L'érosion continue. Les môles de la première caté-gorie commencent à se dégager par l'érosion de
leur
enveloppe de Flysch. Puis, durant la période pliocène,voici
les commotions alpines qui vont plisser et suréle-ver les Alpes en même temps que leurs zones externes, la bordure septentrionale surtout, sont soumises à descompressions ou des resserrements énergiques.
La
partie la moins érodée dela
chaîne vindélicienne, c'est-à-dire les Préalpes romandes, est poussée en chevauchement sur le Flysch. Le Flysch est coupé par plusieurs plans de chevauchement au N. et au S. des Préalpes,il
s'en-fonce sous les Hautes-Alpes au S. du Niesen. (Pl. 2. fig. 2.) De grands plissements combinés avec des chevauche-ments considérables se produisent dans les Hautes-Alpes, les Alpes glaronaises, les Alpes bernoises, vaudoises, etc.
(Voir
notre petite esquisse tectonique Pl. 7). Dans la Suisse centrale et orientale, depuis le lac de Thoune jusqu'au Rhseticon, la compression ou poussée tangentielle qui apris naissance dans le sol par la contraction de l'écorce terrestre est si considérable qu'elle fait chevaucher les plis crétaciques subalpins de plusieurs dizaines de
kilo-mètres sur la chaîne vindélicienne arasée et par dessus les poudingues miocènes, emportant des têtes de couches dans la zone de froissement du Flysch, où nous voyons aujourd'hui ces lames, ces blocs et ces môles de la deu-xième catégoriesortir
en désordre entre les couches du Flysch comprimé et broyé. (Pl. 5).Ce qui reste des plis vindéliciens
doit
naturellement subir une compression et une dislocation considérable dans les profondeurs du sol (voir Pl. 3).A
ce moment-là les nappes empilées de la région du Glcernisch et desChurfirsten prennent naissance en glissant les unes sur les autres, enserrées qu'elles sont d'un côté par les grandes nappes rigides et encore peu érodées des poudingues miocènes, de l'autre par les chevauchements et les plis empilés des Hautes-Alpes.
Les grandes masses des poudingues miocènes, comme le soc d'une charrue pénètre dans la terre, ont donc écrasé dans la profondeur les restes des plis vindéli-ciens, les défonçant sous les plis alpins. Ces derniers ont été obligés d'escalader les poudingues et de s'empiler les uns sur les autres. La tectonique de nos Alpes ne
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se comprend pas, lorsqu'on néglige l'action du géosyn-clinal molassique comblé de plus de 2000 m. de poudin-gues et de grès peu flexibles et présentant à la contrac-tion du manteau des sédiments alpins une masse aussi rigide que les massifs cristallins des Hautes-Alpes. Les couvertures calcaires des Alpes ont été prises là comme dans les branches d'un étau, elles ont dû fléchir et se
soulever par des plis, glisser les unes sur les autres,
par
des
p/ars
o&Ztgwes,vers
Ze AawZ, vers le vide, contre la direction de la pesanteur.Voilà
pourquoi les plis calcaires s'entassent les uns sur les autres dans les Hautes-Alpes, voilà pourquoi ils pénètrent dans les massifs cristallins. Auraient-ils pu le faire, si la poussée venue uniquement du S. les eût mis en mouvement vers le N. en glissant à la descente sur le dos des massifs cristallins?C'est du N. que le mouvement a reçu son énergie, c'est vers le haut que se sont produits les glissements, contre la direction de la pesanteur, et sous le poids im-mense des nappes empilées.
Dans tout mouvement ascensionnel d'une couverture en voie de plissement, les noyaux anticlinaux doivent nécessairement tous être dirigés en
arriére,
et ce faitn'est pas une preuve en faveur d'un plissement venant du S. La masse de Flysch comprimée du grand syncli-nal glaronnais, emprisonnée comme dans un fond de bateau
(voir
Pl. 3) a dû faire un mouvement final de sortie vers la moins surchargée des nappes, vers le Sar-dona, c'est pourquoi ses replis sont couchés vers le N.ou en arrière, sous la nappe du Mûrtschen. Du reste ces plis sont aussi disposés sur un plan incliné vers le N.^
et de quel côté que vienne le mouvement de plissement du Flysch, les boucles anticlinales doivent nécessairement s'incliner dans le même sens que la pente générale.
Voir l'opinion
contraire qui attribue cette orientation à un glissement de la nappe du Mûrtschen du N. au S. (Bull.Soc. géol. de France, 4° sér. t. 1, p. 824).
-En Bavière, les mêmes phénomènes se produisent par la compression venue du N. et du S. à la fois entre la Molasse et les massifs cristallins du
Tyrol.
L'éventailcomposé se dessine (Pl. 2), les plis du Flysch et du Cré-tacique sont poussés sous le pied des montagnes triasi-ques. Celles-ci chevauchent également vers le S. sur les plis des schistes appliqués contre les
vieux
plis écrasés de l'Azoïque. Au S. des Alpes orientales, les plis hercy-niens étaient formés depuis longtemps, ils étaient recou-verts par le manteau triasique des Dinarides. Ils se sont comprimés encore maisn'ont
guère bougé lorsque les Dinarides se sont plissées par la poussée venant du S.contre les massifs cristallins. La compression étant moins énergique en somme au S. des Alpes qu'au N., les che-vauchements sont