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qu'il convient de transcrire ici, l'un est le rapport du ban- ban-delier Grosjean au grand bailli de Nidau, et l'autre celui

de l'émissaire Bischoff, chargé par le conseil secret deren-seigner le gouvernement de Berne sur les faits et gestes des Français dans le Mont-Terrible, et sur tout ce qui sur-viendrait dans l'Evèché.

La lettre du bandolier est datée de Saules, le 28 août

-1793 :

« J'ai l'honneur de vous dire que hier matin, les troupes françaises se sont transportées sur le Mont de Courtételle,

territoire

de la Vallée de Delémont, étaient rassemblés les jeunes hommes des baillages français du Mont-Terrible, et ont

fait

plusieurs salves sur eux, tellement qu'ils les ont entièrement dispersés, lesquels se sont sauvés, éplorés et en frayeur, sur le

territoire

de la Prévôté sur les Roches, où ils se sont un peu rafraîchis :

il

yen aura aussi probablement au dessous des Roches. L'on aura néan-moins soin de ne pas les souffrir sur le

territoire

de la Prévôté. Je ne sais pas encore s'il y a eu des tués ou des blessés. Les paysans se croyaient si avantageusement postés (ils avaient, d'un côté, des roches, et de l'autre, des collines)

qu'il

leur paraissait impossible que des troupes puissent passer par là, et ils ne prêtaient leur attention que sur les endroits abordables. Les Français ont grimpé

ces rochers, ont pris à dosles paysans, et les ont ainsi mis en déroute.

Il

n'est pas probable que des officiers

autri-- loi

-chiens les aient commandés, car ils ne les auraient pas ainsi laissé surprendre.

» Nous avons averti hier les communautés d'avoir à

tenir

la première élection de leur monde à se transporter sur les frontières au premier signal, dans le cas

qu'il

se donnerait quelqu'attaque entre les Français et les paysans du Mont-Terrible ; et si la première (qui sera de 400

hom-mes) ne suffit pas, on demandera la seconde qui doit éga-lenient être du même nombre, et prête à marcher. On

implorera en même temps votre puissant secours pour du renfort de troupe, des armes et des officiers pour com-mander les nôtres, et si déjà

il

était possible d'en avoir pour commander la première élection, ce qui me parait presque nécessaire, car nous manquons absolument d'offi-ciers qui connaissent

l'art militaire.

» Ces deux armées nous déclarent assez qu'elles ne nous veulent point de mal ; nous ne leur en souhaitons pas non plus, bien le contraire. Mais en se battant, celle qui sera faible, pourra se retirer dans la Prévôté, et elle deviendra le théâtre de la guerre, par conséquent la victime de leur opiniâtreté : c'est de quoi

il

est le plus à craindre pour nous, et ayant sur nos frontières des forces suffisantes pour les empêcher de se retirer, nous garantissons le pays par cela.

Il

faut espérer que l'échec arrivé ce matin aux

paysans évanouira leurs desseins et les déportera à faire

des tentatives contre les Français. »

L'émissaire bernois écrit sous la même date : « M. le bandelier vous ayant communiqué la lettre de Clerget, président du Mont-Terrible, et en même temps commis-saire du pouvoir exécutif, et une autre de M. le

bailli

de

Thierstein, au canton de Soleure, concernant les jeunes gens de la vallée de Delémont assemblés è.s Pfcs, je n'en parlerai pas, mais j'aurai l'honneur de vous dire enpeu de mots, comme l'affaire du 27 s'est passée entre ces jeunes gens et les Français.

» Eckmaver

fit

monter le 26 un bataillon des baillages allemands à Delémont, et ensuite

il prit

celui qui y était

11

-

-déjà, avec le demi bataillon qui était aux Rangiers. Avec ce bataillon et demi,

il

a attaqué, conduit par des traîtres du pays, les susdits jeunes gens ês Pics, le 27, à deux

heu-res du matin, qui furentparfaitement bien commandés par un officier impérial, comme plusieurs d'eux m'en ont assuré encore aujourd'hui, et ils se défendaient de même depuis deux heures jusqu'à cinq heures du matin, ils furent obligés de se retirer faute de munitions. Sans ce

malheur, ils auraient sans doute été les vainqueurs. Sui-vant les rapports, de tous côtés, les Français y ont eu plu-sieurs tués et blessés : les autres, ni des uns, ni des autres.

Après cette expédition, les Français se sont répandus dans les villages de la vallée de Delémont, ils ont enlevé des hommes, des femmes, et même celles qui étaient enceintes et qui allaitaient, de chaque village 5 jusqu'à 10

person-nés, et les ont traîné avec eux ; en môme temps, ils ont

pillé

et volé, etc. Présentement, comme je viens de

rece-voir

des nouvelles assurées, ces jeunes gens, contents de leur premier combat, quoique pour ainsi dire ni armés, ni pourvus de munitions, se rassemblent sur fu monfa</?ie

d't/nderef/h'ers, environ à une lieue de Bellelay, l'offi-cier impérial leur a donné le rendez-vous pour aujour-d'hui. »

Ce dernier rapport rend assez bien l'impression du combat sur les insurgés. Les paysans n'étaient pas décou-ragés (1), mais la vigilance et la fermeté des autorités

(1) Nous avonstrouvé récemment aux archives de l'ancien Evèché de Bàle, parmi les documents de l'époque révolutionnaire, non encore classés, la lettre suivante, du lendemain de l'action, écrite au capitaine de Tschudi par les chefs des réfractaires. Cette pièce trouve naturellement sa place ici.

Cher Protecteur,

Votredernière lettre n'est parvenue au camp que le 28 vers les 5 heures du soir; ce retard commençait à dissiper toutes nos espérances, en perdant celle de revoir celui dont la fermeté et les soins pour nous ont si liien su se conci-lier nos cœurs. Si le peu d'exactitude de l'exprès a fait quelque tort, il n'est

pas irréparable. On a la plus grande confiance en Vous, et ceux qui se sont égarés se retrouveront pour suivre vos conseils. Vous nous demandez les dé-tails de notre conduite depuis votre départ. D'abord,on aattendu Votre retour sur le /îoc/irr, jusque vers les onze heures, ensuite chacun s'est séparépour

-

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-prévôtoises ne leur permit pas de se reformer de suite. Les rassemblements se portèrent sur Montsevelier. Le rapport

de l'émissaire bernoisdu 8septembre y évalue leur nombre

à 400 ; mais

il

laisse entendre qu'ils ne tarderont pas à se disperser jusqu'à meilleure occasion.

En eilet, à

partir

de cette époque, on ne trouve plus trace des rassemblements de paysans qui avaient tant in-quiété les autorités du Mont-Terrible. Le succès des Français avait donc été décisif.

Il

leur assurait la posses-sion désormais incontestée du Mont-Terrible, au moins pour aussi longtemps que la victoire n'abandonnerait pas

les drapeaux de la République sur les champs de bataille d'Allemagne etde Flandre.

Il

ne

fallait

en effet pas compter sur l'appui des populations rurales en cas d'échec. Les soulïrances nées de la Révolution n'étaient pas de nature à concilier au nouveau régime les sympathies du peuple de l'Evèché. L'assimilation à la France devait être une alïaire

de temps :

il

fallait le génie du premier consul pour faire oublier le passé aux peuples conquis, froissés dans leurs intérêts et leurs convictions, et les gagner aux institutions françaises et à leur nouvelle patrie : les excès des factions révolutionnaires qui se succédaient rapidement au

pou-chercher des nourritures. Sur le soir, nous avons reçu Votre première lettre qui. quoiqu'a«sez triste, nous a cependant fait plaisir en nous faisant con-naître vos sentiments à nos égards. Les français ne paraissent plus ; mais ils tirentà la milice pour nous, et ces féroces tyrants s'emparent de nos pères mères, frères et sœurs, toutes les prisons de Delémont sont remplies de nos parents, la désolation dans le pays est générale.

» Vous nous conseillez de nous retirer sur la Prévauté, mais ces messieurs prétendent nous refuser un azylle, malgré notre triste situation, notre cuns-tance surmontera les difficultés. Nous allons nous retirer sur Raimeux, mon-tagne qui se trouve sur le territoire de Verme C'est de là que nousattendrons avec empressement Votre retour. Vous nous promettez de ne pas nous aban-donner,il est bien juste que nous vousjurions fidélité.

La poudre que Vous nous avez faitpasserpar l'exprès de Courfaivre nenous est pas parvenue, mais nous tâcherons de la découvrir. En attendant, recevez

lesassurances de notre reconnaissance.

Cher Protecteur,

Vos très humbles, très affectionnés etobéissantsserviteurs :

Joseph Keller, François-Joseph Barbier, François-Joseph Hennemann, au nom de tous leurscamarades.

toute l'époque qui nous occupe, nous trouvons des preuves non équivoques de

l'instabilité

et de la faiblesse du nou-veau régime. Les populations du Mont-Terrible, pas plus que celles dela Prévôté de Moutier, ne croyaientà sa durée.

Pendant la durée de la Terreur, peu de réfractaires

se rendirent à l'autorité républicaine. Un grand nombre

de jeunes gens allèrent s'engager dans le régiment de Watteville à la solde de Berne, d'autresà l'armée de Condé, ou au Royal-Etrangerà la solde de l'Angleterre. Le restant

se dispersa en Suisse jusqu'à la levée des lois sur les émi-grés. L'autorité républicaine avait cru nécessaire de frapper les populations par le supplice d'un des chefs des

réfractaires, un nommé Georges Roll, de Courfaivre, qui

fut guillottiné

à Delémontle 11 novembre 1793, pour s'être