M A G A Z I N E D U W S L D I A G O N A L E NO 2 2 0 16
«Muotathal (SZ), 27 février 2016: un randonneur à ski tué par une ava- lanche sur le Blüemberg.» Tous les hivers, nous lisons de telles annonces dans les médias. Chaque année, 23 personnes en moyenne périssent en Suisse dans une avalanche. Dans presque tous les cas, les victimes se trouvaient en dehors des pistes et l’on déplore régulièrement la prise exces- sive de risques des adeptes des sports de neige. Les randonnées dans la neige sont-elles donc particulière- ment dangereuses? Or à ce jour, faute de données fiables, des suppositions ne pouvaient qu’être émises.
Les risques encourus lors de randonnées dans la neige sont similaires à ceux de la route Par risque d’avalanche, on entend la probabilité qu’a un randonneur, au cours d’une journée de randonnée ou d’une année, de périr des suites d’une
avalanche. Afin d’estimer ce risque pour un randonneur, on met en rela- tion le nombre de victimes décédées avec l’ensemble des activités hiver- nales de randonnée en montagne. De- puis des années, le SLF effectue des relevés détaillés des accidents. Établir le nombre de personnes en randon- née est toutefois beaucoup plus diffi-
Photo: Corina Lardelli, SLF
point les plantes ont amélioré la sta- bilité de la pente.
Les résultats des divers projets partiels SOSTANAH confirment et complètent les directives sur la ges- tion des forêts de protection (NaiS).
En voici quelques enseignements: les pentes devraient comporter le plus grand nombre possible d’espèces, de groupes d’âges et de structures raci- naires; un pacage et une fertilisation intensifs peuvent au contraire entra- ver l’effet protecteur des plantes; il est recommandé d’éviter autant que possible les percées de plus de 20 m dans la ligne de pente.
Quel rôle joue la structure fo- restière lors de glissements de ter-
rain? Des chercheurs du WSL l’ont évalué à l’aide de méthodes statis- tiques en prenant l’exemple de Sach- seln (OW). En 1997, plus de 500 glis- sements de terrain s’y étaient déclenchés après de violentes pluies.
Les calculs indiquent que sur la bonne centaine de glissements pris en compte, environ quatre cin- quièmes ne se seraient pas produits en cas de gestion optimale. Une esti- mation a révélé que les soins appro- priés et l’entretien de la surface fo- restière concernée ne coûteraient qu’un dixième du montant total des
dégâts. (bki)
www.slf.ch/more/sostanah-fr
D A N G E R S N AT U R E L S
À quel risque d’avalanche nous expose
une randonnée dans la neige?
Les hommes de 30 à 60 ans qui sont des adeptes de la randonnée à ski sont exposés au risque le plus élevé de périr dans un accident d’avalanche.
T H È M E S - C L É S 3 0 / 3 1 cile. Pour la première fois, les études
«sport suisse» de l’Office fédéral du sport disposent de données statis- tiques fiables sur ce sujet. Pour ces études, environ 23 000 personnes vi- vant en Suisse ont été interrogées sur leur comportement sportif. L’enquête montre entre autres la fréquence des randonnées dans la neige auxquelles s’adonne la population suisse.
Kurt Winkler, prévisionniste d’avalanches au SLF, a comparé ces chiffres avec le nombre d’accidents d’avalanche. Une première: son calcul, fondé sur des statistiques, de ce risque d’accident mortel pour un randonneur. «Pour ce dernier, le risque de périr dans l’année lors d’une avalanche est quasiment aussi élevé que celui de mourir au cours de la même période sur la route», ex- plique-t-il. Ce risque varie cependant:
il est environ six fois plus faible pour les randonneurs à raquettes que pour ceux à ski. K. Winkler suppose que cela est surtout lié au côté relative- ment peu dangereux des terrains par- courus par les premiers. En revanche, les randonneurs à raquettes ont des chances de survie nettement plus mauvaises s’ils sont ensevelis par une avalanche. «Cela démontre que dans ce groupe, le secours par les membres du groupe ne fonctionne pas suffi- samment. Il faudrait s’y préparer dans des cours de sauvetage», recom- mande K. Winkler.
Il est important de souligner que les hommes sont exposés à un risque jusqu’à trois fois et demi supérieur à celui des femmes. Ou pour le dire au- trement: pour le même risque, une femme peut sortir en randonnée toute la semaine, et un homme seulement le week-end. Les 30–60 ans semblent prendre tendanciellement des risques plus élevés que les plus jeunes et les plus âgés. «Lors de nos campagnes
de prévention, nous devrions essayer ainsi de cibler davantage les hommes d’âge moyen adeptes de la randonnée à ski», ajoute K. Winkler.
Un manteau de neige
ancienne fragile est critique Frank Techel, aussi prévisionniste d’avalanches au SLF, a effectué une comparaison entre la fréquence des accidents d’avalanche dans diffé- rentes régions et le nombre d’entrées sur les portails en ligne où des alpi- nistes documentent leurs randonnées.
Il a pu démontrer que le risque d’ava- lanche augmentait de façon significa- tive non seulement avec le niveau de danger, mais aussi avec la localisa- tion: il est en effet supérieur dans les vallées intra-alpines du Valais et des Grisons par rapport au reste des Alpes suisses du fait de la présence plus fréquente d’un manteau de neige ancienne fragile. Mais contrairement à la région, ni le temps ni le jour de la semaine n’ont d’influence sur ce
risque. (mhe)