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Voyons pour commencer le domaine phonetique et phonologique : en arabe andalou comme dans l'ensemble dialectal maghrebin actuel, les 4 consonnes classiques

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ARABE MAGHREBIN ET AR/,BE ANDALOU: REMARQUES DIACHRONIQUES

Par Jacques Grand'Henry, Louvain

On a remarque depuis longtemps les similitudes qui existent entre l'ara¬

be parle aujourd'hui dans le Maroc septentrional citadin et l'arabe parle

andalou tel qu'il nous est atteste dans des doeuments litteraires, historiques

et religieux qui s'echelonnent principälement entre le XI® et le XVI® siecle

chretien. Parmi les faits essentiels, citons notamment I'usage du pronom

dl qui est peut-etre d'origine yemenite, mais qui a probablement subi un croi-

sement morphonologique avec la particule d- berbere, et aussi l'emploi d'un

preverbe de type ka- qu'il faut rattacher ä un ancien auxiliaire kän . De tels

faits pourraient conduire a la conclusion qu'il existait un groupe dialectal

mozarabe homogene s'etendant du nord-marocain aux frontieres septentrio-

nales de l'Espagne musulmane jusqu'au debut du XVI® siecle, c'est-a-dire

au moment oü la Reconquete chretienne s'acheve et oü les Mozarabes fuient

vers l'Afrique du Nord. Le present travail a pour but d'une part d' examiner

plus en detail les faits qui permettraient de supposer l'existence d'un tel

groupe dialectal mozarabe dont les traces subsisteraient dans les parlers

citadins du Maroc actuel, et d'autre part d'etudier les rapports entre ce

groupe mozarabe hypothetique et l'ensemble dialectal maghrebin tel que nous

le connaissons aujourd'hui et qui, rappelons-le, s'etend approximativement

du Maroc atlantique ä la frontiere egyptienne.

Voyons pour commencer le domaine phonetique et phonologique : en arabe

andalou comme dans l'ensemble dialectal maghrebin actuel, les 4 consonnes

classiques ^ , -' , et -t correspondent ä trois consonnes distinctes,

occlusives ou interdentales, selon les dialectes envisages: j/t, d/d, g/d. De

plus, ä l'interieur meme de chaque dialecte particulier, on a la plupart du

temps des phonemes interdentaux et des variantes occlusives correspondantes

ou au contraire, des phonemes dentaux occlusifs et des variantes interdentales

correspondantes. P.ex. ä Valencia, on a dunübene "nos peches" et kedeb "il

a menti" pour ka^aba classique. Dans ce cas, ^ interdental est phoneme au¬

tonome et d occlusif est Variante non conditionnee. Chez Ibn Quzmän, au XII®

siecle dejä, on trouve däba "maintenant" et la Variante däb .

Sur Ie plan vocalique, la situation paraft beaucoup plus complexe. On peut

la resumer en disant que le Systeme vocalique classique y est presque en¬

tierement detruit, et ceci pour plusieurs raisons:

- d'anciennes voyelles longues sont abregees: class, qi^ä^ "argent" > and.

qata^ ;

- d'anciennes voyelles breves sont allongees: class, qunfut "herisson" > and.

qunfut qui correspond ä ar. magh. genfüd ;

- le timbre des voyelles, surtout breves, subit de fortes alterations dues ä

l'influence du voisinage consonantique: class. °ind "chez" > and. °and

comme en arabe maghrebin; class, rub "esprit" > and. röh comme en

arabe maghrebin;

(2)

- le timbre des voyelles subit des alterations dues au phenomene d'harmonie

vocalique :

class, mibrad "lime" > and. mabrad comme en arabe maghrebin;

class. ' aqülu "je dis" > and. nuqül ; class. ' uridu "je veux" > and. nirid etc.

- de nouvelles voyelles breves apparaissent lä oü l'arabe class, avait un

sukün :

class, qagr "chateau" > and. qagar ; class, qabr "tombeau" > and. qabar .

Colin a montre que ces nouvelles voyelles sont disjonctives et on doit sans

doute penser qu'elles marquent, en liaison etroite avec un deplacement d' ac¬

cent, une etape importante dans le passage des schemes class. C^CC aux

schemes dialectaux CC^C : on pourrait ainsi reconstituer le passage historique

ar. class qägr > * qägar )> ar. and. qagar > ar. magh qgar , et on aurait ainsi

une explication, au moins partielle, au phenomene maghrebin de la chute

des anciennes voyelles breves en syllabe ouverte: elle aurait ete facilitee par

le deplacement de l'accent sur la nouvelle voyelle disjonctive. II devient des

lors moins necessaire de faire appel ä 1' explication par l'influence du Sub¬

strat berbere, celui-ci possedant aussi des schemes CC^C. On connaft trop

peu I'histoire du berbere pour assurer que ces schemes n'ont pas ete eux-

memes influences par l'arabe.

Un autre fait capital qui bouleverse l'economie vocalique de l'arabe class,

est l'apparition de la voyelle e, probablement de timbre neutre /a/, en arabe

andalou. L'etude des dialectes modernes du Maghreb citadin a mis en evidence

une tendance ä ramener 1' ancienne opposition vocalique ternaire de 1' arabe

class, (a : i_ : u) ä une opposition binaire (u : a) dans quelques parlers fort

archaiques (p. ex. Casablanca, Tanger, Tunis, Cherchell). Cela signifie done

que Ies voyelles class, a et i_se sont confondues en une voyelle unique de tim¬

bre neutre a .

Les dialectes arabes andalous que nous connaissons sont aussi des dialec¬

tes citadins: ce sont ceux de Granada et de Valencia sur lesquels nous posse-

dons les informations Ies plus etendues. Or on constate d'une maniere tout ä

fait frappante que la meme tendance s'y retrouve:

1. class. i_> and. e:

class, min (preposition) > and. men;

class, tarsilu "tu envoies" ^ and. tarsel .

E. class, a y sind, e:

class, yaljfad > ya^ifed "il conserve";

class, sam awät > cemehuet "cieux".

3. class, u reste u en andalou:

class. Iä taqtul > and. le teqtul "tu ne tueras pas";

class, lä tatikum > and. le tatikum "tu ne jugeras pas".

En morphologie , les faits essentiels sont les suivants:

- la preformante de la 1® pers. sg. de 1' imparfait est en et la desinence

de la 1® pers. pl. en ceci dejä chez Ibn Guzmän au XII® s. ehr. P. ex.

namüt "je meurs" - namütu "nous mourrons".

On sait qu' il s' agit de la caracteristique la plus generale et la plus typique

qui se retrouve dans l'ensemble des parlers maghrebins par opposition aux

parlers orientaux et ä l'arabe classique qui ont:

' amüt (u) "je meurs" - namüt (u) "nous mourrons".

(3)

Dejä chez Ibn Cuzmän, les deux types de flexion classique du verbe defec- tueux: baqiya , baqltu "il est reste, je suis reste" et mala , masaytu "il a

marche, j'ai marche" sont ramenes ä une flexion unique baqä , baqayt , masä .

masayt . II en va de meme en arabe maghrebin actuel.

La distinction entre la 2e p.s.m. et la 2® p.s.f. dans les verbes semble

avoir disparu completement au moins ä partir du XV® s. en arabe and. Al-

cala p.ex. cite le paradigme suivant pour le dialecte de Granada: niljibb ,

titiTbb , yhibb "j'aime, tu aimes, il aime"; tiabSbt , Ijabfebt , ljab§b "j'ai aime,

tu as aime, 11 a aime". 11 apparait done que les voyelles desinentielles clas¬

siques caracteristiques du genre ä la 2® pers. (-u, - Tna ä l'impft, -a, -i_ au

pft) ont disparu comme dans les parlers actuels de la plupart des villes du

Maghreb.

Alors que Ie moyen-arabe oriental ne nous est connu qu'indirectement par

des doeuments chretiens et juifs oü il est difficile de faire Ia part des resti¬

tutions classiques, l'etude du Systeme verbal-nominal, des pronoms et des

particules de l'arabe andalou nous permet de saisir directement un etat inter-

mediaire de l'evolution qui a conduit ä l'arabe parle moderne.

Si l'on considere d'abord les verbes sains, on constate que 1' alteration des

alternances vocaliques (apophonie) qui opposaient notamment le parfait ä 1'

imparfait est dejä profonde chez Ibn Quzmän. La tendance phonologique sig¬

nalee plus haut, ä savoir la confusion des class, /a/et /i/brefs en une seule

voyelle de timbre neutre /o/, alors que le /u/ tend ä se maintenir, a donne

des schemes dialectaux typiques, notamment ä la 1® forme ou l'on peut dis¬

tinguer deux types d'alternances (chez Alcala, dans son Arte para ligera -

mente saber la lengua arauiga ) :

1. Un type pft CaCaC : /qatal / <^ class, qatala "il a tue",

impft yaCCuC : /yaqtul / < class, yaqtulu "il tuera".

2. Un type pft CeCeC : /qadar / < class, qadara "il a pu",

impft yeCCeC : /yaqdar / < class, yaqdiru "il pourra".

Le phenomene d'harmonie vocalique contribue lui aussi ä modifier les al¬

ternances class., p. ex. ä 1' imperatif : aftjar "glorifie-toi" au lieu de class.

'ifbar .

Le voisinage consonantique determine parfois le timbre des voyelles:

/nablat / "je melange" < class. ' ajjlitu .

Dans les verbes concaves et sourds, il y a presque toujours harmonie

vocalique entre le timbre de la voyelle de la preformante et celui de la voy¬

elle thematique:

/tugüm / "tu jeunes", /yukün / "il est", /_tibT£/ "tu vends", /ti^ibb/ "tu aimes", /yurudd / "11 rend".

En ce qui concerne les verbes assimiles, le type class, wagi^a , yawga'"^u

"souffrir", avec premiere consonne radicale faible qui se maintient ä 1' im¬

parfait, et qui s'appliquait ä un petit nombre de verbes, s'applique chez

/.Icala ä tous les verbes assimiles: on aura done /yawgil / "il joint" au lieu

de class, yagilu . Ce phenomene s'est generalise en arabe maghrebin.

Pour les formes derivees, il faut tout d' abord noter le phenomene tres

important qui affecte Ia 4® forme: 1' alternance u-i class, de l'impft ne se

maintient plus. Elle devient la plupart du temps a-i et par consequent la 4®

forme ne se distingue plus formellement de la 1®: p.ex. class. ' uSfiqu "j'ai

pitie de" > and. /nasfiq /. Dejä chez Ibn Quzmän, on a /yankirü / "ils le de-

sapprouvent" pour class. yunkirOhu.

(4)

Dans les autres formes derivees, les schemes class, sont profondement

remanies :

2© f. class. fa'^'^ala, yufa'^®ilu > and. fe^Cel, yifeCCel

3® f. class. fä'^ala, yufä'^ilu > and. fä^al. yafä'^al

5© f. class. tafa'^Oaia, yatafa^^alu > and. etfeCCel, yetfeC°el

6® f. class. tafä^ala, yatafädalu > and. atfä^al, yatfä^al

7® f. class. 'infa^ala, yanfa^ilu > and. enfe'^el, yenfe^el

8^ f. class. 'ifta'^ala, yafta'^ilu > and. efte'^el, yefteCel

10® f. class. ' istaf*-^ala, yastaf"~^ilu > and. staf^al, yastaf'^al

Les schemes andalous se retrouvent sous une forme identique en arabe magh¬

rebin, compte tenu de la chute totale des voyelles breves en syllabe ouverte

non finale, qui est un phenomene recent, qu'on peut situer sans doute au XVll©

ou XVlll® siecle chr. : on aura done en arabe maghrebin nf£el_ au lieu de and.

enfe'-^el etc.

11 faut encore ajouter que, deja chez Ibn Quzmän, un entourage consonan¬

tique posterieur, c'est-a-dire velaire, pharyngal, laryngal ou emphatique

peut modifier la structure vocalique d'un scheme donne. Ainsi peut-on expli¬

quer des formes comme na^tajna^. "je rassemble", ' anqata^ "il est coupe".

Quand on etudie le systeme nominal de l'arabe andalou, on constate que,

deja chez Ibn Cuzmän, les voyelles classiques de flexion des noms determi¬

nes ( -U. -i. -a ) disparaissent completement: les seules traces qui subsis¬

tent sont des pseudo-corrections, selon 1' heureuse expression de Joshua

Blau, c'est-ä-dire des tentatives infructueuses de donner un style "classique"

ä certains termes en leur restituant une voyelle de flexion arbitraire: p.ex.

dans min ba^ijukum "de quelques-uns d'entre vous", mita Rabbuna "de Notre

Seigneur" chez Alcala.

Pour les noms indetermines, on trouve chez Ibn Quzmän une voyelle de

flexion unique en -an pour les class, -un, -in. -an . S'agit-il lä d'un pro¬

cessus de fusion qui a ete reellement vivant dans I'usage parle, ou bien sim¬

plement encore d'une pseudo-correction litteraire? Les documents sont peu

explicites ä ce sujet. II est sür en tout cas que trois siecles plus tard, chez

Alcala, on ne trouve plus aucune trace des voyelles de flexion des noms inde¬

termines si ce n'est dans des expressions stereotypees qui sont manifeste¬

ment des restitutions classiques: p. ex. dans /^ale kulli Seyn qädor / "Tout-

Puissant" (en parlant de Dieu).

11 est permis de penser que l'emploi de la nunation n'a pas disparu brus-

quement dans l'Empire Arabe et, si nous nous referons aux travaux de Johann

Fück, nous devons bien admettre avec lui que c'est sans doute dans la langue

des arabises (comme Ies berberes d'Afrique du Nord et d'Andalousie) et des

non musulmans (chretiens et juifs) que les alterations les plus profondes et

Ies plus rapides du Systeme grammatical ont dü se produire. Nous pouvons

supposer qu'ä un certain niveau d' evolution de la langue, incorrections et

pseudo-corrections se confondent: le Systeme de desinences de cas ne dis-

paraft que graduellement. 11 commence par se simplifier avant de s'eteindre

totalement.

En arabe andalou, quelques indices donnent ä penser que la chute des mor¬

phemes finaux du Systeme nominal classique ne s'est pas operee sans transi¬

tions: chez Alcala p.ex., quand un nom feminin est suivi d'un adjectif epithete,

le tä marbüta figure toujours dans la transcription, ce qui permet de supposer

qu'il etait toujours prononce dans ce cas.

(5)

Ex. : / yä soltänat ar-raljma / "O Reine de Misericorde", / al-hayät ad-dayma / "la vie eternelle",

/ al-niyyat al-gayd / "la bonne intention".

Dans les schemes nominaux du singulier, on retrouve aussi en arabe anda¬

lou les traces d'une phase de transition dans l'evolution des schemes, sui¬

vant le modele: class, bägl "mulet"> * bägaQ and. bagal > magh. bgäl .

Pour le duel, on peut dejä noter chez Ibn Quzmän Ia contraction de la diph-

tongue originelle n'apparaissant que dans les noms se rapportant aux parties

doubles du corps: /°a.ynek / "tes yeux", /jjaddek/ "tes joues". Le meme

suffixe a subsiste dans les parlers citadins du Maghreb occidental, pour cette

seule categorie de noms.

Les schemes nominaux du pluriel different encore peu de ceux de l'arabe

classique en arabe andalou. Toutefois, des schemes purement dialectaux ap¬

paraissent dejä: on a p.ex. un pluriel de class, ka' s , dial, käs "coupe, verre'

qui se presente sous le forme kawäs. Elle n'a d' equivalent ni en class., qui

possede les pluriels ka'sät, ku'us, ki'äs, 'ak'us ni en ar. magh. qui pos¬

sede le plur. kisän.

Chez Alcala, le plur. class, al-asyä' "Ies choses"> /al asyät /. Dans

les parlers maghrebins, il arrive aussi qu'un ancien ' alif mamdüda ou maq-

güra soit traite comme une desinence du feminin (p.ex. ä Cherchell). Ceci

nous amene ä aborder le domaine du genre , ou il y a peu de remarques ä faire:

notons cependant Ia tendance ä donner un indice grammatical du genre feminin

(desinence ^) ä des noms qui ne le possedaient pas en classique:

class. ^agQz "vieille femme" > and. ^agüza class. °umr "vie" > and. ^omra.

Cette tendance s'est developpee encore davantage en ar. magh.

11 existe en ar. and. plusieurs series de pronoms personnels: dans les

pron. pers. independants, on trouve une serie identique ä celle du class.,

une Serie elargie ä indice^ : huwet : class, huwa, Ijenat : class. ' aljna ,

et une serie ä formes reduites en et : ' anta class. , hT : hiya class, etc.

Dans les pron. pers. suffixes, on a Ies formes maghrebines actuelles les

plus courantes: -ak apres consonne, -k apres voyelle, -u(h ) apres consonne,

-h apres voyelle etc. A noter l'existence d'un pron. pers. 3© p.s.f. en -ah

apres consonne dont on a retrouve la trace dans le parier de Cherchell en

Algerie.

La serie des adjectifs et pronoms demonstratifs singuliers est toujours

allegee par rapport ä celle du classique: dä/dä, däk/ däk, dl/di, dik/^Tk;

mais Celle du pluriel par contre est elargie: on a des formes comme haulTn,

haulTk . etc.

La Serie allegee du singulier se retrouve en ar. magh. oü elle est completee

par un plur • dük/dük . Toutes ces formes paraissent reveler une influence

sinon une origine yemenite.

La Serie des prepositions, conjonctions, particules et pronoms interro-

gatifs revele des concordances remarquables avec le groupe maghrebin:

1. Dejä chez Ibn Quzmän, on a w'es et ey5 (class, wa ' ayyu say' ) dont on

retrouve des equivalents ä peine modifies en ar. magh. : w5s et äs surtout

au Maroc citadin septentrional, avec les sens "que, quoi, qu'est-ce que".

2. Chez Ibn Quzmän egalement, le kemä "comme", typiquement maghrebin,

se retrouve aussi.

3. Chez Ie meme auteur, on trouve waqtan , ä l'origine un nom utilise comme

(6)

tiäl avec accusatif circonstanciel, dejä transfere en conjonction de subordi¬

nation au sens de "quand, lorsque": on comparera ceci ä la forme /waqtan /

de sens identique, qui se retrouve dans la region du Mzäb algerien.

4. On peut remonter ä l'origine etymologique de certains pronoms interro-

gatifs maghrebins actuels: le £aläs "pourquoi?" pan-maghrebin trouve son

equivalent dans le alieSli hede "por esto" de Alcala, et en remontant plus

haut dans le temps encore, chez Ibn Cuzmän dans son falä_es "porque?".

Un cas absolument parallele se presente avec le bäs "pour que, afin que"

pan-maghrebin qui a dejä ce sens chez Ibn Cuzmän, p.ex. dans b' es nasal -

lalu "para que yo le träte bien". A ce b' e5 correspond un fiä de meme struc¬

ture dans le parier de Valencia.

5. L' aetuelle locution prepositive qui se rencontre dans tout le Maghreb b-ljäl

"comme" est dejä utilisee avec ce sens chez Ibn Cuzmän, sous la forme bi¬

ti äl ; on a ba-ljäl chez Alcala.

6. La preposition class. fT devant un nom precede de l'article est toujours

reduite ä f^ comme en arabe parle actuel et on a par exemple f ad-d5r "en

casa" chez Ibn Quzmän et fal-Arauie "en arabe" dans la Doctrina Christiana

de Martin de Ayala (XVI© s. ).

7. Le kayfa ? "comment?" class, est dejä kef ?, comme en ar. magh., chez

Ibn Cuzmän.

8. On trouve chez Alcala des conjonctions de subordination typiquement magh¬

rebines, du type ba'-^aded(d)i "apres que" oü le ' an class, est remplace par un

(ed)di polyvalent qui est utilise par ailleurs comme relatif et comme demon¬

stratif.

9. Chez Alcala on trouve aussi la conjonction beidemTn que j' ai pu retrouver

sous la forme bTdmän dans le parier de Cherchell.

En ce qui concerne les adverbes, il faut surtout citer le däb/däb(a) "main-

tenant" utilise aujourd'hui dans l'ensemble du Maroc et qui se retrouve dans

tous les documents andalous que I'on possede.

Terminons ce tableau rapide de la morphologie par I'examen du pronom

relatif: Ibn Cuzmän utilise le pronom relatif allejl , souvent invariable, ä

cote de li-di et de ijT. La meme situation se retrouve dans les documents pos¬

terieurs et l'on sait par ailleurs qu'un element dT est egalement utilise com¬

me relatif dans les parlers actuels du Yemen et dans certains parlers du Ma¬

ghreb (dans le Constantinois algerien et au Maroc). E. Wagner considere que

ces dernieres regions ont sans doute connu une premiere couche ethnique ara¬

be d'origine yemenite.

Quoi qu'il en soit, il est egalement capital de noter qu'Alcala, sans Ie citer

dans son expose grammatical oü il donne alladi et alleti comme seuls pronoms

relatifs, utilise lui-meme alle (qui correspond au elli des dialectes modernes)

dEins un texte: fi diq al guaqt alle guebelt atecbit "ä ce moment ou tu as repu

la confirmation".

En syntaxe , on notera tout d' abord la presence en arabe andalou d' auxili¬

aires verbaux specifiques encore utilises en arabe marocain, par exemple

l'emploi d'un^äd invariable ä valeur adverbiale precedant un verbe prin¬

cipal au parfait: in qutiltu ^äd yakün bTk "aunque le mataron, volveria a ha-

cer lo mismo", lit-on dans le Cancionero d' Ibn Quzmän. Le sens de ®äd est

ici "de nouveau, encore", comme en arabe marocain. Comme en arabe ma¬

rocain encore, on a dejä chez Ibn Cuzmän, un auxiliaire specifique de 1' im¬

minence: gä, igi. P. ex. nagi an naqül "voy a decirte", "je vais te dire".

(7)

Chez Alcala, on trouve aussi un auxiliaire d'imminence du type m§a, yamSi.

P.ex. an* namsi naqrä "je vais lire". Cet auxiliaire est specifique, non au

Maroc seul, mais ä l'ensemble maghrebin, y compris la Libye.

11 ne saurait etre question d'analyser ici en detail I'usage de kän auxili¬

aire et verbe-copule en arabe andalou, car il est fort complexe, mais on peut

toutefois remarquer I'usage fort extensif de kän par rapport ä ses emplois

classiques, ainsi p.ex. kän apparaft tres souvent dans une proposition ou I'ar.

class, aurait employe une phrase nominale. On rapprochera ce fait de I'usage

egalement extensif de kän, oü son emploi est souvent redondant, dans les par¬

lers actuels de Tanger et de Cherchell, qui ont tous deux subi une forte influ¬

ence andalouse.

L'emploi de rä- + pron. pers. suffixe apparaft aussi sporadiquement chez

Ibn Quzmän. Son sens est exclamatif-interjectif ("eh bien, voici que") comme

il arrive souvent en arabe marocain actuel et aussi dans 1' arabe bedouin du

Sahara algerien, mais il a dejä dans certains cas une valeur proche de la

simple copule, qui est celle de l'arabe maghrebin citadin aujourd'hui. Ex.

wa ida ga^iab rän" saqaf beina adeih "et s'il se fäche, je suis comme un mor¬

ceau de vai seile cassee entre ses mains" (Ibn Guzm.). Sur le preverbe ka- ,

commun ä 1' arabe andalou et ä 1' arabe marocain, on ne dira ici que peu de

choses car le sujet a dejä ete copieusement traite dans la litterature dialecto-

logique. Je me contenterai d' observer qu'aujourd'hui le doute n'est plus pos¬

sible quant ä son etymologic et, plutot qu'au class, ka' anna , these defendue

jadis par Kampffmeyer, il faut le rattacher simplement ä kän. On le rencontre

sous les formes ka-, kan-, kin - chez Ibn Quzmän et sous la forme ki_- chez

Alcala: Ie timbre i_ n' est que le resultat de la forte imäla affectant le ä dans

le dialecte de Granada. Tant en ar. and. qu'en ar. marocain, la valeur de

ce preverbe est celle d' un indicateur de mode et non de temps, comme on

l'a parfois pense: il indique le mode conditionnel, eventuel, optatif en ar.

and. et le mode indicatif en ar. marocain.

II me semble qu'on peut tirer de cet ensemble de faits et d' observations

la conclusion suivante: il existe des ressemblances frappantes entre les traits

linguistiques de 1' arabe andalou et ceux d'un certain nombre de parlers du

Maghreb actuel, en particulier des dialectes citadins de la zone cotiere, de

type plutot archaique. Au lieu de parier d'un groupe dialectal mozarabe qui

aurait ete geographiquement limite ä l'ensemble "Al-Andalüs-Maroc septen¬

trional", ne faudrait-il pas plutot parier d'un groupe "maghrebin-andalou"

ancien, localise essentiellement dans les villes cotieres (Tunis, Cherchell,

Casablanca, Valencia notamment) et qui pourrait devoir son homogeneite re¬

lative ä des implantations anciennes de tribus d'origine yemenite dans ces

cites?

Les traits linguistiques que j'ai evoques ici me paraissent en tout cas mettre

en evidence le fait qu'il serait fort imprudent d'attribuer Ies isoglosses qui

relient les parlers citadins archaiques d'/frique du Nord (Libye non comprise)

ä la seule influence des .Andalous qui s'y sont etablis apres Ia Reconquete chre¬

tienne de l'Espagne, aux XV© et XVI© siecles surtout: l'evolution qui a con¬

duit au type dialectal maghrebin actuel etait en realite amorcee bien avant cette

penetration tardive des Andalous musulmans en Afrique du Nord et si Ies cher¬

cheurs (Colin et Mar9ais par exemple) ont surtout insiste jusqu'ioi sur l'ap¬

port andalou ä l'Afrique du Nord, II faut aussi, semble-t-il, souligner I'im¬

portance de l'apport maghrebin ancien ä l'arabe andalou.

(8)

MODERNISIERUNG DES ARABISCHEN

Von M. Hamui, Freiburg

Wenn heute von der Modernisierung des Arabischen gesprochen wird, so

ist damit die arabische Hochsprache gemeint, und nicht nur die arabische

Schriftsprache, wie manche deutsche Arabisten sie zu bezeichnen pflegen.

Die arabische Hochsprache beschränkt sich nicht nur auf die Schrift, sondern

sie wird auch im Rundfunk, Fernsehen, Film, Theater, in Vorträgen, Vor¬

lesungen und zwischen den gebildeten Menschen gepflegt, sobald sie aus den

verschiedenen arabischen Ländern stammen.

Die arabische Hochsprache spielt in der arabischen Welt die gleiche

Rolle, wie beispielsweise Hochdeutsch in der Schweiz.

Innerhalb zweier Perioden in der Geschichte stand die arabische Sprache

vor der Aufgabe, sich der modernen Welt anzupassen. Wie Sie

wissen, erstmals, als die Araber auf einen religiösen Eroberungszug gingen

und im achten Jahrhundert ein Reich gründeten, das sich von der Atlantischen

Küste Portugals bis zum westlichen Randbezirk von China erstreckte. Dieses

Reich umfasste die Hälfte der damals bekannten Welt.

Die arabische Sprache konnte die Erfordernisse der damaligen Zivilisation

nicht erfüllen. Zwar verfügte sie über einen großen Wortschatz, so zum Bei¬

spiel über 100 Namen für "Wein", 170 für "Wasser", 250 für das "Kamel"

und 350 für den "Löwen".

Die Araber sahen sich daher gezwungen, zu Lehnwörtern zu greifen. Be¬

reits im Koran stoßen wir auf griechische, lateinische und persische Ä'örter,

wie: "strata" (Straße), "castra" (Alkazar), "Paradies" und "Burg". Im 19.

Jahrhundert wurde die arabische Sprache wiederholt vor die Aufgabe gestellt,

sich die Begriffe der modernen Welt anzueignen. Diese Entwick¬

lung war jedoch sehr begrenzt. Osmanische Termini fand zwar ihren Nieder¬

schlag, aber einen neuen Umschwung erlebte die arabische Sprache erst, als

die Medizinische Fakultät der Syrischen Universität im Jahre 1919 gegründet

und in Arabisch gelehrt wurde. Später auch, als die Arabische Sprachakade¬

mie 1934 in Kairo ins Leben gerufen wurde.

Selbst Großmächte unterlagen den Schwierigkeiten bei Ubersetzungen von

Fachausdrücken, so daß sie keine andere Wahl hatten, als bei Ubersetzungen

auf eine Genauigkeit zu verzichten. Beispielsweise vermochte die USA nicht

das Wort "Exequatur" in einem Staatsvertrag mit einem arabischen Land in

richtiger Ubersetzung wiederzugeben. Sie umging die Schwierigkeit, indem

sie das Wort mit der Bezeichnung "Amtliche Urkunde" erläuterte. Eine an¬

dere Weltmacht, die Sowjetunion, war während einer Verhandlung mit dem

ägyptischen Regierungschef nicht in der Lage, das Wort "Manöver" ins Ara¬

bische zu übersetzen. Die Ubersetzung für "Manöver" lautete "Puppe". Fer¬

ner wurde in einem Staatsvertrag zwischen der BR Deutschland und einem ara¬

bischen Staat der Satz "Zu Urkund dessen haben die Bevollmächtigten usw —"

ganz einfach in der Ubersetzung ausgelassen. Solche Probleme haben sich

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