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pro-ductive à une éco- nomie résidentielle et présentielle ?

RECHERCHE

Olivier Crevoisier Olivier.Crevoisier@unine.ch Delphine Guex delphine.guex@unine.ch Alain Segessemann alain.segessemann@unine.ch

61 en moyenne suisse, la première source de re-venus à l’échelle régionale et parfois même cantonale. D'autre part, les rentes, principa-lement les retraites, l'ensemble des revenus liés aux mécanismes de redistribution des assurances sociales et les revenus de la for-tune ont aussi connu une hausse très impor-tante. Ces revenus de transfert représentent en moyenne la seconde source de revenus pour les régions suisses.

Les activités résidentielles se déplacent vers les régions périurbaines

La caractéristique commune à tous ces reve-nus est qu’ils sont généralement distribués

forum du développement territorial 02 / 2015 — Recherche Les activités productives ne sont plus les

principaux moteurs du développement des régions suisses. Les régions les plus riches sont celles qui, par leur économie résidentielle et présentielle, parviennent à capter les revenus et à les faire circuler dans la région.

Les régions les plus productives sont souvent perçues par les acteurs politiques de la pro-motion économique comme les moteurs de la croissance et du développement en Suisse.

Il s’agit d’abord des régions urbaines où l’on trouve un nombre important d’activités liées aux services globaux (banques, assurances, instituts financiers, etc.). Les espaces ruraux sont encore davantage concernés car en Suisse, les activités industrielles sont forte-ment localisées en milieu rural.

Depuis les années cinquante, la théorie dite

« de la base à l’exportation » domine toutes les réflexions stratégiques en matière de pro-motion économique, de développement ter-ritorial et de création d’emplois. Cette théo-rie se focalise sur les emplois qui exportent en dehors de la région (les industries et les services à haute valeur ajoutée) avec l’idée que d’autres emplois sont induits par la dé- pense de ce revenu sur place et permettent la croissance régionale. Toutes les politiques d’innovation territoriale ou de promotion des clusters reposent sur l’idée que la solidi-té économique des régions résulterait donc de leur capacité à exporter et à innover pour maintenir leur compétitivité.

La « théorie de la base » remise en cause

Qu’advient-il des régions qui n’entrent pas dans le « moule » de cette théorie. Sont-elles effectivement les laissées-pour- compte du développement ? Les travaux menés à l’Uni-versité de Neuchâtel démontrent que les ré-gions rurales sont loin d’adopter toutes les

mêmes modalités de croissance, et que celles dont le type de développement ressemble le plus à ce qui est exposé dans la « théorie de la base », à savoir les zones les plus in- dustrieuses du pays telles que l’Arc jurassien ou la région du Rheinthal, sont très loin d’être les régions les plus prospères du pays.

La « théorie de la base » ne serait-elle donc plus d’actualité? Quels sont les changements intervenus depuis l’époque de sa formulation, dans les années cinquante, qui pourraient ex-pliquer que l’on se trouve aujourd’hui face à ce constat ? D'une part les mobilités ont aug-menté, avec une proportion toujours plus im-portante de pendulaires. Ces derniers sont,

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Une nouvelle distribution des revenus comme conséquence de la mobilité

Si cette économie liée à la résidence ex-plique une partie de cette redistribution des revenus, elle ne suffit toutefois pas à rendre compte entièrement des tendances du déve-loppement des territoires. En effet, ce n’est pas parce que l’on habite dans une commune donnée que l’on y effectue l’essentiel de ses dépenses. Il faut donc en plus tenir compte de la mobilité de l’ensemble des consomma-teurs. Ainsi, certaines régions dépendent en-tièrement des dépenses de consommateurs externes. C’est le cas bien évidemment des stations touristiques : le touriste est par défi-tés exportatrices, mais sur la présence de

résidents. Par exemple, les activités résiden-tielles sont fortement représentées dans les régions périurbaines telles que la Goldküste zurichoise, la région de Collonge-Bellerive à Genève, le Lavaux ou la région de Nyon près de Lausanne. Ces régions accueillent des ré-sidents parmi les plus riches de Suisse et for-ment des centres résidentiels d’importance.

A l’inverse, c’est le cas à Neuchâtel ou dans le Jura, le manque de vigueur de l’économie résidentielle peut échouer à maintenir ces revenus dans la région, alors qu’à l’échelle suisse près de deux emplois sur trois appar-tiennent à l’économie résidentielle.

directement sur le lieu d'habitat. C’est pour cette raison que l’on parle d’économie rési-dentielle. En Suisse, les régions les plus pro-ductives du pays, et particulièrement les ré-gions industrielles, tendent à repousser les résidents aux revenus élevés et tous les ser-vices résidentiels qui y sont associés (com-merce de détail, restauration, cliniques, ser-vices immobiliers, serser-vices personnels tels que coiffeurs, fitness, etc.).

Ainsi, les revenus issus de l’économie rési-dentielle sont le plus souvent perçus par des régions différentes de celles qui les ont émis, entraînant un processus de développement économique non plus centré sur les

activi-forum du développement territorial 02 / 2015 — Recherche

63 nition un consommateur mobile qui vient

dé-penser dans un lieu autre que celui dans le-quel il a généré son revenu et différent de celui où il habite. Ceci dit, d’autres régions ont également un profil économique pré- sentiel. L’ensemble des excursionnistes (tou-risme d’achat, tou(tou-risme de santé, etc.), des résidents (y compris tourisme fiscal, estu-diantin, etc.), ainsi que les habitants dé-pensant sur place (propension de la région à éviter les « fuites ») constituent l’économie présentielle indispensable à de nombreuses régions suisses.

forum du développement territorial 02 / 2015 — Recherche

OLIVIER CREVOISIER, *1963, est professeur ordinaire au sein du Groupe de Recherche en Economie Territoriale (GRET) de l'Université de Neuchâtel. Ses enseignements et re- cherches portent sur l'économie territoriale et l'économie institutionnaliste, notamment les questions de développe- ment économique régional et de développement urbain.

DELPHINE GUEX, *1983, est doctorante au sein du Groupe de Recherche en Economie Territoriale (GRET) de l'Université de Neuchâtel. Ses recherches concernent le développement de territoires concernés par le tourisme sur une longue durée (depuis le XIXe siècle jusqu'à aujourd'hui).

ALAIN SEGESSEMANN, 1984, est doctorant au sein du Groupe de Recherche en Economie Territoriale (GRET) de l'Université de Neuchâtel. Ses recherches portent sur le développement régional et urbain en Suisse, et notamment sur l'identification de l'économie résidentielle.

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Armand Blaser armand.blaser@ne.ch

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