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Le document présenté ci-après est intéressant à plus d'un titre pour éclairer un aspect régional du débat actuel sur l'attitude de la Suisse vis-à-vis des réfugiés durant la Seconde Guerre mondiale.

Par son auteur et son destinataire tout d'abord. Paul

Billieux,

à Porrentruy en 1884 et maire de cette

ville

depuis la

fin

de l'année 1939,

conseiller national libéral-radical (1922-1931 et 1934-1943) et procureur du Jura durant une quarantaine d'années', prend à l'été 1942 son papier

à en-tête parlementaire pour s'adresser au conseiller fédéral Edouard von Steiger, chefdu Département fédéral dejustice et police et donc res-ponsable de la politique suisse en matière de refuge. Classée dans un dossier de «lettres de désapprobation» reçues à l'époque par le

conseil-1er fédéral (parmi beaucoup d'autres provenant essentiellement de mi-lieux politiques de gauche, de représentants des Eglises et d'organisa-tions humanitaires, sans oublier quelques personnes privées luttant pour une politique d'asile plus ouverte de la part de la Confédération), la mis-sive de Paul

Billieux

intervient dans un contexte historique très précis qui

lui

donne d'autant plus d'intérêt et de poids. En août 1942, les Juifs cherchant refuge en Suisse pour échapper aux persécutions, rafles et dé-portations

qu'ils

subissent dans l'Europe sous domination nazie sont de plus en plus nombreux, provenant en particulier de France, de Belgique et des Pays-Bas. Le 13 de ce même mois, Heinrich Rothmund fait part

de sa décision de fermer encore plus les frontières suisses afin d'empê-cher les Juifs en fuite de pénétrer sur le territoire national. Les protesta-tions se multiplient, y compris dans le Jura où le journal Le Démocrate s'inquiète de ces mesures-, La lettre indignée du maire de Porrentruy à von Steiger est datée du

jour

précédant le

relatif

assouplissement des mesures prises par le chef de la Division de police à l'encontre des réfugiés.

Difficile

d'estimer son impact direct dans cette petite recula-de;

jointe

à d'autres voix, provenant d'un parlementaire de la droite bourgeoise peu suspect de «menées bolchévistes» ou autres activités

Paul Billieux

Conseiller national Pozrezzrz-zzyz, Ze 24 aozzi 79J2

Mozzyzezzr/e CozzyeiZ/er/èdézaZ£1 Pzzzz S/eigez;

C/ze/dzz Dépaz-fezzzezzZ/e'déra/c/ejzzyZ/'ce eZpo/ice, fiER/V£

MozzyzezzrZe Cozzye/7/er /ede'raZ,

J'ey/ime i/zz'iZ eyrdewo/r devoirde vozzy/airepart de /a pro/orzde e'zzzo/iozz e/ de Z'izzdig/zariozt caz/yeeydazzy Zapopa/afZozz de zzo/zv?payyparZeyzzzeyzzrey de

po/i-ce dz-acozziezzzzey i/z/i ozzZ e/e' pzv'yey pozzr re/ozz/erpar de/à zzo/z-e/rozz/zere Zey

/zzaZ/zezzz'ezzx z'e/zzgiey Zzo/Zandaz'y, Zze/gey ozz d'azzZrey rza/iozzaZzZey, z/zzi/zziezzZ

/ezzz-payypozzréc/zappez'azzx rigzzezzz'y z/e /'azz/ozL/e'z/'occzzpaZZozz ez deyde'cz'yio/zy de

Z'ezzva/zz'yyeizr:

Ley gezzy zz'igzzorerzZ pay Zey dzjf/fez/ze'y zZ'orrZ/'e iziZezvzaZio/za/ er zza/iozzaZ z/zzi

exiy/ezz/erz/zziyozzZà/a Zzaye de ceyzzzeyzz/'ey, mazy cey z/zeyzzreyyozzZcozzyidéréey co/zzrrze zz/ze azzez'zzZeportée à zzor/'e droizd'ayi/e ezà zzoZre Zzo/zzzezzrZze/ve'rizyize.

La preyye y'eyZ déjà/aire Z'éc/zo de cezze rep/'oZzaZz'ozz popzzZaz'z-e e/ye yzzz'y

cez*-Zaizz z/zze vozzxdevezefz-e ayyaz'ZZZdepzo/ey/a/iozzy.

Ley dzamey z/zzi ye payyezzZà Za/rozzZzere zzzozzZrezzZj'z/yz/zz'oùpezzvezz/ a/Zer /a mi-yère ezZe dz'ye.vpozrZzzzzzzaz'zz.

La Zezzdazzce à cozzyz'z/érer /eygezzy cozzzzzze d/z ZzéZaz'Z, znezzzep/zz.v, cozzzmedey

àè-Zey zzzaZ/àz'yazzZey z/zz'ii/azzZ azze'azzzz'z; zze doirpay y'izzzrodzzire c/zez zzozzy car eZZe

zz'yapay dzoz'Zdecz'Ze'.

gzze parmi Zozzy cey/zzyazdy, z'Z y ezz air r/zzi zze yoie/zipay izzZeVeyyazziy ez e/zzi zze zzze'zv'ZezzZpay grazzeZe cozzyizZeraZiozz, c'eyrpoyy/Zz/e. Maz'y cozzzzzze ezz Zozz/e cZzoye iZ/azzZ cozzyizZe'rer Za/zzz, ye/ozz Ze /àZzzz/iyZe La Lbzzfaizze, c'eyZ ezz yozzzzzze

Z'izzy-Ziz-zcZ de cozwezvaZiozz cZe Za vie, Za pezzr zZey yozz^/razzcey ez dey exacZiozzy, Za craizzZe dex forZzzz-ey z/zzi pozzxyezz/ cey zzzaZ/zezzzrzz.T à zzoZre/rozzZière. £Y cozzzzzze

depzzix /9J7, zzozzy yavozzycozzzzzzezzri/yyozzZ Zrairéy, zzozzy zze yazzriozzx zzozzy vexer de Zey vozrc/zerc/zeràye yozzyZraireazz yorrz/zzi ZeyaZZezzd.

Ce yozzZ zZey ê/z-ex Zzzzmaz'zzy, avec Zezzry/aièZeyyey ozz zzzênze /ezzrx Zaz-ex, ma/y i/y doivezzr ê/re Zz-aiZe'y cozzzzzze dex Zzzzzzzaizzy,/zzzzZe zie cyzzoi

ii

ezz eyZ/az'Z de Zo

civiZi-yaZiozz.

Je yaiy Zziezz c/zze /ey azzZoz-iZ^y yzzz'yyey ayyzzrezzZ z/zze ZozzZey Zey zzzeyzzrey ozzZ éZe' prz'yey pozzr pzze cey rezzvoz'y zz'aiezzZpay de cozzye'z/zzezzcey/dc/zezzyey pozzr cea.t

z/zzi ezz yozzZ/zrzppey ez z/zze ZozzZey Zey gazezaZiey ozzZ ère' dozzzze'ey; zzzaiyje yàz'y ce

z/zzi yepayyedazzy Zeypayyocczzpéy ezje zzezwe/az'yazzczzzze i/Zzzyiozz yzzz' /ezzr

va-Zezzre^ècZive.

//zzze yezzz/z/e z/zze ypzzy Z'e'gizZe zZe Za Croix rozzge, iZ devrai/ êzz-epoyyz'Zz/e z/e/aire

az/zzzeZZrepaz'roz/y Zeypayyz/zze cey/zzyaz'z/yeZ ré/zzgièy yezaiezzZ ZrazzyiZéy azz

L'or-Zzzga/ozz zZey zzaviz'ey Zey a/Zezzdraiezz/pozzrZe.v Zzrzzzypozïer dazzy zzzz rezviZoire

ap-propre.

J'eypère pzz'zzzze acZiozz ézzergiz/zzeperzzzeZZzrzd'apporterzzzzezzzozZzyicaZz'ozz eyyen-Zie/Zeazz regimeapp/iz/zzéazzj'ozzrd'/zzzi.

Ozz Zziezz, eyZ-ce z/zze Za Zzaz'ZzazLe ira e/zcoz-ep/zzy Zoizz eZ/éz'zz Zizièz'e z/e ZozzZce z/zzi

zzozzy pez-zzzeZz/ezzozzy cozzyizZeVerezzcoz*e cozzzzwedey civi/iyéy

VezziZZez agz-e'ez; Mozzy/ezzz- Ze Cozzyei/Zer/e'deVaZ, Z'ayyzzrazzce z/e ma cozzyiz/e'z'a-Ziozz z/z'yZizzgzzée.

[signé] Paul Billieux'

antipatriotiques, cette protestation ne pouvait certainement laisser

indif-férents les plus hauts responsables du pays/'

Quant au contenu de la lettre,

il

parle de lui-même et chacun l'appré-ciera à sajuste valeur. Trois éléments apparaissent cependant importants

à relever: tout d'abord la sensibilité à la souffrance des autres de la part d'un homme en contact direct avec le drame des réfugiés à la frontière;

ensuite la conscience d'un devoir moral de la Suisse vis-à-vis de ces ré-fugiés, dans une guerre qui oppose la

civilisation

à la barbarie; enfin, et peut-être surtout, la lucidité d'un édile politiquejurassien et suisse à pro-pos du sort tragique qui attend ces personnes en détresse en cas de re-foulement. Exception parmi les élites politiques et intellectuelles de

l'é-poque, Paul

Billieux

a vu, savait et a eu le courage de s'indigner devant le cynisme et l'inhumanité d'une politique fédérale en matière de refuge qui, quoi qu'en disent certains®, apparaît injustifiable au regard de

l'his-toire. En bref, un document d'histoire qui corrige sensiblement tout à la fois les oublis et les abus de la mémoire, si fréquents aujourd'hui.

Ctattac Etatiser (Frtaottrgj es? ta's?on'en e? assista«? à ta Cta/ire

ri'tas-?oire contemporaine r/e i'Ltaiversité e/e FriEottrg e? responsaWe rta Cer-cie r/'é?itaes tastoriçites.

NOTES

'Renseignementsbiographiques aimablement transmis par

M

Géraldine Rérat-Œuvray, de laBibliothèquecantonale jurassienne.

-Voirà ce sujet SPIRA, H.: «L'afflux deréfugiés en Ajoie(1940-1944)» in: Lettre cTi'n/or-mat/oni/» CFL7, 16, novembre 1997, p. 6,

'Source: Archives fédérales à Berne. Fonds E 4001 (C)/l (von Steiger), volume 257. Dos-sierintitulé«Lettresdeprotestation [àla politiquefédéraleenmatièrederefuge]».

'André Lasserre montre quela forte réprobation de l'opinion publique pousse les autorités fédéralesà revoirleurs décisions du 13 août 1942. LASSERRE, A.:Frontièreset camps. Le re-pigeenSuisse t/e 7933 à7945, Lausanne, Payot, 1995, pp. 167-172.

'Voir notamment l'opinion émise par Pierre-Olivier Walzer dans «L'or nazi: témoignage d'un qui n'arienvu...»,Actes 1998. (Une version abrégée dece texte a paru dans L7/eMo du

4septembre 1997).

Flux et reflux de réfugiés