites dans toute cette argumentation N'éprouve-t-on pas le sentiment qu'on a cherché à accumuler les raisons pour tranquilliser une conscience troublée. Quoi qu'il en soit, la main de Cécile fut refusée à un homme profondément épris, pour des jugements de valeur portés sur son caractère apparent. Etonnante intervention des augures, dans une question dont, au fond, ils n'étaient pas juges On pourrait avancer qu'un refus n'est pas un acte définitif. C'est bien ce que pensèrent Cécile et sa mère, qui s'étonnèrent de voir 165.

(15) Bandelier accepter sa défaite, retourner à Gênes, et rester des mois, parfois même des années, sans plus donner de ses nouvelles. Dans son orgueil blessé, n'avait-il pas écrit au Doyen ces mots, qui atteignirent Cécile au plus profond de son être :. C'ejt d'ai/Zewrj wne affaire finie, et /tien, i/ ne jera p/wj gwejtion.. de ZagweZ/e,. ji. vowj /e vow/ez. Une lettre que Bandelier écrira bien plus tard à Cécile, le 19 avril 1839, éclaire d'un jour nouveau les circonstances de cette douloureuse époque. :. Fowj cow<7am»ez a/tjo/wment ma constate en 7é7?d et danj /er annéej giti jwivirent... 77 y a dewx mnnièrej de prendre wne dow/ewr te//e gwe ce//e gîte m'apporta /e refwj gwe j'ejjwyai à cette épogwe : /'wne ejt de j'y abandonner, janj new Ä\s7m«7er, janj c/terc/ter à je /aire awcwne i//wjion jwr totste /'éf endwe de ja peine ; /'awtre, de je roidir en gwe/gwe jorte, de nourrir /'amertume et Z'/twmi/iation gw'wn /tomme rejjent fowjowrj danj wn car jem/da/de, powr combattre wne dow/ewr par /'awtre, et de cawtérijer, ji je pwij par/er ainji, /a b/ejjwre gw'on a reçue. 7e «e dij paj gwe ce joit /e moyen /e p/wj rafjownab/e et /e p/wj vertwewx, /té/aj wow, j'en at fait /'expérience. Matj c'ejt /e ^artt çwi j'accorde /e miewx avec /e caractère d'wn /tomme, avec Zej wécejjttéj de ja cowdtttow. 7/ we pewt par /awgtttr ; t7 fawt gw'i/ agirje, t7 fawt, gwand 7/ ejt abattw, gw'i/ je redrejje, et gw'i/ fajje jervir Ja faib/ejje même à je donner wne certaine force, wne énergie arttftcie//e, et twdtJpetuaTde à /'exercice même maférie/ de Ja profejjion. 7e dij towf ceci en regard de moi-même, et de towj ceux en qui .wn jentiment awjji pwr, atuji nob/e, wn amour awjji ardent gwe ce/wi gwe vowj m'aviez injpiré, ert froidement, dédaignetuemewt re^oturê et. froijjé. Fowj javez danj gwe/j termer votre père refwja ; i/ a//égwnif ce gw'i/ y avait de p/wj iwfwjte et de p/wj dwr à me dire : mon peu de forfwtte, /e peu de conjidérafion de ma fami//e, mo» peu de moyenj de vowj procurer «ne exûtence comme i/ était e» droit de /'exiger de ce/wi gai ajpirnit à /'/tonnewr de votre affiance. Fowj m'avez dit bien dej foij gwe vowj ne ponviez par vomj exp/igwer gwe j'ewjje été b/ejjé et irrité atuji vivement çne f'avaij parti /'être. Fofre exce//ewte mère trouvait même gwe je devatj être f/atté de ce gw'i/ n'y avait rien de perjonne/ danj /ej motifj de ce refwj. 7e ne jaij par j'i/ y a ajjez de p/ti/ojop/tie danj /e cœwr d'wne femme pour prendre Zej c/iojcj de cette manière. Maij croyez-moi, Céci/e, un /tomme gwi n'ejt point dégradé ne j'ijo/e jamaij de ja pojition, comme e//e /ni a été donnée et comme i/ c/terc/te à Je /a faire; et dej c/tojej parei/Zej à ce/Zej gwi me furent reproc/téej font «n terriè/e ravage danj /e ccewr d'wt jewne /tomme gwi a gwe/gwe é/évafio?t, gwe/gwe ambition de /tien faire, et de je p/acer /tonora/t/emenf parmi Zej égaux... 166.

(16) Il y. avait de l'ombrage, sinon. de. l'orgueil dans la nature de. Bandelier.. D'autre part, les amoureux furent parfois desservis par leur entourage, en particulier par une grande amie de la famille Morel, Madame la Baillive de May. Elle se complaisait à jeter le trouble dans l'esprit d'Alphonse, en mettant en doute la faculté de Cécile de le rendre heureux. De son côté, Bandelier, troublé, désespéré, envenima une situation si critique en affichant — voulait-il susciter un sentiment de jalousie dans le cœur de Cécile — ses relations avec des femmes de haute naissance, en particulier une certaine Dame Paoli, riche et belle Génoise, qu'il eut l'impudence de présenter à Cécile. Quant à Madame Morel, après quelques hésitations, elle avait pris résolument le' parti de sa fille. Mais il doit être difficile à une mère de prendre parti sans passion, dans de telles circonstances, et Alphonse eut parfois l'impression qu'elle s'immisçait par trop dans la vie sentimentale de sa fille, qu'elle était trop « entre eux » : il lui en fit un jour cruellement la remarque. Les années qui suivirent furent pour Cécile des années de profonde amertume, entremêlées de lueurs d'espoir. Son amour demeure vivant en elle. A plusieurs reprises, elle le proclame dans ses lettres au fiancé perdu :. 0/t / «o» Aien aimé, mon. cAer Aip/tonte, f'anrait encore tant de dire, rie cAotet gne wont tafes dé/à, wait gni néon-. c/tot.et à font moint me gèrent. Font me ditet gne ;'e doit me marrer. iscoretez. Font afez tonte mo# a//ectfo». /e errair af ec dégoref, af ec rrrre antrat Aie gne je ne pnit promettre rie warrrcre, approcAer rie moi tont Aomme gni fortrirait te /aire aimer. M'nnir à ini me temAieraif nn crime... Mon cirer AipAonte, c'ett font grei éfet ma force. (Ane n'afesfont pot été riant ma fie, gne n'ai-fe torr/fert et tenti par font, ponrrez-font /ornait ie comprendre Fotre tiience m'a fait comprendre ie détetpoir, et ce compiet dégont de ia fie gai teraif defenrr nne idée fixe, tant i'angéiigne Aonté de ma mère. -Ma mère, frétor d'amortr, miracie de Aonté.... f. Elle souffre indiciblement des silences prolongés, des froideurs d'Alphonse, mais d'autre part elle ne veut pas cesser d'espérer, de croire en lui, de l'estimer, de l'encourager :. Mon cAer AipAonte, oni, font étet fertnerra-, je tnit fière det fictoiret gree font remportes tnr font-méme ; c'ett ie triompAe dît Aien, c'ett ma gioire en moi, car je m'ettime en font... Ae me demandez pat ponrgnoi /e font écrit tant cette. Ae me demarzdez rien, car je ne tanrnit gne font répondre. 7e fient à font 167.

(17) Isabelle Morel de Gélieu. comme /'a/fair à ma mère, r/wec «10« ccewr, mow «me, et towfej- me.r ^>ewjéej. /e woîw ^>ar/g ^>o«f /e ùon/iewr r/e wo«.j ^)ar/er, wo?cr ètej- j««.r cej\re ^réjewt à «16/ ^>e?wéej, fljjocié à foi« mer jewtimewtj", et ce«# g«t woîw a^^artiewwewt ew ^ro^re owt dominé ma wie... La ma/adie grawe g«i mine lentement m» wie, 'tont en me renriawt jenjiù/e aax ;procédé.r dont /e mû Z'où/et, é/èwe cependant mon dme aa-tiej'j'aj der jajce^tièi/itéj' ordinafrer. /e wonr écrû rawr me /aire idnjion, rnnr awoir Z'erpérance gai are serait ^oartant donee gae mer ré//e:viowr in/Znent ew riea rnr wor détermiwafiowr.... Torturée par le chagrin de son cœur irrémédiablement déçu, Cécile Morel sera frappée dans ses plus chères affections. Il lui arrive de douter de rattachement de son propre père, qui, la voyant souf-. frir, conscient. de ses responsabilités, éprouve en sa présence de la gêne, qui ressemble étrangement à de l'indifférence. Ses frères lui occasionnent l'un et l'autre de graves soucis, Jules en particulier, que le penchant pour les boissons alcooliques entraînera peu à peu à. l'abîme.. Restait. Cécile l'appui consolant de sa mère. Mais les malheurs domestiques avaient douloureusement atteint madame Morel. La maladie de Jules acheva d'ébranler sa santé. En dépit de fréquents séjours à la montagne, principalement à la ferme de la Goguelisse, qu'elle affectionnait particulièrement, elle dépérit rapidement et mourut en 1834 des suites de l'ablation d'un sein cancéreux. Cécile touche maintenant le fond de l'abîme de douleur dans lequel elle a peu à peu glissé. Où trouverait-elle la force de lutter 168. à.

(18) Sollicitée par un riche négociant de Neuchâtel, encore, d'espérer Alfred Borel, elle se résout à faire un mariage de raison. Au reste, n'a-t-elle pas appris la nouvelle du mariage d'Alphonse Bandelier Elle lui écrit le 4 décembre 1834 :. A'af/ectio» gae j'ai uoaée à met /rèrej, et gai e/ep«ij /« mort e/e ma mère « prij «n caractère gaaji materne/, jera e/éjormaij /e Je«/ /n'en gai paijje jeter gae/gae intérêt j«r ma trijfe fie. Parant cette. j'ai èa jajga'à /a /te c/anj /a coape amère e/ej e/o«/e«rj. /a A/aij précieaje certitae/e ga'an joar e/'agonie et e/e mort je /èuera «ajji poar moi, an joar gai me réttrtira «a je«/ être gai m'ait aimée j«r /a terre, joatient mon ccear et «te c/onne /a force e/'a//er e«. «uant. O/t / g«'e//ej jont pro/onc/ej et myjférieajej /ej uoiej e/e /a Prou/e/ernière année,. e/ence. /. A cej peinej e/e e/o«/oareaje mémoire uonf J«ccée/er poar uoaj r/ej joarj c/e pare joie et e/e èonAear e/«raè/e. Soyez perjaae/é, Monjiear, gae n«/ «e prene/ra «rte part p/«j uiue à uotre prochain mariage gzte ce//e gai «'a cejjé c/e c/emartc/er à Z)iea uotre ion/tear comme «ne compenjafion ait» womèrea» ma/A-earj c/e Ja uie.. Le mariage de Cécile, lui aussi, est résolu. Les bans sont publiés, les invitations expédiées. Son père, en session à Delémont, lui fait part des pensées qui l'agitent en date du 13 novembre 1835 :. n'ejf paj c/'aitjoitrc/'/tai gîte je me jm/j c/it auec amert-ame : Otte /eronj-noaj gaanc? tit «e jeraj p/itj /à Pit joignej ji />ien toate c/toje, je poituaij ji />ien me repojer jar toi c/e toittej /ej af/airej c/ît ménage. Pit c/onnaij c/e /a uie à /«maijon, et ta en étaij /'ornentent. Ce jera c/onc poitr moi /e p/itj granc/ uic/e gae me caitjera ton «Erence. Poi-méme, je /e jenj, ta ne gaitteraj ga'auec peine cej /iea» gai t'ont une naître et oà je ratfac/zent prejgae toaj tej joauenirj. /e rec/oitte /e moment c/e notre jéparatioit. Maij aa moinj ce gai me rajjare, c'ejt gae ta troaueraj ane /«mi//e : ta jeraj toat prèj c/e ce//e c/e ta èonne et e»ce//ente mère e/é/nnte. Pa jeraj à ane petite c/ijfance c/e /'an c/e fej /rèrej giti t'aime fene/rement. (Charles, méCe. decin à Fleurier). // n'y a gae «toi giti c/anj toat ceci perc/rai /e p/«j. PA. Aie«, ton jort /«far et ta c/ejtinée me /ont ici ane /oi c/e m'y réjoac/re. 7e te /'ai c/éjd c/it: ta ej faite poar /e AonAear c/'an époa». Pa méritej c/e goater /ej joiej c/e /a maternité... Mej penjéej jeront toajoarj auec toi, et ji, comme /n p/ante gai je c/éfacAe c/e /a joac/te, et gzti prenc/ racine jar jon propre /one/, ta gaittej /e tronc paterne/, ce ne jera paj poar /«i e/euenir étraiîgère. fVoj ccearj rejferont icnij.. C'est encore mariage :. à. Alphonse que Cécile' exposera les raisons de ce 169.

(19) 7. Parce woîV 7>ayer mer. w« Aomme rie/te, je pe-ntait towjowrr po«detfej, et gwe ce//er-ci me rowgeaiewf gwatui j'étajj!. ?«.fl7a£7e.. Parce çw't/ me paraît im^orAè/e de cowtfwtter ma zne ici, ja»j ma mère, dont /a tendrette me joatewait et me conto/aif. J. Parce çtt'ii me garait Aeicre«:» et cowwewaide d'Aaûîfer 1« awtre ^>ayj gwe fowj. 2.. Raisons toutes péremptoires : mais Cécile Morel ne saurait faire un mariage de raison, et elle rompit à l'ultime moment, alors que déjà ses invités avaient apprêté bonnets brodés et souliers dorés Alphonse Bandelier est maintenant pasteur de la paroisse de Saint-Imier. A ce titre, il tenta d'arracher à sa passion le pauvre Jules, en le prenant à son foyer. Cette délicate attention devait lui attirer la reconnaissance du Doyen et celle de Cécile, qu'elle lui exprima avec une tendre douceur.. La vie reprit au triste foyer des Morel. Cécile poursuivit avec une courageuse résignation ce qu'elle considérait maintenant comme sa mission maternelle. Elle sera d'abord la confidente et le bras droit de son père. Pasteur de la grande paroisse de Corgémont, qui comprenait aussi les villages de Cortébert et de Sonceboz, doyen des paroisses protestantes du Jura, il jouait en outre un rôle politique de premier plan. Il fut un des membres les plus influents de la Constituante qui donna au canton de Berne sa première constitution démocratique, après la révolution de 1830. Il déployait par ailleurs une activité littéraire considérable ; citons son « Abrégé d'histoire et de statistique du ci-devant Evêché de Bâle », publié en 1813, qui demeure un des monuments de l'histoire jurassienne. Membre correspondant de plusieurs sociétés savantes, il était en relations avec de nombreuses personnalités de son temps, en particulier avec Neuhaus, Stockmar, Vautrey, qui ont fait de nombreux séjours à la cure de Corgémont. Il était souvent absent, parcourant à cheval les routes du pays. Il appartenait maintenant à sa fille de recevoir les hôtes de la maison, de tenir son père au courant de sa correspondance, des affaires de la paroisse. Si elle souffrit parfois de sa rudesse extérieure, s'il ne sut pas, ou ne voulut pas comprendre les élans de son cœur, du moins eut-elle la satisfaction d'être admise dans le secret de sa pensée, et de tenir honorablement à ses côtés la place qu'avait dû abandonner si tôt une épouse excellemment préparée au rôle difficile de compagne d'un homme aux occupations multiples. Une lettre qu'elle lui écrivit le 4 mai 1840 — alors qu'il faisait un séjour en Provence — révèle le caractère de ses relations spirituelles avec lui : 7/ y a Awit joitft gîte tw et ^>arfi, mon cAer £ère. Cette tewame m'a £arw Aie« /owgwe. Tatidlj qite fw pareowt cette Ae//e 7Y«»ce, tow170.

(20) Charles-Ferdinand Morel, Doyen de la Classe du Jura. /onrj inférejjawte. ^>ar /e r/egré rie. ja cwj'/Matro«, />ar /ej jowwentrj gni à ratfac/tenf e//e, nonj car en/in nonj awonj contri&né awtrc/où à Jon agrnn.rZijjew.ent, et gne/gne £en à ja gioire, moi ;e rejfe rinnj mon orwière AnèitneZ/e.. // ejt amw wenrirerii joir ime iettre r/e 71/onjienr Stoc&mnr, tintée in C/tanÄ-tie-Fonr/j. /e Z'ni onwerte. // te rZemanr/nit nne enfrewne,. tie te tiijnnf gn'ii jerait gne/gnej /onrj é/oigné tie Porrc«frMy ^>onr éwiter nne gnerre eiwi/e. // paraît /ort irrite rie /a manière dont /e GoMuernemenf traite /ej genj rie jon ^>arti, et i/ terminait en riijnnt gn'iZ te donnerait tiej riétai/j rie /onc/te. /e /ni ai re'j)onriw rie jnite gne /tnit /oitrj ^>/mj tot wotre entremte aurait été /aciie, et Je /ni ai tionné ton. nrirejje, en caj gne jej communier;tionj /ztjjenf iwgSortnntej et ne. jonf/rijjenf £aj. rie. retarri.... 171.

(21) Cécile Morel remplaça également sa mère auprès de Jules et de Charles, les fils du Doyen. Tous les deux, après de premières études brillantes, avaient embrassé la carrière médicale. Son rôle de grande sœur ne fut pas toujours aisé. Il lui fallait recevoir les confidences de ses frères, qui hésitaient parfois à s'en ouvrir à leur père. Lorsqu'ils se trouvaient gênés financièrement, c'était elle qui, de ses modestes deniers, leur venait en aide, elle encore qui les encourageait, cherchait au besoin à les remettre sur le bon chemin lorsqu'ils s'étaient laissé entraîner par les tentations des grandes villes où ils étudiaient : Paris, Strasbourg, Heidelberg. Les lettres qu'ils ne cessèrent d'envoyer à leur sœur sont empreintes de sentiments affectueux et reconnaissants. Charles lui écrit de Strasbourg le 11 mai 1831, en apprenant qu'elle avait été gravement malade :. M# panure Cécile, combien Je rnir affligé de fa nonueffe maladie dont tn ar été atteinte. Fant-if donc gne tn roir tonjonrr en proie à gnelgne donfenr, toi gni mériter tant d'être Aenrenre / Si tn penrer. ronuent à moi, croir gne de mon coté ii n'y a par moinr d'affection et de tendrerre. /e uondrair te rauoir Aenrenre, Jonirrant de /a ranfé. 7nrgne-fà ii mangnera tonfonrr gnelgne c/iore à mon cœnr.. Quant à Jules, doué des sentiments les plus délicats pour sa sœur, il devait pourtant lui faire éprouver les plus cruelles douleurs. Aide-chirurgien-major au Régiment des Gardes suisses à Paris, il avait pris le goût des boissons alcooliques et il devait mourir lamentablement à 35 ans, après plusieurs crises de délire, voire d'aliénation mentale. N'est-elle pas touchante, cette lettre qu'il lui écrivait de Paris le 16. juin. 1826. :. 7'ai gagné nn pen d'argent en fradnirant gnefgner artiefer de fonrna«Ä! affemandr gne J'ai fait inrérer danr fer Jonrnansc de médeeine de Parir, et Je t'ai acAeté «n cA-apean en gror de fVapfer. 7e n'a«rair par pn faire nn_ meiffenr emploi de cet argent : fe pfairir g ne J'épronue à te proenrer gnefgne agrément ert fa pfnr donce récotnpenre de mer petitr trauan.v. 7e crainr gne ce cAapean n'aiffe par exactement à ta téte, ?»air fa marchande de mode m'a arrnré gn'on ponuait facilement fe faire élargir on rétrécir. 7e crainr encore de n'auoir par en Aon gont, car Je n'ai conrnfté perronne. Senfement, J'ai prié nne demoireffe de magarin de f'errayer, et gnoiçne elfe fnt foi?i d'être anrri Jolie gne toi, if fni allait frèr Aien, ce gni me fait erpérer, ma cAère amie, gn'il t'ira parfaitement.. Comment ce frère, animé d'attentions si délicates, pourra-t-il, dans les heures obscurcies par sa déplorable passion, en arriver aux pires violences Quelques mois avant sa mort, alors qu'il était médeein à Saint-Imier, il est sans argent : 172.

(22) ./Vot«. ;owmw à /a Samf-Mart/w, et /c «'at pwj (/c gwo/ payer ce (/où. /'c /'ai pew gagné pendant /'été, par /a raûon gw'i/ y a pew (/we (/e ma/ae/cj. /e ne gagne p/wj gwère à préjent, gwoigwc /'ate p/wj </e ma/at/ej' à tratter ; iL jont prejgwe towt tnt/tgentj. St tw avair g we/gwct /owtV à nte prêter, tw me rent/raw jermce. Une fois de plus, sans doute, Cécile s'exécuta. Pourtant, elle n'hésitait pas à adresser parfois des exhortations à son malheureux frère, dont il faisait, hélas peu de cas :. Ma cMre Jtewr, ta /ettre m'a cowpé /'appétit, parce gw'e//e e_rt trop in/wrte. /e jwû Pien aûe gwe tw joir confa/etcente, et tt /'ai wne. occariow, /e t'enverrai mon /inge ta/e. Owant à moi, /'ai wn érétypè/e et wn a/;cèj prè.f t/w genow gaiec/te, (/ont i/ jort wne atrez grant/e gitantité (/e pwj. /e ne pwû marc/ter ; gwan(/ /e torj (/e mon /it, /e tawte twr wne /amèe. Powrtant /e. twû moinr ma/. gwe /'e. n'ai été.. 7w me /orcej- à te (/ire towte ma pentée irwr tej mercwria/e.r. A'on, /e ne mentait pat, çwan(/ /e (/irait à /a « Gogwe/itte » gwe /e von/ait èien me cow/wire. /e tait gwe towtet /et apparencet tont contre moi, mair en réa/ifé, ma con(/wite n'erf pat mawvaire, c'ett moi gwi te /e (/it. C'ett à -Diew (/e /wger avant towt, et ma contcience me renJ ton témoignage. /e ne twit pat (/e cew# gwi croient gw'i/t n'ont rien à te reprocher. A'owt tommet towt péc/tewrr à (/ifférent.r (/egrét. /e éemanée (/e toi, ma c/tère roewr, (/e /'affection et (/e /'amitié. Ter /ettrer me tont tow/owrj préciewtet, wait /e te /e (/éc/are, ti tw y metr encore (/e /a mora/e, e//er awront /e tort (/e gwe/gwer awtret gwe /'ai /etéet aw few ; /et tiennet y pa-rjeraicMt awtti. On imagine le désespoir de Cécile en présence de cet entêtement d'ivrogne, et celui qu'elle dut éprouver, le jour de Noël 1839, lorsque parvint à la cure de Corgémont la nouvelle de la mort de Jules, que l'on avait trouvé gelé sur le talus de la route qui conduit d'e Villeret à. Saint-Imier. Ainsi s'écoule l'existence solitaire de Cécile Morel. Partagée entre ses nombreuses occupations, une sollicitude constante pour les siens, et les soucis de sa santé, ébranlée autant par le chagrin que par les maladies successives que les médecins étaient impuissants à déterminer, elle approche de la quarantaine. Enfuies, les envolées de ses vingt ans ; renfermé au plus profond d'elle-même, le rêve d'aimer et d'être aimée ; évanouie, son aspiration aux joies essentielles de la maternité... Au reste, son père septuagénaire n'a-t-il pas un besoin pressant de sa présence Le sort en est jeté : elle demeurera solitaire aux lieux de sa naissance, avec le souvenir de l'amour triomphant de sa jeu173.

(23) cruellement déçu par le seul homme qu'elle eût aimé : Alphonse Bandelier. Et pourtant, le miracle s'accomplit Alphonse Bandelier ne s'était pas marié en 1834, alors que déjà il avait reçu les félicitations et les vœux de Cécile. Pour tous deux, il n'était qu'une union possible : celle qu'ils avaient résolue à l'aube de leur jeunesse. Les deux jeunes gens ne s'étaient guère revus depuis la cruelle séparation de 1828. Ils avaient quelque peu correspondu, à l'insu du père de Cécile. Ils avaient paru se rapprocher à plusieurs reprises, mais la blessure était trop profonde de part et d'autre, et trop de malentendus s'étaient peu à peu glissés entre eux. Pourtant, la flamme couvait sous la cendre. Alphonse s'efforçait de la ranimer, mais il se heurtait constamment aux douloureuses hésitarions de Cécile. Il fit une ultime tentative au printemps 1839 et lui écrivit de longues lettres empreintes des sentiments les plus touchants. Il retourna dans cette demeure de Corgémont, où l'attachaient tant de souvenirs : nesse, si. 22 mars 1839. 0 ri /c ^>onv«ir voar dire font ce gae /'é^ronvai, iorrgne, arrivé cAez voar roar ie £oidr de in ^>iar nccaAiante 2>réve«fion, gae voar «.'aimiez ^>inr à me voir, je voar enfendir d'ane voi» ri. donce me dire der cAorer gae /e ne rnnrnir 2>e«t-éfre me rn^eier £nrce gae 7« «.'avait d'attewtio« gae ponr ît« renfimenf gai te révéinif comme maigre /ai, der cAorer de rim^ie converratio«, rnnr doate, mair dnnr ierçneiier ii y avait de /'a//ecfio«. / /i y en avait dnnr ie to«-, dnnr /a manière, dnnr votre regard, et ^>ar ce gerte £nr iegnei voar voaiiiter Aien m'escrimer comme an regret de mon départ. (?ne ie Aon Dien vont rende toat ie Aie« gae voar me /iter, ma cAère Céciie / /e revint cAez moi (rappelons qu'il était alors pasteur de la paroisse de SaintImier) Aeareax, gai et Aon ^>iar ga'à /'ordinaire. 7i me remA/a gae mon cAevai était ^>iar genfii encore et marcAnif mien», gae ie cAemin était ^>iar agréaAie... Si /'ore m'en ra^orfer à ia /oi gae voar m'avez rendae, peaf-éfre tant y ronger voar-méme, ii /aat, ma cAère amie, gae noar noar anirrionr... Font n'éter ^>ar Aeareare, et /e ne (e rair £nr non ^iar. /'ai en Aeaa me raidir, et mettre an roin craei à entretenir ma rarce^tiAiiité ; /e ne rair ^>ar ^arvena à étoa//er ie va?« de voar «2>£arte«ir et de voar a^peier mon époare.... A cette époque, Cécile s'était enfin résignée à épouser son cousin Ferdinand Morel qui pouvait du moins lui assurer une vieille amitié, jointe à « une affection douce et calme ». Allait-elle renoncer à cette paisible perspective pour revenir aux tourments d'amour qui Sa raison semble l'avoir emporté la torturaient depuis vingt ans 174.

(24) définitivement sur son cœur. Mais les accents passionnés d'Alphonse n'allaient-ils pas toucher encore le cœur de Cécile Le 28 avril 1839 il lui écrit : Fons me dites : « Fons êtes Ze 7naitre de 7ne retirer votre affecfion, uons «e Z'êfes pas de me retirer votre estime ». Ait Aien/ écontez, CéciZe, car 7'e ne céderai pas de uons coim'cZérer comme mon Aien, mon trésor ; même gnand 7'e devrais penf-être ne pins uons Ze dire, personne n'a été pZacée pins Aanf gne uons dans mon estime, et 7V sais si éZoigné de tonner à uons dispnter cette pZace, gne Z'estime senZe me ramènerait tonfonrj à uons, si même wn .rentiment pins pntrrant ne m'y entraînait pas. Annoncez-moi gne vos engagements n'existent pins, et 7e wons offre de nonuean ma main et mon amour. At gnanf à mon affection, croyez Aien, CéciZe, ga'an amonr gai date presgae de mon enfance, et gni a traversé Zes pins AeZZes et Zes pins orageuses années de ma wie, n'est fias nn sentiment gn'on donne et gn'on reprenne comme une amitié d'/iier. At pais, écoutez encore «ne cAose gîte 7'e ne ziows dirais pas, si vos interminaAZes dontes ne me poussaient à Aoat : iZ est nn AonZienr, oA / avec toi ,CéciZe, ç'aarait été une sainte uoZapté, gne 7'ai rêvé et gne 7e rêzie encore... Oaand mon panure caear, dans ses moments d'iZZnsion, croit encore se répandre, se confondre dans ceZni d'nne Aien-aimée, c'est toi dont Za donce image est devant mes yeax, c'est toi gne 7'e crois presser dans mes Aras. Pardon de cet aven, tn connais maintenant ma faiAZesse.. Le débat se poursuivait encore au printemps 1840. Cécile écrivait à son ami retrouvé le 14 mai : Foms m'avez demandé, mon ami, si 7'avais cessé de croire à votre affection, /'étais, 7'e dois uons Ze dire, sons Z'irrésisfiAZe infZnence des cAarmes de votre personne, /'étais Aenrease, et 7'e ne pouvais me. résoudre à revenir snr d'anssi amers souvenirs. Maintenant gne 7'y réfZéc/iis, 7'e crois pouvoir uons dire gne non seidement 7'e Z'ai crn, mais gne 7'en ai été persnadée. /Z était impossiAZe gne uons fussiez deuenn mécAant, iZ était impossi'AZe, dis-7'e, gne 7e 7n'expZignasse autrement Zes procédés dont 7'e fus si Zongtemps Z'oA7'et. 0 mon ami, s'iZ en eiît été antrement, si 7'avais pn croire à votre aftacZiement, me serais-7'e sentie si isoZée Ze 7'onr on 7'e fermai Zes yenx de ma mère Aarais-7'e dit oni, à nn AoreZ /. tard, Zorsgne de nonveZZes donZenrs semAZèrent compromettre mon présent et mon avenir, Zorsgne 7'e sentis pins fortement Ze Aesoin d'nn appni, en anrais-7'e accepté nn antre gne vons PZns. Les nuages se dissipèrent peu à peu, et la lettre suivante à Cécde, du 31 août 1841, montre que l'union des deux cœurs est définitivement scellée : 175.

(25) 7'étaij. y a gneZgnej joxxrj avec /a réjoZxxfioxt hiext arrêtée de wom; entretenir encore nne /où d'nn projet gxti de^nij Zongtem^j ejt /a grande ^>enjée de ma w. /e vonZaij vonj en £arZer avec caZme ef réf/e^ion, comme x'Z convient à nn homme gni je rend compte cZairemenf de jej jenfimenfj et Je jej circonjfancej. -Et janj tro^> me ra^peZer ce gne /e vonj dû Jitrant Zej gxxeZgxxej injfantj gxte je ^>xxj vonj voir jexxZe, je croir gne je ne voxxj pariai gne Je ce çn'iZ était /e moinj nécejjaire Je vonj dire. 7e jenj, chère CéciZe, gne je devraij d'ahord voxxj parier dxx ^>ajjé, gne je vonj doij hien Jej e»p/xcafxonj à ce jxxjet. Maxj à ^exne ^>xxij-je me Z'e.r^Zigner à moi-même J'nne manière jatxj/axjante. 7e vondrair, an Zien J'en réveiZZer Ze jonvenir, 2>onvoir Z'effacer entièrement Je votre ame ^>ar Zej joinj Zej ^>Zxxj fendrej, Zej ^Zxtj dévonéj. (jn'iZ me jxxffûe Je vonj ajjnrer gxxe tant Je c/tojej je jont interm'a foxxjoxxrj ramené à voxxj. (Jne ji, ^>ojéej entre noxxj, mon ccenr Janj Jej momentj on je Jéjej^éraij Je voir je réaZijer Ze vœxx Ze ^>Znr citer Je ma wie, j'ai ^>n concevoir Za ^tenjée d'xxn antre étahZijjement, en former Ze projet même, je me jnij foxtyonrj détaché Je cette jtienjée Jn moment gn'eZZe ;ponvait prendre Ze caractère J'nn engagement avec nn jentiment Je /rayenr, et comme J'nne ej^tèce Je crime. Enfin fe ne voxxj offre ^>Znj Zej avanfngej, Zej Jonj Je Za fennejje, je gne vonj offre Zej jenfimentj J'nne ejtime T^wj profonde encore, et xtn attachement ^>Znj reZigienx gn'on ne £exxt Z'avoir Janj Ze premier age. 7'ai Z'intime conviction gne vonj êtej Za com^agxte gne Ze CieZ, Janj ja honte, m'a Jejtinée. 7e croij gxxe Diexx a dxjpojé Je voxxj et Je moi, et gne nonj ne devonj ^>aj en Jirpojer axxtrement, Je jorfe gne fe faij véritahZemenf nn acte Je foi, en même tem^tj gxxe j'ohéij an» inj^irationj Zej ^>Znj vivej Je mon cœxxr, en venant vonj JemanJer Je coxxjenfir enfin à xtnir votre Jejtinée à Za mienne... aZZé cZxez. voxxj. x'Z. ji. ji. Le pasteur Bandelier a prévu toutes les objections : la santé chancelante de Cécile, l'isolement dans lequel elle laissera son vieux père ; dte Saint-Imier, elle pourra retourner souvent à Corgémont, et la tenue d'un petit ménage sera bien plus aisée que celle de la grande maison Morel. Il termine sa lettre par des expressions qui montrent que l'amour n'a pas d'âge :. 7'aftcnJj votre ré^onje avec nn Jentiment J'anxiété. 7e ^ajjerai Jemain à Corgémont janj ojer encore aZZer vonj Za JemanJer. Z)e grace, chère CéciZe, ne me Za faitej £aj attenJre fro£ Zongfempj / Diexx venx'ZZe gxt'eZZe />oxxr. joit. favorahZe, et. gxt'x'Z veniZZe. être avec noxxj et. nonj /. La réponse ne se fit pas attendre longtemps : trois jours après, Cécile laissait entendre que l'accord était enfin réalisé : 176.

(26) Fotre ietfre n été ine ei reine. 0« m'a dit de vonr ier c/torer ier pinr aimafrier, /er pinr doncer à ewienc/re. /e ier recneiiiir avec dévotion.. ses. La conclusion du roman est proche. Ecoutons encore Cécile, dans stances au fiancé retrouvé :. 0 gîte ;'e vonr frémir de vernir, en m'aiiirani fnrgn'à vonr, mettre i'/ntiie rnr mer piaier / Fonr voniez encore me /aire ronrire à /a vie gwi fnt ri crneiie ponr moi. Fonr vomies être mon fron ange. Dien veniiie me donner arres de /orcer ponr gne vonr ne vonr en repentiez famair. (17 janvier 1842). /e vienr de parrer nne manvaire nnit. /'ai /ait tier ré/iexiomr tonter nonveiier rnr ie mariage, /'ai fronvé admirafrie ti'étre nnie à nn être remfriafrie à moi, pourtant ri éminemment rnpérienr. Cette inteiiigence pinr déveioppée, pinr ca^afrie tie r'éiever à tie /tanter conceptionr, et gni pent infiner d'nne manière ri raiitfaire à ia direction tie ia mienne. Cette /orce, ce conrage, gni rnppiéent à notre /aifrierre et gni nonr viennent en aide à cfragne inrtant. Cette protection çit'ii nonr ert permir de réciamer. Cette arrimiiation de tornr ier intérétr, de towr ier devoirr. Ce iien ri étroit, ri nnigne de ia vie, et gne ia mort renie doit rompre. /e me rnir dit : i'inrtifntion ert freiie de ra natnre. Le mai ne pent venir gîte de nonr-mêmer. Ler rêver de notre imagination penvenf confrifrner ait mai pinr gne toîtter ier antrer dirporitionr. Soyonr rtmpier et droitr. Moi, par e»empie, pnir-fe ne par voir et frémir ia main de ia Providence gwi me ramène à vonr aprèr tant de donienrr Pntr;'e ne par remercier Die«, gnand fe renr an /ond de mon ame gît'anprèr de vonr, romr votre direction, ma /oi deviendra pinr ferme, mer principer pinr éciairér, gîte nonr fendronr an même fritt pttr ier memer e//ortr rincèrement rontennr, gne vonr rerez mon cite/, mon gnide, mon appni, non par reniement parce gne i'inférêf dit mariage ie dit ainri, mair rnrfont parce gne /e vonr donne ma confiance, ma profonde erfime, et gne je ven» mon ame fiiie de ia votre. de. La fin de cette lettre est illuminée de cet humour dont Cécile n'avait jamais perdu le secret :. /e vonr avone avoir frien ronci der déconverter gîte vonr aiiez faire... /e me /air nn grand piairir, certainement, de notre voyage de noce : mair atfendes-vonr à me voir parrer nn on den» jonrr an iit, danr gneigne anfrerge / Le mariage sera célébré. /e tienr an tempie. à. l'église de Corgémont. de Corgémont, comme on. :. tient an cioc/ter de. ron viiinge. C'erf ià gîte je fnr fraptirée par mon arrière-grand-père 177 12.

(27) Cerf /à. gne f'ai ratifié /e fa?ît t/e moti frapféme, awec /e fagîte ^rejjawtimeMt t/er t/on/eMrr giti m'attent/aienf t/anr /a uie. C'ert /à gîte ma paîtfre mère fit monter tant t/e prièrer poîtr mon fron/tenr. C'ert towt prèr tie /a gîte repore mon infortnné frère, et pîtir c'ert /à gîte foîtj me c/éporerez gîtant/ uonj m'aîtrez fermé /er yeitx. Otti, c'ert /à gîte fe zteîtx voztr fttrer fit/é/ité et ofréirrance ; ai//eMrr, fe wonr /e promettrait frien r/'aitui fron caeitr, mair f'aime mientc gîte ce .roit /à.. Frêne.. Alphonse regrettait de ne plus pouvoir offrir à Cécile les dons de la jeunesse, Cécile, de son côté, ne dissimulait pas ses défauts : Si. Font m'ayez t/it «ne foir : « /e ne yett.v par t/e t/emi-a//iance ayec yonr ». /e /e yei« attrri. Mair connairrez-wonr tonr mer t/éfaittr /e rîtir «n pen, freaîtconp frète : i/ faîtf tont îne c/ire, comme à Mît enfant. 7e rwir îtn pen, freancoitp /a fi//e t/e mon père : fe m'irrite et fe frrnrgne, en me coîiéamîtaîît moi-même. Cerf /a natnre t/e /a frète. A/air yoitr powyez te//ement co?npter rnr mon art/ent e/érir c/e yonr être agréafr/e, gîte /orrgne f'anrai /e ma//teitr t/e yonr /tenrter, fe yottr rnpp/ie t/'êfre arrez fron ponr me /e t/ire.. Corgémont, l'église. 178.

(28) La dernière lettre est datée du 17 avril 1842. /e. :. werrai piw.r afawt ie grawd jowr. Ma prière, won par Je towr iet jortrr, wiair Je tow.r iej iwjtawtj, c'ett gwe Dien m'accorJe /a grace Je poj.réJer fotre cow/iawce. we. foi«. Le mariage fut célébré le 26 avril 1842 et le voyage de noce se fit dans la vallée du Rhin : l'histoire ne dit pas si la jeune épousée passa « un ou deux jours au lit, dans quelque auberge » Ce mariage « in extremis », en dépit des augures, fut très heureux pendant de nombreuses années, jusqu'au jour où Alphonse Bandelier — devenu entre temps Conseiller d'Etat, puis Conseiller municipal de la ville de Berne — fut brusquement enlevé à sa famille, à l'âge de soixante ans. Cécile demeura seule avec un fils richement doué, qui fit de brillantes études de droit et devint Chancelier de la ville de Berne. Elle vécut jusqu'en 1872, partageant son temps entre la capitale et son cher Corgémont, où elle repose auprès de son église, comme elle en avait manifesté le désir. Son attachement à son village natal était passionné : son cousin Alfred, de Provence, qui avait tenu à faire visiter la Suisse à sa femme en 1854, écrivait à ce sujet à sa sœur Lydie : ùcwwcowp fieiiii Jepwij .row foyage Je /Vofewce ew Liie e.rt fcowwe et eaiceiiewte, maw eiie a i'iJoidirie Je Corgéwowf / C'ejt ww Jéiire, mw a?»owr fioiewt. j/wawt à wot, je trowfe gw'wwe jowrwée parrée à Corgéwtowt ert piwj çwe jw//ùwwte /. Céciie w'a pat jemfJé. afoir. Lors de ses séjours fréquents chez son père, Cécile écrivait régulièrement à son mari des lettres dont voici quelques extraits : ie feejoiw irréjirtiiJe Je cowtmwwigwer towtej- wte.r pewjéej a /'arbitre terrestre Je mej Jettiwéet. PewJawt tow jéjowr ew /faiie, pewJawt piwr Je /twit awr, je t'écrifai.r toi« iej joîVj. Le jarJeaw Je ma fie we parairrait piwr iéger gwawJ je t'ew- afaû cow/ié i'amerfwwe, et ti je pewtaij afoir mérité tow appro/iatiow, je we jewtau jw/firaw?wewf /orti/iée Jawj i'afewir. (Septembre 1842.) (?wawJ j'ai parié Je refowrwer fewJreJi, wow père w'a Jit .' « O/t / tow wari cowtewtira ZJew à te iaujer gweigwej jowrj Je piwj. /e ie iwt Jewawderai. » Lt c'ett ce gw'ii fit, afec wwe fifacité gwi t'a Jwrprir. /'ai. moi. /e te rewercie, wow ami, Je ta cowJe.rcewJaw.ee powr iwi. Lw tatt Je gwe ter i>ow.r procéJér me fowt aw coewr, et je t'ew tiewr compte fottfe wiow ame. C'était Je ia. gratitwJe gwe tw aj fwe Jawj wiow regarJ, ce w'était paj i'ewfte Je rerter, car ma fie e^t ew toi. Depwir gwe j'ote me iifrer aw jewfimewt ie piwj pro/owJ Je wta fie, tw ie foir, ye Jigère, je Jorjy je fait, je fiewt, je .rwir Jawr mow etat wor?wai. Jwtre/où, towr ier jewtiwewtj Je mow ame te rejjewtaiewt Je ia iwtte gwe 179.

(29) Cécile Bandelier-Morel. /e .contenait contre mon panure ccenr, et tont mow être je détériorait. Oit / gn'ii /ait iron être /tenren;» / Comme o# deuient /aciiement meiiienr, comme on uondraif /aire 2>nrfici^>er font ce gni nont entonre à cette /oie inférieure, à cette térénité par/aite, à cette irymne de reconnaittance, à ce /e ne tait gnoi gni t'appeiie : ;4ip/ronte, et gne /e porte parfont avec moi. (2 décembre 1842.). Enfin, le 22 novembre 1842, cette évocation d'une heure mémorable de sa vie. /i y. :. att/onrd'/tni uingt et nn ant gne /'ent auec ma mère in conuertation tniuante, préci-rémenf à ia pince on /e t'écrit, oit /e tnit tenie, on /e i'ai une uiure, .ron//rir et monrir : « Céciie, gn'nr-fn — Pien, il/aman. — fit et ti ronge. — C'ett gn'ii m'a emirrattée. — Fraiment — Oni, en me dormant nn petit èongnet, c'ett ie /onr de Sainte Céciie. — Panure en/ant, tn en et irien émne. — O/r / à en prendre mai. /e i'ai tenfi dn ccenr /ntgn'an iront det doigft. -—• Pt gne t'a-t-ii dit —• Pien. 7i m'a prite par ia taiiie, et ii m'a emPrattée. — C'ett nne épogne de ta uie. £?ne .Dien te /ntte ia grace d'être tage, et gn'ii uertiiic uont nnir. » 7e n'onidierai /amait ce 72 nouemirre. Si tn tauait combien de tonuenirt m'attardent dant cette grande mniton oit /e tnit tenie / Tonfer ier femmej doiuent auoir en ienr /onr pareii, mair pent-étre n'a-f-ii 180. a.

(30) par été rZonné à Z>eanconp zZ'enfre eZZer rZ'en conrerner «» JOMü^nZr awrri pnr et anrri cönrtant. S'iZ pZaif à .Dien, ye Ze raconterai wn y'onr à ma /iZZe. 7e ne Zni cZirai gne Ze /ait, eZZe y /era Zer commentaires.. * * *. Il m'a paru souhaitable de faire revivre la figure attachante de Cécile Morel. Jeune fille parée de toutes les grâces et des dons les plus rares, aimante et dévouée, collaboratrice distinguée de son père, confidente et soutien de ses frères, elle éprouvait un amour ardent pour son village de Corgémont. et pour sa patrie jurassienne. A l'exemple de son père, elle la voulait prospère et heureuse. Elle trouvait Bandelier « trop bernois », lorsqu'elle lui parlait de ses sentiments patriotiques en 1840 : L'amonr cZe Za pairie ne re raironne par : c'erf nn cnZfe, c'erf nne reZigion. /Z m'erf arriné rie penrer çne nonr rnccérZeriez à mon père r/anr rer a//ectionr ponr Ze payr, tZanr rer capacifér ponr en traiter Zer a//airer, et afanr ron conrfanf rZérir rie Zni être ntiZe. /e me rnir trompée, nonr n'en rerez yamair Ze zZé/enrenr. Je ziépZore d'antant p/nr notre manière tie noir <yne nor contréer ri pannrer à tont égarcZ, Ze ront rnrfonf en Pommer comme nonr, ri capaWer z/'inférerrer en Zenr /anenr et. cZe. Zenr renrZre. fin reZie/.. Cécile Morel avait hérité de sa mère de réels dons littéraires. Munie du seul bagage acquis dans sa famille, elle savait donner à ses moindres récits une tournure qui leur confère un charme indéniable. Elle a beaucoup écrit : d'innombrables lettres à ses parents de partout, et particulièrement à celui qui devint finalement son époux. Certaines de ses lettres révèlent une profondeur de pensée et une harmonie qui les apparentent aux belles pages de la littérature française. En rappelant à Alphonse Bandeher une visite qu'elle fit avec lui à ses parents, elle lui écrivait ces lignes, particulièrement éloquentes (octobre 1828) :. T'ai zur notre mère, /e ?i.'az>aZj- pZnr /ait ce cAemin zZe Ponte-net (Zepnir Ze y'onr on nonr nonr conaZnirzfer, PmiZie et moi, c/res nor parenfr. C'était an conrr cZe Z'/iiner, tont était gai anfonr et cZanr Zamairon. /'anair garcZé prérent en ma penrée Ze ronnenir tZe cette y'onrnée çne Za une cZer mêmer Zien.%' ranimait. A/ainfenanf, tont était cZf.angé.. /'entrai anec précanfion par Za porte zZn y'arzZin. /e ne rencontrai perronne. /'entr'onnrir Za porte rZe Za c/ramZire on notu anionr cZiné.. était rZérerte, mair /e m'éZanfai nerr notre portrait... /e montai anprèr rie notre mère, /e Za tronnai moinr maZ <yne ye ne Z'anair craint. PZZe pZenra en me noyant entrer, ye /nr à eZZe comme Zer mainr ranr ye penrair ryne nonr y aZZiez nonr-méme, et ye Zni tenair DZZe. 181.

(31) «Mterrora^re. jej /arwej. MMCM-«.« </M£.rtîOM. — iVow, waù 7« .tmû penjöw çm'î'Z était ma/atia, weZ/ej. ÇM'ÎZ. ejf. :. «. Awez-voMj- Je. Znen amzié.. «'écrit. 7>a.r. ». jej. MOM-. — Croyez-wowj, y<? /c /a ra.r.rMrai d<? mo#. miaM#, et ;« /a çMîttai ^j/mj- trawçwV/e.. Par suite de circonstances regrettables, la plupart des écrits de Cécile Morel demeurent introuvables. A part sa correspondance, nous ne possédons d'elle que quelques pages d'une « Histoire polonaise »,. dont. sa. tante Dupasquier disait. :. 7m Saurait te ^rocMrcr crtcorc çmc/çmcj /tirtoircr tic cc gcwrc, ict rétiiger af cc tow c/iarwawt Jtyic, ci ict /aire imprimer jomj- ie titre « A^OMZiei/ej ^o/onaire-f ». AÙJ cioMte çmc ce/a rte ^rocMrat gMeit/Me i»émé/ice à tej- wai/teMreM.v am«.. Elle avait écrit le « Journal de la Goguelisse », la ferme de la Montagne de Cortébert, héritage du pasteur Frêne, et qui appartint ensuite à la famille de Gélieu, qui venait y faire chaque année des séjours prolongés. Il y avait un clavecin dans la grange ; on y recevait, on y dansait, on y jouait la comédie. Comme on voudrait retrouver les pages que Cécile a consacrées à la belle ferme jurassienne où se déroulèrent tant de scènes mémorables Cécile Morel avait rédigé la biographie de ses parents : qu'il serait précieux de posséder l'hommage de Cécile à la mère qu'elle adorait, au père qu'elle estimait et comprenait mieux que personne Ces pages, comme les autres, ont été dispersées et sont peut-être perdues à jamais. Tant de richesses auraient sans doute acquis à Cécile Morel une notoriété comparable à celle de son père ou de sa mère. Le souvenir de Cécile Morel mérite de survivre dans ce Corgémont qu'elle a tant aimé, dans ce Jura auquel elle avait voué un attachement généreux. Le souvenir d'une simple fille de chez nous, belle, intelligente et douce.. 182.

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