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Analyse économique des activités d’une exploitationagricole par les coûts de revient

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Introduction

Le contexte politico-économique de l’ex- ploitation agricole se renouvelle cons- tamment; ainsi, lorsqu’elles se présen- tent, les opportunités doivent être saisies rapidement. Une vigilance accrue doit permettre de percevoir les menaces et de maîtriser leurs conséquences. L’agricul- teur peut s’appuyer sur la gestion straté- gique pour anticiper ces événements et prendre les bonnes décisions. D’autre part, il a besoin de connaître parfaitement les activités de son exploitation pour les faire évoluer et détecter les problèmes.

Pour cela, il peut avoir besoin de faire des analyses techniques et économiques.

Après avoir été écarté pendant plusieurs années en raison de sa complexité et de la

difficulté de réunir les données nécessai- res, le calcul du coût de revient est à nou- veau utilisé pour approfondir l’analyse des activités de l’exploitation agricole.

Cet article situe l’intérêt du calcul du coût de revient dans la gestion straté- gique. Après avoir introduit les défini- tions et les concepts nécessaires, il pré- sente une approche simplifiée du coût de revient développée par le SRVA.

Cette approche a été testée dans les ex- ploitations agricoles du réseau pilote du SRVA; les résultats obtenus concernant les coûts pour les principales activités (grandes cultures et production laitière) de ces exploitations font l’objet d’une présentation et d’une analyse critique, autant pour les résultats eux-mêmes que par rapport à l’approche utilisée.

Gestion stratégique et calcul du coût de revient

La gestion stratégique, une nécessité

Les changements des conditions-cadres politiques et économiques entourant l’agriculture sont rapides et nombreux et, le plus souvent, ne peuvent pas être influencés par le chef d’entreprise. L’in- certitude qui en résulte demande à ce dernier d’anticiper et de réfléchir à la stratégie de son entreprise à moyen et long terme, pour prendre au bon mo- ment les bonnes décisions. Dans une démarche de gestion stratégique, telle que la propose notamment Stratagerme (BARJOLLE et al., 2002), l’agriculteur réfléchit ses décisions sur le mode de l’anticipation permanente, à partir de ses buts, de ses affinités personnelles et des axes stratégiques. Ceux-ci corres- pondent aux activités de l’entreprise et aux options qui les caractérisent (par exemple le mode de production). Il s’agit de définir et de coordonner trois niveaux de décisions:

● stratégique, qui relève des orienta- tions à long terme;

● tactique, qui concerne les choix opé- rationnels de court à moyen terme;

● et courant, qui comprend les choix quotidiens d’organisation.

Concrètement, dans la mise en œuvre quotidienne de la stratégie, les décisions que le chef d’entreprise va prendre sont des choix concernant l’assolement, l’af- fouragement des animaux ou l’organisa- tion du travail, la politique d’emprunts et de remboursement, ainsi que le dé- veloppement de nouvelles activités. La maîtrise du pilotage de l’entreprise et

Analyse économique des activités d’une exploitation agricole par les coûts de revient

A. ZIMMERMANN et S. AUBERT BRÜHLMANN, Service romand de vulgarisation agricole, CH-1000 Lausanne 6 E-mail: a.zimmermann@srva.ch

Tél. (+41) 21 61 94 430.

@

Résumé

La situation économique des exploitations agricoles s’est détériorée ces dernières années. Dans le cadre d’une démarche de gestion stratégique, l’agriculteur peut être intéressé à mieux connaître le coût de revient des produits issus de son entreprise et ce qui le compose, pour développer son système de vigilance. Le Service romand de vulgarisation agricole (SRVA) a développé une approche du coût de revient simplifiée et l’a tes- tée dans les 32 exploitations de son réseau pilote. La méthode de calcul et les résultats obtenus dans ces exploitations sont présentés. Les coûts totaux et la marge qui rétribue le travail de la famille ainsi que les capi- taux propres investis dans l’exploitation ont été calculés pour les années 1997 à 2001. Comme les coûts ne diminuent pas et que la prestation baisse, la marge qui rétribue le travail de la famille et les capitaux propres investis dans l’exploitation s’est réduite de 20 à 30% selon les branches de production. Les coûts de structure représentent 60 à 70%

des coûts totaux des différentes activités. La rentabilité des produits est fortement liée à l’octroi des paiements directs. Dans certains cas, la prestation sans les paiements directs liés à la surface n’offre plus aucune rétribution pour le travail de la famille et les capitaux propres investis dans l’exploitation.

vulgarisation

SRVA

Service romand

de vulgarisation agricole Directrice: Dominique Barjolle www.srva.ch

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la réussite de la stratégie demandent de fixer des règles de décision; elles doi- vent être bâties sur une bonne connais- sance des processus et permettre de mesurer l’efficience (réalisation au moindre coût) et l’efficacité (réalisa- tion des buts) du système mis en place et des activités en particulier. A l’aide d’indicateurs adaptés, le chef d’entre- prise doit pouvoir rapidement détecter les problèmes et ajuster les choix tac- tiques, voire stratégiques au cas où les conditions-cadres liées au contexte ou à la famille se modifient et les remet- tent en question. Pour construire ses ta- bleaux de bord, il doit bien identifier les décisions à prendre et les conditions de leur remise en cause. Il peut s’agir d’indicateurs de vigilance pour la sur- veillance des conditions-cadres, mais aussi de critères propres à l’entreprise.

Des indicateurs de pilotage adaptés

Le résultat économique des activités de l’entreprise fait partie des indicateurs à suivre. La démarche classique est l’ana- lyse des marges brutes, analyse qui s’appuie principalement sur la compta- bilité. La mesure de l’efficience par ce résultat peut se révéler insuffisante, si l’objectif de l’analyse est de détecter et comprendre dans le détail l’influence, sur les prestations et les coûts, des pro- cessus choisis et des facteurs engagés pour la production, la transformation et la commercialisation du produit ou de la prestation de service. En effet, il peut être nécessaire, pour une surveillance économique adaptée, de suivre l’évolu- tion d’un facteur de production particu- lier et le coût qu’il engendre; lorsqu’il s’agit de négocier ou d’établir le prix d’un produit ou d’une prestation de ser- vice, l’entrepreneur peut être intéressé à connaître l’ensemble des coûts, y com- pris ceux liés à la structure nécessaire à sa réalisation et à sa commercialisation.

Pour obtenir de tels résultats et justifier leur choix comme indicateurs, il faut procéder à une analyse globale et dé- taillée de l’ensemble des coûts engen- drés, c’est-à-dire une approche des coûts de production ou des coûts de revient.

Le coût de revient:

concepts et définitions

Selon THOMMEN (1997), le calcul des prix (coûts) de revient consiste à déter- miner le coût des différentes prestations de l’entreprise (bien matériel, service, groupe ou série de produits). Il est axé sur les objets.

Dicovert (IGER, 1992) distingue coûts de production et coûts de revient. Le coût de production d’un bien est obtenu en additionnant:

● le coût d’acquisition des matières consommées pour produire ce bien;

● les coûts attribuables directement ou indirectement, que l’on peut raison- nablement rattacher à ce bien pour sa production.

Le coût de revient, quant à lui, corres- pond au coût complet d’un bien au stade final, y compris le coût de distri- bution.

Dans le langage courant, on utilise plus fréquemment l’expression coûts de pro- duction; mais celle-ci se rapporte en fait, dans la majeure partie des cas, à la notion de coûts de revient. Dans le ca- dre de la révision de la terminologie en économie rurale (PFEFFERLIet al., 2000), la notion de coût de revient est définie et sera dorénavant utilisée.

Concrètement, le coût de revient d’un produit ou d’une prestation de service est constitué de l’ensemble des coûts directement attribuables (y compris les mouvements internes et externes) et d’une partie des coûts de structure, dont la clé de répartition est ajustée par chaque utilisateur (ASIAT, 1993).

Même lorsque cette répartition est réa- lisée selon des critères clairement éta- blis, les coûts de revient ainsi obtenus ont une validité restreinte; ils ne sont valables que dans les conditions spéci- fiques à la base du calcul (PFEFFERLI, comm. pers., 1995). Par conséquent, il est important de savoir à quoi peut ser- vir le calcul du coût de revient; il peut remplir les fonctions suivantes:

● la fixation d’un prix de vente: le cal- cul du coût de revient peut être inté- ressant lorsque le produit concerné est nouveau et entre pour la première fois sur le marché; il sert de base à la détermination du prix de vente, pour autant que l’acheteur accepte de payer un prix couvrant les coûts de revient;

● l’approche de la rentabilité d’un pro- duit ou d’une prestation de service

pour évaluer les conséquences de sa réalisation dans la structure de l’en- treprise: cette approche peut être uti- lisée lors de choix d’activités con- currentes entre elles. La décision ne peut cependant s’appuyer sur le cal- cul du coût de revient moyen. Elle doit également être étayée par la re- cherche des différences engendrées par rapport à la situation actuelle, du point de vue de la prestation et des coûts, mais aussi des aspects tech- niques, d’organisation et des condi- tions du marché;

● le calcul de la valeur des moyens de production produits dans l’entreprise (par exemple les fourrages gros- siers);

● les comparaisons verticales ou hori- zontales comme instrument de ges- tion; de telles comparaisons néces- sitent de fixer des règles d’analyse et des normes chiffrées utilisées pour tous les résultats calculés, que ce soit pour comparer les résultats d’une entreprise d’une année à l’autre ou pour la comparaison entre des entre- prises. Cela est particulièrement im- portant lorsqu’il s’agit d’élaborer des références pour la défense profes- sionnelle. Dans ce cas, les procédu- res et les normes sont généralement issues de consensus interprofession- nels, à l’exemple de l’enquête raisin- vin qui calcule les frais de production en viticulture (DROZ et WIRTHNER, 2003).

Une approche simplifiée du coût de revient

Le calcul du coût de revient est com- plexe; il demande un travail de grande rigueur qui peut prendre beaucoup de temps. D’ailleurs, une approche globale (analyse comptable, approche plurian- nuelle des flux monétaires, etc.) peut satisfaire efficacement les attentes des agriculteurs en ce qui concerne la pla- nification et l’analyse globale de leur exploitation.

Tableau 1. Terminologie: approche de la marge nette d’une activité.

Vente des produits, modification des stocks, mouvements internes et externes + Paiements directs

= Prestation

– Coûts spécifiques = coûts totaux (coût de revient sans l’intérêt calculé – Coûts de structure des capitaux propres ni les prétentions de salaire)

= Marge disponible pour la rétribution du travail de la famille et des capitaux propres investis dans l’exploitation

– Intérêt calculé des capitaux propres – Prétentions de salaire de la famille

= Marge nette

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Pour répondre aux besoins d’analyse très détaillée des agriculteurs et de leurs conseillers spécialisés dans la produc- tion laitière, le SRVA a développé, de- puis plusieurs années, une méthodologie pour le calcul des coûts de production – coûts de revient – uniquement pour cette activité. Les résultats d’une enquête réalisée sur une centaine d’exploitations romandes ont été publiés (MONTELEONE, 1998). Rapidement, l’approche secto- rielle et la complexité de la méthodolo- gie ont été perçues comme des facteurs très limitants pour une utilisation cou- rante. C’est pourquoi une approche plus simple, qui englobe la totalité des acti- vités (branches de production), a été développée (ZIMMERMANN, 2001). Elle a pour objectifs:

● d’approcher le coût de revient de l’ensemble des produits issus des ac- tivités d’une exploitation agricole;

● d’analyser la structure des coûts;

● de déterminer la marge qui reste pour rémunérer le travail de la famille et les capitaux propres investis dans l’exploitation.

Concrètement, l’approche s’appuie sur les données comptables de l’exploita- tion agricole étudiée; elle se limite au calcul de la prestation et des coûts to- taux, soit le coût de revient sans l’inté- rêt calculé des capitaux propres ni la prétention de salaire (tabl. 1); en effet, l’évaluation de ces coûts calculés est difficile et très controversée. La marge nette par production n’est pas calculée pour ces mêmes raisons.

Cette approche est destinée à l’appré- ciation individuelle; elle doit permettre de déterminer des marges de progrès dans le conseil agricole individuel. Elle vise principalement à sensibiliser les agriculteurs à l’importance des diffé- rents coûts liés à l’exploitation agricole et permet de suivre l’évolution des coûts et des prestations sur la durée. Ces ré- sultats peuvent également servir de base pour l’animation de séances de groupe.

Méthodologie de calcul

L’objectif est de répartir l’entier des coûts sur toutes les activités de l’ex- ploitation. Les coûts spécifiques sont repris directement de la comptabilité, tandis que quatre clés de répartition sont utilisées pour attribuer les coûts de structure (tabl. 2):

● la surface pour le fermage et les amélioration foncières;

● les heures de traction (force de trac- tion en heure = FTh) pour les coûts de machines;

● les heures de travail (main-d’œuvre en heure = MOh) pour le coût de la main-d’œuvre;

● l’importance de la prestation de la branche de production par rapport à la prestation totale ou une estimation spécifique à l’exploitation pour les frais généraux, le coût des bâtiments et l’intérêt des capitaux propres et étrangers.

Les données concernant les surfaces et la prestation totale des activités sont di- rectement disponibles (fiches PER ou comptabilité). Les heures de traction et de travail sont calculées dans un pre- mier temps à l’aide de normes définies par la Station de recherche en écono- mie et technologie agricoles de Tänikon (FAT) dans le budget de travail. Le total de toutes les activités est ensuite comparé au total réel de l’exploitation.

Enfin, les heures de traction et de tra- vail totales réalisées sur l’exploitation sont adaptées individuellement, en dis- cussion avec l’agriculteur.

La différence entre la prestation par acti- vité calculée à partir de la comptabilité et les coûts totaux (coûts spécifiques et de structure) détermine la marge pour rémunérer le travail de la famille et les capitaux propres investis dans l’exploi- tation (tabl. 1).

Les résultats de l’activité (branche de pro- duction) peuvent être déclinés en fr./ha, fr./dt produit ou en fr./heure de travail de la famille en fonction du besoin d’analyse.

Ainsi, un exploitant qui développe une activité para-agricole pourra être intéressé à connaître la marge par heure de travail de la famille pour chaque activité de l’exploitation. D’autres exploitants désireront comparer les résultats en fonction de la surface pour optimiser leur assolement ou leurs procédés culturaux. Une comparaison des coûts au prix de vente nécessitera de con- naître les résultats par unité produite.

Approche des coûts de revient

dans les exploitations du réseau pilote

Le réseau pilote

des exploitations suivies par le SRVA

Depuis plus de quinze ans, des exploi- tations agricoles sont suivies par le SRVA en collaboration avec les ser- vices cantonaux de vulgarisation et la Station fédérale de recherches en pro- duction végétale de Changins (RAC).

Ce réseau est actuellement composé de 40 exploitations réparties dans toute la Suisse romande et au Tessin (fig. 1). Il se veut un lieu d’échanges entre agri- culteurs, conseillers et chercheurs. Un suivi à long terme des pratiques agri- coles, des résultats économiques ainsi

Tableau 2. Clés de répartition des coûts sur les activités (branches de production) d’une exploitation agricole.

Répartition selon... Origine de la clé de répartition

Coûts spécifiques Comptabilité Comptabilité

Coûts machines Heures de traction Budget de travail FAT Coûts bâtiments

Intérêts des capitaux Prestation (importance) Comptabilité propres et étrangers ou estimation ou agriculteur Frais généraux

Fermage et améliorations Surface Fiches PER foncières

Main-d’œuvre Heures de travail Budget de travail FAT

Fig. 1. Positionnement géographique des exploitations qui participent au réseau pilo- te SRVA de la Suisse romande et du Tessin.

Jura

Fribourg Vaud

Valais Genève

Neuchâtel

Tessin

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que des structures d’exploitations est réalisé (MAGNOLLAY, 1997-2000; ZIM-

MERMANN, 2001; 2002; 2003). Les dif- férentes activités développées dans ce réseau illustrent la complexité de l’agriculture et les multiples contraintes auxquelles les familles paysannes sont soumises.

Actuellement, les agriculteurs mettent à disposition:

● les informations sur les pratiques culturales (carnet des champs, car- net des prés);

● le bilan de fumure (fiches PER);

● la comptabilité (Agro-Twin);

● divers relevés techniques.

Résultats

Les coûts totaux

des principales activités

Les coûts totaux ont été calculés à par- tir des données comptables pour chaque activité de 32 exploitations du réseau pilote du SRVA. La mise en valeur porte sur les années 1997 à 2001, ce qui permet de suivre l’évolution des ré- sultats économiques des activités de ces exploitations.

Le tableau 3 présente les résultats des principales activités des exploitations pour l’année 2001. Les productions vé- gétales peuvent être scindées en deux catégories: la production de céréales et d’oléagineux engendre nettement moins de coûts (3000 à 3600 fr./ha) que les betteraves sucrières ou les pommes de terre (6700 et 12 000 fr./ha). La produc- tion de 7080 kg de lait par ha de sur- face fourragère coûte 6555 fr. (moyenne de 16 exploitations qui produisent du lait).

Pour affiner l’analyse, les coûts totaux ont été répartis en trois catégories: les coûts spécifiques, les coûts des ma- chines et les autres coûts de structure.

Pour les céréales panifiables par exem- ple, le coût total moyen de 3600 fr./ha est réparti de la manière suivante: coûts spécifiques 1100 fr., coûts machines 1200 fr. et autres coûts de structure 1300 fr. Plus des deux tiers des coûts sont ainsi liés aux structures. Si l’on con- sidère la variation des coûts constatée entre les exploitations pilotes qui pro- duisent des céréales panifiables (fig. 2), il existe une différence d’environ 700 fr./ha entre les quartiles inférieur (3100 fr./ha) et supérieur (3800 fr./ha). Au prix du blé de 57 fr./dt (2001), cette diffé- rence correspond à la vente de 12 dt/ha, et ainsi à la prestation de 20% du ren- dement total moyen (58 dt/ha).

Les différences de coûts engendrés par la production de céréales fourragères, d’oléagineux et de betteraves sucrières sont du même ordre que celles obtenues dans les céréales panifiables (moins de 1000 fr./ha de différence entre les quar- tiles). En revanche, la différence de coûts entre le quartile supérieur et le quartile inférieur peut varier jusqu’à 2000 fr./ha pour les pommes de terre et 4000 fr./ha pour la production laitière. Pour cette dernière, il faut remarquer que la pro- duction de lait varie aussi de 4000 à 12 600 kg/ha, en raison des fortes dif- férences de potentiel de production de la surface fourragère.

Selon les résultats calculés, les coûts totaux des principales productions végé- tales ne varient pas entre 1997 et 2001.

Ainsi, les céréales sont produites à en- viron 65 fr./dt, le coût moyen des oléa-

Tableau 3. Moyenne des coûts et des prestations des principales productions de 32 exploitations du réseau pilote SRVA (année 2001; en fr./ha).

Coûts machine y c. amortissements + coûts des travaux par des tiers.

Coûts bâtiments, intérêts des dettes, frais généraux, fermage, main-d’œuvre salariée.

Rétribution du travail et des capitaux propres fournis par la famille.

Marge + coût de la main-d’œuvre salariée – Intérêts calculés des capitaux propres (à 3%).

Céréales Céréales

Oléagineux Betteraves Pommes Production

panifiables fourragères sucrières de terre laitière

Nombre d’exploitations 20 16 11 8 7 16

Quantité (dt produits/ha) 58 55 27 636 345 70,8

Travail (heures/ha) 45 42 40 123 269 200

Coûts spécifiques 1075 786 1081 1639 4328 2149

Coûts machines 1167 1161 1129 3023 3695 1641

Autres coûts de structure 1360 1017 1141 2004 3820 2765

Coûts totaux 3602 2964 3351 6666 11 843 6555

Prestation sans paiements directs 3577 2870 3754 8874 13 842 6611

Paiements directs 1546 1573 1560 1545 1559 1956

Prestation totale 5123 4443 5314 10 419 15 401 8567

Marge 1521 1479 1963 3753 3558 2012

Rétribution du travail 1307 1322 1723 3503 3669 2236

Fig. 2. Coûts totaux des principales productions des exploitations du réseau pilote SRVA.

Indication du minimum, du maximum, des quartiles inférieur et supérieur et de la moyenne (année 2001).

0 2000 4000 6000 0 8000 10 000 12 000 14 000

Céréales panifiables

Céréales fourragères

Oléagineux Betteraves sucrières

Pommes de terre

Production laitière

Fr./ha

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gineux est de 120 fr./dt et celui des pommes de terre et des betteraves su- crières de respectivement 37 et 13 fr./dt (fig. 3). La fluctuation des rendements physiques d’une année à l’autre engen- dre des variations des coûts par déci- tonne pour les céréales et les oléagi- neux. Ces coûts ne contiennent pas la rémunération du travail de la famille et des capitaux propres investis dans l’ex- ploitation.

Pour l’année 2001, les coûts totaux des céréales et de la production laitière cor- respondent à la prestation obtenue, sans les paiements directs (tabl. 3); par con- séquent, le revenu de l’exploitant pour ces productions est équivalent au mon- tant des paiements directs à la surface.

Pour les autres productions, la presta- tion (sans les paiements directs) permet encore de rémunérer une part du travail de la famille et des capitaux propres investis dans l’exploitation.

La prestation et les marges Selon les chiffres de l’année 2001 (tabl. 3), le montant de la prestation est très différent d’une production à l’autre.

Pour les céréales, les oléagineux et la production laitière, il reste en moyenne une marge de 1500 à 2000 fr./ha pour rémunérer le travail fourni par la famille et les capitaux propres investis dans l’exploitation. Les pommes de terre et les betteraves sucrières (fig. 4) déga- gent environ 3500 fr./ha. Comme indi- qué dans le tableau 1, les paiements di-

rects sont inclus dans le calcul de cette marge. Ces chiffres moyens cachent de grandes différences entre les exploita- tions, en particulier pour les pommes de terre, les betteraves sucrières et la production laitière.

La production laitière génère une marge semblable à celle des céréales. Mais, comme elle nécessite quatre fois plus de main-d’œuvre (45 heures/ha pour le blé et 200 heures/ha pour la production laitière), cela peut paraître faible. Une partie de ce résultat moindre peut être expliquée par le fait que cette marge est générée sur des surfaces moins produc- tives, car certaines exploitations laitières se trouvent en zone de montagne II.

L’évolution des résultats économiques sur cinq ans (1997 à 2001) des branches de production des 32 exploitations du réseau pilote SRVA montre que les coûts sont stables, mais que les presta- tions baissent. Cela engendre une baisse de la marge disponible pour rémunérer le travail fourni par la famille et les ca- pitaux propres investis dans l’exploita- tion. La marge des céréales panifiables a baissé de 700 fr./ha en cinq ans (fig. 5);

cela est principalement dû à la baisse du prix du blé; en effet, le prix du blé classe I est passé de 75 à 57 fr./dt. La contribution supplémentaire pour terres ouvertes, dès 2001, ne permet pas d’en- rayer cette érosion de la prestation pro- venant de la vente. La stabilité des coûts (coûts spécifiques 1000 fr./ha et coûts de structure 2500 fr./ha pour les céréales panifiables) indique une faible marge de manœuvre pour préserver la marge de l’agriculteur en diminuant les coûts.

Le temps de travail nécessaire à chaque culture a été calculé sur la base des

normes du budget de travail FAT, avec des adaptations spécifiques à l’exploi- tation. Des différences dans le mode de rétribution de la main-d’œuvre fami- liale rendent difficile l’approche objec- tive et la comparaison de la rétribution du travail de la famille entre les exploi- tations ou les activités; cependant, une approche de la marge restant pour rétri- buer le travail total (familial et salarié) est réalisée de la manière suivante: la marge disponible pour rémunérer le tra- vail fourni par la famille et les capitaux propres investis dans l’exploitation est cumulée aux coûts de la main-d’œuvre salariée et est diminuée de l’intérêt des capitaux propres (fixé ici à 3%); ce total est ensuite divisé par les heures de travail totales nécessaires à l’activité.

Fig. 3. Evolution des coûts totaux des prin- cipales productions des exploitations du ré- seau pilote SRVA entre 1997 et 2001 (fr./dt produit).

0 20 40 60 80 100 120 140 160

1997 1998 1999 2000 2001 Oléagineux

Production laitière Céréales panifiables

Céréales fourragères Pommes de terre Betteraves sucrières

Fr./dt produit

Fig. 4. Marge disponible pour rémunérer le travail fourni par la famille et les capitaux propres investis dans l’exploitation des principales productions des 32 exploitations du ré- seau pilote SRVA. Indication du minimum, du maximum, des quartiles inférieur et supérieur et de la moyenne (année 2001).

(Marge = prestation y c. paiements directs –coûts spécifiques –coûts de structure.)

-2000 0 2000 4000 6000 8000

Céréales panifiables

Céréales fourragères

Oléagineux Betteraves sucrières

Pommes de terre

Production laitière

Fr./ha

Fig. 5. Evolution de la marge disponible pour rémunérer le travail fourni par la fa- mille et les capitaux propres investis dans l’exploitation pour les céréales panifiables entre 1997 et 2001 des exploitations du ré- seau pilote SRVA (fr./ha).

0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000

1997 1998 1999 2000 2001

Prestation totale

Marge après coûts spécifiques Marge

Fr./ha

(6)

Cela permet d’isoler la marge pour ré- tribuer le travail total (familial et sala- rié) réalisé sur l’exploitation.

Les résultats sont très variables selon les activités et les années. Les rende- ments physiques ont une grande in- fluence sur la marge obtenue pour les branches de production; la marge res- tant pour rétribuer le travail total (fami- lial et salarié), exprimé en MOh, est sta- bilisée pour les pommes de terre et les betteraves sucrières, voire légèrement augmentée par des bons rendements en fin de période (en moyenne 10 fr./MOh pour les pommes de terre et 28 fr./MOh pour les betteraves sucrières). La renta- bilité de la production laitière stagne à 11 fr./MOh (fig. 6) entre 1997 et 2001.

Dans cette activité, les différences en- tre exploitations sont très importantes.

Ainsi, certaines exploitations ont un ré- sultat de 2 fr./MOh, tandis que d’autres dégagent 23 fr./MOh. Ces différences sont principalement dues à l’organisa- tion du travail, à la structure des coûts de l’exploitation et à l’intensité de pro- duction à la surface. La rentabilité en travail des productions extensives dimi- nue fortement; la marge restant pour rétribuer le travail total (familial et sa- larié) par heure des oléagineux passe ainsi de 53 à 43 fr./MOh entre 1997 et 2001. Les céréales subissent des varia- tions semblables puisque, en 2001, cette marge se situe à 30 fr./MOh. Ces ré- sultats moyens cachent cependant de grandes différences entre les exploita- tions.

Discussion

La méthode développée par le SRVA a pu être testée avec succès auprès des exploitations du réseau pilote du SRVA.

Les résultats obtenus sont parlants pour les agriculteurs, dans la mesure où la méthode utilisée est simple et que le ré- sultat final permet d’évaluer la marge qui reste au producteur pour la rémuné- ration de son travail et de ses capitaux.

Bien que les résultats calculés en fr./ha soient les plus utiles pour la gestion des exploitations, des compléments calcu- lés sur la base des heures de travail (fr./MOh) ou des quantités produites (fr./dt) sont indispensables.

Les résultats ainsi calculés sont intéres- sants pour la discussion individuelle et la comparaison en groupe pour autant qu’on définisse avec soin les limites d’utilisation de la méthode.

Le calcul du coût de revient est une méthode qui vient appuyer la compta- bilité, lorsque le chef d’entreprise dé- sire approfondir l’analyse d’une ou de plusieurs activités de son exploitation pour mieux maîtriser le fonctionnement et le contrôle des coûts. L’utilisation de normes et de conventions pour la répar- tition peut conduire à de fausses inter- prétations; des contraintes techniques (comme les prestations écologiques requises) peuvent notamment contre- balancer l’argument économique. Le risque de prendre de mauvaises déci- sions en considérant la seule approche économique du coût de revient est aug- menté (PFEFFERLI, 1995).

Au sein d’un groupe, la comparaison des résultats individuels sensibilise les agriculteurs au calcul du coût de revient et motive une réflexion approfondie sur les activités de l’exploitation et les sys- tèmes de production. Il est ainsi néces- saire de comprendre les grandes diffé- rences entre les exploitations. Celles-ci peuvent, entre autres, être expliquées par des pratiques particulières ou par des stratégies d’investissement propres à chaque exploitant. Il faut aussi relever que, même si les moyennes calculées ne sont pas utilisables comme réfé- rences de planification, elles fournis- sent néanmoins plusieurs éléments in- téressants individuellement. De même, la méthode n’a pas non plus été déve- loppée pour faire de la défense des in- térêts des producteurs dans des négocia- tions de prix.

Concernant la réalisation pratique, il est préférable, dans l’objectif de simplifier le travail pour le calcul, de disposer d’une comptabilité avec la répartition des coûts spécifiques et des prestations en fonction des différentes activités d’une exploitation (marges brutes par

activité). Le calcul nécessite aussi une discussion avec l’agriculteur.

Cette approche simplifiée des coûts de revient et de la marge disponible pour rémunérer le travail fourni par la famille et les capitaux propres investis dans l’exploitation est mise à la disposition des conseillers agricoles dans l’outil d’analyse de l’exploitation agricole développé au SRVA (GETEXP). Pour l’instant, «GETEXP» est limité au cal- cul relatif à la production laitière. Plu- sieurs activités de groupe ont déjà réuni des éleveurs de divers cantons autour de la thématique de la rationalisation de la production laitière.

Conclusions

❏ Dans le contexte économique ac- tuel, il est important de gérer son exploitation selon une stratégie bien établie, permettant à tout mo- ment de prendre des décisions en connaissance de cause pour ajus- ter voire modifier sa trajectoire.

L’approche du coût de revient pour certaines activités contribue à une meilleure maîtrise des sys- tèmes de production et conforte la vigilance. Cette analyse détaillée est un moyen de détecter les poten- tiels d’amélioration des résultats économiques des productions de l’exploitation.

❏ Les résultats calculés dans le ca- dre des activités du réseau pilote des exploitations ne peuvent pas être utilisés comme référence, mais ils permettent de dégager des tendances.

❏ Le coût de revient (ici approché par le biais des coûts totaux) des activités agricoles n’a pas diminué entre 1997 et 2001 et la part des coûts de structure reste très élevée.

Ces derniers représentent, pour la plupart des productions, 60 à 70%

des coûts totaux. Des écarts im- portants existent entre les exploi- tations.

❏ La baisse des prix à la production a entraîné une chute de 20 à 30%

de la marge disponible pour rému- nérer le travail fourni par la famille et les capitaux propres investis dans l’exploitation.

❏ Des outils informatiques sont dis- ponibles et des activités de groupe sont prévues dans les différents cantons romands par les services de vulgarisation.

Fig. 6. Evolution de la marge disponible pour rétribuer le travail total (familial et sa- larié) des productions des exploitations du réseau pilote SRVA (fr./MOh).

0 10 20 30 40 50 60

1997 1998 1999 2000 2001 Céréales

panifiables Oléagineux Céréales fourragères

Betteraves sucrières Pommes de terre Production laitière

Fr./MOh

(7)

Bibliographie

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ZIMMERMANNA. 2003. Réseau d’exploitations pilotes du SRVA: résultats 2003. SRVA, Lausanne, 35 p.

Summary

Economic analysis of farms activities based on the running costs

The economic situation of farms in Switzerland has deterio- rated during the past years.

In the frame of a strategic management approach, the farmer can be interested in an improved knowledge of the running costs of products obtained on his farm, as well as what com- poses this costs, in order to develop his vigilance system.

The Service romand de vulgarisation agricole (SRVA) has developed a simplified approach of the running costs and has tested it in 32 farms of its pilot network. The methodology and the results gained on these farms are presented in this article.

The real cost of production and the margin which pay for the labor and capital of the farming family have been calculated for the 32 farms during the years 1997 to 2001. As the real costs of production do not decrease whilst the price of pro- ducts and other incomes decreases, the margins to pay the work and the capital of the family has decreased by 20 to 30% depending of the productions. The structural costs re- present 60 to 70% of the real costs of the different activities.

The profitability of the different productions is strongly linked to direct payments. In some cases, without direct payments linked to the surfaces, the income cannot pay the work and the own capital invested by the family anymore.

Key words: running costs, farm result, economic analysis, profitability, pilot farms.

Zusammenfassung

Wirtschaftlichkeitsanalyse der Betriebszweige mit der Kostenträgerrechnung

In den letzten Jahren hat sich die Lage der Landwirtschafts- betriebe verschlechtert. Im Rahmen einer strategischen Be- triebsführung kann der Landwirt ein Interesse haben, die Selbstkosten der Produkte zu kennen, die auf seinem Betrieb produziert werden, um sein Betriebsüberwachungssystem zu entwickeln. Der Service romand de vulgarisation agricole (SRVA) hat eine vereinfachte Methode der Kostenträgerrech- nung entwickelt und auf 32 Betrieben seines Pilotbetriebs- netzes getestet. Die Berechnungsmethode und die Resultate werden vorgestellt. Auf diesen Betrieben wurden die Selbst- kosten aller Betriebszweige und die Marge zur Abgeltung der Arbeit der Familie und des Eigenkapitals für die Jahre 1997 bis 2001 gerechnet. Da die Kosten stabil bleiben und der Erlös sinkt, hat sich die Marge für die Entschädigung der Arbeit und des investierten Eigenkapitals der Betriebsleiterfa- milie je nach Betriebszweig um 20 bis 30% verschlechtert.

Die Strukturkosten machen 60 bis 70% der Gesamtkosten der verschiedenen Produkte aus. Die Wirtschaftlichkeit der Be- triebszweige ist stark von den Direktzahlungen abhängig. In gewissen Fällen, ohne Flächenbeiträge, kann der Erlös aus den Produkten die Arbeit und das investierte Kapital der Betriebsleiterfamilie nicht mehr entlöhnen.

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