Nous aurions à nous reprocher beaucoup, si de pareils excès devaient se renouveller. Si des temps sont difficiles, Monseigneur, nous sentons combien notre activité doit être sans relâche ; nous espérons, qu'en éclairant nos propres citoyens de leurs devoirs, nous pourrons parvenir
à une
tranquillité
et une bonne union, si désirable et que nous leur ferons éviter les écueils que lesmalintention-nés peuvent présenter.
Agréez les hommages du profond respect, avec lesquels nous sommes, Monseigneur, vos très humbles, très obéis-sants serviteurs.
Z.C5 M/ZV/zfaz'5 C0»Zp05M/7i /(.' P/Z/-t'M// fflHKKl)«/
Girardin,
/«fl/Ve.T.
Labarbe.Bornot.
Le grand maire Theubet dressa un état des faits dans un mémoire
intitulé
« Relation », dont voici le premierpassage:
RELATION
de /'rtZ/ew/rtf comzmz/7 de»« /m mm/7 d/z yo mm
yi
m/m/ denz/Tr,cow/re /e Trâ/ce-dA/eç/ze de 5d/e,
fa
Z/'oz/J/er de 5.M.
iwzp.///// ro//^ m Pormz/rz/y zd eo/z/re
fa
/;mA7mmA e/ /m uz7/e dzzd/7 /z'ezz.
A peine le premier et principal auteur de nos troubles, Joseph-Antoine Rengguer de la Lime,
vit-il
arriver le moment où les dites troupes impériales allaient entrerdans cette
ville, qu'il prit
la fuite, emportant aveclui
non seulement les regrets de n'avoir pu consommer les trames perfides et trahison dont il s'était rendu coupable, mais— 129
—
aussi toutes les furies de la vengeance dont
il
était tour-menté depuis longtemps.Muni
d'un mandatqu'il
avait eu l'adresse, par la plus infâme supercherie, de faire signer par quelques députés de certaines villes et communautés, en leur persuadant qu'ils ne signaient qu'une copie de requête à présenter à Son Altesse.Il
se transportadroit
à Paris, à la faveur d'une procuration de cette espèce et paré de fausses qua-lités de syndic mandataire et député des Etats de l'Evêché de Bale,il
se présenta à l'Assemblée nationale du royaume de France poury
accuser le Prince, son maître, d'infrac-tion aux traités d'alliance des années 1739 et 1780, entreS. M. Très-Chrétienne et le Prince, et en obtenir une force capable, à la faveur de cette fausse et odieuse
insi-nuation, de contrebalancer celle que Sa Majesté Impériale avait trouvé bon d'envoyer pour calmer les orages mena-çants qui se faisaient sentir dans un Etat du Saint Empire.Rebuté de cette auguste assemblée, qui sut bien
démè-1er les traits saillants du fourbe et de l'imposteur, Reng-guer, en désespoir de cause, songea à retourner.
Il
savaitqu'à ses partisans les plus dévoués, le nommé Club des Patriotes suisses avait déjà adressé, dans le courant de février dernier, des lettres dans ce pays pour les amener à une révolution, où
il
ne s'agissait pas moins que de ravirau légitime seigneur Evêque de Bâle tous les droits réga-liens dans lesquels
il
est investi par l'empereur et l'Em-pire, de s'approprier tous ses biens domaniaux, rentes et revenus, de le dépouiller de sa puissance temporelle, de borner toute son autorité au spirituel et de le réduire à une pension annuelle, enfin, d'enlever au Grand Chapitrede la cathédrale de Bâle, le
droit
incontestable d'élire l'évêque, pour attribuer l'élection au peuple, au prix de sa religion, de son serment et à la faveur d'une prétendue liberté. En plus, audacieux et cruelil
deviendrait le seul maître et dominateur de l'Etat.Ce
fut
donc à ce Club, propagateur de maximes si dan-gereuses et si propices à allumer le feu de la discorde dans un Etat tranquille, que Rengguerprit
son recours.Pou-vait-il
mieux s'adresser pour opérer la fatale révolution9
—
i3o
—qu'il
avait vainement tenté d'effectuer par l'esprit de révolte et de séditionqu'il
avait inspiré aux sujets du Prince Ce Club l'écouta favorablement et pour flatter son ambition etlui
donner de suite une preuve de zèle et de dévoue-ment,il fit partir
une lettre signée par le Club lui-mêmedes Patriotes suisses à Paris et par
J.-M.-F.
Castella, pré-sident. Dans cette lettre, adressée aux sujets de l'Evêché de Bâle, sous la qualité de chers amis et frères, le Clubles exhorte à s'emparer des passages, à
fortifier
lesmon-tagnes, à chasser les Autrichiens et à détrôner le Prince.
Cette lettre
fut
envoyée aux fauteurs et suppôts de Reng-guer,fugitifs
commelui,
mais qui se tiennent sans cesse aux frontières d'Alsace pour être toujours à portée d'agir et d'exécuter les impulsions qu'ils recevaient de l'agitateur.Cet écrit
fut
répandu danstout
le pays pour préparer l'attentat du 30 mai.Le Club des Patriotes avait besoin d'un homme assez
osé pour entreprendre cette expédition, se mettre à la tête
des séditieux et les diriger. D'entente avec Rengguer, le Club s'aboucha avec le trop fameux Chaney, dont il
est déjà parlé plus haut. C'était un officier de la garde nationale et remplissait les fonctions de commissaire du Comité de correspondance à Paris. Cet homme
intrigant
et audacieux crut devoir se faire connaître à ceux
qu'il
devait commander pour l'attaque de Porrentruy. C'estpourquoi
il
leur écrivit en ces termes :« Généreux guerriers vous allez exposer vos vies pour
« des causes étrangères, que ne devez-vous pas oser pour
« la liberté de votre patrie Dans le premier cas vous
« vendez, comme les Suisses, votre sang pour de l'argent ;
« dans le second vous défendez votre cause et celle de la
« postérité, vous revendiquez vos droits naturels et
im-« prescriptibles, laquelle de ces causes est digne de votre
« courage La question n'est pas douteuse. Si quelqu'un
« de nous peut vous être
utile, il
y en a de très disposés,« qui ont acquis des connaissances, et qui ont l'expérience
— i3i —
«
militaire,
prêts à voler à votre secours, entre autres le« soussigné,
Chaney,
0//A/U' r/e û? yarde Mp/ZoHfl/c i'/ Co/H/H/rra/Vc rf// Com/ùf rfc
Il n'eut pas
plutôt
fait offre de sa personne pour orga-niser et commander les révolutionnaires de Rengguer,qu'il fut
agréé et l'agitateur s'entendit aveclui
et le Club pour organiser le plan d'opération contre Porrentruy.Il
partit donc de Paris et se rendit à Delle, sur les frontières
de la Principauté de Bàle, où se trouvaient réunis les
prin-cipaux fugitifs, tous partisans de Rengguer, qui l'atten-daient avec impatience.Comme Chaney ne connaissait ni la
ville
dePorren-truy,
ni la configuration du pays,il
dût s'y transporter secrètement et former ses plans d'attaque. "De retour à Delle,il
convoqua son Conseil, composé des principaux fugitifs de Porrentruy.Il
yfut
résolu que dans lanuit
du 30 au 31 mai, ayant rassemblé les troupes,il irait
atta-quer la ville. Une fois prise, ils s'empareraient du Prince et des partisans de la Cour, puis de chasser, tuer les Au-trichiens et mettraient ensuite le feu à la ville.Il
fallaitpour une expédition aussi grave, des troupes en nombre supérieur à celles de l'Empereur. Rengguer et Chaney avaient compté sur la participation à l'entreprise des com-munes d'Alsace, mais au dernier moment, les agitateurs apprirent que ces communes refusaient de faire cause commune avec
lui,
parce que des ordres supérieurs leur étaient venus pour défendre toute agression contre les troupes de l'Empire avec lequel la France n'était pas en guerre.Il
ne restait donc d'autre alternative à Rengguer que de soulever les Français des frontières qui, aidés desgens du pays de Porrentruy, formeraient un contingent suffisant pour la réussite. Rengguer et Chaney comprirent bien vite que si on parvenait à trouver du monde en
suffi-sance,
il
ne fallait dévoiler le complot que la veille dujour
de l'expédition. Ils craignaient qu'en divulguant leur— 132 —
projet, qu'une indiscrétion ne
fut
commise et que l'entre-prise nefut
dévoilée au Prince, à ses ministres, ou à un officier de la Cour.Il
ne fallait pas non plus donner aux recrutés le temps de la réflexion, en conséquence, ils trou-vèrentqu'il
était a propos de n'avertir les troupes du pro-jet qu'au moment de l'exécuter. Mais prévoyant que les gens du Pays avaient besoin de stimulant, ils leur annon-ceraient qu'une armée française arriverait à leur secours, pour les délivrer de l'oppression et de la tyrannie d'un Prince etqu'il
fallait également lesintimider
en les mena-çant de mort et devoir
leurs maisons et domiciles incen-diés, s'ils hésitaient un seul instant de marcher avec eux.Chaney et ses adhérents, afin d'exciter le zèle des popula-tions françaises de la frontière,
fit
courir lebruit
que dix mille Autrichiens allaient entrer dans la Principauté de Bâle et comme la ville de Porrentruy et sonterritoire
ne pouvaient loger etnourrir
des troupes aussi nombreuses, elles ne manqueraient pas de passer la frontière et de ra-vager les villages d'Alsace. En conséquence,fit-il
dire, ilest d'une sage prudence que de toutes les localités fron-tières on rassemble des troupes nationales, pour former un cordon de défense
tout
le long du pays de Porrentruy.Ce stratagème réussit; de toutes les communes des soldats furent expédiés sur les frontières au son du tambour, dans la