Les roches dont sont constituées les Préalpes, ainsi que M. Haug') l'a très bien résumé dans ses deux tra-vaux de 1894 et de 1899,
n'ont
aucune relation de laciès bien établie avec le Trias, le Jurassique et le Cré-tacique du Tessin, ni avec les roches du Valais (nappeE. Haug : Origine des Préalpes romandes et les zones de sédi-mentation des Alpes, (Archives de Genève, 3e pér; t. 32, p. 154-173) et les régions dites exotiques du versant nord des Alpes suisses (Bull.
Soc. vaud. se. nat. t. 35, No 132).
lépontienne de M. Steinmann), mais bien avec celles du bassin du Rhône, du Jura, puis avec celles de la Bavière.
Les Préalpes romandes sont plissées et disloquées sur l'emplacement même du bassin sédimentaire ou géosyn-clinal qui a déposé leurs terrains et qui a produit les divers faciès qu'on
y
connaît. Ces différences de faciès sont dues à des différences bathymétriques dans le géo-synclinal simple ou composé qui longeait les massifs centraux des Alpes. Neumayr l'a appelé Méditerranée centrale, puis helvéto-bavaroise et Mésogée.Il y
eut sans doute des hauts-fonds, qui peuvent très-bien expliquer le dépôt des brèches jurassiques du Chablais et de la Horn-fluh, des rivages momentanés, comme celui qui est mar-qué par les dépôts de charbons du Simmenthal (proba-blement séquaniens et non pas bathoniens), les lacunes du Callovien et de l'Oxfordien, comme dans le Juramé-ridional, puis la grande transgression crétacique qui dé-pose des couches rouges à
Am.
(Cénomanien) dans la région du Jura, les couches rouges turoniennesà Hippurites et Anawc/tytes owato dans les Préalpes.
Il n'y
a pas de relations chorologiques sûrement établies avec la sctlfiffôa du Tessin, qui correspond probablement auHils
(Berriasien-Aptien) autant qu'à la Craie propre-ment dite. Les différences pétrographiques des dépôts supracrétaciques du Jura, des Préalpes et du Tessin sont vraiment trop peu considérables pour pouvoir entirer
des conclusions en faveur de
l'origine
transalpine des Préalpes, plutôt que de les considérer comme autoch-thones.Il y
a des étages nombreux qui présentent les ana-logies les plus grandes et les plus sûres entre les sédi-ments du Jura et ceux des Préalpes, tandisqu'il n'y
a guère que le Turonien, comme nous venons de levoir,
qui présente quelques ressemblances des deux côtés des Alpes.Il
suffit de citer le Bajocien, avec ses calcaires siliceux gris et micacés, de vrais grès analogues à ceux de— 154 —
la molasse oligocène (grès de Vaulruz, de Ralligen, etc.), lequel s'étend depuis les Alpes françaises à travers les Préalpes externes jusqu'au Buochserhorn. Eh bien, ces grès bajociens, qui contiennent de nombreux
iStfepfta-nnceras S. jFrgî/cmeft", S. HwrnpZ/rtestaratm, etc.
à Broc (Musée de Fribourg), Cosmocttras
Gara«(fara«/i,
6"(ßp/(anocerösifcmpftWesztmtm
et des Pa/oceras ou /ZcwraYes également bajociens au Buochserhorn (Musée de Zurich); touchent le Jura aussi en un 'point, justement vis-à-vis des Alpes fribourgeoises, dans les calcaires foncés, gréseux et micacés à Stephanocères, etc. de la Combettaz derrière le Suchet.') Pour compléter l'analo-gie, le Bajocien de la Combettazlivre
des empreintes de CawceZ/op/tî/cos scöpaWwsThiol,
tout comme le Dog-ger à C'cmee/Zop/iyccs (Zoop/n/cosi scoparms des Préal-pes fribourgeoises. Rien de pareil dans le Dogger des Hautes-Alpes,ni
dans celui du Tessin. Les sédiments sa-bleux et micacés qu'un courant a déposés dans le géo-synclinal bajocien au N. des Alpes ont atteint momenta-nément le Jura ; ils proclament le voisinage des dépôts analogues des Préalpes. Ils annoncent aussi que la ré-gion des Hautes-Alpes était partiellement émergée depuis le Lias inférieur, commel'indiquent
très-bien les brèches et poudingueslittoraux
duVal-Ferret au S.duMont-Blanc,*) et le bajocienlittoral
ferrugineux de l'Amone®) qui recou-vre les précédents. Tous cesdépôts, ainsi que les brèches du Dogger de la base du Balmhorn appartiennent au bassin helvétique au N. des massifs cristallins des Alpes pennines. M. Haug a cité des exemples analogues dans le Lias : calcaires sinémuriens à ariétites etgryp
liées dans les Préalpes et jusque dans le massif du Balmhorn (Oberferden), schistes toarciens du Moléson à faune de ') Th. Rittener: Matér. Carte géol. de la Suisse, nouv. série, livr.il,
1902, p. 8 et p. 11.') L. Dttparc et L. Mrazec : Mont-Blanc, p. 18.
®)J.-B. Greppin : Emulation jurassienne, 1876, p. 368-369, De-léniont,
Céphalopodes et /c/f(/i//o.yatfrtts
/ewuirasfris
du faciès souabe très typique, comme dans le Jura, brèches échi-nodermiques de l'Aalénien comme en Bavière et dans le Jura, etc.Il
n'y a quefort
peu de chose dans le Lias et dans le Dogger du Tessin qui rappelle deloin
les dépôts synchroniques du versant N. des Alpes.') J'ai pu m'en assurer riß p/sw lors d'une excursion en mars dernier, à laquelle j'avais été invité par M. le professeur Heim. Jeregrette vivement
d'avoir
à formuler une conviction opposée à celle de mon excellent maître, puisqu'elle aété formée sous ses auspices et par l'occasion
qu'il
m'a procurée de l'accompagner. Les roches à cchinodermes du Lias moyen qui se retrouvent en Bavière et près de Salzbourg (Hierlatz) tout comme dans les Préalpes ro-mandes(Arvel
et Rossinières), présententil
est vrai des analogies de faciès des deux côtés des Alpes, mais c'est tout ce qu'on peuttirer
de dépôts zoogènes qui ne mon-trent aucun apport suivant une direction déterminée et qui peuvent se reproduire partout dans les régions péla-giques. De même les calcaires rouges à concrétions de radiolarite (jaspe à radiolaires) se trouvent un peu par-tout dans les dépôts bathiaux du Malm supérieur au S.des Alpes, en Bavière, dans les Grisons, etc.
Il
seraitabsurde de prétendre que les régions profondes de la mer jurassique doivent toutes
avoir
été localisées primi-tivement au S. des Alpes. Les dépôts de mer profonde doivent se ressembler un peu partout, tandis que les sédiments littoraux, qui dépendent mieux des courants marins et de la constitution des rivages, permettent de reconstituer beaucoup plus exactement la paléogéogra-phie ou ladistribution
des terres et des mers aux diffé-rentes époques géologiques.') Alb. Heim: Ein Profil am Südrandder Alpen. (Vierteljahrschrift der natur. Gesell, in Zürich, iyo6, Heft