„prudents conseils, et qui ne désirent, comme Nous, que
„de voir
les peuples heureux, se sont assurés pareux-„mêmes, que ce n'est que votre bien que Nous vous
„proposons; que les voies de la bonté, de la douceur et
„de
l'équité, qui peuvent y conduire, sont les seules que„Nous voulons
employer"-Le 17 mars, la Régence de
Fribourg
avisa le prince du départ des troupes. Un commissaire de Bâle avait réglé avec la Régence tous les détails du passage surterritoire
suisse. Le mêmejour
les Autrichiens arrivaientà Rheinfelden. Le lendemain ils traversaient le
territoire
bàlois et entraient dans l'Evêché à Arlesheim, au nombre de 456 hommes et 50 dragons ou chasseurs à cheval et trois canons. Comme les bruits d'une insurrectiongé-nérale en
Ajoie
étaient répandus partout, la troupe n'aven-çait que lentement, avec précaution.Pour les »recevoir, la bourgeoisie de Delémont avait formé un piquet de 25 hommes à cheval, avec uniforme bleu et rouge. Ce piquet alla à la rencontre des
Autri-chiens, jusqu'à Soyhières „A la vue des soldats de De-lémont, dit le chroniqueur Verdat, les Autrichiens furent saisis de crainte. Ils faisaient pitié, dit-il, ils étaient sales et si fatigués qu'ils ne pouvaient presque plus marcher.
Cinquante hommes bien déterminés et bien armés les auraient facilement exterminés. Aussitôt ils portèrent la main au sabre et au fusil, mais on les rassura bien vite,,.
A
l'arrivée des troupes près dujardin
Verger, un autre détachement de l'infanterie de laville
alla les recon-naître en leur criant : Qui vive halte quel est votre régiment? — Les cavaliers de la ville, qui étaient en tête des troupes, répondirent: Le régiment de Delémont.Tous ces pourparlers eurent lieu en allemand, ' ensuite les Autrichiens entrèrent en
ville
en triomphe, tambours battants. Les dragons avaient le sabre nu à la main, ainsi que ceux de Delémont".Il
était 4 heures du soir,19 mars.
Arrivés
devant la cour du château, les Autrichiens semirent en file sur trois rangs et présentèrent les qrmes au grand
bailli
et au Magistrat, puis on leurfit
unedis-tribution
de deux livres de pain et enfin on les répartit dans les auberges de laville
où ils furent réconfortés avec une chopine et demie de la caisse du prince. Le commandant et les officiers soupèrent chez M. Pallain, receveur du prince, avec d'autres officiers du souverain, arrivés à Delémont avec M. de Rinck et de Malher, qui étaient allés à la rencontre du corps expéditionnaire jusqu'à Bâle. A l'instant arriva un ordre au commandant departir
immédiatement et sans réplique pourPorren-truy(').
Harassés qu'ils étaient d'une longue marche, ces(')
Voir notre histoire de la ville de Delémont, page 464 et suivantes.pauvres soldats étaient
fort
mécontents, mais l'ordre était donné, ils quittèrent Delémont, à 10 heures du soir.A
leur entrée dans l'Evêché, on leur avait fait une peinture affreuse du peuple d'Àjoie. On leur avait fait croire que ce peuple exalté allait les massacrer en route.A
mesure qu'ils pénétrèrent dans la Principauté, les' bruits les plus sinistres les remplissaient de crainte.C'est pourquoi avant de quitter Delémont ils crurent bon
«de prendre quelques précautions. Ils firent fondre une grande quantité de poix dans la cour du château et fi-rent des torches avec de la paille qu'ils trempèrent dans cette poix pour mettre le feu aux villages qui les atta-queraient. Ordre fut donné aux forestiers et aux archers du prince de prendre les devants dans les forêts de chaque côté de la route. Ils arrivèrent à Porrentruy à 7
heures du matin, sans avoir rencontré de résistance. Ils s'emparèrent immédiatement des portes de la
ville
où ils laissèrent des sentinelles, puis ils placèrent devant l'Hôtel-de-Ville deux canons. Harassés par deux jours de marche forcée, les soldats furent logés au Séminaire, les dragons aux Halles. Les craintes qu'avaient les Au-trichiens de trouver le peuple en révolte n'étaient certes pas fondées.L'opinion
publique n'était pas favorable à une agression violente et les gens tranquilles étaient effrayés des excès commis par les séditieux à la solde de Rengguer. Pour lâ population paisible, l'arrivée des Autrichiens était un véritable soulagement.A
Paris l'ap-pel des troupes impériales fut vivement commenté (*) et à Porrentruy leur apparition si subite jetal'effroi
dans le camp des mécontents. Rengguer, le maître-bourgeois Guëlat, Blanchard, Bouvier, prêtres et professeurs au collège, le promoteur Voisard et leurs consorts avaient(')
Onlit
dans le iLfomtewr de France du 27 mars 1791 :« Six cents impériaux sont arrivés hier matin à Porrentruy ; ce sont tous des Hongrois ou des Bohémiens. Ils servent, dit-on, d'avant garde à neuf cents hommes ».
trichiens entrèrent à Porrentruy et le lendemain, des jeunes gens de la campagne voulurent faire quelque bruit, ils furent arrêtés et jetés en prison pour quelques jours. La tranquillité et l'ordre étant rétablis les députés des cantons quittèrent Porrentruy le 28 mars, tandis que les membres du Comité de la commune, les signataires des cahiers de doléances, les pétitionnaires de l'assem-blée des Etats se réunissaient à Belfort et à Delle.
Le
prince établit aussitôt une commission chargée d'inter-roger les suspects et de leurinfliger
un châtiments'il
y avait lieu. Les commissaires étaient Bajol, Migy, Jobin et Nizole.Les Autrichiens étaient divisés en deux compagnies ; la
x"
compagnie avait pour capitaine M. de Tchermach;1"
lieutenant, de Carato ; sous lieutenant,. Stiler; ensei-gne, Tutschi. — Pour la 2"", capitaine, de Risé ;1"
lieu-tenant, Oklopfia ; sous-lieutenant, de Vite ; • enseigne,, Reihler. —1"
lieutenant de dragons, le comte de Mer-, cantin.FIN DE