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Academic year: 2022

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Station fédérale de recherches

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de Changins

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Institut agricole de PEtat de Fribourg

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Directeur: André Stâubli Directeur: Francis Egger

Influence de différentes méthodes de désherbage sur l ' évolution du stock semencier d'un sol cultivé

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N. DELABAYS et G. MERMILLOD, Station fédérale de recherches en production végétale de Changins, CH-1260 Nyon J. EMMENEGGER, Sei-vice phwosajlltalre du canton de Fribourg, IAG, CH-1725 Posielrx

0

E-mail: nicolas.delabays@rac.admin.ch Tel. (+41) 22 / 36 34 444.

Résumé

Différentes contraintes agronomiques, économiques et écologiques plaident pour le développement de nouvelles stratégies de lutte contre les mauvaises herbes, notamment celles qui incluent un recours plus important au désherbage mécanique. Il est probable que de telles stratégies induisent, à long terme, une évolution significative dans la flore d'une parcelle cultivée. Pour préciser la nature et l'ampleur d'une telle évolution, un essai a débuté en 1989, dans lequel trois stratégies de désherbage sont comparées: uniquement mécanique, uniquement chi- mique et intégrée, c'est-à-dire une combinaison de méthodes mécaniques et chimiques. Au niveau du stock se- mencier, des évolutions différenciées ont été observées. L'application d'un désherbage exclusivement mécanique induit à long terme une augmentation du stock semencier global. En comparaison, la hausse du stock semencier est sensiblement moindre dans le procédé qui intégré les méthodes mécaniques et chimiques, et limitée avec le procédé chimique. Même si les effets sur les rendements restent faibles, la constitution d'un important stock se- mencier représente un risque. Globalement, le procédé intégré offre un compromis intéressant: il permet une bonne maîtrise du stock semencier en même temps qu'une économie substantielle d'herbicides, en particulier ceux qui sont les plus défavorables à l'environnement.

Introduction

Lors des cinquante dernières années, l'usage des herbicides s'est généralisé dans la lutte contre les mauvaises her- bes et ceux-ci constituent aujourd'hui encore un outil important pour l'agri- culture moderne. Pourtant, la rentabilité de certaines applications de désherbants est actuellement réévaluée (ZEDDIEs et

WAIBEL, 1993), notamment dans le con- texte de la baisse des prix des produits agricoles. Parallèlement, l' apparition de biotypes d'adventices résistants plaide pour un usage mieux ciblé de certaines molécules (HEAP, 1997). Enfin, les con- séquences écologiques de certains her- bicides, en particulier les risques de résidus dans les eaux, imposent une utilisation parcimonieuse et raisonnée de ces produits (CoRvi et KHiM-HEANG,

1997). Pour toutes ces raisons, le déve- loppement de nouvelles stratégies de lutte contre les mauvaises herbes, no-

tamment avec un recours plus important au désherbage mécanique, suscite un intérêt grandissant.

Au-delà de l' efficacité directe du dés- herbage, le choix d'une stratégie de lutte contre les mauvaises herbes peut induire, à long terme, une évolution si- gnificative de la flore d'une parcelle cultivée (CLEMENTs et al., 1994). Ainsi, il est probable qu'une réduction de l'emploi des désherbants ait des consé- quences floristiques et malherbologi- ques notables. Pour préciser la nature et l' ampleur d'une telle évolution, un essai a été mis en place en 1989, dans lequel des stratégies de désherbage in- cluant plus ou moins d interventions chimiques ont été comparées (MAYOR et al., 1994). Cet article présente l'évo- lution des stocks semenciers observée avec ces différentes méthodes de désher- bage depuis une dizaine d'années.

L' analyse des graines présentes dans le sol permet une description détaillée de

la flore potentielle d'une parcelle et plus complète que celle basée sur la seule observation de la végétation de surface (BARRALIs et CHADCEUF, 1987).

Matériel et méthode

Dispositif expérimental

L'essai est réalisé sur le domaine de l'Insti- tut agricole du canton de Fribourg à Gran- geneuve, à 655 n1 d' altitude. Le sol, d'une profondeur de 60 à 90 cm, est composé de 17% d'asile, 37% de silt et 46% de sable.

Il contient également 2,817c de matière orga- nique, pour un pH de 6.1.

La parcelle d'expérimentation est divisée en trois bandes mesurant 24 m de large et lon- gues de plus de 100 m (fig. 1). Chacune de ces bandes comprend une zone de 24 x 50 m dans laquelle un type de désherbage spéci- fique est appliqué: uniquement chimique (CHI), exclusivement mécanique (MEC) ou intégré (INT), soit une combinaison de

Revue suisse Agric. 32 (1): 15-20, 2000 15

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désherbage chimique et mécanique. Globa- lement, dans ce dernier procédé, les cul- tures sarclées sont désherbées mécanique- ment entre les lignes et chimiquement sur la ligne. Par ailleurs, lors de conditions mé- téorologiques et malherbologiques favora- bles (bonne humidité du sol, infestation ré- duite, stade jeune des adventices, etc.), un dosage d'herbicide plus faible que dans le procédé CHI a été appliqué. Le tableau 1 rapporte l'ensemble des interventions réali- sées pour chacune des trois stratégies de désherbage dans les cultures qui se sont succédé depuis 1989.

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Estimation

du stock semencier

Pour l'analyse du stock semencier, des échantillons de sol ont été prélevés chaque année a l'automne, après labour. Dans chaque variante, 100 échantillons sont pré- levés, au sommet d'une maille régulière de 1,5 x 1,5 m qui couvre une surface totale de 182 m- (13,5 x 13,5 m). Les prélèvements sont réalisés a une profondeur de 20 cm, à l'aide d'une tarière «Bieri» de 5 cm de dia- mètre. Les échantillons sont lavés à travers

deux tamis avec des mailles respectivement de 4 et 0,25 mm. La fraction comprise entre ces deux maillages, qui contient les graines, est étalée sur un voile de Tergal, dans des terrines de 12,5 x 10 cm, remplies de terre stérilisée. Pour la germination des graines, les terrines sont installées dans une salle climatisée avec un cycle comprenant 14 heu- res d'éclairement à 21 °C et 10 heures d' obscurité à 18 °C. Durant huit semaines, les plantules germées sont identifiées et dé- nombrées. Les terrines sont ensuite instal- lées durant un mois à l'obscurité et a 4 °C pour lever des dormances éventuelles, puis remises en germination durant huit semai- nes dans les mêmes conditions.

Résultats et discussion

U absence de répétitions dans le dispo- sitif de l'essai ne permet pas d'analyser statistiquement les observations. Néan- moins, la taille suffisante des parcelles ainsi que l'homogénéité du site au dé- part de l'expérimentation permettent de comparer l'évolution générale du stock semencier dans les trois variantes.

Stocks semenciers

Depuis 1989, 60 espèces au total ont été observées dans les stocks semenciers de l'ensemble de l'essai, dont près d'une quarantaine sont communes aux trois parcelles expérimentales (tabl. 2).

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Fig. 1. Parcelle expérimentale: prélèvement des échantillons de terre pour l'analyse des stocks semenciers.

Tableau 1. Désherbage appliqué dans les trois procédés entre 1990 et 1998.

Année Culture

Mécanique (MEC) Intégré (INT) Chimique (CHI)

Stade Désherbage Stade Désherbage Stade Désherbage

1990 Blé d'automne 23 herse étrille 23 herse étrille 23 Graminon Forte (2,8kg/ha)

31 Apell (2,5 1/ha)

1991 Maïs 13 sarcleuse 13 sarcleuse + Atrazine 50%

(3 kg/ha)

13 Atrazine 50% (3 kg/ha)

17 sarcleuse 17 sarcleuse

1992 Blé d'automne 23 herse étrille 23 Arelon (1 1/ha) +

Ally (25 g/ha)

23 Arelon (1,51/ha) + Ally (30 g/ha) 30 herse étrille

1993 Orge d'automne 25 herse étrille (4 x) 25 Arelon (1,51/ha) + Ally (25 g/ha) 25 Arelon (1,51/ha) + Ally (25 g/ha) 1994 Prairie 31 août coupe de nettoyage 6 août Divopan (41/ha) 6 août Divopan (41/ha) 1995 Pomme de terre prélevée herse étrille + buttage prélevée herse étrille + buttage prélevée Boxer (4 1/ha) + Sencor (0,5 kg/ha) levée herse étrille + buttage levée herse étrille + buttage

20 sarcleuse 20 Sencor (0,3 kg/ha)

31 désherbage manuel

1996 Blé d'automne 22 herse étrille 22 herse étrille

25 herse étrille 25 Concert (75 g/ha) 25 Concert (75 g/ha)

30 herse étrille

1997 Mais 14 sarcleuse 14 sarclage + Méthazole

(2 kg/ha) + Lentagran (1 I/ha)

14 Méthazole (2 kg/ha) + Lentagran (1 1/ha) 15 sarcleuse + désherbage

manuel 15 sarcleuse

1998 Blé d'automne 23 herse étrille (3 x) 23 Arelon (1 1/ha) + Ally (30 g/ha) + Starane (1 1/ha)

23 Arélon (21/ha) + Ally (30 g/ha) + Starane (1 1/ha)

(3)

80

70 APESV CAPBP CHEAL CHEPO CD

ô 60

T 3 POAAN STEME ■ VARIA

X 50 '?~ ~ ,

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MECANIQUE , 20

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89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 Fig. 2. Evolution du stock semencier dans les trois procédés de désherbage (APESV: Apera spica-venti; CAPBP: Capsella bursa-pastorls; CHEAL: Chenopodium albllrn; CHEPO:

Chenopodilun polYspernium; POAAN: Poa annua; STEME: Stellaria media; VARIA: autres espèces).

Tableau 2. Nombre d'années de pré- sence, dans le stock semencier, des différentes espèces dans les trois pro- cédés de désherbage.

MEC INT 1 CHI 1 Total Espèces principales

Arabidopsis thaliana 10 10 10 30 Capsella bursa-pastoris 10 10 10 30 Cerastium glomeratum 10 10 10 30 Chenopodium album 10 10 10 30 Chenopodium polyspermum 10 10 10 30 Poa annua 10 10 10 30 Stellaria media 10 10 10 30 Trifolium repens 10 10 10 30 Apera spica-venti 10 10 9 29 Lamium purpureum 10 10 8 28 Rumex obtusifolium 9 10 9 28 Plantago major 10 8 9 27 Veronica persica 8 10 7 25 Amaranthus retroflexus 6 8 9 23 Juncus bufonius 7 7 9 23 Epilobium tetragonum 5 10 5 20 Sagina procubrens 9 6 5 20 Viola arvensis 10 6 4 20 Alopecurus myosuroides 7 4 6 17 Conyza canadensis 1 8 6 15 Veronica serpyllifolia 3 8 4 15 Geranium molle 4 4 6 14 Matricaria recutita 6 4 4 14

Sonchus sp. 4 4 6 14

Hypericum perforatum 4 4 4 12 Polygonum aviculare 5 6 1 12 Trifolium alexandrinum 4 4 4 12 Kickxia spuria 3 3 5 11

Poa trivialis 4 2 4 10

Taraxacum officinale 2 6 2 10 Polygonum persicaria 4 3 2 9 Veronica hederifolia 2 5 1 8 Senecio vulgaris 2 2 3 7 Cardamine hirsuta 2 1 2 5

Solanum nigrum 2 2 1 5

Portulaca oleacera 2 1 1 4 Myosotis arvensis 1 1 1 3

Poa pratensis 1 1 1 3

Espèces secondaires

Veronica arvensis 3 3 0 6 Sonchus arvensis 0 3 2 5 Anagallis arvensis 0 3 1 4

Papaver rhoeas 1 3 0 4

Arenaria serpyllifolia 3 0 0 3

Galium aparine 0 2 1 3

Centaurium erythraea 0 1 1 2 Echinochloa crus-galli 1 0 1 2 Mercurialis annua 1 0 1 2

Urtica dioica 0 1 1 2

Achillea millefolium 1 0 0 1 Aethusa cynapium 1 0 0 1 Atriplex patula 0 1 0 1 Chaenorrhinum minus 0 0 1 1 Digitaria sanguinalis 1 0 0 1 Euphorbia helioscopia 1 0 0 1

Lilago sp. 1 0 0 1

Lampsana communis 1 0 0 1 Lepidium rurerale 0 0 1 1

Oxalis stricta 1 0 0 1

Silene pratensis 0 1 0 1 MEC: mécanique; INT: intégré; CHI: chimique.

Le nombre d'espèces présentes varie selon les procédés (MAYOR et DEssA1NT, 1998) mais, numériquement, six des espèces dominent très largement dans les trois variantes: le jouet-du-vent (Apera spica-venti), la capselle (Cap- sella bursa-pastoris), les chénopodes blanc et polysperme (Chenopodium album et C. polyspermum), le pâturin annuel (Poa annua) et le mouron des oiseaux (Stellaria media). Ces six ad- ventices constituent 79 a 98% des grai- nes dénombrées dans les stocks semen- ciers. La figure 2 présente l' évolution du stock semencier général observée dans les trois procédés de désherbage;

elle indique également les valeurs obte- nues avec les six espèces principales susmentionnées.

Pour les trois stratégies de désherbage comparées, une augmentation du stock semencier est observée entre 1989 et 1998, particulièrement marquée dans le procédé MEC. En effet, dans cette va- riante, le stock semencier est passé de 6896 à 47 102 graines par m', culminant

à 67 017graines/m' en 1997. L' augmen- tation est moindre dans le procédé INT, qui passe de 8678 à 24 002 graines/m21 de même que dans la variante CHI (de 5663 à 20 399 graines/m2). En fait, jus- qu'en 1996, le stock semencier est resté relativement stable dans ces deux der- nières variantes; dans le procédé CHI, il a même baissé jusqu'en 1993.

Globalement, la culture de maïs de 1997 ainsi que la prairie de 1994 apparais- sent comme les plus salissantes dans les trois variantes. Le stock semencier augmente également sensiblement dans les procédés INT et MEC lors de la culture du maïs en 1991. Enfin, dans la variante MEC, la culture d'orge de 1993 a aussi induit une augmentation des graines d'adventices dans le sol.

Cette année-la, les conditions climati- ques n'ont pas permis de réaliser le hersage au stade optimal et l'efficacité du désherbage s'en est ressentie.

L' analyse plus détaillée de l' évolution observée avec les espèces principales apporte plusieurs renseignements.

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Apera spica-venti

Dans les procédés CHI et INT, cette graminée annuelle reste relativement stable. Par contre, le nombre de graines augmente notablement dans la variante MEC. En effet, entre 1989 et 1998, on passe dans ce procédé de 31 à près de 6000 graines au m'. L' augmentation est perceptible à chaque culture de céréale, en particulier de blé. A l' évidence, dans ces cultures, l'efficacité du désherbage mécanique est insuffisante contre cette graminée, par ailleurs bien maîtrisée par les traitements chimiques.

Capsella bursa-pastoris

La capselle est une des principales espè- ces présentes dans la parcelle au début de l'essai. Son stock semencier aug- mente considérablement dans le procédé mécanique en 1991, lors de la culture de maïs, ainsi que dans l'ensemble des variantes en 1994, dans la prairie artifi- cielle. Cette année-là, les procédés INT et CHI n'ont été traités qu'avec du MCPB, destiné à la destruction du rumex (Rumex obtusifolius). Or, l'effi- cacité de cet herbicide n'est que par- tielle contre C. bursa-pastoris. L'espèce s'est également fortement multipliée dans les procédés MEC et CHI lors de la culture de maïs de 1997. Dans ces deux procédés, elle représente respecti- vement 59 et 83% du stock semencier.

La capselle est susceptible de germer tout au long de l'année; l'utilisation de méthazole cette année-là, un herbicide nettement moins rémanent que l' atra- zine, n'a apparemment pas pu empêcher les germinations tardives.

Chenopodium album et C. polyspermum

Ces deux espèces, relativement peu re- présentées au début de l'essai, restent stables dans la variante chimique (CHI), alors que leur densité augmente notablement dans les deux autres pro- cédés, en particulier lors des cultures de maïs de 1991 et 1997. On sait que les chénopodes sont susceptibles de ger- mer durant tout le printemps et profitent souvent d'un travail du sol. En effet, une remise à la lumière et la réactivation de la nitrification favorisent leur germina- tion (ROBERTs et POTTER, 1980).

Poa annua

Le pâturin annuel, l'espèce dominante au début de l'essai, perd de son impor- tance relative à la suite de l'augmenta- tion du stock semencier total. Cepen- dant, numériquement, l'espèce reste globalement stable dans l'ensemble des procédés.

Stellaria media

Cette espèce est bien maîtrisée par les traitements chimiques. Dans le procédé CHI, il n'y a guère que dans la prairie, en 1994, qu'une augmentation sensible du stock de graines est observée; et elle n'est que passagère. Le procédé INT permet également une bonne maîtrise de cette espèce, sauf dans les cultures de maïs de 1991 et 1997, à la suite desquel- les on relève dans le stock semencier plus de 2500 graines au m-. Comme pour les chénopodes, c'est dans le pro- cédé mécanique que l'espèce exerce une pression maximale, et plus particu- lièrement dans les cultures de maïs.

Autres espèces

D'autres espèces, moins abondantes, montrent aussi des évolutions intéres- santes. C'est le cas notamment d'Ama- ranthus retroflexus. Pratiquement ab- sente de la parcelle au début de l'essai, elle reste rare dans les procédés MEC et INT, mais augmente sensiblement dans le procédé CHI, où sa densité at- teint 800 graines/m2 en 1998. Cette es- pèce a apparemment été mal combattue par les traitements chimiques dans le maïs en 1991 et 1997. En 1991, l'uni- que traitement à l' atrazine a été insuffi- sant et n'a pas éliminé toutes les ama- rantes. Par ailleurs, il n'est pas rare d'observer une germination d'A. retro- flexus jusqu'en septembre, soit bien après la durée d'efficacité d'un traite- ment à l' atrazine. Les produits utilisés en 1997, le méthazole et le pyridate, ont une rémanence encore moins longue.

A l'inverse, deux autres espèces prati- quement absentes au début de l'essai, Lamiuin purpureum et Veronica persica, restent sporadiques dans le procédé CHI, mais constituent progressivement un stock semencier dans les procédés INT et MEC. Ainsi, en 1998, celui-ci s'éle- vait à respectivement 296 et 122 grai- nes/m' dans le procédé INT et à 688 et 163 graines/m'- dans la variante MEC.

Aspects agronomiques

Les trois parcelles expérimentales ont été entretenues de manière identique en Il

ce qui concerne la préparation du sol et la fumure. Par ailleurs, leur état sani- taire étant resté comparable, elles ont également bénéficié des mêmes traite- ments phytosanitaires. Au niveau agro- nomique, deux aspects méritent néan- moins une comparaison: l'ensemble des intrants utilisés pour le désherbage (passages de tracteur et herbicides) et les rendements obtenus.

Tableau 3. Nombre de passages de tracteur et quantité d'herbicides (g/ha) requis entre 1990 et 1998 avec les trois stratégies de désherbage.

Mécanique (MEC)

Intégré (INT)

Chimique (CHI)

Passages de tracteur

Sarclages 21 7* 0

Traitements 0 7 9

Herbicides (g/ha)

Atrazine 0 1000 3000

Fluroxypyr 0 390 260

Isoproturon 0 1750 3900

MCPA 0 800 0

MCPB 0 1600 1600

Méthazole 0 500 1500

Metribuzine 0 210 350

Metsulfuron-methyl 0 21 22

Prosulfocarb 0 0 3200

Pyridate 0 150 450

Thifensulfuron 0 51 51

Triasulfuron 0 0 14

Moyenne annuelle 719 1594

*dont deux avec traitement combiné.

Intrants

L'établissement d'un écobilan complet n'entre pas dans le cadre de cet article.

Néanmoins, il nous a paru intéressant de comparer le total des intrants, tra- vaux mécaniques et désherbants chimi- ques correspondant aux trois stratégies de désherbage au cours des dix années de l'expérimentation. Le tableau 3 pré- sente ces totaux.

En moyenne, 2,3 sarclages ou hersages ont été appliqués annuellement pour le désherbage MEC contre 0,8 dans le procédé INT. Dans la variante CHI, un passage annuel de tracteur est néces- saire pour le traitement chimique, de même que dans le procédé INT (à deux occasions associé à un sarclage). La particularité du procédé MEC est évi- demment l'absence complète d'herbici- des. Parallèlement, comparativement au procédé CHI, la stratégie de désher- bage INT a permis de réduire l'usage des herbicides de plus de 50%. La baisse est particulièrement importante en ce qui concerne les herbicides résiduaires, comme l' atrazine et l' isoproturon, dont l'impact sur l'environnement est plutôt défavorable.

(5)

Fig. 3. Rendements des cultures obtenus dans les trois procédés de désherbage.

Rendements

On doit rappeler ici que l'essai ne com- porte pas de répétitions, aussi n'est-il pas possible d'établir une analyse statis- tique des données relevées. Néanmoins, comme il a été mentionné précédem- ment, l'homogénéité du site expéri- mental permet de tirer un enseignement des rendements obtenus. Ceux-ci sont exposés à la figure 3.

En fait, il n'y a guère que pour l' orge en 1993 et pour la pomme de terre en 1995 qu'une différence notable de ren- dement apparaît entre les variantes. En 1993, l' orge d'automne désherbée mé- caniquement a produit 1400 ker/ha de moins que les deux autres procédés, soit 5000 kg/ha au lieu de 6400 kg/ha.

Cette différence peut s'expliquer par les conditions climatiques de l'automne 1992, défavorables

a

l'intervention mé- canique. Au printemps suivant, les ad- ventices telles que les capselles, les mourons des oiseaux et les jouets-du- vent sont trop profondément enracinées pour pouvoir être arrachées efficace- ment avec une herse-étrille. Cette an- née-là, la quantité de matière sèche pro- duite par les adventices dans le procédé MEC était proche des 14 dt/ha d'orge manquant à la récolte (MAYOR et al., 1994). En 1995, les procédés MEC et INT ont produit quelque 5000 kg/ha de pommes de terre de moins que la va- riante CHI. Sans être forcément signifi- cative (les coefficients de variation sont souvent importants en culture de pomme de terre), cette baisse de rendement est peut-être due au gel du 15 mai, survenu 4 jours après le deuxième passage de la herse-étrille: il est possible qu'il ait ag- gravé les quelques blessures que pro- voque inévitablement un hersage. Au niveau du désherbage proprement dit,

tous les procédés ont permis une bonne maîtrise des adventices.

Notons qu'aucune donnée de rendement n'a été relevée dans la prairie articif Telle de 1994. Quant au maïs de 1997, l'ab- sence de rendement pour les procédés CHI et INT résulte d'un problème de phytotoxicité lié

a

l'utilisation du metha- zole. Notons que ce type de problème ne peut survenir dans un procédé uni- quement mécanique, ce qui peut être mis à son actif.

Bibliographie

BARRALIs G., CHADŒUF R., 1987. Potentiel se- mencier des terres arables. Weed research 27, 417-424.

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Concernant le stock semencier, l' ap- plication de trois stratégies de desher- bage distinctes a bien induit des évo- lutions différenciées. L' analyse des

observations

fait notamment ressortir les points suivants:

U L' application d'un désherbage ex- clusivement mécanique induit à long terme une augmentation régu- lière et importante du stock semen- cier global. Certaines adventices, comme le jouet-du-vent (Apera Spica-venti) dans les céréales, les chénopodes (Chenopodium album et C. polyspermum) dans le maïs ou encore la capselle (Capsella bursa-pastoris) d'une manière gé-

nérale, voient ainsi leur densité augmenter considérablement.

J L' augmentation du stock semen- cier est sensiblement moindre dans le procédé qui intègre les métho- des mécaniques et chimiques.

Dans cette variante, ce sont surtout les chénopodes qui ont été favori- sés. La pression de la capselle est par contre fortement diminuée et une espèce telle que le jouet-du- vent est parfaitement maîtrisée.

J Globalement, le procédé chimique permet de limiter l'augmentation du stock semencier total. Certai- nes espèces ont néanmoins pu créer un stock non négligeable, comme la capselle et, dans une moindre mesure, l'amarante (Amaranthus t»etrof l e vus), une espèce qui sem- ble profiter de l'absence de désher- bages mécaniques.

❑ Malgré les importantes différen- ces observées dans l' évolution du stock semencier, les effets sur les rendements restent limités, même dans le procédé exclusivement mé- canique. Dans cette dernière va- riante, la constitution d'un impor- tant stock semencier représente cependant une situation de risque potentiel. Même si ce dernier s'est avéré techniquement maîtrisable dans la majorité des cas, c'est le procédé intégré qui offre le meil- leur compromis: il permet une bonne maîtrise du stock semencier, comparable à celle offerte par la variante chimique, et une écono- mie substantielle d'herbicides, en particulier les plus défavorables â l'environnement.

19

(6)

Zusammenfassung

Einfluss von Unkrautbekâmpfungsmassnahmen auf den Samenvorrat im Feldbau

Technische, wirtschaftliche und dkologische Überlegungen führen zu vermehrtem Interesse an Unkrautbekâmpfungsstra- tegien, die auf mechanischen Verfahren beruhen. Bei Ver- minderung oder gar Verzicht auf den Herbizideinsatz sind jedoch Auswirkungen auf Unkrautdruck und Unkrautflora zu erwarten. Seit 1989 wird deshalb ein Feldversuch durch- geführt, in dem drei Strategien der Unkrautbekâmpfung ver- glichen werden. Dies sind: ausschliesslich mechanische Bekâmpfung, ausschliesslich chemische Bekâmpfung und ein integriertes Verfahren, in dem mechanische und che- mische Verfahren kombiniert werden.

Bei ausschliesslich mechanischer Unkrautkontrolle wurde eine deutliche Zunahme des Unkrautsamenvorrates im Bo- den beobachtet. Beim integrierten und beim chemischen Ver- fahren war diese Zunahme vergleichsweise gering. Auch wenn die Ertragseinbussen im ausschliesslich mechanischen Verfahren nur gering ausfielen, ist die Zunahme des Samen- vorrates in diesem Verfahren ein bedeutendes Risiko.

Insgesamt erwies sich das integrierte Verfahren als am güns- tigsten. Es erlaubt, den Unkrautsamenvorrat im Boden zu be- grenzen und gleichzeitig den Herbizideinsatz zu reduzieren.

Summary

Influence of weed control methods on the soil seed- bank in a crop field

Due to technical, economic and ecological constraints, new weed control strategies, relying more on mechanical methods, are now developed. However, reducing herbicides applications can lead to an evolution of weed flora in cultivated fields. In order to precise such an evolution, a trial has been carried out since 1989, in which three weed control strategies are com- pared: mechanical only, chemical only and integrated, that is to say a mixture of mechanical and chemical methods.

Evolution of soil seedbank was very different in the three processes. Mechanical weed control alone induced a strong increase of the number of seeds present in the soil. The increase was far less important in the integrated system and still more limited in the process relying on chemical weed control only. Even if the effects on yields were limited, the constitution of a large seedbank in the mechanical variant represents obviously a risk. Globally, integration of chemical and mechanical methods revealed particularly interesting: it allowed a good control of the soil seedbank, together with a significant reduction of herbicides applications.

Key words: integrated weed management, seedbank.

Chronique

La maîtrise et l'entretien des machines agricoles impliquent des connaissances particulièrement diversifiées. En effet, outre la mécanique et les transmissions, ces outils omniprésents incorporent toujours plus de composants hydrau- liques et électroniques. En 352 pages, avec 250 schémas et 35 tableaux, l'ou- vrage de Philippe Lerat condense tou- tes les connaissances techniques de base nécessaires à la compréhension, la mise en oeuvre et l'entretien des maté- riels agricoles.

La première partie de l'ouvrage appor- te des notions théoriques et pratiques en électricité, en électronique et en hy- draulique. Elle présente également les différentes techniques de soudage.

La deuxième partie analyse tous les éléments constitutifs du tracteur, pas- sant en revue ce qui a trait au moteur, aux transmissions, au relevage hydrau- lique et à sa régulation, aux prises de puissance, aux freins, aux pneuma- tiques, à la climatisation ainsi qu'aux lubrifiants.

La troisième partie présente les machi- nes agricoles les plus utilisées pour la mise en place, l'entretien et la récolte des cultures. On y trouve naturellement la charrue avec toutes ses subtilités d'utilisation et de réglage, différents outils de travail du sol, les semoirs, les épandeurs d'engrais, les pulvérisateurs à jets projetés avec leurs dispositifs de régulation et finalement les moisson- neuses-batteuses de conceptions diver- ses, leurs évolutions techniques et leurs possibilités d'adaptation à différents types et conditions de récolte.

Ce nouveau livre offre ainsi un très bon lot d'informations techniques, qui seront utiles aussi bien aux étudiants qu' aux professionnels en quête de perfectionne- ment. Edite par Lavoisier Tec & Doc, il peut être obtenu auprès de la Librairie Lavoisier, 14, rue de Provigny, F-94236 Cachan Cedex (France).

P. Vi>tllioud

Les Machines agricoles - Conduite et entretien

dePh. Lerat, Paris, LavoisierTec & Doc, 1999, 352 p., 350. FF.

Collection «Agricultured 'aujourd 'hui —Sciences, Techniques, Applications».

ISBN 2-7430-0327-8, ISSN 0982-2518

Sous la plume de Philippe Lerat, ingénieur des travaux agricoles et professeur de machinisme au Lycée agricole de Montargis-Le Chesnoy, vient de paraître un nouvel ouvrage destiné aux agriculteurs, techniciens et étudiants.

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