5,8 % de la surface forestière suisse selon la définition IFN sont des réserves forestières avec une protection garantie par contrat, soit un cinquième de plus qu’il y a cinq ans (4,8 %).
Les réserves forestières naturelles représentent 3,1 % de la surface forestière. La moitié d’entre elles se situent dans les Alpes, principalement dans le parc national. Les réserves forestières spéciales (2,7 %) sont réparties à toutes les altitudes.
La moitié des peuplements dans les réserves forestières naturelles ont été exploitées au cours des 50 dernières années. La proportion de géants y est donc à peine plus élevée que dans le reste de la forêt, alors que le volume de bois mort y est plus important.
Les peuplements dans les réserves forestières spéciales sont un peu moins denses et plus riches en espèces ligneuses, mais aussi en essences intro-duites, que les réserves forestières naturelles et le reste de la forêt.
Le bilan global montre toutefois que les réserves forestières ont une proportion nettement plus grande de biotopes de valeur élevée que le reste de la forêt.
WSL / LFI4
tagnard (3,6 %). La part de surface de la forêt buissonnante est de 12 % dans les réserves forestières naturelles et de 1 % dans les ré-serves forestières spéciales (non représenté).
La protection de la nature ne se limite toutefois pas aux réserves : selon les informa-tions des gardes forestiers, la protection de la nature (y compris les réserves) est l’objectif prioritaire (fonction prioritaire) dans 9,1 % de la forêt, la protection du paysage l’est dans 1,7 %, et la protection de la faune sauvage dans 0,8 % (cf. 2.1).
206 Surface forestière par type de réserve en milliers d’ha par région de production et en % ensemble analysé : forêt
Type de réserve Jura Plateau Préalpes Alpes Sud de Alpes Suisse
1 000 ha ± % 1 000 ha ± % 1 000 ha ± % 1 000 ha ± % 1 000 ha ± % 1 000 ha ± % % ±
réserve forestière naturelle 6,5 17 4,9 20 5,6 19 17,5 11 6,9 17 41,4 7 3,1 0,2
réserve forestière spéciale 9,1 15 6,6 17 7,2 16 10,9 13 1,0 45 34,9 7 2,7 0,2
autre forêt 185,5 1 218,3 1 219,0 1 433,6 1 184,2 1 1 240,6 1 94,2 0,3
total 201,1 1 229,8 1 231,9 1 462,0 1 192,1 1 1 316,9 0 100
Comparaison entre les réserves forestières et le reste de la forêt Dans les réserves forestières, divers objectifs sont poursuivis. Dans les réserves forestières naturelles, l’objectif est de conserver une forêt et ses processus naturels pour que le
« carac tère de forêt primaire » soit plus mar-qué. À l’opposé, dans les réserves forestières spéciales, on cherche à créer et à conserver par des interventions ciblées des structures forestières et des habitats pour des espèces menacées de faune et de flore appréciant la
lumière et la chaleur. On y trouve donc des forêts moins denses avec aussi plus de di-versité des espèces ligneuses. Ci-après, les deux types de réserves seront comparées avec le reste de la forêt à l’aide de paramètres choisis (indicateurs) (tab. 208).
Le nombre moyen d’espèces ligneu-ses (nombre d’arbres et d’arbustes) sur les placettes d’échantillonnage diminue en gé-néral avec l’altitude. Ce nombre est le plus
207 Surface forestière selon le type de réserve et l’étage de végétation en milliers d’ha par région de production
ensemble analysé : forêt
Étage de végétation Réserve forestière naturelle Réserve forestière spéciale Autre forêt Total
1 000 ha ± % 1 000 ha ± % 1 000 ha ± % 1 000 ha ± %
subalpin 22,1 9 12,4 13 385,4 2 419,9 2
montagnard 10,6 14 10,3 14 555,7 1 576,5 1
collinéen/submontagnard 8,7 15 12,3 13 299,5 2 320,5 2
tous les étages 41,4 7 34,9 7 1 240,6 1 1 316,9 0
WSL / LFI4
Nombre d’espèces ligneuses1
Étage de végétation Type de réserve
réserve
fores-tière naturelle réserve
fores-tière spéciale autre forêt total nombre ± % nombre ± % nombre ± % nombre ± %
subalpin 3,8 6 3,5 7 4,0 1 4,0 1
montagnard 4,7 9 6,2 8 6,3 1 6,2 1
collinéen/montagnard 9,8 9 10,4 5 8,7 1 8,8 1
tous les étages 5,5 6 6,8 5 6,3 1 6,3 1
1 essences ligneuses à partir de 40 cm de haut sur les 200 m2
Diversité structurelle
Étage de végétation Type de réserve
réserve
fores-tière naturelle réserve
fores-tière spéciale autre forêt total index ± % index ± % index ± % index ± %
subalpin 11,1 3 11,2 3 10,8 1 10,9 1
montagnard 9,1 5 9,5 4 9,2 1 9,2 1
collinéen/montagnard 8,0 5 9,2 5 8,5 1 8,6 1
tous les étages 9,8 3 10,0 2 9,5 0 9,5 0
Volume de bois mort
Étage de végétation Type de réserve
réserve
fores-tière naturelle réserve
fores-tière spéciale autre forêt total m³/ ha ± % m³/ ha ± % m³/ ha ± % m³/ ha ± %
subalpin 56,9 18 44,2 18 29,1 5 31,0 5
montagnard 24,2 18 21,3 25 23,8 4 23,8 4
collinéen/montagnard 39,7 25 21,0 22 17,0 5 17,7 5
tous les étages 44,1 13 29,2 13 23,5 3 24,2 3
Nombre de tiges total des géants1
Étage de végétation Type de réserve
réserve
fores-tière naturelle réserve
fores-tière spéciale autre forêt total tiges / ha ± % tiges / ha ± % tiges / ha ± % tiges / ha ± %
subalpin 1,8 36 3,9 38 2,3 9 2,4 9
montagnard 4,0 34 0,0 * 1,8 8 1,8 8
collinéen/montagnard 1,5 55 0,6 70 1,8 13 1,7 12
tous les étages 2,3 23 1,6 35 1,9 5 1,9 5
1 arbres avec un DHP > 80 cm
* calcul de l’erreur d’échantillonnage irréalisable
Proportion de surface forestière avec une intervention remontant à plus de 50 ans
Étage de végétation Type de réserve
réserve
fores-tière naturelle réserve
fores-tière spéciale autre forêt total
% ± % ± % ± % ±
subalpin 67,4 5,2 27,8 5,8 34,1 1,2 35,5 1,1
montagnard 39,7 7,3 13,7 4,8 15,4 0,7 15,7 0,7
collinéen/montagnard 23,2 6,8 8,4 3,6 10,7 0,8 10,9 0,7
tous les étages 49,5 3,9 16,8 2,9 19,3 0,5 20,0 0,5
Indice de densité du peuplement1
Étage de végétation Type de réserve
réserve
fores-tière naturelle réserve
fores-tière spéciale autre forêt total
SDI ± % SDI ± % SDI ± % SDI ± %
subalpin 514 7 537 8 530 2 530 2
montagnard 616 7 591 8 610 1 609 1
collinéen/montagnard 551 8 480 9 527 1 526 1
tous les étages 550 4 533 5 567 1 565 1
1 SDI des arbres vifs 208 Caractéristiques par type de réserve et étage de végétation
ensemble analysé : forêt accessible sans la forêt buissonnante
WSL / LFI4
Part de surface terrière des essences introduites
Étage de végétation Type de réserve
réserve
fores-tière naturelle réserve
fores-tière spéciale autre forêt total
% ± % ± % ± % ±
subalpin 0,0 * 0,0 * 0,0 0,0 0,0 0,0
montagnard 0,1 0,1 0,0 * 0,4 0,1 0,4 0,1
collinéen/montagnard 2,0 1,1 3,4 1,9 1,8 0,3 1,9 0,3
tous les étages 0,5 0,3 1,1 0,6 0,6 0,1 0,6 0,1
* calcul de l’erreur d’échantillonnage irréalisable
Proportion de surface de forêts de feuillus et de résineux d’aspect naturel1
Étage de végétation Type de réserve
réserve
fores-tière naturelle réserve
fores-tière spéciale autre forêt total
% ± % ± % ± % ±
subalpin 91,6 3,0 90,2 3,8 87,9 0,8 88,2 0,8
montagnard 37,6 7,2 52,8 7,0 39,2 0,9 39,4 0,9
collinéen/montagnard 58,6 7,8 40,9 6,3 44,4 1,2 44,6 1,2
tous les étages 69,3 3,5 61,7 3,7 53,9 0,6 54,5 0,6
1 Peuplements d’aspect naturel dans l’aire des forêts feuillues et forêts dans l’aire des résineux
Proportion de surface forestière avec une valeur de biotope élevée
Étage de végétation Type de réserve
réserve
fores-tière naturelle réserve
fores-tière spéciale autre forêt total
% ± % ± % ± % ±
subalpin 62,8 5,4 70,1 5,9 65,0 1,2 65,1 1,2
montagnard 46,6 7,5 61,1 6,8 46,0 1,0 46,3 0,9
collinéen/montagnard 75,9 6,7 61,0 6,2 63,2 1,2 63,5 1,2
tous les étages 61,6 3,8 64,2 3,7 55,7 0,7 56,1 0,6
Proportion de placettes avec des fourmilières
Étage de végétation Type de réserve
réserve
fores-tière naturelle réserve
fores-tière spéciale autre forêt total
% ± % ± % ± % ±
subalpin 20,0 4,5 11,7 4,1 13,0 0,9 13,3 0,8
montagnard 6,3 3,5 2,0 2,0 2,9 0,3 2,9 0,3
collinéen/montagnard 0,0 * 1,6 1,6 1,0 0,3 1,0 0,2
tous les étages 11,5 2,5 5,3 1,7 5,2 0,3 5,3 0,3
* calcul de l’erreur d’échantillonnage irréalisable
Proportion de surface forestière sans usage récréatif1
Étage de végétation Type de réserve
réserve
fores-tière naturelle réserve
fores-tière spéciale autre forêt total
% ± % ± % ± % ±
subalpin 56,3 5,5 46,6 6,5 41,1 1,2 42,1 1,2
montagnard 46,3 7,4 25,3 6,1 25,2 0,8 25,6 0,8
collinéen/montagnard 5,2 3,6 11,6 4,1 10,3 0,8 10,2 0,8
tous les étages 41,4 3,8 28,0 3,4 25,7 0,6 26,2 0,5
1 moins de 10 personnes par an dans un rayon de 100 m autour du centre de la placette
Proportion de surface forestière avec des peuplements issus de régénération naturelle
Étage de végétation Type de réserve
réserve
fores-tière naturelle réserve
fores-tière spéciale autre forêt total
% ± % ± % ± % ±
subalpin 97,4 1,8 79,9 5,2 94,4 0,6 94,0 0,6
montagnard 91,0 4,3 87,9 4,6 81,8 0,7 82,1 0,7
collinéen/montagnard 87,5 5,2 69,4 5,9 62,6 1,2 63,5 1,2
tous les étages 93,3 1,9 78,6 3,1 80,3 0,5 80,6 0,5
208 (suite)
WSL / LFI4
élevé à l’étage collinéen/montagnard dans les réserves spéciales et le plus faible dans le reste de la forêt. Grâce à des mesures adé-quates, la densité du peuplement et la plus faible dans les réserves spéciales ; une den-sité faible est aussi le signe d’une plus grande diversité en plantes herbacées (Brändli et al.
2007a ; Wohlgemuth et al. 2008). La diversité structurelle est elle aussi plus élevée dans les réserves forestières spéciales comparées aux réserves forestières naturelles et au reste de la forêt. À l’opposé, le nombre de géants est le plus élevé dans les réserves forestières na-turelles. Alors que les différences avec les ré-serves s forestières péciales sont très nettes, elles ne sont que relativement faibles avec le reste de la forêt, ce qui se laisse expliquer par la relative jeunesse de la majorité des réserves forestières naturelles. En revanche, l’indicateur volume de bois mort réagit plus rapidement à une mise sous protection ou à un abandon de l’exploitation. Le volume de bois mort est presque deux fois plus grand dans les réserves forestières naturelles que dans le reste de la forêt, mais reste large-ment éloigné des conditions dans les forêts primaires (cf. 5.5). Une promotion ciblée du bois mort est également nécessaire dans les réserves spéciales, où le volume de bois mort
Le parc national – la plus grande forêt protégée de Suisse ; Zernez GR.
WSL / LFI4
est aujourd’hui faiblement supérieur à celui du reste de la forêt (Bolliger et al. 2012). Le fait que les réserves naturelles forestières soient encore relativement jeunes se traduit aussi en termes de surface, puisque seule la moitié de ces surfaces n’ont plus été exploitées depuis plus de 50 ans. Dans les réserves on s’attend à ne pas trouver d’espèces introduites : il est donc d’autant plus surprenant de constater que leur proportion est deux fois plus impor-tante dans les réserves forestières spéciales que dans les réserves forestières naturelles ou le reste de la forêt. Cette différence ressort de trois placettes d’échantillonnage avec des douglas et des chênes rouges. La proportion de surface terrière des espèces introduites est en effet faible dans les trois catégories de forêt. Qu’elle ne soit pas plus basse dans les réserves forestières que dans le reste de la forêt peut provenir du fait que certaines forêts n’ont été que récemment mises sous protec-tion et qu’elles sont encore très éloignées de l’état de forêt naturelle. De même, dans de nombreuses réserves forestières, la propor-tion de surfaces de forêts de feuillus et de résineux d’aspect naturel est plus petite que ce qui est attendu dans les modèles d’experts en termes de mélange des essences (cf. 5.6, Brändli 2001). Les réserves forestières natu-relles et les réserves forestières spéciales sont toutefois plus proches de l’état naturel que le reste de la forêt. Dans les réserves
na-turelles, presque tous les peuplements sont issus de régénération naturelle, alors que pour les réserves spéciales et le reste de la forêt, la proportion de régénération naturelle est de quatre cinquièmes. Si l’on considère tous les critères de qualité, les réserves spé-ciales détiennent la plus grande proportion de surface avec une valeur de biotope éle-vée, directement suivies des réserves natu-relles, loin devant le reste de la forêt. Les don-nées de l’IFN ne permettent pas de confirmer si c’est un effet de la protection et des soins ou si les forêts en réserve avaient déjà des valeurs de biotope plus élevées lors de leur délimitation. La proportion des placettes hé-bergeant des fourmilières dans les réserves forestières naturelles est deux fois plus élevée que dans les réserves forestières spéciales et le reste de la forêt, ce qui peut s’expliquer par la mise sous protection et la renonciation à toute intervention forestière. Il est aussi im-portant de tenir compte des aspects liés à la station (forêts claires du parc national) et du fait que les forêts naturelles sont souvent très reculées et que la proportion de surface fo-restière intacte, à savoir sans utilisation à des fins récréatives, est nettement plus grande dans ces réserves.
Les réserves forestières spéciales permettent la promotion d’espèces menacées comme le sabot de Vénus (Cypripedium calceolus) ; Flims GR.
La réserve forestière naturelle de Leihubel, inexploitée depuis plus de cent ans ; Giswil OW.
WSL / LFI4