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Contexte du zonage linguistique au Pays-Bwa

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4 Dynamique de la population au Pays-Bwa : croissance des effectifs et réduction des ressources

4.2 Structures socio-économiques traditionnelles bwa et dafing, entre persistance et pression du

4.2.7 Contexte du zonage linguistique au Pays-Bwa

Nous nous penchons sur les aspects linguistiques du Pays-Bwa dans l´analyse des phénomènes évolutifs observés dans cette zone, car la langue, comme élément socio-culturel de communication entre les individus, est un véhicule d´idée de pensées, de faits, messages, etc et à la fois un élément d´identification culturelle.

A la date de notre enquête, il nous a été confié qu´actuellement toutes les langues nationales du Mali sont parlées au Pays-Bwa. Pour la raison que la dégradation générale des conditions de vie au Mali a déclanché un mouvement migratoire qui intensifie le phénomène de brassage ethnique à dimensions nationale voire sous-régionale.

Avant de remonter à ce phénomène de brassage ethnique obligé, nous aborderons le phénomène linguistique des Bwa. La langue parlée au pay-bwa est le Bomun. Celle-ci sert d´element d´identification des Bwa au niveau national. Il est aussi connu de toute personne connaissant la zone qu´il existe trois nuances linguistiques accompagnées de particularités de comportement des individus au Bwatun.

Ainsi on distingue de Batilo, passant par Fangasso, Téné jusqu´à la rive du Bani, les Douèna ou Bwa parlant le Douèmun. Ces Bwa ont un caractère, un tempérament et des attitudes avoisinant ceux de leurs voisins Bambara. Ils constituent une minorité, vu l´espace réduite du Pays Bwa qu´ils occupent.

Le reste de la zone est occupé par le Boi-boira, c´est-à-dire espace géographique des Bwa de parler boiramun. Ils ont un tempérament moins expulsif que les Douènan. Le parler Boi-boiramun domine dans la zone et tend à s´uniformiser. Néanmoins au sein de ce groupe il existe trois sous groupes aussi qui sont géographiquement répartis comme suit :

• les Bo wa sio, occupant le secteur situé de Fangasso à Somalo jusqu´à Sokoura,

• les Tominiantun -sio regroupant tous ceux qui vivent autour de Tominian,

• les Manzan- ui-tun-sio, regroupant tous les Bwa du secteur de Mandiakuy.

Ces sous-groupes linguistiques du Boi-boiramun se caractérisent par des accents phonétiques dans le parler, sans marquer une différence de comportement des individus.

Ces nuances zonales linguistiques n´établissent aucune limite ou conflit entre les communautés de parlers différents. Ils partagent le même sentiment d´appartenance à l´ethnie bwa et tout ce qui s´y relationne. En fait, entre ces différentes communautés il existe un système de brassage qui s´intensifie par le temps. Dans les faits, le système matrimonial, les échanges commerciaux, le christianisme, l´administration étatique, la scolarisation intensifie les rapports sociaux entre les différentes communautés et de là leur communication. Par exemple tous les élèves du secteur du Bowa, c´est-à-dire de Somalo et Soundé et même Sokoura finissent par continuer leur second cycle à Fangasso ou Togo dans le Douètun. De même, il existe des rapports d´échange très importants et un système matrimonial surprenant entre les deux zonages linguistiques : nous avons retrouvé des femmes de Soundé ou de Somalo ou même de Sokoura mariées à Fangasso ou à Batilo.

Quant aux aspects administratifs dans l´intensification du brassage linguistique, nous nous référerons aux regroupements des villages en arrondissements et en communes de nos jours, sans tenir compte des particularités linguistiques des villages. Les communautés ainsi regroupées devaient améliorer non seulement leurs rapports sociaux mais aussi de communication. Ainsi réciproquement chacun s´efforçait de comprendre l´autre dans son parler en l´apprenant.

Du côté de la religion catholique, tous les adeptes de cette religion devaient plus ou moins élargir leur champ de connaissances linguistiques, car toutes les prières et chants liturgiques sont en Boi-boira-mun.

L´attachement des Bwa à leur identité culturelle trouve une de ses révélations au niveau linguistique. L´adoption des Bwa des autres langues parlées de la zone ou au niveau national comme le Bambara, le Français a été comme une obligation utilitaire pour les raisons suivantes :

Pour vendre leurs produits sur les marchés ou communiquer avec les gens d´autres ethnies de plus en plus nombreux dans la zone, la connaissance du Bambara, comme langue nationale de communication était une nécessité. De même la communication avec les agents administratifs se fait en langue Bambara. L´apprentissage de la langue française est une nécessité ressentie par les Bwa et favorisée par la mission catholique pour plus comprendre le système étatique avec lequel ils doivent composer pour l´articulation de la gestion de la vie des villages à celle de la région/nationale. Sur ce plan de l´intégration régionale, à Batilo, Somalo, Sokoura, tous le vieux de plus de soixante ans ne savent pas parler le Bambara. En échange nous avons trouvé dans ces villages très peu de vieilles femmes qui ne savaient parler le Bambara. Suivant les personnes interrogées, cela est dû au fait que les femmes, par la pratique du petit commerce, sont plus obligées d´apprendre le Bambara que leurs homologues les hommes. Dans les villages comme Benena, Fangasso, Soundé et Marekuy, des plus jeunes aux plus vieux, tout le monde peut s´exprimer en Bambara. Cela s´explique dans ces villages par une nécessité plus accrue que partout ailleurs de s´exprimer en Bambara (Voir

Tableau 1 : Villages d´enquête au Pays-Bwa).

En plus de la nécessité locale d´apprendre le Bambara, la mobilité (voyage, exode, etc) exige à tous les non-Bambara d´apprendre à s´exprimer et comprendre, si élémentaire qu´il soit, le Bambara.

Chez les Bwa, avant tous les jeunes apprenaient le Bambara lors de leur première expérience d´exode. De nos jours tous les actifs Bwa peuvent se faire comprendre et comprennent le Bambara.

L´apprentissage du Bambara par les Bwa a amélioré leur capacité de communication d´échanges avec les autres ethnies et leur permet de pouvoir défendre leurs intérêts partout et dans toutes les circonstances. Sous cet angle, les connaissances linguistiques constituent un élément important de la dynamique sociale.

Quant au Français, l´acquisition de sa connaissance est surtout arrivée ici au Pays-Bwa par la scolarisation, et l´exode. Partant de là, le nombre de personnes qui le connaissent est plus réduit. Mais concrètement la scolarisation des enfants Bwa ne se justifie pas seulement par la volonté de l´Etat de le faire, mais l´expression du désir ardent des paysans de pouvoir mieux communiquer avec les représentants du pouvoir administratif. En fait, il faut préciser ici que ces agents étatiques se sont adréssés aux paysans en Bambara, mais toute la documentation administrative était et reste écrite en Français. Dans les faits au Pays-Bwa, tous les villages qui ont très tôt bénéficié des écoles, ont de nos jours une relative urbanisation comme c´est le cas de Fangasso et Benena pour nos villages enquêtés.

Quant à la langue Dafing, qui est parlée par ses représentants, elle n´est parlée que dans les quelques villages Dafing. Sur ce plan, les Dafing ont peu d´intérêt d´apprendre le Bomun. De même que les Bwa de retour portent le même intérêt pour la langue Dafing. De ce fait, les deux communiquent en langue Bambara. Lors de nos enquêtes nous avons rencontré quelques Dafing qui parlent et comprennent le Bomun. Mais très peu de cas de Dafing qui parlent et comprennent le Bomun, à Koula, Benena, Fangasso et Soundé. Mais pas un seul boo qui puisse s´exprimer en Dafing. Ils peuvent le comprendre, car c´est une langue très voisine du Dafing. L´importance locale des deux langues peut expliquer le maintien de ces limites linguistique, qui mettent à nue la volonté de permanence culturelle. Sur ce plan de conservation des valeurs culturelles ethniques, les Dafing l´ont élargi à la langue Française.

Ils ont une certaine phobie à l´endroit de la scolarisation. Beaucoup de Bwa et même de nombreux Dafing me l´ont confirmé, que l´analphabétisme des Dafing est plus de 95 %. Par exemple, l´école de Koula est presque à 95 % fréquentée par les élèves bwa des villages environnents. Les Dafing préfèrent l´exode et l´école coranique à la scolarisation. Pendant la prémière et la deuxième République, caractérisées par leur corruption sans précédent, les Dafing pour contourner la scolarisation obligatoire payaient de l´argent au directeur d´école pour l´enlèvement du nom de leurs enfants sur la liste de recrutement pour la scolarisation en première année.

Tout de même les Dafing, bien que moins scolarisés que les Bwa, ils ont été moins secoués par l´administration que les Bwa et ont souvent plus profité de leurs expériences migratoires que les Bwa. Cela doit son explication au fait qu´ils ont plus de facilité de communication avec les agents de l´administration et l´avantage que les proportionne la connaisance de la langue Bambara. Nous pouvons déduire que le manque ou la qualité moindre de la communication peut compromettre la plus bonne intention, projets et même une existence toute entière.

En nous résumant sur ce aspect linguistique, à la lumière de l´évolution sociale au Pays-Bwa, nous pouvons dire que : l´amélioration des rapports sociaux entre les zones de différentes nuances linguistiques, établit, sans que les identités linguistiques disparaissent, une toile de fond linguistique, intensifiant l´intégration locale, qui est nécessaire pour la dynamique sociale.

L´apprentissage des Bwa du Bambara et Français, témoigne leur volonté d´ouverture aux changements, c´est-à-dire un besoin de mieux s´intégrer à la dynamique évolutive locale, régionale et nationale. La mise en place des communes rurales, l´essor des circuits d´échanges commerciaux sont des preuves éloquentes de cet état de fait. L´apprentissage d´une langue, dans ce monde en mutation est comme un besoin de dépassement de son cadre de vie ou du niveau de compréhension de son environnement. Ce fait est une leçon que les Dafing, lors de la mise en place des communes, ne vont pas de si tôt oublier. Ils ont payé le tribut de leur conservation linguistique : presque tous les maires des Communes rurales dans la zone sont des Bwa. A ces postes, l´Etat malien avait besoin de cadres lettrés qui au sein des communautés Dafing faisaient défaut. Par extrapolation, de nos jours le brassage humain est tant nécessaire et inévitable à la fois que la connaissance d´au moins d´une langue non-maternelle/ étrangère est un élément de promotion, d´intégration sociale et peut même éviter des malentendus aux conséquences souvent regrettables.

4.2.8 Représentativité historique et actuelle des éléments socialisants des

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