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Actions de développement étatiques de l´indépendance à la date

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6 Marques des influences extérieures au Pays-Bwa de l´indépendance à la date

6.2 Actions de développement étatiques de l´indépendance à la date

socio-économiques (voir Tableau 3 : Diversités socio-économiques des villages enquêtés), entre autres les écoles, étaient une volonté du jeune Etat malien de constitution d´une couche intellectuelle qui aiderait à la construction du pays. Ces écoles, ainsi construites et opérationnelles partout au Pays-Bwa et sur toute l´étendue du territoire malien, dans les faits, ont une réputation peu significative quant à la qualité de l´enseignement et la nature forcée qu´avaient les recrutements de nouveaux élèves au départ. En fait,, le caractère forcé de la scolarisation désanimait beaucoup de parents surtout les Bwa parmi lesquels, nous avons retrouvé beaucoup qui avouent avoir découragé leurs enfants à poursuivre leur scolarité dans ces écoles. Les renvoies massifs des élèves par suite d´insuffisances académiques caractérisaient ces écoles. Rares sont les élèves qui atteignaient le niveau neuvième.

Ces résultats académiques non satisfaisants des élèves dans ces écoles publiques sont aussi amputables à l´engagement des enseignants qui de, par leur statut de fonctionnaire de l´Etat, avaient une garantie de non-licenciement et là ne se font pas de souci pour le bon rendement académique des élèves.

De nos jours, en terme de réussite des élèves aux examens pour l´obtention du Certificat d´Etudes Primaires (C.E.P.) et du Diplôme d´Etudes Fondamentales (D.E.F.), l´école privée catholique bat de loin son homologue du publique. Mais tout de même, elles ont contribué a l´augmentation du nombre de personnes qui savent lire et écrire dans la zone.

Quant aux centres de santé, construits au même titre que les écoles dans les chefs lieux de cercle et d´arrondissement et parfois partout où une école a été construite, ils servaient pour les soins primaires et traitements de cas plus graves. Les Bwa évitaient ces centres le plus possible et transportaient leurs malades dans les centres (même éloignés) de santé de la mission catholique (dispensaire de Mandiakuy ou de Togo). Dans ces centres les paysans y aménageur des cas de maladies ou de blessures vraiment graves que la pharmacopée n´a pas pu soigner ou guérir. Ils ont fonctionné plus ou moins aussi longtemps que l´Etat les soutenait. Ensuite, ils se sont transformés en une sorte d´entreprise de l´ínfirmier responsable du centre. A l´avènement de la démocratie, les centres de santé communautaire (C.S.C.O.M.) ont été créés partout où les anciens centres de santé étaient, et le personnel directement affecté dans ces C.S.C.O.M. Ces C.S.C.O.M sont confrontés, pour celles de Koula, Lanfiara, Fangasso, Benena, aux problèmes du niveau bas du pouvoir d´achat des paysans. Ceux-ci, par manque d´argent pour payer les frais de consultation ou de médicaments, se rabattent sur les anciennes méthodes de médecine traditionnelle/ pharmacopée. Ainsi tout le personnel de soin interrogé dans ces CESCOM nous a avoué partout que cet état de fait se traduit par l´épuisement des stocks de médicaments qui, par manque d´argent, ne peuvent être renouvelés. Les paysans reconnaissent l´importance de ces C.S.C.O.M, mais ne peuvent s´acquitter des dépenses. La réussite des C.S.C.O.M passe donc de ce fait par l´augmentation du pouvoir d´achat des paysans.

Quant au développement des infrastructures de communication, de la colonisation jusqu´à la démocratisation du pouvoir, les pouvoirs étatiques qui se sont succédés attachaient peu d´intérêt au développement de la zone. Peut-être aussi, comme l´a avoué un paysan à Touba,

ils voulaient maintenir les éléments troublants bwa enclavés, pour réduire leur capacité de révolte.

Ainsi, la route bitumée qui relie la ville de San à celle de Mopti, longe le Pays Bwa sur presque toute sa partie Nord (voir carte : Cercle de Tominian). De ce goudron partent des pistes latéritiques dont les seules praticables en toutes saisons sont celles de Tominian- Benena, du Goudron au village de Fangasso et de Batilo. Dans le temps tous les chefs-lieux d´arrondissement n´étaient reliés par des routes praticables pour la plupart qu´en saison sèche.

Par contre, un réseau de pistes rélie les villages les uns aux autres. Les paysans, pour adopter le transport à ce réseau routier de brousse, se transportent et transportent tout en charrette à deux roues ou quatre, tirées par un âne ou cheval, vélo, mobylette ou sur la tête.

L´aménagement de ce réseau routier peu confortable, nous a été avoué par les paysans interrogés, est comme une priorité urgente pour l´essor du petit commerce que tout le monde considère comme une activité de survie dans tous les villages enquêtés. Mais à Somalo, Sokoura et Soundé, qui sont des villages enclavés par excellence, certains paysans trouvent que l´état actuel des routes et des pistes les préservent des bandits et de la dégradation brusque des valeurs sociales, suite à l´essor du petit commerce qui créé des inégalités sociales.

Ainsi, pour beaucoup de paysans interrogés dans les villages enclavés et de nos constats des effets de l´enclavement, le développement dans la zone passe obligatoirement par l´aménagement du réseau de communication. Mais à l´heure de la décentralisation, les données ont changé, car désormais ce sont les communes elles-mêmes qui doivent couvrir une bonne partie de leurs actions de développement-et paradoxalement beaucoup de paysans refusent présentement de payer les impôts.

Situation actuelle :

Le développement agricole, partie intégrante du programme de développement agricole étatique dans son ensemble de l´indépendance à la démocratie, visait à stimuler les paysans partout à produire plus pour pouvoir alimenter les caisses de l´Etat. Les méthodes pour y parvenir ont abouti à un appauvrissement des paysans et à une dégradation marquée des ressources naturelles. Ces méthodes aux Pays-Bwa et au Mali étaient :

• le monopole du marché céréalier par l´Etat,

• l´équipement agricole,

• la vulgarisation de nouveaux intrants agricoles (d´engrais minéraux et de semence d´arachide, de riz, mil, sorghoetc),

• l´augmentation des taxes et des impôts.

Nous l´avons dit dans le chapître antérieur : les programmes de développement étatiques dans leur conception et réalisation sont des formes déguisées d´exploitation des paysans. Là-dessus tous les experts du développement rural sont unanimes. Et la crise de confiance constatée entre la paysannerie et l´appareil étatique en ait une extériorisation. D´un côté, l´Etat équipait et disposait des intrants agricoles aux paysans. Ces derniers en profitaient pour augmenter leurs superficies exploitées et les rendements de leurs cultures et par conséquent le volume de leur production. De l´autre, il organisait par le biais du monopole du marché céréalier une exploitation tactique de la paysannerie. D´une part, avec la fixation des prix au producteur bas l´Etat réduisait la rentabilité économique de la production agricole. D´autrepart le paiement impératif des impôts et taxes instaurées, obligeait les paysans à vendre sous contrainte leur production. Ceci s´est traduit, nous l´avons mentionné plus haut, non seulement par l´appauvrissement des paysans mais aussi par la dégradation des ressources naturelles, suite à leur exploitation non rationnelle. Par exemple l´usage des charrues dans la préparation des champs a non seulement permis de mettre en valeur des superficies toujours plus grandes, mais aussi, de par le mouvement de terre à une profondeur assez considérable, favorisé le transport de terre par l´érosion hydrique. De plus, les paysans devaient mette en valeur des

superficies plus grandes pour pouvoir couvrir les besoins monétaires engendrés par l´instauration des taxes et impôts. Cette extension des surfaces emblavées, associée à la technique extensive pratiquée et aux effets de la croissance démographique, a abouti par le temps à une dégradation des ressources et à une réduction des terres cultivables.

Il faut signaler tout de même, qu´il a été constaté, que les paysans ont appris avec cette politique agraire anti- producteur86 des stratégies de contournement. Les plus connus sont : la diversification des activités (petit commerce, l´élevage, le jardinage, l´exode, etc), le développement d´une stratégie de commercialisation de leurs produits et d´un réseau d´échange hors des frontières du Mali, le non- recensement de leurs biens - ce qui faussait toutes les données statistiques de recensement du Mali de l´indépendance à la démocratie. Ces fait, nous l´avons dit plus haut, illustrent l´impopularité des institutions étatiques en milieu rural d´une manière générale ou reflètent la crise de confiance, créée et perpétué, entre paysannerie et les organes étatiques.

A l´avènement de la démocratie, avec une abolition de nombre d´abus et d´ excès, la dynamique sociale, qui était freinée mais pas paralysée, connaît une révolution dont les manifestations sont perceptibles par tout le monde :

• la marginalisation volontaire des Bwa semble non seulement appartenir à l´histoire mais être impossible dans la réalité,

• la libre circulation des personnes et des biens donne un regain de confiance, de force aux activités de petit commerce, au circuit d´échange notamment entre les secteurs déficitaires et excédentaires, entre villes et campagnes et entre le Pays-Bwa et le Burkina Faso. Nous sommes témoins de ce état de fait: lors de notre séjour d´enquête, dans la zone, nous avons pu constater que dès la fin des récoltes, tous les marchés /foires hebdomadaires sont animés de gens de provenances différentes et sont servies de produits du terroir et des villes. Malgré l´état des pistes de brousse, les forains urbains se rendent dans les foires les plus difficilement accessibles en bus ou camionnettes. Quant à celles facilement accessibles, elles connaissent une fréquentation sans précédent. C´est le cas des foires, de Fangasso et Benena, de nos village enquêtés.

Dans notre zone, dû à la croissance de la volonté de déplacement des paysans, le transport de passagers par les charrettes est devenu partout une activité lucrative. D´après la majorité des paysans interrogés dans les villages et sur les foires, ils avouent que c´étaient les agents de l´Etat qui „gâtaient tous ici avec leur pouvoir de soleil ou wosso-nu pa-a“- le pouvoir de bain de soleil en référence au pouvoir colonial pour lequel la méthode correctionnelle pour les récalcitrants était le bain de soleil. Ils nous ont aussi avoué qu´ils avaient peur d´aller au marché car ces agents taxaient tout (les vélos, charrettes, animaux, armes, etc). Les contrôles sur les routes, rejoignant les villes et reliant les villages, étaient de même exagérés, nous ont avoué les vétérans du transport urbain. Ils avouent que : les agents nous demandaient tant d´argent et embêtaient tant les passagers que peu d´entre nous étaient encouragés à faire la navette. Les paysans voyageaient peu, car beaucoup n´avait pas de pièces d´identité87.

Quant à libéralisation des marchés céréaliers, elle a permis aux paysans de mieux planifier la vente de leurs produits : une vente échelonnée, s´ils n´ont pas de contraintes immédiates.

Ainsi, le regain de liberté de la dynamique sociale des communautés paysannes au Pays-Bwa proportionné par l´avènement de la démocratie/ décentralisation prouve la capacité d´adaptation du mode de vie, de production aux étapes de l´évolution de l´environnement naturel, social, politique et économique. Les manifestations les plus significatives de cette dynamique sociale sont :

86 Krings T.:1991:157-180

87 La procédure d´établissement d´une carte d´iddentité, était volontairement compliquée par les agents administratifs pour augmenter les frais. Delà beaucoup de paysans optaient ne pas en établir.

• la rationalité d´usage du temps en saison sèche, mesurée en terme de diversité et nombre des activités de source de revenues pendant les régimes Modibo et Moussa88 et pendant la démocratie est une preuve, que les paysans utilisent mieux le temps actuellement par la pratique d´activités de contre- saison qu´avant,

• la situation économique des foyers, mesurée à travers la disposition d´équipement, d´animaux domestiques, prouvent que dépuis l´avènement de la démocratie, il y a une relative prospérité économique.

6.3 L´église catholique : des oeuvres humanitaires aux initiatives de

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