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Les forêts primaires sont extrêmement rares en Suisse, mais environ un cinquième de la surface forestière n’a plus été exploité depuis plus de 50 ans.

Environ 6 % de la surface forestière n’ont plus été exploités ni pâturés depuis plus de 100 ans. La moitié de cette surface est intacte et loin d’une desserte et d’un public en quête de détente.

Dans l’aire des forêts de feuillus, la part des résineux poursuit son recul, comme pendant la période précédente. Sur le Plateau, les peuplements d’épicéas très peu naturels ont diminué de 22 %.

Dans le bilan global de la diversité des espèces ligneuses, de l’aspect naturel et de la diversité structurelle, la qualité écolo-gique des peuplements forestiers a légèrement augmenté, celle des lisières a faiblement progressé.

Pessière de montagne sur karst inexploitée depuis longtemps ; Bödmeren, Muotathal SZ.

WSL / LFI4

198 Proportion de surface forestière sans intervention depuis plus de 50 ans selon l’étage de végétation et l’inventaire en % et en milliers d’ha

ensemble analysé : forêt accessible commune IFN1/IFN2/IFN3/IFN4 sans la forêt buissonnante

Étage de végétation IFN1 IFN2 IFN3 IFN4

% ± % ± % ± % ± 1000 ha ± %

subalpin supérieur 38,1 3,1 44,8 3,2 60,0 3,1 63,7 3,1 31,3 8

subalpin inférieur 20,2 1,2 20,8 1,2 25,6 1,3 25,6 1,3 53,9 6

montagnard supérieur 12,2 0,9 13,8 0,9 15,8 1,0 18,2 1,0 46,1 6

montagnard inférieur 8,2 0,8 7,9 0,8 9,9 0,8 12,1 0,9 29,9 8

collinéen/submontagnard 7,2 0,7 6,7 0,6 10,5 0,7 10,5 0,7 31,1 7

tous les étages 12,7 0,4 13,3 0,4 16,9 0,5 18,2 0,5 192,3 3

pal pour cela. Les peuplements présentent une structure et un mélange d’essences d’autant plus naturelles que les interventions pratiquées seront anciennes, ce qui est au-jourd’hui en augmentation au Sud des Alpes et dans les zones supérieures. Dans la forêt accessible sans la forêt buissonnante, 20 % des peuplements ont connu leur dernière intervention forestière il y a plus de 50 ans (chap. 4, tab. 130). Sur les placettes com-munes des inventaires précédents, cette pro-portion se monte à 18 % pour l’IFN4, alors que pour l’IFN1, trois décennies auparavant, elle n’était que de 13% (tab. 198). De telles « forêts sauvages » se rencontrent surtout au Sud des Alpes (56 %), suivi du Valais avec 39 %. Dans les zones intensément exploitées (est du Jura et centre du Plateau), cette part est par contre très faible avec 1 à 2 % (fig. 199).

Sont considérées comme naturelles les (anciennes) forêts cultivées, issues de ré-génération naturelle, qui se développent li-brement depuis longtemps sans interventions humaines (Commarmot et Brang 2011). Selon l’IFN, toutes les forêts issues de régénération naturelle pure, avec un mélange d’essences d’aspect naturel et n’ont été ni exploitées ni pâturées au cours des 100 dernières années sont considérées comme naturelles. Dans l’IFN4, 6 % de la surface forestière corres-pondent à cette définition (non représenté).

199 Proportion de surface forestière sans intervention depuis plus de 50 ans

ensemble analysé : forêt accessible sans la forêt buissonnante  

■ jusqu’à 1 %

2-10 %

■ 11-20 %

21-30 %

■ plus de 30 %

* /** /***même région économique

25 ± 2

56 ± 2 **

39 ± 2

21 ± 2

***

***

**

12 ± 2

4 ± 1

11 ± 1

22 ± 4

25 ± 3

10 ± 2

1 ± 1

2 ± 1

5 ± 1 6 ± 1

*

*

50 km

WSL / LFI4

Les forêts naturelles ne sont pas toutes des habitats idéaux. La proximité de la civili-sation et un réseau de sentiers dense peuvent nuire à la qualité de l’habitat. Les humains et les chiens dérangent notamment des es-pèces sensibles comme le grand tétras. En-viron la moitié des forêts naturelles de l’IFN, respectivement 3 % de la surface forestière se situent à plus de 500  m d’une route fo-restière et sont parcourues par moins de 10 personnes par an (non représenté). Ces forêts sont considérées comme « forêts naturelles intactes ».

Caractère naturel de la proportion de résineux

Les peuplements d’épicéas dans l’aire des forêts de feuillus mélangés sont considérés comme peu naturels et de piètre valeur éco-logique. Ils présentent souvent une diversité spécifique amoindrie (Müller 1991 ; Heyde-mann 1982). La part de résineux n’est estimée dans l’IFN que dans les peuplements situés dans l’aire des forêts de feuillus, sur la base du mélange actuel des essences, en suivant les valeurs limites de Kienast et al. 1994 et avec les données du modèle de végétation naturelle potentielle (VNP) calculé par Küchler (2009) (Brändli 2001). On considère comme

« d’aspect naturel » les forêts de feuillus qui, en fonction des associations forestières, ont moins de 10 à 25 % de surface terrière de résineux. On tient compte de la proportion naturelle de sapins dans certaines associa-tions de forêts de feuillus. Les forêts de feuil-lus « semi-naturelles » ont une proportion de résineux inférieure ou égale à 75 %, les forêts

Chênaie à charmes d’aspect naturel et richement structurée avec une valeur de biotope élevée ; Güttingen TG.

WSL / LFI4

« peu naturelles » une proportion supérieure à 75 %. Lorsque la part de l’épicéa seul dépasse les 75 %, on parle dans l’IFN de forêts « très peu naturelles ». Étant donné que le modèle VNP ne pouvait pas tenir compte de facteurs édaphiques particuliers comme les lapiaz, des erreurs locales d’attribution ne sont pas exclues.

Environ 19 % de la forêt suisse sont constitués de forêts feuillues d’aspect na-turel. Dans l’aire des forêts de feuillus, cette proportion atteint 30 %. Si l’on admet que le boisement dans l’aire des forêts de résineux est d’aspect naturel, il en résulte que 55 % de la surface forestière sans la forêt buis-sonnante présentent un boisement d’aspect naturel. La part des peuplements très peu naturels s’élève à 9 % (tab. 201). Les boise-ments d’aspect naturel quant à la proportion de résineux sont les plus répandus au Sud des Alpes (86 %), suivi des Grisons et du Valais.

Sur le versant nord des Alpes, les proportions diminuent en direction du Plateau, avec des valeurs minimales de 26 % et 28 % pour les régions du Plateau est et ouest (tab. 200). La proportion de boisements semi-naturels à très peu naturels reste donc toujours élevée sur le Plateau. Avec le recul de l’épicéa (cf.

2.3), la surface des boisements peu naturels a également diminué depuis l’IFN3, en particu-lier sur le Plateau. Les boisements d’épicéas très peu naturels ont diminué de 22 % (non représenté), comme durant la période

pré-cédente (21 %) suite à Lothar (Brändli et al.

2010). Durant les 30 années depuis l’IFN1, la proportion de surface terrière des épicéas dans l’aire des forêts des hêtraies a diminué de 31 % à 24 % dans l’IFN4 (non représenté).

Valeur de biotope et d’écotone

L’évolution de la forêt se laisse clairement appréhender par des indicateurs isolés, mais de manière limitée. Ce n’est qu’en considé-rant tous les indicateurs, à l’aide par exemple d’un modèle pour la valeur de biotope, qu’il est possible de porter un jugement global, différencié dans l’espace, relatif à l’état et à l’évolution de la forêt suisse sur un plan écologique. Avec une telle analyse de valeur écologique, on peut constater et surveiller les effets de la gestion forestière et le succès des mesures de protection de la nature (voir aussi Burnand et al. 2007).

À l’exemple de procédés semblables en Allemagne, une méthode pour détermi-ner la valeur de biotope de la forêt suisse a été développée pour l’IFN2 (Brändli 2001).

L’accent a été mis sur les aspects écologiques 200 Proportion de surface forestière avec une part de résineux proche

de l’état naturel

ensemble analysé : forêt accessible sans la forêt buissonnante

■ jusqu’à 30 %

202 Surface forestière selon la valeur de biotope en % par région de production

ensemble analysé : forêt accessible sans la forêt buissonnante

Valeur de biotope Jura Plateau Préalpes Alpes Sud des Alpes Suisse

% ± % ± % ± % ± % ± % ±

faible 14,4 1,1 15,9 1,1 16,5 1,1 9,1 0,6 8,9 1,0 12,6 0,4

moyenne 33,7 1,5 29,1 1,3 33,7 1,4 30,1 1,0 29,5 1,6 31,1 0,6

élevée 51,4 1,6 55,0 1,4 49,8 1,5 60,5 1,1 61,2 1,7 56,1 0,6

pas d’indication 0,6 0,2 0,0 * 0,0 * 0,2 0,1 0,4 0,2 0,2 0,1

total 100 100 100 100 100 100

* calcul de l’erreur d’échantillonnage irréalisable

201 Surface forestière selon le caractère naturel de la proportion de résineux en % par région de production

ensemble analysé : forêt accessible sans la forêt buissonnante Caractère naturel de la proportion de résineux dans l’aire des forêts de feuillus1

Jura Plateau Préalpes Alpes Sud des Alpes Suisse

% ± % ± % ± % ± % ± % ±

très peu naturel 8,1 0,9 11,5 0,9 13,8 1,0 7,3 0,6 3,2 0,6 8,9 0,4

peu naturel 16,5 1,2 17,2 1,1 18,5 1,2 6,0 0,5 3,0 0,6 11,8 0,4

semi-naturel 41,0 1,5 43,0 1,5 27,1 1,3 11,2 0,7 7,2 0,9 24,6 0,5

d’aspect naturel 22,9 1,3 26,0 1,3 10,6 0,9 7,8 0,6 44,4 1,6 19,1 0,5

aire des forêts de résineux2 11,0 1,0 2,3 0,4 30,0 1,3 67,6 1,0 41,8 1,6 35,4 0,5

pas d’indication 0,6 0,2 0,0 * 0,0 * 0,2 0,1 0,4 0,2 0,2 0,1

total 100 100 100 100 100 100

1 associations des forêts de feuillus selon Ellenberg et Klötzli (1972) n°s 1-45 et association de forêt de résineux n° 46, calculées selon Küchler (2009) 2 associations des forêts de résineux selon Ellenberg et Klötzli (1972) sans l’association n° 46, calculées selon Küchler (2009)

* calcul de l’erreur d’échantillonnage irréalisable

WSL / LFI4

Peuplement d’épicéas très peu naturel et faiblement structuré, avec une faible valeur de biotope ; Ermatingen TG.

et dynamiques dans la forêt de production, des caractéristiques qui sont donc essen-tiellement influencées (ou peuvent l’être) par l’exploitation forestière. On a intentionnel-lement renoncé à utiliser des paramètres staionnels peu ou pas modifiables. Cette stricte séparation entre le potentiel de la sta-tion et la diversité écologique actuelle du boi-sement est la condition préalable à l’obtention du potentiel de revalorisation et au contrôle du succès des mesures. Le modèle de va-leur de biotope de l’IFN se base sur les trois critères « diversité des espèces ligneuses » (cf. 5.1), « diversité structurelle » (cf. 5.2) et « ca-ractère naturel de la proportion de résineux » (cf. 5.6). Le développement du modèle et le classement des valeurs du modèle dans les catégories « faible », « moyenne » et « élevée » se base sur 280 expertises réalisées sur le terrain dans diverses zones de test.

Plus de la moitié des biotopes fores-tiers sont de haute valeur (tab. 202). Ces bio-topes de haute valeur se concentrent dans les cantons de montagne (Valais, Tessin et Grisons) ainsi que dans l’est du Jura (fig. 203).

Les proportions relativement grandes de peu-plements avec une valeur élevée de biotope dans l’est et l’ouest du Plateau sont princi-palement dues à la grande diversité des espèces ligneuses. Depuis l’IFN2, la qualité écologique des biotopes forestiers a forte-ment progressé, de manière très nette entre l’IFN2 et l’IFN3 (tab. 204), principalement grâce à un accroissement de la diversité structurelle. Avec un modèle simplifié de

va-WSL / LFI4

10 ±1

204 Surface forestière selon la valeur de biotope et l’inventaire

en %ensemble analysé : forêt accessible commune IFN2/IFN3/IFN4 sans la forêt buissonnante

Valeur de biotope IFN2 IFN3 IFN4

% ± % ± % ±

faible 20,3 0,5 14,6 0,5 13,1 0,5

moyenne 33,8 0,6 31,0 0,6 30,6 0,6

élevée 45,7 0,7 54,1 0,7 56,1 0,7

pas d’indication 0,3 0,1 0,3 0,1 0,2 0,1

total 100 100 100

205 Lisière selon la valeur d’écotone (sans l’ourlet herbeux) et l’inventaire en % – ensemble analysé : lisière commune IFN2/IFN3/IFN4 des étages collinéen/

submontagnard et montagnard 203 Proportion de surface forestière avec une valeur de biotope élevée

ensemble analysé : forêt accessible sans la forêt buissonnante

■ 45-50 % leur de biotope, on peut aussi effectuer des

comparaisons avec l’IFN1. On constate alors que la qualité écologique des biotopes fores-tiers a continuellement progressé sur plus de 30 ans (Brändli et al. 2010).

Pour une évaluation globale de la li-sière, on a aussi développé dans l’IFN2 un modèle, la valeur d’écotone, qui se calcule à partir de la diversité des espèces (cf. 5.1) et de la diversité structurelle (cf. 5.2) de la lisière (Brändli 2001). Comme l’ourlet herbeux a fait l’objet d’un relevé différent dans un des inven-taires, on utilise pour l’indicateur « diversité

structurelle de la lisière » (cf. 5.2) un modèle simplifié « valeur d’écotone sans l’ourlet her-beux ». Pour le classement, on a choisi, à partir de l’ensemble des valeurs du modèle récol-tées lors de l’IFN2 (28-100) de fixer au 10e res-pectivement 90e percentile pour les classes

« très faible » (< 42) et « très élevée » (> 80). Les lisières montrent globalement des évolutions légèrement positives : celles avec une va-leur d’écotone élevée ont montré une légère augmentation sur deux décennies, comme celles avec une valeur d’éctone moyenne.

Celles qui n’avaient qu’une très faible valeur ont diminué de 10 % à 7 % (fig. 205), ce qui est surtout à porter au crédit de l’augmentation de la diversité en espèces ligneuses.

WSL / LFI4

classes MCPFE : 1.1, pas d’interventions ac-tives (principalement le parc national suisse), 1.2, interventions minimales (contrôle des po-pulations d’ongulés sauvages, maladies et pullulations d’insectes) et 1.3, promotion de la biodiversité par des interventions ciblées (réserves forestières spéciales). Les classes 1.1 et 1.2 sont regroupées en réserves fores-tières naturelles. 41 000 ha (3,1 %) de la sur-face forestière selon l’IFN4 sont des réserves forestières naturelles et 34 900 ha (2,7 %) des réserves forestières spéciales (tab. 206). 5,8 % de la surface forestière actuelle selon la dé-finition IFN sont donc des réserves, soit net-tement plus qu’en 2012.

Près de la moitié de la surface des réserves naturelles se situe dans les Alpes, principalement dans le parc national, avec un centre de gravité à l’étage subalpin. Les réserves forestières spéciales sont rares au Sud des Alpes mais sont réparties dans des proportions similaires dans les autres régions et à toutes les altitudes (tab. 207). La pro-portion des deux types de réserves cumulés est la plus faible au Sud des Alpes (4,1 % de la surface forestière totale) et la plus élevée dans le Jura (7,8 %). Globalement la plus forte proportion de réserves se situe à l’étage su-balpin (8,2 %) et la plus faible à l’étage mon-Les types de réserves forestières

Les forêts protégées en Suisse sont appelées

« réserves forestières », un terme qui regroupe les « réserves forestières naturelles » et les

« réserves forestières spéciales ». Dans les réserves forestières naturelles, la forêt est entièrement laissée à elle-même afin qu’elle puisse se développer naturellement (protec-tion des processus). La ges(protec-tion forestière y est interdite (Brand et al. 2011). Dans les ré-serves spéciales, on cherche au contraire par des interventions ciblées à créer et valoriser des habitats pour des espèces animales ou végétales menacées (Bollmann et al. 2009).

En 2001, les directeurs cantonaux des forêts et l’Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage (OFEFP) ont convenu d’objectifs pour les réserves forestières, à savoir que jusqu’en 2030, la surface des réserves forestières naturelles et celle des réserves forestières spéciales protégées de-vraient représenter chacune 5 % de la surface forestière (Bolliger et al. 2012). En 2012, les ré-serves forestières couvraient en tout quelque 58 000 ha, ce qui correspondait alors à 4,8 % de la forêt suisse (Brang et Bolliger 2015).

L’objectif était ainsi à moitié atteint.

Les périmètres des réserves fores-tières sont désormais disponibles sous forme numérique (état 2016), ce qui permet de les croiser avec le réseau des placettes de l’IFN.

Les cantons ont relevé les réserves selon les