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Les essences introduites ont toujours été d’une faible importance pour l’économie forestière suisse. Les espèces introduites ne représentent que 0,6 % de tous les arbres, et ce chiffre tend à baisser légèrement depuis l’IFN3.

La proportion de surface forestière dominée par les essences introduites est de 0,5 %. Seuls quelques pays européens ont un chiffre aussi bas.

Le robinier, essence envahissante, domine sur 0,1 % de la surface forestière.

Le développement des néophytes buissonnants est alarmant : leur présence sur les placettes d’échantillon-nage a augmenté durant la dernière décennie, passant de 0,9 % à 1,9 %.

Le chêne rouge (Quercus rubra) est l’essence feuillue la plus fréquemment introduite après le robinier (Robinia pseudoacacia) ; Kesswil TG.

WSL / LFI4

Le douglas (Pseudotsuga menziesii) est l’essence résineuse la plus fréquemment introduite et se rajeunit souvent spontanément ; Gurtnellen UR.

2002). Les espèces introduites représentent cependant toujours un certain risque écolo-gique. Elles peuvent perturber les chaînes alimentaires animales ou concurrencer la végétation indigène. Par exemple, une es-pèce introduite comme le robinier (Robinia pseudoacacia), ou localement au Tessin l’ailante (Ailanthus altissima), colonisent des sols bruts et évincent à ces endroits des es-pèces pionnières indigènes et des associa-tions végétales sur staassocia-tions maigres (Wunder et al. 2018 ; Vítková et al. 2018).

La gestion des espèces exotiques envahissantes est réglementée par l’ordon-nance sur l’utilisation d’organismes dans l’environnement du 10 septembre 2008 (Or-donnance sur la dissémination dans l’envi-ronnement ODE, RS 814.911). Son annexe 2 énumère la liste des espèces interdites : la seule espèce ligneuse mentionnée est le sumac (Rhus typhina). Les essences qui peuvent être plantées ou se rajeunir na-turellement en forêt sont indiquées dans l’ordonnance sur le matériel forestier de repro-duction du 29 novembre 1994 (RS 921.552.1).

En plus des espèces indigènes, cette or-donnance contient des espèces introduites, notamment le robinier. Ces essences peuvent donc être utilisées, pour autant qu’elles soient adaptées à la station.

WSL / LFI4

En outre, on dispose en Suisse d’une

« Liste noire », juridiquement non contrai-gnante, qui indique les néophytes problé-matiques. Elle comprend actuellement 40  espèces de plantes introduites qui se propagent rapidement, dont il est prouvé qu’elles causent des dommages au niveau de la protection de la nature, de la santé ou de l’économie, et dont la dissémination doit être évitée (Buholzer et al. 2014 ; Weber et al. 2005).

Sur la « Liste noire » nationale, on trouve parmi les arbres le robinier, l’ailante et le sumac (Rhus typhina), et parmi les plantes ligneuses le laurier-cerise (Prunus laurocerasus), le cerisier noir ou tardif (Prunus serotina), le chèvrefeuille

de Henry (Lonicera henryi), le chèvrefeuille japonais (Lonicera japonica), la puéraire hé-rissée ou kudzu (Pueraria lobata), le buddleia de David (Buddleja davidii), la ronce d’Armé-nie (Rubus armeniacus) et le palmier chanvre (Trachycarpus fortunei).

Dans le contexte du changement climatique, certaines essences introduites peuvent aussi présenter des avantages. Une estimation du potentiel de 19 essences intro-duites a montré que le douglas (Pseudo tsuga menziesii), le sapin de Vancouver (Abies grandis) et le hêtre d’Orient (Fagus orientalis) pouvaient être recommandés sur certaines stations (Brang et al. 2016b).

Dans l’IFN, toutes les plantes ligneuses sont relevées. On différencie cependant les arbres et les arbustes (Keller 2013a). Ces derniers sont en général des ligneux vivaces

qui sont ramifiés à la base (basitonie) et ne peuvent atteindre plus de cinq mètres de haut (cf. glossaire, 9.2). Le palmier chanvre fait exception puisque l’IFN le classe parmi les arbustes.

Présence

Les néophytes arborées proviennent presque exclusivement d’Amérique du Nord et furent employées pour reboiser des sols maigres ou choisies pour la production en raison de leur croissance rapide et des caractéristiques de leur bois. Le douglas est considéré par ailleurs comme plus stable que l’épicéa (von Lerchenfeld 2008). Jusqu’à présent, la culture de ces essences n’a cependant joué qu’un rôle économique négligeable dans l’écono-186 Nombre de tiges et proportion du nombre de tiges des essences introduites selon l’essence et l’inventaire

en milliers de tiges et en %

ensemble analysé : forêt accessible commune IFN3/IFN4 sans la forêt buissonnante

Essences introduites IFN3 IFN4

1000 tiges ± % % ± 1000 tiges ± % % ±

robinier Robinia pseudoacacia 1 112,8 26 0,23 0,06 1 211,3 25 0,25 0,06

douglas Pseudotsuga menziesii 988,4 25 0,20 0,05 868,0 20 0,18 0,04

pin noir Pinus nigra 218,9 50 0,04 0,02 185,0 51 0,04 0,02

pin de Weymouth Pinus strobus 74,6 34 0,02 0,01 56,2 39 0,01 0,00

chêne rouge Quercus rubra 132,3 86 0,03 0,02 96,0 74 0,02 0,01

peupliers de culture p. ex. Populus x canadensis 80,4 52 0,02 0,01 69,6 56 0,01 0,01

ailante Ailanthus altissima 54,0 84 0,01 0,01 54,3 100 0,01 0,01

autres essences 498,0 25 0,10 0,03 237,2 36 0,05 0,02

total 3 159,4 14 0,64 0,09 2 777,6 14 0,57 0,08

WSL / LFI4

187 Proportion de placettes d’échantillonnage (200 m2) avec présence de néophytes arborées et arbustives selon l’inventaire en %ensemble analysé: forêt accessible commune IFN3/IFN4 sans la forêt buissonnante

Placettes Inventaire Jura Plateau Préalpes Alpes Sud des Alpes Suisse

% ± % ± % ± % ± % ± % ±

avec des néophytes arborées IFN3 5,2 0,7 10,5 0,9 1,2 0,3 1,2 0,3 5,1 0,8 4,2 0,3

IFN4 3,1 0,5 10,5 0,9 0,8 0,3 0,9 0,2 5,1 0,8 3,7 0,2

avec des néophytes arbustives IFN3 0,5 0,2 0,7 0,2 0,4 0,2 0,8 0,2 2,7 0,6 0,9 0,1

IFN4 1,1 0,3 2,9 0,5 0,8 0,3 1,4 0,3 4,5 0,8 1,9 0,2

Même des néophytes problématiques comme le palmier chanvre (Trachycarpus fortunei) ont leur charme ; Monte Carasso, Bellinzona TI.

mie forestière suisse, notamment pour des considérations écologiques. Les essences introduites ne sont présentes pratiquement que dans les zones inférieures, jusqu’à 1000 m d’altitude (Conedera et Brändli 2015).

Selon l’IFN4, la part des néophytes n’atteint que 0,6 %. Les essences les plus fréquentes sont le robinier, le douglas, le pin noir, le pin de Weymouth, le chêne rouge, les peupliers de culture et l’ailante (tab. 186). Leur présence est si faible que seules les essences les plus fréquentes et le sapin de Nordmann, comme arbre de Noël, ont trouvé un marché de niche.

Les essences introduites représen-taient 0,5 % du nombre de tiges dans l’IFN1 et l’IFN2, et 0,6 % dans l’IFN3 et l’IFN4. Depuis l’IFN3, les essences introduites ont montré, dans l’ensemble et pour toutes les essences hormis le robinier et l’ailante, une tendance à la diminution. Les différences entre inven-taires et essences ne sont cependant pas sta-tistiquement significatives, sauf dans le Jura, où la proportion de placettes avec essences introduites a nettement diminué (tab. 187). La proportion actuelle d’essences introduites est

largement inoffensive au plan écologique, à l’exception du robinier ; l’ailante, essence pro-blématique, est encore très rare. Dans l’IFN3, on l’a relevé comme arbre ou dans la régé-nération sur trois placettes, et dans l’IFN4 sur dix placettes (non représenté). De nouvelles stratégies ont été développées pour contenir la dissémination de ces néophytes envahis-santes (Wunder et al. 2018 ; Vítková et al.2018).

Pour les néophytes arbustives, dont la présence est relevée depuis l’IFN3, on constate au contraire une augmentation ful-gurante : alors que dans l’IFN3 on n’en trouvait que sur 0,9 % des placettes, leur part est de 1,9% dans l’IFN4. Sur le Plateau et au Sud des Alpes, ces valeurs augmentent de 0,7 à 2,9 % et de 2,7 à 4,5 % (tab. 187). Le buddleia, découvert lors de l’IFN3 sur seulement neuf placettes, figure déjà sur 50 placettes dans l’IFN4.

WSL / LFI4

188 Proportion de surface forestière dominée par des essences introduites ensemble analysé : forêt accessible sans la forêt buissonnante

Proportion de surface forestière avec proportion d’essences introduites > 50 % du volume

■ moins de 0,1 %

■ 0,1-0,5 %

■ 0,6-1,0 %

■ plus de 1,0 %

* / ** / *** même région économique

calcul de l’erreur d’échantillonnage irréalisable

0.6 ± 0,3 **

0,2 ± 0,2

***

***

**

0,0 ± ■ 0,0 ± ■

0,0 ± ■

0,0 ± ■

0,0 ± ■

0,0 ± ■

0,0 ± ■

2,9 ± 1,1

0,5 ± 0.3

0,5 ± 0.4

3,1 ± 1.2

0,6 ± 0.3

*

*

50 km

189 Surface forestière dominée par des essences introduites envahissantes ou non en milliers d’ha par région de production

ensemble analysé : forêt accessible sans la forêt buissonnante

Dominance par les essences introduites Jura Plateau Préalpes Alpes Sud des Alpes Suisse

1 000 ha ± % 1 000 ha ± % 1 000 ha ± % 1 000 ha ± % 1 000 ha ± % 1 000 ha ± %

pas dominé par des essences introduites 197,8 1 225,5 1 222,3 1 393,5 1 157,2 2 1196,2 1

dominé par des essences introduites non envahissantes 1,9 31 2,2 30 0,0 * 0,0 * 0,0 * 4,1 22

dominé par des essences introduites envahissantes 0,4 71 0,2 ** 0,0 * 0,2 ** 1,0 45 1,8 33

total 200,1 1 227,9 1 222,3 1 393,7 1 158,3 2 1 202,2 1

*  calcul de l’erreur d’échantillonnage irréalisable

** erreur d’échantillonnage ≥ 100 %

Dominance

Au niveau international, on utilise comme in-dicateur la proportion de surface forestière sur laquelle les essences introduites do-minent. Dans l’IFN, cet indicateur correspond à la proportion de placettes sur lesquelles les essences introduites représentent au moins 50 % du volume. Cette proportion n’atteint pas tout à fait 0,5 %, soit une surface de quelque 6000 ha (tab. 189). Cette surface a légèrement augmenté entre l’IFN1 et l’IFN3 (Brändli et al.

2010), mais n’a dès lors plus connu de modi-fication significative. En comparaison avec la moyenne pour l’Europe, où les essences introduites dominent sur 4,4 %, la proportion reste cependant très faible en Suisse (Forest Europe 2015a). Les plus fortes proportions se concentrent dans le Jura oriental et à l’ouest du Plateau (fig. 188).

Les peuplements dans lesquels les es-sences introduites envahissantes dominent en Suisse couvrent 2 000  ha (tab. 189), soit environ 0,1 % de la surface forestière ; il s’agit exclusivement de robiniers (non représenté).

La répartition principale du robinier se situe selon l’IFN au-dessous de 600 m d’altitude, mais on le rencontre dans l’IFN jusqu’à 1100 m (Brändli 1996). Plus de la moitié des robine-raies croissent au Sud des Alpes (Tessin), le reste dans le Jura oriental, à l’ouest du Plateau et en Valais.

WSL / LFI4

Le bois mort en tant qu’habitat

La protection de la nature désignait il y a 30 ans le manque de vieux bois et de bois mort comme le plus grand déficit écolo-gique dans les forêts de production bien desservies (LSPN 1989). Le bois mort est caractéristique des écosystèmes forestiers naturels. Il constitue une base vitale pour de nombreux champignons décomposeurs du bois, pour des lichens, des mousses et des animaux, en particulier des insectes et des oiseaux, mais aussi pour plusieurs espèces de chauves-souris, d’amphibiens et de rep-tiles. Un quart environ de la faune forestière appartient au groupe des espèces saproxy-liques, qui sont liées au bois mort ou aux es-pèces vivant dans le bois durant au moins une partie de leur vie (Lachat et al. 2014). Les insectes et les champignons sont les groupes

les plus riches en la matière : en Suisse, plus de 1700 espèces de coléoptères ainsi que 2700 champignons supérieurs sont inféodés au bois mort (Lachat et al. 2014).

De nombreuses espèces vivent dans des troncs en décomposition. C’est là, et aussi dans des cavités d’arbres pourris-sants, que vivent de gros insectes, comme la cétoine érugineuse (Protaetia aeruginosa) ou le pique-prune (Osmoderma eremita), es-pèces parmi les plus menacées en Europe centrale. Aujourd’hui, il est urgent d’agir pour plus de la moitié des coléoptères vivant dans le bois (Monnerat et al. 2016). Le bois mort contribue à la formation du sol et constitue un lit de germination pour la prochaine gé-nération d’arbres, particulièrement dans les