Gregor Albisser Ueli Wyss
50 000 45 000 40 000 35 000 30 000 25 000 20 000 15 000 10 000 5 000 0
bâtiments électricité et mazout
mécanisation équilibrage concentrés installations de séchage achat fourrage sec pont roulant agents de conservation
Foin humide Foin au sol Séchage de Foin ventilé balles
PRODUCTION VEGETALE
Graph.: Coûts annuels par procédé de conservation (Fr.)
40 52009 · REVUE UFA
Pour que le foin se conserve bien, il est nécessaire que sa teneur en ma- tière sèche (MS) dépasse 85 %.
Dans la pratique il arrive néanmoins souvent que le foin au sol ne soit pas en- tièrement sec au moment du pressage.
Aussi longtemps que le fourrage est en- core humide, l’activité des micro-orga- nismes se poursuit et il existe un risque d’échauffement et de moisissures. Les produits issus du métabolisme des mi- croorganismes, parmi lesquels on trou- ve notamment les toxines, peuvent nui- re aux performances et à la santé des animaux. Pour éviter de tels dommages, il est possible d’utiliser des agents de conservation.
Un foin humide qui présente une te- neur en matière sèche inférieure à 82 % au moment d’être affouragé est consi- déré comme étant de l’ensilage selon
«l’Ordonnance sur l’hygiène en produc- tion laitière» et ne peut dès lors pas être affouragé dans les exploitations de non ensilage.
Contre l’échauffement L’acide propionique est un des moyens les plus efficaces pour empêcher la prolifération des levures, moisissures et autres bacté- ries. Il est néanmoins corrosif et faible- ment volatil. Depuis peu, on trouve éga- lement des produits tamponnés contenant du propionate d’ammonium et du dipropionate d’ammonium avec un pH oscillant entre 5.5 et 6. En Suisse, 5 agents conservateurs sont autorisés pour stabiliser le foin humide: «Alfa-Save»,
«Kroni909 Stabisil», «Kofa Grain pH5»,
«Lupro-Grain» et «Schaumasil NK liqui- de». Dans les exploitations biologiques et qui produisent du lait destiné à la pro- duction de certains fromages AOC, ces produits sont interdits. Agroscope Liebe- feld-Posieux (ALP) a testé l’efficacité de plusieurs agents conservateurs pour le foin humide. Le tableau démontre claire- ment que l’utilisation d’un agent conser- vateur a permis d’empêcher l’échauffe- ment du fourrage. Les valeurs nutritives diffèrent aussi selon les fourrages et les procédés de conservation.
Appareils pour mesurer la MS Pour réussir, il est décisif de connaître la teneur en MS du fourrage, qui détermine le bon dosage des agents de conservation.
Les dosages varient entre 4 et 10 l par ton- ne de fourrage selon les produits et les te- neurs en MS. Lorsqu’elles sont inférieures à 75 %, il est déconseillé de recourir à des agents de conservation. Il est toutefois re- lativement difficile d’évaluer la teneur en MS au champ, qui en plus peut varier sen- siblement au sein d’un andain de foin. En raison des variations de rendement au sein même de la parcelle et de l’influence des zones d’ombre (p. ex. les arbres), le four- rage ne sèche pas partout de manière uni-
forme sur l’ensemble de la parcelle. Cer- tains instruments permettent de détermi- ner directement la teneur en humidité dans la balle, à l’aide de la résistance élec- trique. Une balle est tout d’abord confec- tionnée en dosant le produit de manière approximative. Le taux d’humidité est en- suite mesuré et le bon dosage adopté.
Pas de pressage trop compact Lorsque l’on a affaire à du foin humide, il convient de ne pas trop compacter les balles, de manière à ce que l’air puisse encore circuler et que le fourrage arrive à sécher. Les balles rondes de 110 à 150 kg de MS/m3de densité conviennent mieux que les bottes carrées (densité de 160 à 210 kg de MS/m3). Les presses à balles rondes à chambre fixe compressent moins le milieu de la balle et sont donc préférable pour le foin humide.
CONSERVATION DE FOIN HUMIDE La conservation des fourrages secs est fortement tributaire de la météo. Un séchoir ou, dans une moindre mesure, la conservation de foin humide permet de produire du foin de bonne qualité.
Alternatives pour les courtes
périodes de beau?
PRODUCTION VEGETALE
Tableau:Teneurs de différents fourrages conservés Teneur MS Teneur MS
Procédé au pressage lors de Matière Cellulose Sucre NEL Température
resp. stockage l’affouragement azotée brute maximale
% % g/kg MS g/kg MS g/kg MS MJ/kg MS °C
fourrage jeune
balles sans additif 67 85 205 207 51 5.3 > 70
balles avec additif 70 83 182 214 64 5.7 52
foin ventilé 65 92 186 203 108 5.9 –
fourrage vieux
balles sans additif 78 86 138 274 41 4.9 53
balles avec additif 80 84 132 260 61 5.1 48
foin ventilé 72 94 150 235 73 5.2 –
REVUE UFA ·52009 41
Répartition uniforme Les agents de conservation sont seulement efficaces lorsqu’ils sont utilisés dans les dosages conseillés et surtout lorsqu’ils sont répar- tis de façon régulière sur l’ensemble du fourrage. Les andains devraient être aussi larges et minces que possible. Le disposi- tif de traitement doté de trois buses à jet plat est placé sur le Pick-up de manière à ce le fourrage puisse être traité sur toute la largeur. Il faut éviter que les balles soient posées de pointe ou contre une paroi après avoir été confectionnées. L’espace libre entre les balles permet de laisser l’air circuler et à l’humidité d’être évacuée. Si les balles sont empilées tout de suite les unes au dessus des autres, les balles supé- rieures sont humidifiées par la condensa- tion, ce qui constitue une condition idéa- le pour le développement des moisissures.
Aspects économiques Les coûts des quatre procédés de conservation suivants ont été calculés par la station de recherche ART:
• foin humide en balles rondes
• foin au sol en balles rondes
• foin de séchoir en balles rondes, sys- tème Zumstein
• foin de séchoir, en vrac.
La mécanisation ainsi que les bâtiments nécessaires diffèrent selon les procédés de conservation choisis. Une simple hal- le est suffisante pour les balles rondes, alors que pour le fourrage en vrac, il faut des installations de stockage plus com-
plexes dotées d’un pont roulant. On part du principe que les machines né- cessaires ont un degré d’emploi optimal et, suivant le type, sont utilisées en pro- priété, en communauté, en location ou par un agro-entrepreneur. La comparai- son porte sur la quantité de foin néces- saire pour affourager 40 unités gros bé- tail, soit une surface fauchée de 36 ha avec le même procédé.
Le foin ventilé est meilleur mar- ché Pour le foin humide, le foin séché au sol et le foin en vrac ventilé, le temps de travail nécessaire de la récolte à la ré- partition du fourrage à la crèche est de respectivement 311, 332 et 326 MOh et diffère donc peu selon le procédé choisi. Les besoins en temps de travail sont un peu plus élevés en ce qui concerne les balles ventilées, soit de
375 heures, en raison des processus de travail plus nombreux qu’il implique.
Le procédé recourant au foin ventilé en vrac engendre les investissements imputables les plus élevés, soit Fr. 335 900.–. La conservation au moyen d’un séchoir à balles rondes revient en- viron à Fr. 210 700.–. Les procédé basé sur le foin humide et le foin séché au sol impliquent un investissement de Fr.142 800.– resp. de Fr. 138 600.– pour la halle de stockage des balles et pour le frontal équipé d’une pince.
En ce qui concerne le foin humide, les coûts attribuables se montent à environ Fr. 28 100.– par an. Le procédé avec foin séché au sol revient Fr. 3100.– meilleur marché. Le procédé avec foin ventilé en vrac est également meilleur marché que le foin humide avec Fr. 25 900.– de coûts attribuables. Le foin en balles ronde ven- tilées revient par contre Fr.11 900.– plus cher que le foin humide, surtout en rai- son des coûts énergétiques pour venti- ler les balles (graphique).
Conclusion Produire du foin humide à l’aide d’agents conservateurs nécessite également deux à trois jours de beau temps. Pour les fourrages de première coupe à rendement élevé et lorsque les conditions de séchage sont difficiles, il est particulièrement ardu de produire un four- rage de bonne qualité avec ce processus.
La situation est meilleure pour les 2eet 3e coupes. Pour obtenir de bons résultats, il faut que l’agent de conservation soit do- sé correctement et de manière homogè- ne. Ce procédé n’est pas meilleur marché que le séchage du foin en grange. La plus grande flexibilité ainsi que les plus faibles besoins en travail durant la récolte et les investissements moins importants qu’il nécessite font néanmoins partie des avan- tages de ce processus.
Les pertes au champ et la qualité du fourrage varient suivant le mode de récolte et de conservation. Par conséquent, les achats de fourrages et de concentrés varient également.
Auteurs Ueli Wyss, Station de recherche Agroscope Liebefeld- Posieux ALP, Gregor Albisser, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART
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