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S tation fédérale de recherches en production végétale
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Directeur: André Stéubli
Formation du rendement et qualité interne de trois variétés de pommes de terre
W. REUSTI, Station fédérale de recherches en production végétale de Changins, CH-1260 Nyon
Introduction
La pomme de terre traverse des phases bien distinctes au cours de son cycle végétatif. Elles comprennent les prin- cipaux stades phénologiques suivants:
levée, tubérisation, accroissement des tubercules et maturation. Chaque phase a des exigences spécifiques quant aux conditions de croissance. Ainsi, de la plantation à la levée, la pomme de terre demande peu d'eau, afin d'assurer un bon enracinement, et des températures supérieures à 8 °C. Pendant la phase de la tubérisation, qui peut s'étendre sur plusieurs jours selon la variété et l âge physiologique du plant, des températu- res diurnes ne dépassant pas 20 à 22 °C et une humidité suffisante du sol sont souhaitées. La phase de grossissement exige une alimentation régulière en eau, des températures ne dépassant pas les 25 °C le jour et des nuits plus fraîches. Pendant la phase de matura-
Avec la collaboration technique de J.-P.
Dutoit.
tion des tubercules, les plantes ne pré- lèvent pratiquement plus d'eau; de plus, des températures de 15 à 20 °C dans le sol favorisent la formation de l'épiderme des tubercules, ce qui est particulièrement utile pour la récolte et la conservation.
On comprendra aisément que toutes ces conditions et bien d'autres encore, telles que la structure des sols, la dis- ponibilité des éléments fertilisants, etc., ne sont pas réunies chaque année dans notre région. Cela explique aussi les grandes variations de rendement que l'on observe selon les années. En 1996, par exemple, le rendement moyen suis- se de toutes les cultures confondues at- teignait près de 49 t par hectare, tandis qu'en 1994 et 1995, il atteignait à peine 37 tonnes. De telles variations rendent également la planification de la produc- tion difficile: lorsque les surfaces plan- tées sont réduites à cause des excédents de l' année précédente, une pénurie de certaines qualités en est souvent la conséquence.
Afin de mieux connaître les différents
stades de croissance des plantes et de pouvoir répondre aux questions prati- ques sur l'évolution du rendement et de la qualité, un essai a été mis en place avec des variétés récemment inscrites dans le catalogue national. C'est parti- culièrement dans le domaine de la transformation technologique que les exigences de qualité de la matière pre- mière sont très élevées. Des seuils bien définis sont fixés pour les taux d'ami- don et de sucres réducteurs. Les lots non conformes sont déclarés inutilisa- bles, ce qui entraîne d' importants man- ques à gagner pour les agriculteurs, car cette marchandise ne peut être qu'af- fouragée au bétail, à l'état frais ou après transformation en farine ou en flocons.
Expérimentation
Deux variétés mi-précoces de consom- mation et industrielles, Agria et Matilda, ainsi que Panda, variété mi-tardive à tardive de transformation, ont été exami- nées de 1992 à 1995 sur le domaine de Changins. Des plants issus de notre mul- tiplication à Goumoens-la-Ville, conser- vés et pregermes selon nos recomman- dations (REusT, 1995), ont été utilisés pour l'expérimentation. Les parcelles comprenaient 25 plants; les techniques de production respectaient les exigences de la production intégrée (PI) pour la culture de pommes de terre.
■ Les conditions de croissance étaient assez bonnes en 1992, très bonnes en 1993 avec cependant d'importants défi- cits hydriques en fin de saison. Par con- tre, elles étaient moins favorables en 1994 et 1995 en raison des températures élevées et des déficits hydriques surve- nus dès le mois de juin; ces derniers ont été partiellement comblés par l'irrigation (fig. 1 à 4).
Résumé
De 1992 à 1995, l'évolution du rendement a été examinée sur les variétés mi-précoces Agria et Matilda et sur une variété mi-tardive, Panda. La formation du rendement de la pomme de terre est largement influencée par les conditions de croissance. Selon l'année, l'accroissement moyen journalier varie de 500 à 1000 kg/ha. La variété Agria, qui a un potentiel de rendement élevé, montre également le meilleur accroissement journa- lier. En début de saison, le taux d'amidon progresse proportionnellement au grossissement des tubercules. Pour des variétés mi-précoces, la teneur maximale en amidon peut déjà être atteinte au début de juillet; par la suite et selon l'année, nous avons observé soit une stabilisation ou une régression de l'amidon jusqu'à 25% et plus. Ce phénomène s'explique par une hydratation des tubercules en l'absence de synthese d'amidon ou par l'utilisation des hydrates de carbone pour le métabolisme de la plante.
Revue suisse Agric. 29 (5): 217-220, 1997 217
600 25 1992
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Fig. 5. Evolution du rendement et de l'amidon 1992.
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Fig. 3. Précipitations, irrigations et déficits hydriques hebdoma- Fig. 4. Précipitations, irrigations et déficits hydriques hebdoma- daires cumulés, depuis le premier défanage jusqu'à la récolte finale, daires cumulés, depuis le premier défanage jusqu'à la récolte finale,
Changins 1994. Changins 1995.
■ Après 65 jours de végétation, puis à mois de juillet et de plus de 26% pour (70 mm) à la mi juillet. Cependant, 11ar- 10 jours d'intervalle et jusqu'à maturité Matilda. Ce phénomène est particulie- rosage compensait à peine le déficit en- des plantes, les fanes ont été arrachées rement marqué en 1994 et pourrait tre le 22 juin et le 10 juillet (fig. 3 et 4).
afin de stopper le développement des tube>:-cules. La récolte a eu lieu environ - s'expliquer par l'irrigation des cultures Les rendements ont progressé mais la 10 jours après le dernier défanage. La (3x35 mm) et les fortes précipitations synthèse d'amidon n'a pas suivi. A noter fécule a été déterminée par la méthode
densimétrique sur deux échantillons re- présentatifs par parcelle.
Résultats
Entre la première date de défanage, soit 65 jours après la plantation, et la matu- rité des cultures, qui se situe entre 115 et 135 jours de végétation, l'accroisse- ment journalier moyen varie entre 500 et 1000 kg/ha. D'importantes différen- ces de rendement apparaissent entre les
,.-- aiiétes et les années. La variété Agria est la plus productive, suivie de Matilda et de Panda. Selon l'année, les ren- dements finaux se situent entre 30 et 60 t/ha. Les teneurs en amidon mon- trent un accroissement constant en 1992 et 1993, tandis qu'en 1994 et 1995, des diminutions de plus de 18% ont été observées pour Agria dès le début du
218
que les températures de juillet et du dé- but d'août étaient particulièrement éle- vées ces deux années; cela expliquerait aussi l'utilisation importante d'hydra- tes de carbone par le métabolisme des plantes. La variété Panda, plus tardive, n' a cependant pas montré ce phénomène (fi g. 5 à 8).
Conclusions
• La formation du rendement des cul- tures de pommes de terre est large- ment influencée par les conditions de croissance. Les problèmes appa- rus dans la pratique, particulière- ment avec la variété Agria dont la teneur en amidon régresse en fin de saison, ont été observés deux ans sur quatre.
• Nous expliquons cette «diminution»
par une dilution de l'amidon causée par une hydratation des tubercules et l'absence de synthèse, ou par l'utili- sation des hydrates de carbone par le métabolisme de la plante lorsque les températures sont élevées. Des résultats semblables concernant les températures élevées avaient déjà été
observés par BEN KHEDHER M. B. et
EwiNG E. E. (1985).
• Pour la pomme de terre destinée à la consommation à l'état frais, cela ne porte généralement pas préjudice à la qualité, dans certains cas cela est même favorable, car la chair devient ainsi moins farineuse. En revanche, pour la pomme de terre industriel- le, destinée à la transformation en frites ou en chips, une trop impor- tante régression de l'amidon peut entraîner le refus du lot, et par con- séquent une dévalorisation de la marchandise.
• Pour l'agriculteur, il est difficile de maîtriser ce phénomène influencé par les conditions météorologiques.
On pourrait alors conseiller de récol- ter la culture dès qu'elle a atteint le stade requis. Il s'agit cependant de prendre en considération d'autres facteurs, tels que la maturité des tubercules et la cicatrisation de l'épiderme, indispensables pour la conservation.
Bibliographie
BEN KHEDHER M. B., EwING E. E., 1985. Growth analyses of eleven potato cultivars Brown in the greenhouse under long photoperiods with and without heat stress. Ainerican Potato J.
62 (10), 537-554.
REusT W., 1995. Liste officielle suisse des varié- tés de pommes de terre 1996. Revue suisse Agric. 27 (6), I-VI.
7
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1993 Tubercules 18
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Fig. 6. Evolution du rendement et de l'amidon 1993.
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Fig. 7. Evolution du rendement et de l' amidon 1994.
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Dates d'arrachage des fanes
219 Fig. 8. Evolution du rendement et de l'amidon 1995.
0 Tubercules 1995
~-Amidon
Matilda Agria Panda
Zusammenfassung
Ertragsbildung und innerer Wert von drei Kartoffelsorten Die Ertragsbildung der mittelfrühen Sorten Agria und Matilda und der mittelspten Sorte Panda wurde von 1992 bis 1995 geprüft.
Der Knollenertrag ist weitgehend von den Wachstumsbe- dingungen beeinflusst. Der mittlere tügliche Zuwachs variiert von 500 kg bis 1000 kg/ha je nach Jahr. Die ertragreiche Sorte Agria zeigt auch den besten tglichen Zuwachs. In der ersten Saisonhâlfte nimmt der Strkegehalt proportional zum Knollen- wachstum zu. Für die mittelfrühen Sorten kann der maximale Stârkegehalt schon anfangs Juli erreicht werden; danach wurde je nach Jahr eine Stabilisierung oder eine Abnahme von bis zu 25% und mehr beobachtet. Die Stürkeabnahme wird erkl rt durch eine Wasseraufnahme der Knollen whrend dem keine Kohlenhydrate mehr gebildet, oder dann durch den Pflanzen- metabolismus verbraucht werden.
Summary
Yield formation and quality aspects of three potato varieties Yield fonnation of the mid-early varieties Agria and Matilda and the nid-late Panda has been examined in field experimentation from 1992 to 1995.
Tuber bulking rate of potato is largely influenced by growing conditions. According to the year, the average daily yield increase varies from 500 kg to 1000 kg/ha. The high yielding variety Agria also shows the best daily increase rate. Early in the season, the starch content is increasing proportionally to the tuber bulking rate. The maximum starch content can be reached already at the beginning of July for the mid-early varieties; after that, the content will stabilize or can decrease till 25% or more.
This phenomenon is explained by a hydratation of tubers without carbohydrate synthesis, or carbohydrate utilization by plant metabolism.
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