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Coexistence communautaire et relationnelle au Pays-Bwa au delà de la diversité ethnique et

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3 Pays-Bwa : Milieu Physique et humain entre dégradation écologique et changements sociaux

3.2 Milieu humain et historique des changements sociaux

3.2.3 Coexistence communautaire et relationnelle au Pays-Bwa au delà de la diversité ethnique et

Le Pays Bwa, nous l´avons vu, a attiré assez de migrants. Les peuplements bwa qui semblent être les premiers à s´aventurer dans ces forêts au départ, occupent le plus grand nombre des terres. Les autres ethnies : Dafing, Minianka, Dogon, Peuhl, Bozo et Mossi qui les y ont rejoints, suite à des circonstances diverses, s´y sont installés suivant l´un des principes traditionnelle de l´occupation foncière : c´est le défrichement qui fonde le contrôle foncier, c´est l´exploitation du sol, sa mise en valeur, qui justifie la pérennité de la tenure.32

32Pelissier Paul : Transformation foncière en Afr. Noire dans Dynamique des système agraires : Terre, Terroir, Territoire, Les tensions foncières, P19, ORSTOM, Paris 1995.

Pendant cette période des conquêtes, l´espace n´avait pas de limites terriennes. Les conquêtes et le défrichement étaient les seuls moyens d´extension du domaine terrien, nous révèlent les vieux. Dans chaque village les conflits que le village a enduré à l´époque avec ses voisins étaient d´abord entre villages non bwa et ensuite entre villages bwa. Ils modifièrent les tracées des limites de beaucoup de terroirs villageois, conduisant aujourd´hui dans la confusion, à toute personne essayant d´y apporter des explications logiques. Cette confusion est de plus renforcée par la nature orale des informations sur le thème.

L´évolution des systèmes communautaires traditionnels aux systèmes centralisés occidentalisés d´administration donne une autre forme de cohabitation paysanne dans les campagnes. La colonisation avait mis fin aux conflits divers existants sur tout le continent africain. Les noyaux de conflits neutralisés, les protagonistes étaient contraints de cohabiter dans un climat d´entente imposé (voir D Coulibaly et M.Diallo, 1991). Par la loi du milieu, l´entente imposée devient une nécessité. La dépendance des groupes des uns des autres devient un impératif de survie, engendrant à la fois une extension des possibilités de survie:

une évolution soutenue par la volonté d´avancer contre le courant des influences extérieures et des contraintes d´existence.

Des informations du Père Bernard De Rasilly, recueillie sur bandes audio (Diawara S. : RTM 1997 connaissance du Mali) nous savons qu´au Pays Bwa, les colonisateurs français avaient mis fin aux hostilités intertribales, interethniques et/ou inter villageoises. Ce retour de la paix dans la zone instaura de nouvelles conditions d´existence des peuplements dans la zone. Une certaine solidarité entre les différents groupes ethniques a vu le jour. Comme tous, sans différence ethnique, devaient se soumettre à l´autorité du blanc ou tubabu, une petite entente discrète animait tout le paysannat contre l´occupant blanc. Ceci réduisait la rencoeur des conflits passés. Néanmoins, l´entente présumée était avec beaucoup de réserves, quant à celle entre les Bwa et l´ensemble des autres ethnies. De plus des souvenirs encore frais des pillages et razzias des groupes armés peuhl, et bambara, compte tenu du caractère réfractaire des Bwa, l´administration coloniale ayant détecté leur refus de collaboration avait préféré recruter leurs collaborateurs administratifs locaux dans les autres ethnies (Peuhl, Bambara, Dafing). Ce fait porta l´entente ou la solidarité entre les Bwa et les autres ethnies à un niveau inférieur. La politique coloniale de division pour régner avait ainsi atteint son objectif.

Les abus administratifs contre la paysannerie dans son ensemble ayant perpétué même avec l´indépendance, la solidarité au sein des communautés paysannes, par le temps, a dépassé les limites ethniques et régionales. Les représentants de l´appareil administratif sont vus par tous les paysans comme des troubles de l´ordre dans les campagnes. Ici au Pays Bwa, les Bwa, Dafing, Minianka, Peuhl, Bozo, Dogon vivent, en marge des différences d´identité et conflits ordinaires, dans un certain climat relationnel de dépendance existentielle. Ceci donne à la zone une certaine harmonie vitale qui accroît l´intérêt de ses voisins (voir Tableau 3 : Diversités socio-économiques des villages enquêtés). Ce que confirme ces propos : désormais ce monde d´individus est fait d´acteurs qui composent et recomposent un jeu social uniquement en vue de gagner, choisissant pour cela, des comportements banals de coopération ou d´affrontement, d´alliance, de rivalité ou de complicité33. Dans les faits, les résultats de notre enquête nous ont permis de constater que les Bwa, par leur tradition agricole et leur dévouement au travail, livrent par le travail de la terre un volume assez important de produits agricoles. N´ayant pas bénéficié du programme étatique de développement des structures administratives de gestion et de commercialisation de cette production, ils ont développé par le temps des formes locales de production et gestion de ce volume de produits agricoles. Parmi celles-ci nous pouvons citer entre autres :

33 Simmel : 1995, 248-250, cité par Le Roy E. et col : la sécurité foncière en Afrique pour une gestion viable des ressources renouvelables : KARTALA Paris 1996 :374-375.

• la fabrication de dolo et développement des réseaux d´échanges avec les zones excédentaires et déficitaires voisines,

• sur le plan de la production/l´équipement agricole, la fabrication par imitation des modèles industriels de charrues, charrettes et petits matériels et leur vente sur les marchés a commencé par les forgeons dafing. De nos jours ceux-ci sont les ravitailleurs du marché de l´équipement agricole. Ce matériel plus adopté et plus économique a neutralisé la concurrence de leurs soeurs industrielles.

Quant à la présence du groupement peuhl dans la zone, bien que celle-ci présente des avantages pas souvent reconnus ou mentionnés par les cultivateurs en général, est boudée par tous les paysans. En plus des rencoeurs historiques entre Peuhl et Bwa, les Peuhl pratiquant l´élevage, ont peu d´égard pour les cultivateurs. De là occasionnent, volontairement ou par imprudence, par leurs animaux beaucoup de dégâts aux cultures, augmentant à la fois avec les contraintes climatiques et édaphologiques le nombre des risques de la production agricole.

Par ailleurs, les animaux, par leurs déchets, fertilisent naturellement ou planifié par l´homme les terres appauvries. Peu de paysans se posent la question. “Que serrait du paysage et de l´agriculture sans cette fertilisation organique par les déchets des animaux ? „

Sur le plan économique nous avons pu constater que les paysans, qu´ils soient boo ou d´autres ethnies, ont appris à faire de l´élevage domestique pour sécuriser leurs revenus. Ainsi les revenus de la commercialisation des produits agricoles sont réinvestis pour l´achat d´animaux ou de la volaille pour l´élevage domestique qui est moins menacé par les risques agro-climatiques.

De l´élevage des gros ruminants, hors mis la production laitière, comme complément d´alimentation domestique, l´usage des animaux (ânes, chevaux et boeufs) pour la traction animale dans l´agriculture et le transport a marqué une pas d´ évolution dans ces secteurs au sens large du mot. Ce fait est a mettre sur le compte de l´intégration de la culture peuhl et pratiques paysannes.

De nos enquêtes nous avons constaté aussi que de nos jours, les contraintes climatiques ont forcé certains Peuhl à se sédentariser (mais toujours fidèles à leur tradition d´éleveur) auprès des paysans bwa et autres. Ces paysans, pour tous ceux qui ont les moyens, pratiquent l´élevage de petits et de grands ruminants. L´essor de ce élevage domestique a fait naître une autre collaboration entre cultivateurs bwa ou dafing et éleveurs peuhl sédentarisés. Les animaux de l´élevage domestique sont confiés, pour leur gardiennage, à un peuhl dont le cheptel a été réduit ou anéanti par la force des choses.

Dans ce contexte de la coexistence communautaire multi-ethnique dans la zone, la répartition foncière des terres reste une constante et à la fois manifeste des aspects de changement. Les terroirs villageois gardent leurs limites historiques, sauf que la réduction des terres cultivables, multiplie les demandes de terres dans les différentes ethnies. Au Pays Bwa dans les villages Dafing ou bwa nous avons pu retrouver des Bwa qui exploitent, prêtées, des terres appartenant au terroir dafing, dogon ou minianka voisin et vice-versa.

Les seules différences qui marquent les différences ethniques de coexistence ici sont l´Islamisation des groupes ethniques dafing, peuhl et dogon, le maintien de l´animisme et la christianisation du groupe ethnique boo. Ces différences religieuses, dans la vie réelle, affectent très peu la nécessité ou volonté des ethnies de coexister. Mais il faut signaler qu´il n´existe pas ou très peu d´alliances matrimoniales entre Dafing, Dogon, Peuhl et Bwa. Avec les Minianka les rapports sont plus étroits, pour la similitude culturelle. Dans les faits, les zones limitrophes du Pays Minianka entretiennent des relations d´échange culturelle (sacrifices, cérémonies rituelles etc.) avec les Bwa ainsi qu´établissent des alliances matrimoniales.

Il semble que les nécessités de coexistence solidaire, en marge des différences culturelles ethniques, est un impératif de survie et forme ainsi partie intégrante de la dynamique sociale de la zone.

Au Pays Bwa et dans toutes les campagnes maliennes relativement dévitalisés/défavorisées, chaque paysan a compris au fil du temps, face aux épreuves de subsistance, que seul un rapport équilibré avec tout l´environnement physique possibilité une chance de survie.

4 Dynamique de la population au Pays-Bwa : croissance des effectifs

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