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LE MAUVAIS TRAITEMENT SYSTÉMATIQUE DES HOMMES

Im Dokument Boys Don’t Cry! (Seite 186-200)

L’OPPRESSIONCOMME « MAUVAISTRAITEMENTSYSTÉMATIQUE »

Par-delà les divergences récentes du féminisme se dessine au moins un consensus : l’oppression est multidimensionnelle. On trouve au sein du groupe des femmes, opprimé dans l’ordre genré, des femmes privilégiées sur d’autres plans qui exercent une domination sur les groupes de femmes qui sont comparativement désavantagées (Bradley, 1996 : 93). De la même manière, des hommes, qui appartiennent au groupe opprimant, peuvent être opprimés sur le plan social, ethnique, etc. (selon Hartmann [1981], le patriarcat est un ensemble de relations sociales hiérarchiques entre les hommes qui leur permet de dominer les femmes). De nombreuses études sur le genre dans le monde du travail ont mis en évidence le fait que les hommes, opprimés en tant que travailleurs, tentaient souvent de donner du sens à leur activité profession-nelle en recourant à des idées et des pratiques opprimantes pour les femmes (voir par exemple Willis, 1978 ; Bradley, 1999). Cela étant, les sociologues du genre ont toujours contesté le fait que les hommes puissent être opprimés dans la même dimension que les femmes, c’est-à-dire dans le cadre des rapports de genre. Presque tous ceux qui, aujourd’hui, décrivent les hommes comme opprimés appartiennent au courant de réaction (backlash) antiféministe 2, qui nie l’oppression des femmes et va jusqu’à dépeindre les femmes, et plus particulièrement les féministes, comme les oppresseurs des hommes (voir par exemple Farrell, 1993). Contre cette attitude radicale, on dira pour nuancer que les hommes et les femmes sont opprimés, mais pas symétriquement ; alors que les hommes occupent une position qui leur permet d’agir systématique-ment comme des agents de l’oppression des femmes, il n’en est pas de même pour les femmes. Pourtant, et ce n’est pas une surprise si l’on considère le

1.  Traduction par Romain Carnac du texte original : « Oppressed and Oppressors ? The Systematic Mistreatment of Men », Sociology, 35, 3, 2001, p. 729-748.

2.  Brittan (1989) et Seidler (1991) fi gurent parmi les rares exceptions.

caractère indépassablement relationnel du genre, les deux oppressions sont complémentaires dans leur fonctionnement – chacune contribuant à la repro-duction de l’autre. Par exemple, les pratiques qui construisent la capacité des hommes à opprimer les femmes et leur intérêt à le faire trouvent souvent leur origine dans des relations de domination entre les hommes.

La démonstration qui va suivre repose sur une certaine manière de comprendre l’oppression, qui doit d’abord être présentée et argumentée. Bien que l’oppression en elle-même demeure un point aveugle de la théorie féministe, on peut distinguer plusieurs approches principales, souvent implicites dans la sociologie du genre. Les approches subjectivistes font de l’autoperception du groupe le critère déterminant de l’oppression, alors que les approches objecti-vistes ou réalistes se demandent si le groupe supposé opprimé est désavantagé ou maltraité. Certaines approches réalistes présentent la relation d’oppression comme un jeu à somme nulle dans lequel les bénéfi ces gagnés par le groupe des oppresseurs correspondent toujours à une perte symétrique pour le groupe des opprimés. D’autres, parmi lesquelles celle que nous défendons ici, focalisent plutôt sur le caractère institutionnalisé des relations sociales d’oppression, et permettent d’envisager le fait que l’oppression puisse parfois exister en l’absence d’un groupe opprimant stable et clairement défi ni.

Le « sens commun » envisage souvent l’oppression d’un point de vue subjectiviste, considérant que les individus ou les groupes sont les meilleurs juges de leur propre situation. Dans les versions plus sophistiquées, la signifi -cation des pratiques sociales est présentée comme relative au contexte cultu-rel 3. De ce point de vue, les jugements selon lesquels l’excision, le bandage des pieds des petites fi lles ou le viol institutionnalisé sont nuisibles ou oppri-mants ne peuvent être validement prononcés que par des « locaux ». Pour Laclau et Mouffe, par exemple, la subordination n’est une oppression que si, sous l’infl uence d’un discours extérieur, le subordonné la voit comme nuisible et se mobilise contre elle (1985 : 154). Le témoignage des acteurs est alors l’unique source de connaissance pour déterminer quelles relations sociales sont oppressives. Une telle perspective séduit les féministes qui soupçonnent les approches réalistes de ne tenir aucun compte de la parole des femmes et de marginaliser leur expérience 4.

« C’est une erreur de sous-estimer une personne en déclarant qu’elle ne sait pas ce qu’elle veut ou ce qu’elle ressent, ou que ce qu’elle veut ou ressent n’est pas pertinent ; et vous ne pouvez pas savoir ce qui est voulu ou ressenti, ni déceler une oppression si vous n’écoutez pas les gens » (Seller, 1988 : 176).

3.  Benton parle d’un « paradoxe de l’émancipation » qui ferait dire aux féministes radicales :

« Je sais mieux que toi ce qui est bon pour toi » (1982 : 15).

4.  Nous renvoyons ici à l’interminable débat épistémologique autour de la théorie du « point de vue féministe », qui a de profondes implications en ce qui concerne la défi nition de l’oppression (Longino, 1993 ; New, 1998).

Il serait diffi cile de légitimer une méthode d’identifi cation et de caractérisa-tion de l’oppression qui n’accorderait pas de crédit à l’expérience. L’oppression ne peut toutefois pas être directement déduite de l’expérience, justement parce que la subjectivité est socialement construite. Si nous faisons du témoignage des acteurs la clé de la caractérisation des relations sociales comme « oppres-sives », comment devons-nous interpréter les témoignages contradictoires des dominés ? Certaines femmes considèrent que les hommes sont opprimés, d’autres que l’ordre genré est naturel et non opprimant, d’autres encore que les femmes sont opprimées, etc. Les approches subjectivistes et relativistes réduisent l’oppression à n’être qu’une catégorie rhétorique et non un concept opérant de sociologie critique. À l’inverse, pour les approches réalistes, le critère-clé de l’oppression n’est pas le fait que certaines relations sociales soient perçues comme nuisibles ou non par un groupe particulier, mais le fait qu’elles soient objective-ment nuisibles à ce groupe, soit directeobjective-ment, soit en le privant de potentielles ressources extérieures.

L’une des représentations réalistes de l’oppression les plus répandues, notamment dans le sens commun, est celle qui en fait un jeu à somme nulle.

L’oppression est ici une relation entre des groupes, dans lequel le groupe de l’oppresseur agit d’une façon qui nuit ou désavantage les opprimés, en vue d’obtenir symétriquement des avantages. On pourrait donner en exemple la relation entre les propriétaires des moyens de production et les travailleurs salariés qu’ils emploient (telle qu’elle est présentée dans l’économie politique marxiste), ou la relation entre mari et femme telle qu’elle est conceptualisée par Delphy (1970). Si on ne peut lui retirer le mérite de la clarté, la vision « à somme nulle » rend cependant diffi cile la caractérisation de certains groupes comme opprimés, alors qu’il apparaît évident qu’ils sont systématiquement désavanta-gés. Après avoir initialement adhéré à cette position, Abberley (1987 : 7) écrit :

« Affi rmer que les personnes handicapées sont opprimées impliquerait de démontrer préalablement […] que dans plusieurs domaines signifi catifs, les personnes handicapées peuvent être considérées comme un groupe dont les membres occupent une position inférieure à celle des autres membres de la société, […] que ces désavantages sont dialectiquement liés à une idéologie ou à un ensemble d’idéologies qui justifi e et perpétue cette situation, […] que ces désavantages et les idéologies qui les soutiennent ne sont ni naturels, ni inévitables, […] qu’il est possible, enfi n, d’identifi er certains bénéfi ciaires de cet état de fait. »

Cependant, l’identifi cation d’un groupe opprimant est délicate – tous les membres du groupe des non-handicapés ou « provisoirement valides » (TAB, temporally able-bodied) peuvent être vus comme bénéfi ciaires quand ils sont considérés comme contribuables, mais deviennent perdants quand on les considère comme membres d’une famille, potentiellement appelés à assister

des personnes handicapées et probablement futurs membres de leur groupe.

Abberley en conclut que le principal bénéfi ciaire de l’oppression des personnes handicapées est « l’ordre social existant, ou plus précisément le capitalisme dans une de ses formes historiques et nationales particulière » (1987 : 16).

À l’instar d’Abberley, nous ne croyons pas qu’il soit nécessaire d’identifi er clairement un agent/oppresseur pour pouvoir parler de domination. Parfois, il est possible de le faire ; parfois, cela ne l’est pas. Nous proposons la défi nition structuraliste suivante, qui intègre les conceptions « à somme nulle » quand elles sont applicables, et autorise la reconnaissance de formes d’oppression des hommes et des femmes très différentes, quoique toujours liées entre elles.

Un groupe X est opprimé si, à certains égards, ses membres sont systématique-ment maltraités comparativesystématique-ment aux non-membres du groupe X dans un contexte social donné, et si ce mauvais traitement est justifi é ou excusé par l’évocation de caractéristiques réelles ou supposées du groupe.

L’expression-clé, « systématiquement maltraités », suggère qu’il résulte de pratiques sociales institutionnalisées que les besoins humains des X ne sont pas satisfaits, qu’ils sont condamnés à la souffrance ou empêchés de s’épa-nouir, par rapport aux autres groupes et en tenant compte des ressources et des connaissances disponibles. Alors que la détermination des besoins humains est culturelle, les conditions de base du bien-être humain peuvent être défi nies indépendamment du contexte social (Doyal and Gough, 1991 : chap. 4). Nous les reconnaissons comme des besoins essentiels parce qu’ils génèrent, lorsqu’ils ne sont pas satisfaits, des conséquences indésirables pouvant aller de l’inconfort à la mort. La non-satisfaction des besoins peut résulter de formes de développe-ment qui empêchent l’« épanouissedéveloppe-ment » (« fl ourishing »), pour reprendre le terme employé par l’éco-féministe Cuomo (1998) dans son éthique féministe.

Pour Cuomo, la connaissance de la nature d’une chose peut mener à la connais-sance de ce qu’il faut faire en vue de son épanouissement 5.

« Comparativement aux non-membres du groupe des X » signifi e que les X sont désavantagés par rapport aux non-X dans certains domaines particuliers ou dans un contexte spécifi que – les non-X peuvent eux-mêmes être opprimés sur d’autres plans, et il peut parfois en résulter des désavantages comparables à ceux que connaissent les X (ou encore plus importants). « Justifi é… » renvoie à la tendance à légitimer l’oppression en traitant le groupe opprimé comme

5.  Dans le cas des êtres humains, notre connaissance des humains comme étant interdé-pendants et capables de création et de culture serait aussi importante que notre connais-sance de leur fonctionnement physiologique. Selon Cuomo, l’épanouissement véritable et durable des individus exige que les sociétés détiennent cette connaissance (1998 : 76).

On a là des arguments en faveur d’une conception de l’oppression inspirée d’une éthique naturaliste, mais ils ne permettent pas d’identifi er facilement le « mauvais traitement systématique » d’un groupe : la caractérisation de l’oppression passe par la référence aux affi rmations et contre-affi rmations qui ont justifi é l’infériorité des femmes pendant des siècles.

différent, inférieur ou nuisible, et par conséquent n’exigeant pas, d’un point de vue moral, le même traitement que le groupe des oppresseurs.

Le terme « oppression » est en lui-même un jugement de valeur qui implique que, ceteris paribus, un état de fait oppressif doit être combattu ; notre défi nition est suffi samment claire pour permettre de rechercher et de dénoncer de tels états de fait. Elle reconnaît que l’oppression est enracinée dans des relations de pouvoir, sans réduire ces dernières aux relations formelles. Considérant les témoignages des acteurs comme des éléments de preuve plutôt que comme des vérités fondamentales, elle intègre au sein de ces relations de pouvoir la compli-cité et le déni du côté des opprimés. Elle permet aussi de tenir compte, en tant que formes de violence signifi catives, des « blessures cachées » de classe, de

« race », etc., qui passent à travers les mailles du fi let des défi nitions purement formelles. Le « mauvais traitement systématique » ne recouvre pas seulement les inégalités matérielles, mais aussi la privation de « reconnaissance » et d’autres formes d’intégration nécessaires à l’épanouissement des groupes et des commu-nautés (Young, 1990). En renonçant à identifi er les agents et les bénéfi ciaires centraux de cette oppression, la défi nition proposée permet de reconnaître l’oppression des personnes en surpoids, des personnes handicapées, des enfants et d’autres groupes pour lesquels les agents ne sont pas toujours les mêmes et l’identifi cation des bénéfi ciaires de l’oppression parfois problématique. À ce stade, l’élargissement du concept éclaire déjà d’un jour nouveau des cas paradig-matiques d’oppression (comme celui de l’oppression des femmes), insistant sur le caractère non intentionnel de la plupart des pratiques sociales qui génèrent des mauvais traitements systématiques, et sur le caractère construit ou indirect de certains de leurs bénéfi ces.

Le risque d’une telle ouverture des perspectives est que cela « vide le concept d’oppression de sa signifi cation politique et tende à masquer les relations sociales de domination et de subordination » (Messner, 1997 : 22). Cet argument est récurrent dans les débats autour du concept marxiste d’aliénation, accusé par certains d’être un de ces termes qui « en voulant tout expliquer, n’expliquent au fond rien du tout » (Johnson, 1973). La perspective selon laquelle nous serions tous aliénés (ou opprimés) reste toutefois pertinente si on prend acte de l’existence de différents types d’aliénation et de différents mécanismes d’alié-nation. Dans le premier marxisme, les capitalistes sont aliénés parce que leur statut de non-travailleurs les déshumanise et que leur statut de propriétaires les empêche d’entretenir des relations humaines authentiques avec les travailleurs qu’ils exploitent (Ollman, 1976 : 156). Jusqu’à ce qu’il soit amené à abjurer cette théorie, Marx était en mesure de décrire pertinemment le confl it structurel entre le capital et le travail.

S’appuyant à la fois sur Marx et sur Foucault, Fergusson construit un puissant appareil conceptuel qui permet de révéler, dans les systèmes bureau-cratiques, l’oppression des hommes et des femmes par leur transformation en

« objets de l’administration » (1984 : 14) : « Il existe, bien sûr, des positions de supériorité et de privilège, mais elles sont intégrées dans un système de domina-tion universelle » (p. 83). Cependant, alors que les bureaucraties traitent tous les travailleurs d’une manière comparable à celle dont les femmes sont traitées, les effets de cette subordination sont différents selon le genre en raison de l’interac-tion entre les exigences bureaucratiques et les autres obligal’interac-tions et la manière spécifi quement genrée qu’ont les hommes et les femmes d’y satisfaire (Ferguson, 1984 : 83, 94). De même, pace Messner, l’élargissement du concept d’oppression au « mauvais traitement systématique » que nous proposons est compatible avec l’identifi cation des aspects et des domaines spécifi ques dans lesquels l’oppression s’exerce concrètement.

Dans les développements qui suivent, la défi nition proposée est appliquée aux femmes et mise en relation avec les perspectives « à somme nulle » dévelop-pée par les « hommes féministes » Connell 6 et Messner. Nous étudierons succes-sivement les intérêts genrés, l’oppression des hommes et les perspectives de changement radical de l’ordre genré ouvertes par cette approche.

L’OPPRESSIONDESFEMMES

Lorsque nous appliquons la défi nition proposée à l’oppression des femmes, nous nous apercevons immédiatement de son incapacité à inclure l’agent/

bénéfi ciaire – en l’occurrence évidemment : les hommes. Les femmes sont en effet « systématiquement maltraitées », dans plusieurs domaines, dans la relation avec les hommes. Ce mauvais traitement est justifi é de diverses manières : soit en rendant les femmes responsables de leur propre situation, soit en affi rmant que la différence entre les hommes et les femmes rend ce traitement approprié, et donc qu’il ne nuit fi nalement à personne. À ce stade, la défi nition de l’oppression que nous proposons semble convenir tout à fait ; mais la plupart des féministes, et des sociologues du genre, diront que s’arrêter à ce constat, sans faire référence à l’agir (agency) des hommes, revient à ne raconter que la moitié de l’histoire. Dans sa très utile recension des mouvements d’hommes, Messner (1997 : 22) écrit :

« L’oppression est un concept qui décrit une relation entre des groupes sociaux ; pour qu’un groupe soit opprimé, il faut qu’il y ait un groupe oppres-seur […]. L’ordre genré contemporain se caractérise par l’oppression indivi-duelle et collective des femmes par les hommes. […] Les hommes continuent à tirer profi t de cette oppression des femmes. »

De même, Connell constate que la domination masculine dans l’ordre genré va dans le sens de l’intérêt collectif des hommes, particulièrement des hommes hétérosexuels.

6.  NdT : R. W. Connell, qui était un homme au moment de la rédaction de cet article en 2001, est aujourd’hui une femme.

La défi nition proposée ici ne nie nullement le fait que les hommes soient souvent – très souvent – les agents de l’oppression des femmes. On pourrait même dire que c’est inévitablement le cas, dans la mesure où l’oppression est relationnelle. Si les X sont opprimés parce que dans certains domaines ils sont systématiquement désavantagés par rapport aux Y, les Y peuvent être considérés comme des oppresseurs des X du seul fait qu’ils acceptent le statu quo ou agissent de façon à conserver leurs avantages. En termes de genre, une telle attitude rejoindrait ce que Connell nomme les « masculinités complices », qui acceptent les privilèges de genre mais restent à distance des rapports directs de pouvoir (1995 : 114). Les hommes oppriment indubitablement les femmes par des biais plus directs que celui-ci : le maintien des différences de pouvoir entre les genres requiert un dénigrement régulier des femmes, une discrimination continue contre elles et un fl ux ininterrompu de désinformation à l’égard de leurs capaci-tés et de leur passivité. Pour différentes raisons, ce sont les hommes qui effec-tuent l’essentiel de ce travail. Ils oppriment également les femmes en les tuant, en les battant, en les violant, en les harcelant et en les exploitant sexuellement, et en s’appropriant leur travail non rémunéré. Les rapports de pouvoir entre les genres font de ces comportements une attitude normale, au sens d’attendue et d’intelligible, même si la plupart d’entre eux sont déplorés et pénalement répréhensibles. Notre conviction est que cette attitude des hommes découle de la position qu’ils occupent au sein des structures oppressives. Elle n’est pas causée par, et ne révèle pas, la nature intrinsèque des humains de sexe masculin, pas plus que l’ordre genré n’a été érigé par des hommes en vue de la satisfaction d’intérêts pré-existants. Les intérêts de genre, y compris ceux des oppresseurs, se construisent au sein des ordres genrés, et ne peuvent leur pré-exister. L’agir des hommes n’explique l’oppression des femmes que dans le contexte d’un système de sexe/genre qui implique également l’oppression des hommes.

CONNELL : LESINTÉRÊTSDESHOMMES, LAGIRDESHOMMES

Connell est un sociologue du genre infl uent (à juste titre) qui reconnaît la nature structurelle de l’oppression. Il écrit ainsi dans Genre et Pouvoir :

« Les groupes militant pour la libération des femmes ont affi rmé que les femmes étaient opprimées parce que les hommes avaient le pouvoir sur elles ; partant de là, changer la situation des femmes signifi ait contester, et éventuel-lement renverser, ce pouvoir » (1987 : 34).

Connell se détourne de la recherche des origines, d’une réponse unique à la question illégitime : « Pourquoi les femmes sont-elles opprimées ? » qui, si on y répondait catégoriquement, abolirait l’histoire et, avec elle, la faculté humaine d’agir librement. Pour lui, les rapports de pouvoir au sein du genre sont «  histo-riquement composés ».

Chez Connell, les relations de genre sont intégrées au système capitaliste par le biais d’une « logique genrée d’accumulation » – une division du travail

Chez Connell, les relations de genre sont intégrées au système capitaliste par le biais d’une « logique genrée d’accumulation » – une division du travail

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